Chapitre 10

Le premier jour du cours, n'était autre qu'une journée chargée en émotion autant qu'en devoirs. Les professeurs ne semblaient avoir aucune tolérance envers leurs élèves, la plupart du temps très stricte et sérieux. Cependant, les élèves eux aussi étaient tous extrêmement sérieux. Laura se sentit mal à l'aise ici. Il y avait à côté d'elle, une fille nommée Valentine, une folle qui ne manquait pas d'être très énervante, que ce soit en cours ou autre part. Une des rares professeurs qui semblait être plutôt d'une humeur joyeuse et zen, était leur professeur de français, qui n'oubliait jamais de relier les choses à des histoires qui n'ont aucun sujet avec le cours. C'était donc une des professeurs préférés des élèves de la classe.

Leur professeur principal, (étant un prof de sport comme à l'habitude) semblait être lui, plutôt désespéré de l'on-ne-sait-quoi. Déprimé ? Pas la moindre idée. Il restait toujours aussi silencieux qu'une feuille d'un arbre. Il observait la classe d'un regard patient, mais désemparé. Quand est-ce que ce carnage allait-il cesser ? pensait-il sûrement. Pourtant, aux autres cours, toute la classe était aussi sage qu'une image, comme le disait souvent les professeurs en primaire.

La seule chose qui clochait dans cette classe des 3e, était bien évidement, notre chère Valentine. Elle semble si... Quel serait le mot exact pour la caractériser ? Folle ? Non, ce n'est pas cela qui convient. Sur-énergétique ?

Cela se dit-il ? Ce serait pourtant le bon mot pour Valentine. Même en cours, on la surprenait à parler à voix haute, seule, devant son cahier. Les professeurs ne disaient rien, et se contentaient de soupirer avant de continuer leur cours. Qu'est-ce qui n'allait pas avec cette fille ?

Laura avait une extrême tolérance envers Valentine, même si de temps à autres, elle se retenait fortement de l'étrangler ou de lui jeter le plateau de la cantine en pleine figure. Le premier jour de la rentrée fût tout à fait normal, et personne ne les regarda d'un regard bizarre. (Sauf pour Valentine, mais vous comprendrez sûrement pourquoi.) Elle s'était brièvement présentée devant la classe, qui l'accueilla chaleureusement. Peut-être car ils étaient tous malade d'une manière ou d'une autre ... ?

Sa première voisine fût Téhanie, une fille atteinte d'un cancer de la peau. Elle n'avait rien d'anormale, elle paraissait juste calme et triste de temps à autre. Est-ce que tout le monde était si triste dans ce monde encadré par l'hôpital ? Laura n'avait jamais posé de questions sur leur maladie, et ainsi pour eux. Personne n'en parlait, et en avait envie. Ils riaient tout simplement, comme le ferait les enfants "normaux". Ils adoraient avoir des délires entre amis, sortir, se balader, rire, se battre amicalement... A la fin de la semaine, ils se rassemblaient tous devant le portail de l'établissement pour aller tous ensemble au grand parc situé non loin de là, afin de pique-niquer joyeusement. Ils partageaient leurs dernières nouvelles, joyeuses rencontres, leurs vies anciennes en famille, ou bien des cours drôles à l'école.

Un jour, (c'était un samedi après-midi après les cours du matin) ils étaient tous allés au parc, afin de prendre un bon pique-nique bien mérité de la fin de la semaine, devenu un rituel depuis peu. Ils s'étaient tous installés pour la première fois, en cercle autour de leur repas, tous ensemble, la classe entière. D'habitude, ils se séparaient en petits groupes et mangeaient séparément, ne restant ensemble qu'au trajet d'aller, et de retour. Laura s'était intégrée dans un petit groupe entre filles, en compagnie de Valentine et de Téhanie. En réalité, c'était originellement le groupe de Téhanie, qui les avait invités à grands bras ouverts.

Mais ce jour-ci, ils s'étaient décidés de manger ensemble, et de partager leur vie à toute la classe. L'origine de cet évènement restait pourtant inconnue, comme le dirait certainement la prof d'SVT, en parlant d'évènements surnaturels comme le grand raz-de-marée ayant tout dévasté à Fukushima en 2011.

