Chapitre 16
C'était une journée de jeudi comme d'habitude : rien à signaler d'anormal ou d'intéressant. Du moins, pour ce qu'était des cours à l'école. Car après les cours de la journée très longue, Laura fût de nouveau invitée par Mme. Lopez. Enfin, c'était plutôt elle qui était venue à la fillette.
Laura rangeait ses affaires de mathématiques dans son sac à dos lorsque Mme. Lopez entra dans la salle de classe presque vide. Les quelques élèves étant encore restés dans leur salle de cours saluèrent leur ainée avant de repartir à la hâte vers l'air de la liberté. Valentine, qui attendait patiemment son amie, chantonnait un air inconnu à Laura en observant le mouvement des arbres de la cour. Amusée par le contraste de ces deux filles, (car oui, Laura n'avait pas une mine aussi heureuse que Valentine) Mme. Lopez lâcha un léger rire que l'on aurait pu traduire par un point de vue assez critique de sa part.
La fille calme leva la tête, et, en voyant Mme. Lopez, se leva de sa chaise pour la saluer.
— Bonjour Madame ! dit-elle avec un sourire chaleureux.
— Bonjour Laura, bonjour Valentine, répondit son ainée en lui rendant son sourire.
Valentine leva les yeux vers la nouvelle venue sans rien dire, en la saluant d'un simple hochement de tête.
— Bon, rit celle-ci après la réaction de Valentine. Laura, veux-tu bien me suivre un instant s'il te plaît ?
Laura fit oui de la tête, et se hâta de ranger ses dernières affaires dans son sac. Valentine la regarda d'un regard évoquant aucun réel sentiment, comme si elle observait un fantôme bougeant devant son nez. Laura soupira et mit son manteau. Valentine changeait décidément d'humeur chaque jour, et même de caractère. Mais il n'y avait rien à faire, c'était Valentine.
Les deux filles se dirigèrent vers Mme. Lopez qui repartit dans le couloir, saluant au passage leur professeur de mathématiques. Il semblait les avoir attendu depuis un certain bout de temps, les bras croisés montrant son agacement.
— Au revoir, lança-t-elle à son professeur, suivit de son amie.
Dans le couloir, Mme. Lopez se pencha vers Laura, ses yeux brillants derrière ses gros verres de lunettes rectangulaires. Elle avait comme d'habitude, un gros tas de feuilles et classeurs entre ses mains.
— Alors Laura, es-tu prêtes à redécouvrir ta nouvelle vie dès aujourd'hui ?
La concernée lui rendit un regard perplexe, la bouche entre-ouverte. Mme. Lopez se pencha de nouveau vers elle, avec un sourire malicieux.
— Tu ne te souviens pas de notre dernière discussion dans mon bureau ?
Laura laissa échapper un "Ah !", sans pourtant dissoudre son regard perplexe.
— Sauf si tu ne le veux pas, reprit-elle avec une lueur de défi dans le regard.
— Bien sûr que je le veux ! assura Laura en se redressant sans qu'elle ait une raison particulière.
— Bien, rit Mme. Lopez.
Valentine les regarda sans comprendre, et les attendit en regardant les bâtiments extérieurs. Laura se dirigea droit vers son amie, en lui prenant ses deux mains.
— Au fait, je ne t'avais pas remercié Valentine pour ce que tu m'avais fait ! lui confia-t-elle avec un sourire radieux sur son visage.
Son amie la dévisagea curieusement.
— De quoi ?
Laura la fixa en fronçant les sourcils.
— Tu sais, la dernière fois, quand tu étais allée dire à Mme. Lopez que je faisais du violon jusqu'avant... C'est grâce à toi si je peux reprendre ma passion ! Je t'en dois beaucoup, déclara-t-elle sans la quitter des yeux.
Mais Valentine pencha sa tête sur le côté, avant d'hausser les épaules, ne semblant pas comprendre ses mots. Elle prit son sac, et partit en direction de sa chambre à elle et à Laura, balançant son sac à dos sur le côté. Laura resta perplexe et suivit son amie du regard.
— Laisse la, c'est de sa nature d'être bipolaire.
Surprise, Laura se retourna vers sa conseillère.
— Elle est bipolaire ? répéta-t-elle.
— Oui, tu ne le savais pas ? répondit-elle d'un air surprit. Ce n'est pas si grave que ça, mais je sais qu'elle doit prendre des antidépresseurs.
Laura se souvint alors que son amie prenait des médicaments fréquemment.
— Il ne faut pas qu'elle l'oubli, tu veilleras sur elle ? marqua-t-elle en regardant Laura durement.
— C'est d'accord.
Elle sembla plus rassurée.
— Mais je crois que ton amie a plus des tendances maniaque ou délirantes que dépressif, ce qui est plutôt positif, non ?
Mme. Lopez l'emmena dans la cour de l'établissement.
— Où allons-nous ? l'interrogea Laura.
— Tu verras, mais tu seras contente je pense, assura-t-elle sans rajouter autre chose.
Tandis qu'elles continuaient de marcher en silence, Laura lui posa timidement la question qui lui était venue mille et une fois à l'esprit.
— Madame, est-ce que je peux vous poser une question au sujet de Valentine ?
Celle-ci la regarda du coin de l'œil d'un air inquiet.
