Chapitre 4

Elle n'arrivait pas à dormir.

Elle s'était pourtant levée tôt pour une fois, et couchée plus tôt que d'habitude...

Quelque chose lui coinçait l'esprit. Mais quoi ? Elle ne pouvait pas se le dire à elle-même. Pourquoi n'arrivait-elle pas à trouver le sommeil ? Il lui suffirait de s'endormir, et puis lorsqu'elle se réveillera, des heures et des heures seront déjà passées, comme un éclair déchirant le ciel. Pourtant, Laura était une fille trouvant facilement le sommeil...

La rentrée l'avait sûrement bouleversée. Ce doit être cela. Il n'y avait pas d'autres propositions. La journée a été bizarre. Son frère avait pris soin d'elle plus qu'avant, ne voyant pas sa petite amie et ne parlant pas d'elle. Il ne parlait de personne de son entourage, et restait près d'elle comme si elle était une pierre précieuse manquant d'être volée par quelqu'un. Son père, lui, restait absent toute la journée. Et sa mère, restait dans sa chambre, à faire quelque chose dans son coin. Qu'avait-elle raté ? Mais elle le savait au fond d'elle, qu'il s'agissait d'une chose très importante pour que tout le monde soit aussi bouleversé...

Elle se rallongea, et scruta son plafond dans la chambre obscure. Elle n'y voyait rien, excepté la faible lumière que produisait les aiguilles de son réveil posé avec précaution à son chevet.

Le temps était long... Et elle ne trouvait toujours pas le sommeil. Quelle heure était-il ? Plus de minuit sans aucun doute.

Elle prit son réveil à deux mains, et plissa les yeux pour voir la lumière des aiguilles. Onze heures du soir ? Encore ?!

Laura soupira d'un air agacé, et se roula par-dessus sa couette. Alors qu'elle fermait les yeux pour essayer de dormir, des voix lui parvinrent aux oreilles. Ses parents ? Mais que faisaient-ils en bas à cette heure-ci ? Car ils dormaient souvent vers dix heures du soir, même avant leurs enfants. Et... était-ce son imagination, ou entendait-elle bien la voix de son frère aussi ? Mais que faisaient-ils ? Ils ne semblaient pas non plus en train de rire aux éclats devant une télé. Non. L'ambiance semblait plus... comme une réunion clandestine. Ils chuchotaient à voix basse. Cependant, son frère avait ( malheureusement ?) élevé sa voix, à cause d'une chose inconnu à Laura, et son père avait donc aussi élevé sa voix, bientôt couvert par la voix de sa mère qui prononça un "Chuuut !!" bien distinctement. Pourquoi "Chut " ? Par ce qu'elle était censée en train de dormir ? Ou bien par ce qu'ils lui cachaient quelque chose ... ?

Laura se débâtit contre l'idée d'aller les espionner. Non. Si une chose la concernait, ils leur auraient déjà dit depuis longtemps.

Elle regarda l'heure actuelle. Il était minuit dans trois minutes. Et sa famille n'avait toujours pas fini leur petite "réunion".

Laura prit alors la seule décision la plus stupide qui soit sur Terre. Elle avait perdu contre sa curiosité, et son envie de savoir tout ce que lui cachaient ses parents. Elle se leva sur la pointe des pieds, et entrouvrit sa porte qui grinça légèrement. Mais personne n'avait remarqué ce son habituel, car il pourrait bien s'agir de Tama. Laura tendit l'oreille aux aguets. Oui. Elle entendait la voix grave de son père. Et la voix aigüe de sa mère. Et celle de son frère, plus accentuée par ses humeurs. Ils étaient tous les trois en bas dans le salon, elle en était sûre et certaine.

Laura trouva alors une tactique. Si jamais on la prenait en bas, elle n'avait qu'à faire mine d'être aux toilettes d'en bas. Car en haut, elle avait peur car il n'y avait pas une assez forte lumière, - ce qui était parfaitement vrai. Et si on ne la prenait pas, tant mieux pour elle. Elle pourrait sans aucun doute écouter la discussion depuis les toilettes, étant donné que celles-ci étaient situé non loin du grand salon de la maison.

