Chapitre 22

Laura dormit paisiblement jusqu'à midi le jour suivant le concert. Le mot "échec" se répétait dans sa tête sans cesse durant toute la nuit. Elle rêva même qu'elle était devant le public, en compagnie de Mme. Friedhoff. Elle ne se souvenait de rien, sauf le fait qu'elle avait raté sa prestation. Un problème de par cœur sans doute. Personne n'applaudit parmi un immense public. Le silence régnait sur la scène. L'air tendu, les personnes se regardaient. Laura se fichait bien des autres. Ou était sa professeure ? Elle cherchait son aînée du regard, sans pourtant la trouver. Dans le silence le plus profond qu'il n'existerait sur terre, Laura s'en était retournée, l'esprit tourmenté. Ce rêve ressemblait tant à la réalité !

Mais lorsque la porte s'ouvrit pour la laisser passer en sortant de la salle, Laura trouva ce qu'elle cherchait. Mme. Friedhoff avait une mine indéchiffrable, et ne faisait pas attention à son élève. Que s'était-il passé pour rater ainsi son examen ?

Examen... ? Depuis quand ? Au départ, se trouvait le public bondé. Mais à présent, elle ne voyait que les quelques jurys. Quel genre d'examen était-ce ?

Elle se retourne de nouveau et sort de la pièce. Oups, c'était juste un cours chez Mme. Friedhoff, y'a rien de nouveau ici dans le couloir de sa maison...

Le réveil assourdissant de Valentine la réveilla si soudainement qu'elle crut que son cœur allait s'arrêter de battre. Quelle heure était-il ? Elle se leva, la démarche chancelante, et éteignit le réveil. Lorsque ses doigts vinrent appuyer le bouton pour faire taire l'appareil, un souvenir lui vint durant une fraction de seconde à l'esprit : l'épisode du jour où sa mère avait posé son réveil bien loin de son lit afin qu'elle se lève.

Elle s'étirait en décrochant un grand bâillement, lorsqu'un bruit assourdissant telle une trompette militaire la fit sursauter jusqu'au plafond. Laura grimaça en appuyant ses oreilles et se retourna folle de rage vers l'origine du bruit. Mais lorsqu'elle vit la personne ayant soufflé fort dans une trompette vers sa tempe gauche, la paresseuse faillit tomber à la renverse. Son précieux instrument dans une main et la mine capricieuse, sa seule et précieuse amie était debout, devant elle. Le regard malicieux, elle rit rapidement avant de partir sans laisser à Laura le temps de répondre quoi que ce soit. Valentine claqua la porte, et Laura remarqua que son chat noir n'était plus là sur son lit.

Elle accouru vers sa caisse de transport, mais aucune trace de lui ne lui parvint. Elle comprit alors, surprise et alertée. La maîtresse du chat se rua vers son armoire et s'habille rapidement avant de partir elle aussi en claquant la porte, courant derrière Valentine qui n'avait laissé aucune trace de son passage.

Durant sa course, Laura se surprit à sourire en repensant à sa surprise matinale de la part de son amie. Cela faisait des lustres qu'elle rêvait de quelque chose de la part de son amie.

Lorsqu'elle descendit en bas, elle s'arrêta et regarda autour d'elle en haletant. Elle détestait courir. Elle détestait se fatiguer pour rien. Pourquoi Valentine avait-elle du lui prendre son si précieux compagnon de jeu sans rien dire ?

Laura sortit dans la cour de l'école, et finit par s'asseoir par terre, à bout de force. Elle n'en pouvait plus. Rendez-moi mon chat tout de suite !

Alors qu'elle se lamentait en s'allongeant sur le sol dur de la cour de récréation, des pas se firent entendre, venant de derrière elle. Sous le coup, elle ne se leva pas pour vérifier qui est là, et Laura continua de faire mine de dormir, les yeux fermés rivés au ciel. D'autres pas s'approchèrent d'elle. Deux autre... Quatre autres... Encore d'autres ! Combien en tout ? Était-ce son imagination qui lui jouait tant des tour ces temps-ci ? Espérait-elle... Quoi exactement ?

Un long silence plongea dans l'air, et les pas s'arrêtèrent net. C'était donc bien son imagination farfelue qui avait entendu de tels bruits. Laura soupira en relâchant ses membres alourdis, et somnola sous le soleil. En fait, non. Elle ne peut pas supporter les coups de soleil sans aucune protection.

— Bon Laura, tu arrêtes de te lamenter et tu vas te lever pour voir qui est là, et où est ton chat ? Ou bien tu te fiches bien de l'existence de ton animal de compagnie ? dit une voix féminine forte, qu'elle reconnue tout de suite.

— Valentine ! s'écria Laura en se levant d'un bond. Rends-moi Tama et...

La malade s'arrêta net, la bouche bée. Devant elle ne se tenait pas seulement Valentine et Tama, il y avait aussi d'autres camarades de classe. Peut-être même tous ! Perplexe, elle ne fit aucun mouvement brusque, comme pour attendre une réponse de la part de ses camarades de classe. Après un instant de répit, Alex se tourna vers Valentine comme pour l'encourager à prendre la parole. Cependant, celle-ci ne bougea pas d'un poil, le regard rivé sur son amie, les bras chargés du chat noir. Comme s'il en était exaspéré, Alex jeta un regard dédaigneux à Valentine avant de s'adresser directement à Laura.

— Désolée, je crois que Valentine a avalé quelque chose la rendant muette ce matin, rit-il sous le regard haineux de la concernée.

— Enfin bon, ce n'est pas si important que ça, assura une autre fille venant de derrière Alex.

