Chapitre 5

Laura n'alla pas à l'école le jour suivant. Elle n'eut même pas la force d'aller éteindre son réveil, et ses parents comprirent tout à fait la raison. Personne ne la gronda pour avoir raté les cours. Au contraire, ils étaient attentifs à tout ce qu'elle disait, et à chacun de ses mouvements, comme si elle allait mourir bientôt. Laura ne s'en plaignait pas, et n'en était pas heureuse non plus. Elle voulait qu'on la laisse seule, mais elle voulait en même temps passer ses dernières heures avec sa famille avant de partir définitivement vers Paris.

Paris, la capitale de son pays ! Elle n'y était encore jamais allée, sûrement à cause de sa maladie. C'était son rêve depuis toujours d'y aller, cependant, elle aurait bien voulu d'une autre atmosphère. Elle préfèrerait y aller en tant que voyageuse, et non en tant que malade et patiente.

Ce qui la tracassait le plus, était le questionnement de ses amies et amis. Elle hésitait depuis hier soir comme le dire à ses amis, et pire, si elle devait leur dire, ou pas. A quoi lui servirait-il de les inquiéter encore plus que maintenant ? Peut-être à Louise et à Jade. Mais que à eux deux. Elle ne serait pas capable de leur avouer quoi que ce soit dans un moment et état pareil.

Prenant à deux mains tout son courage présent dans son esprit, elle gravit les marches de l'escalier de la maison pour aller à sa chambre, lorsque soudain, la cloche sonna.

— Laura, peux-tu aller ouvrir la porte s'il te plait ? Je cuisine, lâcha sa mère depuis la cuisine, son endroit favori dans sa maison.

Sa fille soupira, et descendit de nouveau les marches menant aux chambres du premier étage. Elle traversa d'un pas rapide le salon lorsque la personne sonna de nouveau, cette fois plus insistante. Laura ouvrit à grande volée la porte de chez elle, lorsqu'elle vit le visiteur. La personne en question était une fille qu'elle avait déjà vue hier.

C'était Miriam.

— Coucou Laura ! Tu vas bien ? J'ai pris tes cours pour toi. Personne ne semblait soucieux de ton absence, mais j'espère que tu te rétabliras assez vite pour venir en cours ! dit-elle d'un ton joyeux en lui tendant des feuilles.

Laura jeta un coup d'œil aux cours qu'elle avait prise pour elle. Tout était écrit à la main, soigneusement. Il y avait des cours de SVT, de Français, de Mathématiques, de Technologie... Elle fût stupéfiée du travail si soigné de sa nouvelle - et ancienne par conséquent - camarade de classe de 3e.

— C'est pour moi ? se risqua-t-elle de dire.

Miriam rit, montrant toutes ses dents blanches à la malade.

— Mais non voyons, je l'ai les prises en prenant tout mon temps d'activités pour recopier pour le plaisir !

Laura manqua un rire et fit mine d'avoir un chat dans la gorge.

— Viens, se pressa-t-elle de dire pour camoufler son rire. Dans ma chambre, je veux dire.

Miriam pencha sa tête sur le côté et la regarda d'un air perplexe.

— Tu es sûre que ça ne te dérangera pas, toi et ta famille ?

La concernée fit mine de ne pas avoir entendu sa remarque. Bien sûr que passer du temps avec sa famille était plus importante que n'importe quoi à présent. Cependant, elle avait eu un présentiment de devoir inviter sa nouvelle et ancienne camarade de classe d'un jour maintenant avant qu'il ne soit trop tard. Les deux filles montèrent les étages, et pénétrèrent dans la chambre de la malade. Celle-ci était désormais presque vide de tout ce qui était vêtements, livres, et tout ce qui était précieux aux yeux de Laura. Mais Miriam ne sembla pas être surprise, bien au contraire !

— C'était joli ta chambre, commenta-elle avec émerveillement. La mienne est tellement désordonnée...

— La mienne aussi elle l'était.

Miriam la toisa d'un regard mystérieux, avant qu'elle reparte dans une longue réflexion en contemplant avec attention chaque recoin de la chambre de sa camarade. Pendant ce temps, Laura s'était assise sur son petit fauteuil laissé là comme oublié, pour jeter un coup d'œil plus attentif aux copies données par sa camarade. Elle semblait s'être acharnée à réécrire tout cela en un après-midi ! Mais pourquoi ferait-elle cela pour elle ? Se pourrait-il qu'elle soit au courant de son départ ? Est-ce que les autres aussi le sont ? Laura tergiversa longuement, avant de se décider de parler à Miriam qui s'était assise par terre en la fixant.

— Merci pour tout ça, c'est juste formidable ! Mais tu n'aurais jamais dû t'acharner tant que ça pour moi, ça ne sert à rien... Enfin si, bien entendu que cela me sera utile ! Mais j'aurais pu travailler seule... Mais merci quand même ! Cela me sera très utile cette semaine, raconta-elle d'une voix maladroite.

