Chapitre 15
Une semaine avait passé depuis sa première visite de Paris avec son amie Valentine. Une semaine avait donc passé depuis le jour où elle avait regretté son arrêt de la musique. Une semaine, ça passe vite. Très vite. Nous sommes un dimanche après-midi, après le déjeuner collectif. Laura n'appréciait pas tant que ça le repas donné à la cantine de l'école : elle préférait le déjeuner convivial habituel en compagnie de sa famille.
Laura était dans sa chambre sur son lit, tandis que Valentine écrivait quelque chose, assise devant son bureau. Elle semblait aussi attendre quelqu'un ou quelque chose, jetant sans arrêt des coups d'œil furtifs au cadran pendant sur le mur, où bien dans la cour.
Tama, lui, dormait comme à son habitude, pelotonné contre le sac de sa maitresse. C'était la personne le moins soucieux de la chambre (Ou alors, les chats pensent-ils à quelque chose en particulier chaque jour sans que sa maîtresse sans rende compte ?).
Vers une heure de l'après-midi, quelqu'un toqua à la porte de leur chambre. Valentine ne se leva pas, et se retourna simplement vers son amie avec un sourire.
— Eh Laura, tu peux aller voir qui est derrière la porte s'il te plaît ? Je suis occupée moi...
Celle-ci soupira et alla ouvrir la porte, la mine fatiguée.
— Mais la prochaine fois, ce sera toi hein...
Lorsqu'elle l'ouvrit, elle fût surprise de voir Mme. Lopez à sa porte, des cahiers et dossiers sous la main.
— Ah mademoiselle Perrot, c'est parfait que vous soyez là ! J'avais justement besoin de vous voir dans mon bureau là tout de suite, si ça ne vous pose aucun problème ? demanda-t-elle d'une voix enjouée, regardant l'élève de ses lunettes rectangulaires.
— Euh... Oui ? souffla Laura, paniquée.
Avait-elle fait quelque chose de mal qui n'allait pas ? Elle tenta de se remémorer chaque scène, chaque évènements survenus depuis son arrivée, rapidement dans sa tête. Les journées de pique-nique ? Ou alors, lorsqu'elle était perdue dans ses pensées en cours de physique-chimie ? Ou car elle a été en retard à sa première visite médicale ? Ou alors... à cause de sa visite en compagnie de Valentine à Paris qui dura toute la journée ?
En voyant la mine affolée de Laura, Mme. Lopez eut un sourire narquois.
— Ne vous en faites pas Mlle. Perrot, vous n'avez rien fait de mal... Du moins, en ce que je sache, dit-elle avec un clin d'œil amusé.
Laura l'observa d'un regard perdu.
— Oh, et votre amie est là elle aussi ? Eh bien bonjour... Valentine, c'est bien cela ? A très bientôt, et merci de votre visite dans mon bureau la dernière fois ! continua-t-elle en regardant Valentine qui était installée confortablement devant son bureau.
La concernée sourit, et fit un signe de la main à Laura, comme pour lui dire "Ne t'en fais pas, tout ira bien, je te le promets !".
— Allons-y, et ne perdons pas de temps.
Mme. Lopez prit la main de Laura, et la tira le long du couloir, n'écoutant pas les protestations de la jeune fille. Elle n'y comprenait rien. Qu'avait-elle loupé ces derniers jours chez Valentine ? Ou bien chez Mme. Lopez ? Avait-elle dit quelque chose d'important en cours, pendant qu'elle faisait autre chose... ?
Le visage pâle de peur, elle la suivit sans mot dire, parcourant tous les lieux de l'établissement pour arriver devant la porte du bureau de cette-ci.
— Attendez-moi ici un instant, j'arrive.
Mme. Lopez pénétra dans son bureau, et sembla ranger ses documents éparpillés dans sa petite salle de travail. C'était la première fois que Laura voyait le bureau de sa conseillère principale. Il y avait une grande fenêtre vitrée apportant tant de lumière naturelle, deux étagères remplit de livres, cahiers, feuilles classées, des pochettes... Et il y avait un grand bureau, accompagné de deux sièges pour les élèves, un siège confortable pour elle, ainsi qu'un ordinateur et un calendrier. L'horloge pendait sur le mur en face du bureau, de manière à ce que Mme. Lopez puisse voir l'heure constamment, sans à devoir se retourner.
Quelques minutes plus tard d'attente, Mme. Lopez lança un "Entrez entrez" à Laura, qui s'exécuta aussitôt, le cœur battant à tout rompre. La voyant rester debout près de la porte, sa conseillère lui sourit en lui pointant du doigt le siège d'en face.
— Assis-toi, fais comme chez toi !
La convoquée s'assit, et attendit la suite de la part de Mme. Lopez patiemment. Celle-ci semblait chercher quelque chose dans son ordinateur, marmonnant des phrases incompréhensibles pour elle-même, les sourcils froncés et les yeux rivés sur l'écran. Au bout d'un moment, Laura commença à s'impatienter, et elle s'étira.
