Chapitre 9
— A un de ces jours, Pied d'Argent ! Prends bien soin de toi !
Laura en avait eu marre jusqu'à la fin de cette fille sadique. Quel était son prénom déjà ? Et son âge ? Elle n'en savait rien, elle ne l'avait même pas écouté tellement cette voyageuse l'avait mis hors d'elle.
Elle était donc arrivée à la gare de Paris. Lorsqu'elle descendit du train, Laura cru avoir un tournis. Il y avait tant de monde, tant de bruits, tant de lumières, et tant de magasins ! Une voix amplifiée disait : "Le TGV en direction de Bordeaux, partant à 21 heures 05 est arrivé en gare au quai 9". Laura fût bousculée à plusieurs reprises, et fût donc contrainte d'avancer. La valise à la main, et dans l'autre, la caisse de son chat, ainsi que son sac à dos sur les épaules, elle marcha tel un mouton apeuré, parmi tout ce monde.
Mais lorsqu'elle sortit du quai, elle crut avoir une crise cardiaque. Où devait-elle à présent aller ?! Elle tourna en rond, regardant autour d'elle. Aller... Même la folle sadique de tout à l'heure ! Il n'y aurait pas quelqu'un ici ? Que devait-elle faire ?
Elle eut alors l'idée du siècle. Laura prit son téléphone en main, et l'alluma. Et flûte. Pile quand elle en avait besoin, il n'y a plus de batterie. Oh mais tiens, on peut le recharger ! Elle ouvrit son sac et chercha de sa main son chargeur. Où est-il, où est-il... Aller... Elle le retrouva, et alla brancher son téléphone au niveau d'une sorte de table pour recharger les appareils. Oh flûte, ça va prendre du temps... pesta-t-elle.
Mais où était la femme qui devait venir la chercher ? Et la fille de tout à l'heure ? Au moins elle aurait pu l'aider, une fois par milliers d'années... Elle attendit que son téléphone s'allume, les bras croisés. Il fallait bien que ce genre de problèmes surviennent un jour ou l'autre. Mais elle aurait tout donné pour que cela ne tombe pas pile aujourd'hui.
Alors qu'elle buvait dans sa gourde remplie d'eau, quelque chose attira son attention. Quelqu'un lui faisait de grands signes de la main, en sautant comme un gamin de trois ans. La silhouette ressemblait plutôt à une fille, avec de longs cheveux ondulés, et grande de taille, avec son gros sac à dos sur une seule épaule. Laura esquissa un sourire d'amusement. Elle retrouvait donc encore cette fille de tout à l'heure qui l'avait tant énervée. Elle fit signe de la main, et débrancha son téléphone. Prenant toutes ses affaires en prenant bien soin de ne pas laisser quelque chose ici, elle marcha d'un pas rapide vers la jeune fille. Elle était accompagnée d'une femme à côté d'elle. Celle-ci semblait hors d'elle, jetant par moments des regards furtifs à la fille, comme si elle voulait lui sauter dessus. Comme moi, songea la voyageuse, amusée.
— Ah, te voilà enfin petit Pied d'Argent ! s'écria-t-elle comiquement en ouvrant grands ses bras vers Laura. Nous t'attendions avec impatience ma chère fille !
La dame soupira, et Laura s'excusa aussitôt.
— Je suis désolée, je ne savais pas où aller et où vous trouver...
— Ce n'est pas grave, reprit la dame. Ce n'est pas toi le problème. Cela vient d'autre part...
Elle fusilla la fille d'un regard noir, et se tourna vers Laura.
— Tu es donc Laura Perrot c'est bien cela ? demanda-t-elle en retrouvant son regard normal.
— Oui, c'est ça.
— Parfait. Je suis Mme. Lopez, et je suis chargée de l'administration de ta nouvelle école, ainsi que la liaison avec l'hôpital. J'espère donc pour toi, de ne pas venir à moi très souvent, ce qui ne serait pas un très bon signe. Je vais donc vous emmener en voiture à l'internat, où vous dormirez... Et vous avez intérêt à rester calme, ou sinon vous aurez des problèmes avec moi.
Mme. Lopez fusilla de nouveau la fille du regard, et poursuivit :
— Aujourd'hui, il se fait tard. Je vais donc directement vous emmener à votre nouveau chez-vous, et vous prendrez connaissance avec vos nouveaux camarades de classes et votre nouvelle école demain matin. Et je tiens beaucoup à notre règle importante. Ne jamais... VOUS ALLEZ VOUS TAIRE, OUI ? hurla-t-elle sur la folle.
Celle-ci arrêta de danser, et sourit à pleine dent.
— Désolée m'dame !
— C'est Madame Lopez, mademoiselle !
— Marché conclu !
La fille ne semblait pas être consciente de ses mots, ce qui surprit Laura énormément. Comprenait-elle vraiment les limites et ce qu'elles leur demandaient... ?
— Oh, et puis quoi encore, venez vous deux, nous y allons.
Mme. Lopez partit, visiblement agacée. Laura cru entendre une phrase sortit tout droit de la bouche de celle-ci.
— Les médecins devraient la voir rapidement ou je vais devenir folle comme elle !