Après avoir construit son plan, ainsi que toute sortes d'issus de secours au cas où quelqu'un viendrait, Laura descendit avec précaution les marches glissantes des escaliers. Si elle tombait à la reverse, elle était fichue. Elle s'agrippa au rempart en bois, et descendit une à une les marches, tout en écoutant avec attention tout signe de mouvement de la part de sa famille. Soudain, quelque chose remua derrière elle, grattait le sol furieusement. Laura paniqua, et rata la marche du milieu en étouffant un cri à peine audible. Heureusement pour elle, elle s'était accrochée à la barre des escaliers, et elle eut donc "juste" très mal aux bras et au dos qui souffraient douloureusement à présent.

Le cœur battant à tout rompre, elle tourna la tête vers l'origine du bruit, et y trouva avec stupéfaction... son chat noir, Tama. Celui-ci la regardait avec attention, et poussa un petit miaulement joueur. Son regard pétillait d'amusement. Comprenait-il l'escapade de la fillette ? Les chats comprennent-ils vraiment tout cela ? Laura lui fit signe de se taire, et Tama descendit les marches d'un mouvement souple et gracieux. La malade l'envie énormément, et continua à descendre les marches jusqu'en bas où l'attendait son chat-guide.

La jeune fille se mit à quatre pattes, et s'avança discrètement vers le salon. Elle se cacha derrière le mur, gardant une bonne distance de sécurité entre la grande porte ouverte et l'escalier. Après avoir caressé son chat, Laura tandis son oreille vers la discussion.

— Bien sûr que si, il faut lui dire ! De toute manière, elle devra le savoir un jour ou l'autre, disait son frère avec agacement.

D'après sa voix, le garçon s'était levé et tournait en rond.

— On peut attendre au moins jusqu'à ce qu'on ait terminé tout le nécessaire, avec le médecin... répliqua sa mère, suppliant.

— A quoi bon ? Nous avons déjà tout fini. Reste à savoir comment l'emmener là-bas et quand, coupa son père d'une voix grave et forte.

— Non, elle serait trop bouleversée ! On peut attendre au moins une semaine...

— Pour qu'elle s'entende à merveille avec ses nouveaux amis de la classe, et qu'elle parte le cœur brisé ?

— C'est vrai. Tu ne peux pas la protéger en lui cachant tant de choses. Trop de secrets sur elle lui ont été caché.

— Mais c'est pour elle ! Elle est toujours bouleversée quand elle apprend une mauvaise nouvelle sur sa maladie...

— Tu parles, elle avait quel âge quand tu l'as bouleversé ? Hein ? Sept ans ! Elle a grandi depuis. Elle n'est plus ce que tu penses, maman.

Laura fronça les sourcils. Parlaient-ils d'elle ? Mais qu'est-ce qui pouvait tant la bouleverser ? Si ils lui auraient dit "ta maladie s'est empirée", elle ne ressentirait rien. De toute manière, elle s'y était habituée à ne jamais aller bien ces temps-ci. Elle était forte ! Pas comme le pensait sa mère !

— Non...

— A quoi te servira-t-il de le lui cacher un ou deux jours de plus ? Nous lui dirons demain et puis tout sera fini. Comme ça, elle aura le temps de tout digérer et de dire ses adieux tranquillement à ses amis ! dit son père.

Laura écarquilla les yeux. Quitter ses amis ?! Comment ça ? En aucun cas elle les quitterait ! Déménagent-ils autre part ?

— ... J'y réfléchirais... murmura sa mère en pleurant.

— Tu dis ça depuis avant-hier maintenant maman. A présent, il faut choisir entre le bon et le mal. Et lui cacher plus longtemps serait encore pire à supporter pour elle. La date sera fixée rapidement. Il faut qu'elle parte tout de suite, où il en sera trop tard.

Trop tard de quoi ? voulut hurler Laura depuis sa cachette. Sans s'en rendre compte, elle avait étranglé son chat noir qui se débâtait furieusement. Il lui griffa alors sa main droite.

— Aïe ! gémit-elle soudain.

C'est alors qu'elle se souvint, et mis sa main devant sa bouche, le cœur battant à cent mille à l'heure.

— Tu as entendu ce bruit ? demanda son frère en se tournant vers l'entrée du salon.

— Non... Mais je t'en supplie, laisse-moi dans ce cas, le temps de tout lui préparer... continua sa mère sans se rendre compte de la moindre chose.

— Mais maman ! Tu dis ça depuis des lustres et des lustres !

Laura poussa un soupir de soulagement. Tout s'était bien passé. Ils continuaient sans relâche le débat. Mais le "elle", était-elle vraiment elle, Laura ?