— Oh, pardon Laura, j'avais oublié que tu étais là, excusa soudainement Mme. Lopez, ce qui fit soupirer d'exaspération la patiente. Bon... Ah voilà, je voulais te parler de quelque chose. C'est grâce à ton amie, là, qui partage la même chambre que toi. Valentine, c'est cela ? Elle est venue me parler de quelque chose d'intéressant à ton sujet, hier matin.
Laura, surpris et méfiante, la scruta d'un regard étonné.
— Vois-tu, j'aime beaucoup aider les enfants malades, à réaliser leurs rêves, et à ce qu'ils soient heureux de vivre et d'être ici. C'est pourquoi je voulais te proposer une aide, qui te serviras à reprendre ton activité, le violon.
Elle resta muette de surprise. Elle ? Pouvoir recommencer le violon ? Non, ce doit être une blague...
— Je serais ravie de pouvoir te financer les cours, car je connais une amie violoniste, professeur en privé, et qui m'a dit être très intéressée à enseigner le violon chez une jeune malade comme toi, Laura. Je pensais que cela allait te plaire, mais à toi de choisir. Veux-tu accepter mon offre, ou préfères-tu arrêter définitivement ton ancienne passion ?
La réponse était évidente pour Laura. Oui, bien sûr qu'elle voulait reprendre le violon, évidement ! Mais cela ne poserait-il pas un problème chez Mme. Lopez, ou son école ? Être financé par l'établissement ? Alors qu'il y avait énormément d'élèves ici ?
Mme. Lopez lui sourit gentiment.
— Cela nous posera aucun problème, répondit-t-elle, comme si elle avait lu dans ses esprits. Au contraire, nous serions ravis de pouvoir faire sourire une élève en plus !
Laura la regarda d'un air comblé. C'était vrai ? Vraiment ? Elle pourrait reprendre le violon comme avant ?
Elle sourit à cette pensée, et acquiesça, les yeux débordants de joie.
— Oui je le veux ! s'écria-t-elle.
Mme. Lopez ria.
— On dirait que je suis en train de préparer ta confirmation ou autre ma parole !
Laura se mêla elle aussi dans son rire. Qu'il faisait beau aujourd'hui !
— Dis-moi Laura, tu as bien ton violon, n'est-ce pas ? lui demanda-t-elle après un court instant de répit.
— Non...
Laura se sentit énormément coupable d'avoir laissé son instrument chez elle, dans sa ville natale.
— Pourquoi ? s'étonna Mme. Lopez, la regardant à présent avec des yeux ronds comme des billes, par-dessus des lunettes rectangulaires.
— Par ce que... Je voulais...
La malade fixa un point loin derrière la conseillère, avant de poursuivre.
— C'était pour tout oublier de mon ancienne vie au calme, conclua-t-elle en ne lâchant pas son regard de la tasse de Mme. Lopez posée sur une étagère derrière elle.
Cette dernière soupira, et s'adossa au fond de son fauteuil. Elle semblait visiblement contrainte de réfléchir à une solution.
— Tu penses que tes parents pourront l'envoyer par voie postale ou autre... ?
Laura regarda son ainée d'un œil paniqué.
— Non non, le violon risquerait de s'abimer ! s'écria-t-elle, les doigts crispés sur son siège.
— Bon bon...
Mme. Lopez tourna lentement sur son siège, les yeux rivés sur un point fixe de l'écran de son ordinateur. Elle se gratta la tête, avant d'enlever ses lunettes et de fixer attentivement sa convoquée assise devant elle, l'air honteuse.
— Je demanderais à mon amie violoniste de trouver une solution à cela. Peut-être que tes parents accepteront de te payer un nouvel instrument, qui sait... ?
Laura savait, qu'elle n'en était pas elle-même convaincue par cette proposition. Qui accepterait de payer un deuxième instrument à leur fille, alors que l'ancien était en bon état ? Mme. Lopez finit par se lever de son bureau, et ouvrit la porte, en faisant signe à Laura de la suivre.
— Ce n'est pas grave, j'y réfléchirais. Pendant ce temps, je vais te libérer, et surtout, n'oublies pas de remercier ton amie Valentine pour son grand service qu'elle t'a donné ! dit-elle, affichant un large sourire sur son visage.
— Merci beaucoup Mme. Lopez, à bientôt ! répondit Laura en la remerciant du regard.
— De rien, et bonne journée à toi ainsi qu'à ton amie !
Laura sortit du bureau, tandis que Mme. Lopez fermait la porte de la salle. La jeune malade avança d'un pas léger vers sa chambre. Elle avait le cœur heureux. Elle devait à tout prix remercier Valentine pour tout ce qu'elle lui avait faite ! Elle n'aurait jamais pensé que la fille qu'elle avait considérée de "folle" durant tout ce temps, puisse lire dans ses pensées, et même, l'aider à accomplir son plus grand rêve !
Devant leur chambre, Laura sourit. Elle n'avait qu'une seule chose en tête : la remercier de tout son cœur.
Mais tandis qu'elle ouvrit la porte, elle remarqua quelque chose qui la déçue énormément. Valentine était partie s'amuser dehors dans la rue !
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