Chapitre 24

L'hiver montra le bout de sa tête à une allure hallucinante. Depuis le jour où Laura avait mis le premier pas dans l'établissement, des mois s'étaient écoulés. Des mois aux contrastes très différents, telle une colline parmi une terre toute plate. Plusieurs collines plutôt ?

Laura, qui était habituée aux hivers très rudes chez elle dans la montagne, fut déroutée par la chaleur du soleil hivernale. A cette surprise, ses camarades avaient bien rit. En effet, Laura avait affiché une expression indéchiffrable au visage à l'entente de la météo du mois de décembre. Elle n'aurait jamais imaginé auparavant que dans sa vie, elle allait devoir être confronté à un autre hiver, loin de ses proches et de sa montagne. Loin de sa maison, loin de ses parents, loin de son frère. Loin de ses amis.

Après sa discussion avec Téhanie, Laura était allée voir son amie Valentine, décidée plus que jamais. Elle s'était approchée de son amie, le cœur battant à tout rompre. C'était décidé. Elle allait devoir se rattraper. Peu importe si elle ne la pardonnait pas facilement. Valentine comptait pour elle, elle l'avait compris. Et les autres aussi. Le bonheur d'être chez soit auprès de ses amis, n'est rien de plus merveilleux qui puisse exister sur terre.

Lorsqu'elle s'était tenue à quelques longueurs de queues de son amie, elle s'était avancée droit vers elle, le sourire aux lèvres. Valentine leva alors la tête, et son ami partit voir d'autres personnes pour les laisser seules, à deux. (Laura remercia profondément dans son esprit l'ami, qui l'aiderait peut-être à renouer son ancienne amitié avec Valentine)

— Qu'est-ce qu'il y a ? lui avait demandé son amie, apparemment quelque peu déboussolée de la voir venir à elle.

La concernée n'hésita pas un instant à répondre à sa question, sans broncher d'un poil du regard. Les yeux écarquillés, elle avait pris les mains de Valentine en lui lançant d'une voix enjouée.

— Merci, merci pour tout Valentine !

Valentine avait pris quelques secondes à comprendre ce qui se passait devant ses yeux. Elle remarqua ensuite que son amie lui tenait les mains en les secouants vigoureusement. Elle ne répondit pas, penchant sa tête pour analyser la scène, perplexe. Comme pour lui faire comprendre, Laura avait répété de nouveau sa phrase, cette fois un peu plus distinctement.

— Merci d'avoir organisé cette grande sortie, et de m'avoir aidé à profiter de ce qui m'entourait. Et... merci d'être là pour moi.

Cette dernière afficha une expression reflétant de multiples sentiments.

— Non mais ça, j'avais compris, avait-elle rit avec un regard embêté.

Laura lui rendit alors un regard lourd.

— Mais de rien, je suis contente de te voir de nouveau sur tes deux pieds, et aussi énervante et collante qu'avant.

Les deux amies avaient ri ensemble, comme lors de leur venue dans leur nouvelle vie.

Depuis lors, Laura n'avait jamais cessé d'être aux côtés de sa précieuse amie qui avait bel et bien changée très rapidement, laissant Laura seule derrière elle au même niveau de mentalité. Elle devait la rattraper rapidement si elle ne voulait être laissée une nouvelle fois seule, ne sachant que faire dans sa vie.

L'hiver, Laura détestait cela, et cela n'avait jamais changé. Ses amis avaient beau la faire sortir dehors, lui faire découvrir de nouvelles choses, elle ne voulait pas accepter le fait que Laura Perrot aime l'hiver, la neige, la glace, le froid. Contre toute attente de sa part, son chat n'avait lui non plus voulut s'amuser dehors dans le froid. Peut-être était-ce le fait que Tama n'avait que la neige dans la période d'hiver ? Laura espéra à contre cœur que la neige tombe cette année près de la capitale de son pays. Sans cela, son précieux compagnon ne sourirait jamais devant elle. Il semblait depuis quelque temps plus loin, de sa maîtresse, plus distant. Comme s'il en voulait quelque chose à elle. Mais Laura n'avait pas de temps à consacrer à apprendre le langage du chat, qui ne mènerait à rien de toute manière. Elle préférait désormais consacrer tout son temps à vivre auprès de ses proches et de ses amis. Il n'y avait rien de plus important que cela dans la vie, elle l'avait comprit -hélas, un peu trop tard. Mais elle pourrait se rattraper, elle en était sûre et certaine.