— Laura a besoin de le savoir, conclu son père d'une voix douce.

Le cœur de la jeune fille faillit s'arrêter. Ils parlaient donc d'elle. Sa mère pleurait donc pour elle. Et son frère et son père se battaient pour elle. Que lui arrivait-elle, à elle ?

Laura prit toute son énergie entre ses mains, et se mit debout. Elle n'avait que ça à faire si elle voulait savoir la vérité à son sujet. Elle se tint debout devant le salon, les bras croisés autour de Tama qui s'était pelotonné contre elle d'un air satisfait.

— Ne pas me dire quoi exactement ? demanda Laura d'une voix qui surprit tout autant Laura que le reste de sa famille.

Les trois membres sursautèrent, et se retournèrent vers elle presque de la même manière : les yeux grands ouverts comme des billes, la bouche bée, le visage pâle, et ce sursaut aussi grand que si elle leur avait annoncé un incendie.

— Que... Laura ! Que fais-tu ici à cette heure pareille ? s'alarma sa mère, arrêtant de pleurer.

— Ce serait aussi ma question, marmonna sa fille en la toisant d'un regard noir.

— Tu vois, elle nous espionnait. Et qui est-ce qui avait dit qu'un jour ou l'autre elle allait savoir sur notre réunion de la nuit ? commença son frère d'une voix forte.

— Arrête...

— C'est moi ! Alors maintenant, tu vas gentiment nous écouter, et nous allons parler à notre chère Laura qui a besoin de tout savoir avant quelques jours, articula-t-il en exagérant.

Laura rit en son fort intérieur. On dirait qu'il parle à un tout petit.

— ... Très bien, frissonna-t-elle, les yeux mi-clos. Viens t'assoir ici Laura.

Cette dernière acquiesça et s'assit sur le fauteuil confortable de son père qui s'était mis debout pour lui laisser sa place.

— Tout d'abords, chère Laura, commença son frère d'un air comique. Nous allons te présenter en bref, toute l'escapade de papa à l'hôpital, et les malheurs de notre chère mère.

— Comment ça escapade ? grogna son père en haussant les sourcils.

— Et, continua-t-il en l'ignorant. Notre père et notre mère furent donc convoqué à l'hôpital chez notre très cher médecin de l'hôpital de la ville, une belle journée de fin août.

Laura lâcha un petit rire en écoutant le discours de son frère.

— En arrivant dans sa salle, ils comprirent immédiatement que rien n'allait bien pour toi.

Laura cessa de rire et le fixa intensément.

— Et... ?

— J'arrive j'arrive papillon ! Qu'est-ce qu'ils ont su ? C'est tout simplement, - en bref, - le fait que tu ne sois plus en sécurité dans cette ville, car cet hôpital ce n'était pas assez grand pour que tu occupes un lit de réanimation ou autre, au cas où. Et le médecin leur a dit, qu'il était fort probable que cela arrive un jour ou l'autre.

Sa mère commença à pleurer de nouveau dans son torchon beige.

— Il leur a expliqué, qu'il valait mieux pour toi d'aller rapidement à Paris, là où tu seras mieux soignée. On a eu peur pour toi, et on a tous été triste. Mais nous préférons tous ta santé à la joie d'être avec toi. Tu nous manqueras, mais nous irons te voir, promis. C'est brusque et brutal ce que je t'ai dis, mais il fallait te le dire. Il faut que tu partes cette semaine, sans délais supplémentaire si tu tiens à ta vie.

— Et si je ne tiens pas à ma vie ? répondit Laura, une lueur de défi dans le regard.

— Oh !

Sa mère éclata en sanglot, et son père la toisa d'un air dur.

— Tu ne diras et ne penseras jamais ça Laura ! Nous faisons tout pour toi, et tu viens nous dire que tu ne tiens pas à ta vie ?

Laura comprit son erreur.

— Excuse-moi...

— Comme la dit ton frère, - un peu trop brusquement - c'est triste, mais tu dois y aller là-bas tout de suite. Dans la semaine. Je t'en supplie, ne fais pas comme ta mère, et vas à Paris quand on te demande. On est assez désespéré et fatigué comme ça alors ne nous rajoute pas une tâche supplémentaire, conclu son père en la fixant d'un regard triste malgré sa voix sec.

Laura ne sût que dire. La bouche bée, elle digérait tout ce qu'elle venait d'entendre.

Elle allait quitter son enfance pour aller à Paris à cause de sa maladie.  

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