— Cela dépend de ta question.
Laura baissa la tête et fixa le sol.
— Qu'est-ce qui a causé le trouble bipolaire à Valentine... ? la questionna-t-elle. Elle n'était pas comme ça depuis sa naissance, si ?
Mme. Lopez ne répondit pas tout de suite. Elle sembla réfléchir profondément. Fallait-il le dire à Laura ? Ou devait-elle garder ce sujet pour elle ? Arrivées devant un petit immeuble, elle s'arrêta et se tourna vers son élève.
— Tu sais, tu n'as pas à t'inquiéter d'elle, tout va bien, on la soignera.
Elle saisit un code, et laissa passer Laura en première.
— Je suppose que ce sujet ne doit pas en sortir de ma bouche, mais de la sienne, si elle le souhaite, un jour. Il te faudra de la patience...
Laura et Mme. Lopez montèrent dans l'ascenseur, et l'ainée appuya sur le bouton du 6e étage. Après être descendues de l'ascenseur, Mme. Lopez se tourna de nouveau une dernière fois vers malade.
— Je pense que c'est le mieux pour tout le monde. Pour elle, pour toi, pour moi, pour sa vie.
Laura ne répondit pas et attendit à côté de sa conseillère principale devant une porte. Quelques secondes plus tard, quelqu'un leur ouvrit la porte et une jeune femme en apparut.
— Ah bien le bonjour ! C'est toi Laura ? lança-t-elle en la regardant d'un air enjoué. Ma nouvelle élève, c'est bien ça ?
— Oui, c'est ça. Je te présente Laura Perrot, une de mes nouvelles élèves au collège, confirma Mme. Lopez.
— Ah très bien, répondit la dame. Quel âge as-tu Laura ?
— Quatorze.
Mme. Lopez l'invita à entrer dans chez la dame.
— Voici Mme. Friedhoff, ta nouvelle professeure de violon. Maintenant, je vais m'en aller, j'ai des dossiers à remplir...
— Oh bien sûr, à un de ces jours !
— A bientôt Laura.
Sur ces courts mots, Mme. Lopez partit en claquant la porte derrière elle. Mme. Friedhoff se tourna vers sa nouvelle élève d'un air curieux.
— Mme. Lopez m'a dit que tu n'avais pas ton instrument sur toi, n'est-pas ? lui demanda-t-elle.
— Non je l'ai laissé chez mes parents, répondit-elle sans broncher.
— Dans ce cas ce n'est pas grave, je vais te prêter mon autre violon. J'en ai plusieurs en fait, mais il y en a un que je n'utilise que très rarement, alors tu peux le prendre pour le moment, continua Mme. Friedhoff en allant chercher l'instrument dans le salon. Entre, entre !
Laura avança dans le couloir, et pénétra dans le grand salon. Il faisait beau, et l'on pouvait de là au loin une sorte de foret.
— Voilà je l'ai trouvé ! C'est ce violon-là, il y a la housse aussi avec. Bon, il faudra bien l'accorder parce que je ne l'ai pas sorti depuis au moins un an, mais je te laisse faire tout ça après dans ta chambre peut-être ?
Laura prit l'instrument que lui tendait sa nouvelle professeure en la remerciant chaleureusement. Son nouvel instrument. Ils vont bien s'entendre tous les deux. Elle était sûre, elle le sentait de ses mains.
— Pas de problème, assura Friedhoff. Dis-moi, combien d'années en as-tu fait chez toi auparavant ?
— Neuf à mon souvenir, compta rapidement son élève dans sa tête. Mais je l'ai arrêté un peu avant la rentrée des classes de cette année, en juillet voire en août.
— Oh, il n'y a aucun problème à cela, je suis sûre que si tu en as fais autant, il n'y aura pas de problème à le reprendre ! En tout cas, je suis contente de te rencontrer.
— Moi de même !
— Bon, rit-elle sans que Laura comprenne pourquoi. Tu préfères que je te laisse tester tranquillement ton nouvel instrument chez toi et que je te voie après ?
Laura réfléchit un court instant, avant d'acquiescer.
— Très bien. Est-ce que cela te convient si l'on fixe ton heure de cours à jeudi, à. voyons... dix-huit heures ? la questionna-t-elle en regardant son agenda.
La nouvelle élève se remémora de son emploi du temps. Ce jour-là, elle finissait à seize heures.
— Il n'y a aucun problème, je peux tout à fait à cette heure-ci, confirma-t-elle, le violon dans sa main gauche.
— Très bien parfait ! Dans ce cas, viens la semaine prochaine, jeudi à dix-huit heures ici même. Je te donne l'adresse et le code d'entrée si tu veux. As-tu une feuille ou un cahier pour le noter ?
Laura fouilla dans la poche de son manteau, et en sortit un petit calepin légèrement froissé.
— Cela fera l'affaire.
Friedhoff commença à écrire dans le calepin, tandis que Laura observait l'intérieur de la maison.
— Et penses à prendre un petit cahier pour que je note des choses dedans lors des cours suivants, d'accord ?
Laura hocha la tête, en reprenant son calepin.
— Parfait dans ce cas ! Bon travail et à jeudi ! dit-elle en souriant.
Laura lui rendit son sourire, moins naturel. Elle allait tout faire pour reprendre sa passion au mieux du mieux.
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