— Tu nous suis, Laura ?

Sous cette question si soudainement posée de sa part, Laura ne sût que répondre. Elle regarda les autres comme pour avoir une réponse à ce rassemblement, mais personne ne lui répondit. Le sourire au visage, ils faisaient tous mine de ne pas comprendre à la situation.

— Euh... finit-elle par marmonner, peu sûre d'elle. Je suppose que oui... ?

A cet instant, Laura regretta amèrement d'avoir répondu aussi rapidement, sans aucun éclairage de la situation. La fille dont Laura avait oublié son prénom lui prit son bras et la tira hors de la cour, suivit de toute la classe.

— Eh ! Attendez ! Où est-ce que l'on va en fait ? s'écria-t-elle en tentant de s'en tirer, sans succès.

— Tu verras, lui répondit la fille en riant. Ce n'est rien de méchant, tu verras !

— Tu vas a-do-rer, assura Alex.

Laura soupira et se laissa faire, en cherchant son chat des yeux. Pourquoi lui aussi venait-il ? Savait-il ce qui leur attendait ? Son compagnon de toujours dormait, pelotonné contre Valentine. Son pelage noir ne brillait pas d'éclat comme avant, et Laura sentit tout son corps se refroidir d'un coup. Elle avait l'impression de ne pas avoir pris soin de son précieux chat depuis longtemps, le dos tourné de lui. La maîtresse se ressaisit, le regard apeuré fixant devant elle.

Ses camarades de classe et d'hôpital l'emmenèrent un peu plus loin, et ils arrivèrent dans une gare. Encore plus perplexe qu'avant, Laura ne cessa de se retourner et d'observer sans relâche chaque mouvement que faisaient ses amis, comme un petit en apprentissage.

— Relaaxe, rit la fille dont elle avait désespérément oublié son prénom malgré ces mois de vie commune.

Elle aurait bien aimé faire ce que son amie disait, avec plaisir. Mais Laura avait peur. Pourquoi ne faisait-t-elle pas. Confiance à ses amis ? Jadis, elle acceptait tout ce qui venait de la part de ses amis, elle avait une confiance aveugle envers eux. Était-ce dû au fait qu'elle ne les connaissait pas depuis bien longtemps ? Non. A son souvenir, Laura n'était pas une fille faisant attention aux personnes qu'elle fréquentait. Son esprit avait décidément bien changé depuis quelques temps !

— Allez viens, l'appela sa camarade, et Laura s'exécutait aussitôt comme pour cacher ou chasser ses pensées.

Lorsqu'elle monta dans le train, Laura croisa durant un court instant le regard de Valentine, les bras chargés de son animal de compagnie. Elle s'arrêta sur place, hésitante. Devait-elle lui parler ? Ou continuer à l'éviter ? Mais lorsque son amie leva sa tête pour la regarder, Laura chassa sa première pensée sur le champ. Non. Elle n'avait ni la force, ni le courage, ni le droit d'aller la voir. Mais de quelle doit parlait son esprit ? Depuis quand, Laura s'était-elle mit une barrière entre les cœurs battant à une allure régulière, dont il fallait avoir un droit pour franchir la frontière de l'amitié ?

Durant tout le trajet, Laura ne participa à aucune des discussions, faisant mine de ne pas en avoir envie. Mais en réalité, ce n'était pas qu'elle avait envie d'être seule. C'était juste... elle réfléchissait. Elle réfléchissait, comment se tenir durant toute cette journée en compagnie de ses camarades. Comment retrouver cette sensation d'accueillir chacun, de retrouver son cœur comblé d'amitié d'avant. Comment les autres, et surtout Valentine, réagiraient fasse à elle. S'ils allaient l'accueillir à bras ouverts, ou fermés. La peur, c'était un peu tout ce qui résumait son humeur et ses pensées actuelles. Personne ne se risqua à aller la réveiller de son propre monde, et le trajet parut très long pour Laura.

Comme lorsqu'elle avait rencontré Valentine pour la première fois... Mais, son amie avait belle et bien évoluée, spectaculairement. Elle, Laura, n'avait pas progressé positivement. Il se passait un peu le même écart qu'au tout début du récit. Ou même pire qu'avant. Car il est vrai, que Valentine acceptait tout ce qui s'ouvrait à elle, de jour en jour, tandis que Laura se refermait de jour en jour, sans relever la tête bien haute.

Elle sentit une main lui tapoter doucement l'épaule pour la relever, et Laura suivit la personne la tirant la manche de sa chemise blanche. Même si elle ne savait pas réellement où ils se dirigeaient et ce qui l'attendait, elle avait complètement perdu la notion du temps et de l'importance de regarder autour de soi. Pourtant, Laura était une fille adorant observer attentivement la nature !

Ils marchèrent longtemps. Assez pour que la malade sente ses jambes s'alourdir.

— Bon ma chère Laura, tu veux savoir où on t'a emmené ou pas ? lui annonça la fille en la regardant d'un air amusé.

La concernée leva sa tête, et ouvrit grand les yeux face au paysage qui s'ouvrait à elle. A bout de souffle, elle ne sut comment réagir. Ce qu'elle aimait par-dessus tout ! Comment le savaient-ils ?

— Alors, tu aimes ?

Laura resta interdite un long instant, à court de mots. Oui, bien sûr qu'elle était heureuse. Heureuse d'être là, heureuse d'avoir des camarades la connaissant autant. Pourquoi pas, après tout ? Autant s'amuser un maximum aujourd'hui. Bienvenu au parc d'attraction !  

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