Était-elle vraiment folle ? Était-elle malade pour être aussi énervante qu'elle soit ? La fille suivit Laura en chantonnant. Elle prit la manche de la malade, et la suivit ainsi jusqu'à la voiture.
— Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea Laura en se retournant.
— Rien, répondit-elle avec un sourire.
— Alors pourquoi tu me tiens comme ça ?
L'autre répondit alors :
— Par ce que tu seras ma première amie !
Laura ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais se ravisa. Elle se contenta de fixer curieusement l'inconnue chantonnant, les yeux pétillants de joie. Elle n'en savait rien sur elle, peut-être avait-elle une raison à sa bonne humeur, peut-être qu'elle réussira à la connaître un jour.
A bord de la voiture, personne ne parla. Bizarrement, la fille s'était arrêtée de chanter, regardant par la vitre de la voiture le nouveau paysage défilant, le visage assombrit.
— Tu t'appelles comment déjà... ? lui demanda gentiment Laura comme pour la réveiller.
— Comment ?
La fille se retourna vers elle, les yeux brillants de peur. Mais lorsqu'elle vit Laura, elle se détendit.
— Je suis Valentine, je croyais te l'avoir déjà dit pourtant... sourit-elle.
Pas faux. Elle n'est pas si bête dans ce cas.
— Et toi tu es Laura, non ? C'est ta première visite à Paris ?
Elle semblait s'être légèrement calmée.
— Oui, j'aurais aimé que ça se passe autrement, mais ma première visite à la capitale de mon pays fût à l'hôpital...
Valentine sourit tristement, et s'étira le plus possible.
— Dommage.
Et elle fit mine de s'endormir. Le trajet fût de courte durée pour Laura, qui n'avait cessé d'observer le moindre détail de sa nouvelle ville. Les bâtiments, les routes, les magasins, tout était si différent ! Il y avait trop de monde au goût de la jeune fille, habituée jusqu'alors aux petites villes avec peu d'habitants. Ce devrait être long à s'y habituer, songea-t-elle avec amertume.
La voiture tourna vers la droite, et Mme. Lopez se gara dans la cour de quelque part.
— Nous voilà arrivées à votre nouveau chez-vous ! annonça-t-elle avec un bruit sourd de freint.
Elle descendit, et sortit les bagages des filles. Laura réveilla Valentine en la secouant, et sortit elle aussi de la voiture. Elle frissonna. Il faisait plus froid qu'elle ne l'avait imaginé. C'est Paris ! aurait sûrement dit son frère. Je t'avais dis de prendre une doudoune, la réprimanda sa mère dans sa tête. Oui, vous avez raison.
Elle prit soigneusement la caisse de voyage de Tama entre ses mains, et suivit Mme. Lopez dans l'établissement. Valentine les suivait, en décrochant un grand bâillement.
— On est déjà arrivé à l'internat ? marmonna-t-elle en se frottant les yeux. Tant mieux, on pourra tout de suite dormir, pas vrai Pied d'or ?
Laura la regarda, amusée. Apparemment, lorsqu'elle était fatiguée, cette fille la surnommait d'une autre manière. Ce sera à présent noté ! Toutes trois montèrent les marches de deux étages.
— Je suis désolée, l'ascenseur est malheureusement hors service depuis peu, s'excusa la dame en portant les deux lourdes valises.
Arrivées au deuxième étage, Mme. Lopez sortit trois clés, et en enfonça une dans une porte. Puis, elle y pénétra en poussant un grognement.
— Qu'est-ce que vous avez mis dans vos valises pour que ça soit aussi lourd ?
Laura rit, tandis que Valentine la regardait curieusement d'un air qui disait : "Pourquoi tu rigoles ?". La chambre d'internat était plutôt spacieuse. Elle était moderne, et il s'y trouvait deux lits, deux bureaux de travails, ainsi que des armoires et une grande fenêtre apportant toute la lumière nécessaire, la journée.
— Voilà, vous avez vos clés là, il ne vous reste plus qu'à passer une douce nuit, et à demain pour reprendre les cours comme à vos habitudes ! Je vous souhaite une bonne nuit.
— Merci, à vous aussi !
Mme. Lopez partit en fermant la porte derrière elle. Valentine s'était déjà appropriée d'un lit et de son coin. Elle s'allongea confortablement sur son lit, et soupira.
— C'était long le trajet...
Laura, elle, posa ses affaires, et sortit Tama de sa caisse. Celui-ci s'étira longuement, et sauta sur le lit doux et blanc de la fillette. Cette dernière passa toute nuit à ranger ses affaires pendant que sa camarade dormait profondément. Une fois tout fini, il était déjà une heure du matin. Elle s'étira et bailla, et s'installa sur son siège près de la grande fenêtre. De là, elle pouvait voir un tout petit peu les étoiles scintiller. Car oui, elles n'étaient pas au sein même de Paris, mais légèrement éloigné de celle-ci. Pour s'occuper, Laura essaya de compter le nombre d'étoiles qu'elle pouvait voir. Mais pas facile dans un endroit éclairé, qu'est la ville ! Elle soupira, et ferma les yeux.
Vous me manquez déjà tous. J'ai déjà envie de vous revoir.
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