Le garçon à la tête de la classe, (qui était bien entendu un des deux délégués de la classe) avait emmené toute sa troupe près d'un lac. Le lac était rempli à trois quart, l'eau étant sale.

Après le déjeuner, ils s'étaient tous attardés à des discussions plutôt inintéressantes. Cependant, un mot réveilla l'attention de Laura à la conversation.

— ... Chien, avait fini une fille.

Laura ouvrit la bouche pour la première fois.

— Tu peux me re raconter s'il te plaît ? Je n'avais pas écouté...

Celle-ci pencha sa tête, avant de sourire.

— Si tu veux ! Je disais, que ma sœur avait un petit canari tout mignon quand elle était petite. Il était juste adorable, et c'était toute la vie pour ma sœur. Heureusement que j'avais un perroquet, personnellement... Mais elle a été troublée toute sa vie. Un soir, elle a rêvé qu'elle se faisait attaquer par un gros chien. Un molosse, qui lui a mordu. Et c'est là qu'elle s'est réveillée, la nuit. Le lendemain matin, lorsqu'elle se réveilla, la mort hantait la maison. Le canari était mort.

Laura la regarda, bouche bée.

— Ne me regardes pas comme ça, rit-t-elle, le regard pourtant triste. Pour moi, le chien représente la mort. Mais pour les gens normaux, il représente la compagnie de l'Homme. Je sais que tu me prends pour une folle, mais c'est ça la vie. Personne n'est pareil.

La jeune malade écarquilla les yeux et se précipita de lui répondre avec un sourire.

— C'est pareil pour moi ! Enfin, non, ce n'est pas exactement pareil, étant donné que je n'ai pas perdu mon chat. Mais je n'aime pas les chiens, plus que tout.

— Eh ho vous deux, je ne vous dérange pas j'espère ? Moi j'ai un chien, plus tôt grand. Mais il est très calme, doux, attentionné, et surtout, il sauve la vie des humains ! Il nous donne la vie, pas la mort, les coupa le délégué d'un air contrarié.

— Ce n'est qu'une simple réflexion ! protesta la fille. Ma sœur a perdu son canari, c'est pourtant vrai !

— Julie, calme-toi. Tu as simplement eu la malchance, c'est tout. Le chien est le meilleur ami de l'homme, on ne peut pas le nier, dit doucement Téhanie avec un sourire.

Julie s'assit, la mine dépourvue de sentiment.

— Et toi, Amael, ne lui répond pas de cette manière, elle a tout sa raison d'être bouleversée et d'haïr cet animal de compagnie. C'était peut-être un signe, voilà tout. Cela aurait pu être un chat sauvage du coin, continua Téhanie en se tournant vers le délégué, furibond.

— D'accord d'accord, mais tout de même, j'ai le droit d'être sur le qui-vive, elle parle tout de même de mon animal représentant toute ma vie...

— Je sais Amael, je sais...

— Je suis désolée, dit simplement Julie, le regard assombrit.

Celui-ci haussa les épaules.

— Tant que tu ne parles pas directement de mon chien... Tu devrais venir voir un de ces jours mon chien, il est ici à l'internat. C'est un gentil patou. Il travaillait anciennement dans un grand troupeau de moutons dans les Alpes. Mais il a pris sa retraite, et nous l'avons accueilli. Il a même sauvé ses maîtres lors d'une avalanche ! Je t'assure qu'il est gentil. Il a un esprit protecteur, et...

— Je veux bien aller le voir, si seulement tu me promets qu'il ne m'attaquera pas, répondit-elle.

Amael la regarda d'un regard surprit.

— Bien sûr que je te le promets ! Il n'a jamais attaqué personne, il est très doux avec n'importe qui ! Que ce soit un enfant, un bébé, ou une personne âgée...

Julie sourit, visiblement rassurée.

— Dans ce cas, je viendrais le voir. Comment s'appelle-t-il ?

— Marley, annonça son jeune maître, l'air fière.

Laura songea à Tama. Il avait l'air si fière à parler de son chien des montagnes ! Elle aussi, était fière de son chat noir. Pourtant, que pouvait-elle raconter à son sujet ? Rien d'intéressant...  

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