Miriam soupira simplement, et s'approcha d'elle.

— Ecoute... Je t'avais déjà dit que ma mère était à l'hôpital et que donc, j'allais souvent à cet endroit depuis peu, n'est-ce pas ?

Laura acquiesça, perplexe.

— Et bien... Ma mère est je crois avec le même médecin que toi. Et je dois t'avouer, qu'il nous parlait souvent de toi. Résultat, la dernière fois que j'y étais allée, c'est-à-dire hier, j'ai entendu à l'oreille une information sur toi. Tu sais, le fait que tu partes bientôt. J'ai été surprise que tu n'étais pas au courant toi-même ! Tes parents et ton frère discutaient - non calmement - sur ton sort... Et comment te le dire.

— Et où tu veux en venir ? coupa Laura.

— Je veux en venir au fait, que je suis venue ici non seulement pour te donner tous les cours, mais aussi pour te souhaiter un très bon rétablissement ainsi qu'un bon courage. Tu en plus besoin que moi. Je suis déjà allée à Paris avec ma mère quand j'étais petite. Tu verras, c'est super ! Mais n'oublies pas, fais tout pour revenir ici avant l'été prochain, promis ? répondit-elle en un clin d'œil.

Laura en resta bouche bée. Et émue à la fois.

— Oh Miriam, merci infiniment ! Du bonheur à toi aussi pour ta nouvelle et première année ici ! J'espère que tu t'entendras à merveille avec mes amies, et j'en suis sûre. Elles sont très gentilles, tu verras ! Et puis moi de mon côté...

Elle hésita. Oui, elle n'avait pas réfléchi à l'histoire de ses amies. Elle ne voulait pas les inquiéter en leur disant tout cela, ni leur cacher cette histoire. Cependant, il n'y avait pas un juste milieu, si ne serait-ce le fait de mentir sur l'origine de son départ. Mieux vaut partir en douce.

— Tu ne leur diras pas la vérité, non ? interrogea-t-elle alors à Miriam. Aux autres.

— Quoi donc ?

— La véritable raison de mon départ.

Miriam eu un air choqué.

— Tu ne leur as jamais parlé de ta maladie ni de ton départ ?!

— ... Non. D'ailleurs, j'ai été au courant de mon départ qu'hier soir en écoutant l discussion de mes parents en douce. Et puis, si. Jade et Louise sont les seules à être au courant à mon sujet. Et toi, bien entendu à présent.

Sa camarade soupira en secouant la tête négativement.

— Laura, tu dois leur dire, quoi qu'il en soit. Au moins à Louise et à Jade. Ce sont tes meilleures amies, non ? Dans ce cas, tu devrais tout leur expliquer. Ça ne fait qu'aggraver et complexifier les choses en cachant la vérité.

— Je ne veux pas les inquiéter.

— Tu les inquiéteras encore plus en leur cachant la vérité et en partant comme ça, d'un coup comme un fantôme.

— Elles ne remarqueront pas mon absence.

— Bien sûr que si ! Tu es bête ou bête ?

— Aucune des deux. Je dis juste ce qui est vrai. Cela ne servira à rien de les inquiéter.

— Bien sûr que si, ce sont tes amies. Tu dois leur dire. Tout. Ou du moins, la raison de ton départ. Tu ne pourras pas les quitter en douce, ça te fera du mal, et je t'assure que tu le regretteras amèrement par la suite Laura. Et je suis assez bien placée pour le raconter.

Laura leva sa tête vers elle et la scruta du regard.

— Tu ne leur a pas dis en partant ? s'étonna-t-elle.

— Oui, et je le regrette. Alors s'il te plaît, promets-moi d'aller les voir et faire correctement tes adieux, au moins à Louise et Jade.

La concernée secoua la tête tristement, la tête tergiversant à tout jamais. Après un long moment de silence, ce fût elle qui le brisa.

— C'est d'accord, j'irais les voir aujourd'hui. Mais seulement si elles sont à l'heure.

Miriam sourit d'un air amusé.

— Très bien, parfait dans ce cas.

Laura sourit à sa camarade, et prit à deux mains son téléphone posé près d'elle sur son bureau.

"Venez à 17 heures pile au petit parc près de l'église. J'y serais. Je dois vous parler de quelque chose d'important. Alors s'il vous plaît, soyez à l'heure... Je ne pourrais pas attendre plus longtemps que cela. "

Elle appuya sur le bouton "envoyer", et s'allongea sur son fauteuil, les yeux engourdis par le sommeil. Elle sentit Miriam s'approcher d'elle et lui murmurer doucement :

— Sois toi-même à l'heure, n'oublies pas le rendez-vous dans deux heures Laura !  

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