L'hiver, c'était aussi une saison très longue pour Laura. Longue, autant que par le temps que par l'ennui. Car pendant que ses camarades s'amusaient à courir dehors dans le froid glaçant, riant joyeusement comme si de rien était en voyant le souffle devenir tout blanc, Laura restait seule dans son coin, enfermée dans sa chambre, à tourner autour de son bureau. Elle ne savait que faire durant cette période inutile. Manger, dormir, faire ses devoirs, participer aux cours du collège si ennuyantes, manger, et dormir. Pour elle, l'hiver n'avait rien de particulier, de différent. Elle répétait la même routine du premier janvier au trente-et-un décembre. Cependant, les autres malades de cet endroit profitaient tous de chaque saison différente... Au printemps, ils allaient voir des jardins, ce dont Laura n'était guère contre, bien au contraire. L'été, ils se ruaient à la plage, à la mer, à la montagne, tout ce qu'ils désiraient faire. Laura, elle, se contentait d'aller calmement à un endroit naturel, sans pourtant trop forcer aux activités. L'automne, ces adolescents adoraient plus que tout marcher sous les arbres aux branches nues, ramassant les feuilles mortes orangées avec attention, prenant des photos de la nature. L'automne, Laura faisait de même.

Mais l'hiver, c'était bien différent. C'était pour cela qu'elle était... différente. Non par ce qu'elle était malade, mais par ce qu'elle ne faisait pas comme les malades habituels. On dit très souvent que les personnes malades, et surtout les enfants, aiment par-dessus tout, tout ce qui les entourait, que ce soit les personnes, la nature, ou bien même les monuments. Mais Laura, n'avait jamais eu cette envie de profiter un maximum de sa vie. Et pour cause, elle savait que sa maladie n'était pas si grave qu'elle n'en avait l'air d'être. Décidément, rien n'était normal dans sa vie de jeune fille malade.

Du moins, la seule chose qui était peut-être un peu différente de la plupart des personnes, était qu'elle faisait de la musique. Et cela, elle le voulait professionnellement. Depuis son échec lors de l'audition, la jeune violoniste en herbe s'était fixée comme objectif de ne jamais se mettre en déroute de sa voie de rêve. Elle devait travailler dure pour pouvoir accomplir son objectif, et atteindre un jour son métier de rêve. Peu lui importait à présent si ses notes à l'école baissaient, peu importe ! Ce qui lui comptait, était le fait qu'elle avait comme autre compagnon dans sa vie, un instrument. Un violon.

Jusqu'à quelques semaines, le violon et la musique classique était pour elle, quelque chose vu comme un jeu, voire un divertissement (ce qui serait parfaitement compréhensible de la part de qui que ce soit). Pendant qu'elle ne travaillait pas, les autres progressaient à une allure hallucinante. Elle devait donc rien perdre dans son temps. Cependant, deux choses lui avait fait faire changer d'avis.

La première, était, comme dit précédemment, son échec dû au manque de sérieux et de travail (Et cela, elle en était convaincue et elle ne le referait plus jamais).

La deuxième, était son écoute d'une prestation de sa professeure, lorsqu'elle était passée à la radio dans les quelques jours suivant l'audition de classe. Laura avait allumé la radio à contre-cœur, car elle ne voulait plus écouter de violon. Cela lui faisait rappeler qu'elle n'était rien comparée aux autres. Mais lorsque sa professeure commença à jouer avec l'orchestre, le cœur et les pensées de celle-ci changèrent comme par magie, de l'obscurité au soleil. Elle ressentit deux sentiments : celle de l'émerveillement face à l'interprétation du concerto de la part de sa professeure, et celle de vouloir à tout prix jouer elle aussi un concerto, avec un orchestre.

Il n'y aurait rien de plus beau, de plus magique, et de plus spectaculaire que de pouvoir jouer un morceau en compagnie d'un chef d'orchestre, et de dizaines d'instrumentistes différents. Elle n'aurait plus l'impression de jouer seule devant un grand public, ou avec un simple piano accompagnateur. Non, au contraire. Elle discuterait à l'unisson avec d'autres personnes, tous différentes, mais respirant et chantant la même belle musique. Elle aura confiance en elle, elle serait dans les nuages, dans le ciel bleu, des ailes lui poussant au dos.

Tel était son esprit depuis des jours et des jours. Et cela, Mme. Friedhoff l'avait bien remarqué. Elle en était même très contente, de voir de nouveau son élève vivante, souriante, et ayant une grande ambition de voie professionnelle. Laura avait progressé miraculeusement durant l'hiver, travaillant avec acharnement, mais sans pourtant perdre son plaisir d'être devant son pupitre en tenant son fétiche instrument entre ses mains.

Ces jours de bonheurs se succédèrent, jusqu'à ce que le jour arrive. Le jour du destin. Arrivé un peu trop brusquement au goût de la jeune violoniste rêveuse. Le jour où elle devra changer d'elle-même, et choisir une voie.

Devenir une musicienne, ou bien rester auprès de ses amis. 

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