Une semaine après le duel

Soledad se tenait à sa fenêtre et regardait la pluie perlait lentement sur la vitre. Ses yeux suivaient le mouvement continu de l'eau et de temps à autre un soupir s'échappait de ses lèvres. Une semaine s'était écoulée depuis la mort de Neymar. Une semaine entière qu'elle n'avait pas vu son sourire aimant, une semaine qu'elle n'avait pas entendu son rire joyeux, une semaine qu'elle n'avait pas senti le doux contact de sa main sur son bras quand il lui racontait quelque chose.

Une larme coula sur la joue de la jeune fille. Pourquoi son frère avait-il dû le tuer? Même séparée elle lui resterait fidèle et refuserait de marier Fernandez, jamais elle ne verrait un homme de la même façon qu'elle voyait Neymar mais son frère après avoir passé une nuit en prison revint le lendemain.

«Soledad depuis quand voyais-tu Neymar? cria-t-il en entrant dans sa chambre. À quoi pensais-tu? Tu sais parfaitement bien qu'il fait partie des da Silva Santos et...»

Mais Lionel se tut. Il vit sa sœur effondrée sur son lit, le visage ruisselant de larmes. Elle leva sur lui son regard gorgé de douleur et de tristesse et éclata en sanglots. Lionel soupira et la prit dans ses bras.

«Soledad, parla-t-il doucement, ne pleures pas. Ce que j'ai fait est uniquement et strictement pour ton bien. Imagine un peu ce qu'aurait pensé notre famille, ta tante, ton oncle, tes cousines en apprenant que tu été liée à Neymar, fils héritier de nos rivaux. Ta vie aurait été brisée par un scandale dont les gens se seraient souvenus pendant des années. Imagine devoir supporter des insultes, des murmures de désapprobation, des rumeurs chaque fois que tu apparais en public. Tu es encore très jeune, tu as à peine dix-sept ans et tu ne connais pas encore ce monde sans pitié dans lequel nous vivons, toutes les personnes que tu considérais comme tes amis prendraient une joie folle à te rabaisser et à te blâmer de tes faits et gestes et du jour au lendemain tu te retrouverais seule, isolée, condamnée à ton sort sans aucune compassion de la part des autres. Moi, ton frère, je ne supportais pas cette idée de devoir te voir souffrir. Oui, je l'avoue, j'ai tué Neymar mais avais-je un autre choix»?

Soledad regarda son frère à travers ses yeux brouillés de larmes.

«Pourquoi? pleura-t-elle. Pourquoi?

- Soledad... Je ne voulais pas que ta vie soit gâchée, tu es tellement jeune, tellement innocente. Je ne voulais pas qu'il te fasse du mal».

La malheureuse enfant enfuit son visage dans son oreiller et éclata en sanglots.

«Neymar, gémit-elle.

- Soledad ne pleures pas. Veux-tu que je t'apporte quelque chose?

- Il m'avait promis de m'emmener avec lui dans un monde où nous pourrions vivre ensemble et être heureux...

- Quoi?! Soledad répètes ce que tu viens de dire! s'écria Lionel en relevant brusquement sa sœur.

- Nous devions partir hier et après nous...

- Tu! Soledad! Jamais tu ne serais partie et encore moins n'aurais épousé cet homme tant que j'aurais été vivant!

- Je l'aime, sanglota-t-elle, et je l'aimerai toujours. Tu voulais me marier à Fernandez mais c'est à Neymar que mon cœur appartient...

- Soledad c'est assez! cria Lionel. Ton Neymar n'était qu'un bourreau des cœurs, un séducteur, un coureur de jupons»!

La jeune fille poussa un long sanglot et retomba sur son oreiller. Lionel essaya encore de la raisonner, lui faire comprendre que le défunt Brésilien ne méritait pas ses pleurs mais ce fut inutile. Finalement comprenant sa défaite, il se leva et secouant la tête sortit de la chambre.

Pendant toute la semaine qui suivit, Soledad resta cloîtrer dans sa chambre et prit ses repas en haut. Son frère vint la voir à plusieurs reprises mais à chaque fois il la retrouvait abattue et consternée.

Un soupir s'échappa des lèvres de la pauvre Argentine. Elle descendit du rebord de sa fenêtre sur lequel elle s'était assise et s'agenouilla devant le petit autel qui se trouvait en face de son lit. Étant très pieuse elle avait demandé d'en construire un dans sa chambre il y a quelques années afin de pouvoir réciter ses prières chaque fois qu'elle en avait besoin et sûrement cela serait superflu de dire que pendant ces sept derniers jours, elle ne priait que pour l'âme de son cher bien-aimé.

La jeune fille ferma ses yeux et se mit à murmurer très vite en tenant son crucifix dans les mains. Elle resta ainsi pendant un moment avant de chuchoter "je t'aime". Elle se leva, onze heures sonnèrent. Onze heures, il y a une semaine à cette même heure Neymar était encore avec elle, vivant. Elle s'approcha de sa table de chevet et sortit une rose blanche qu'elle contempla tristement. La fleur était presque toute séchée et plusieurs pétales s'en étaient détachés mais elle gardait toujours sa délicatesse d'origine.

«Voilà tout ce qui me reste de toi», prononça Soledad en s'asseyant sur son lit.

Elle sera la rose contre son cœur et ferma les yeux. Le faible parfum qui lui restait enveloppa peu à peu la jeune fille et celle-ci, bercée par le doux clapotement de la pluie contre sa vitre, finit par s'endormir.

À minuit, un léger crissement interrompit le clapotis régulier de la pluie. Une ombre se tenait sur le balcon et regardait Soledad. C'était Neymar, libéré du paradis, vampire. Doucement il ouvrit la porte du balcon, il savait que Soledad ne la fermait jamais, et entra. Il s'approcha de son lit et un sourire se peignit sur ses lèvres en découvrant la belle Argentine assoupie serrant la rose blanche qu'il lui avait offerte.

«Soledad».

Une vive joie le saisit soudain. Il s'agenouilla devant sa maîtresse et la considéra longuement. Comme elle était ravissante quand elle dormait! Délicatement il lui caressa la joue.

«Ma belle, ma jolie, ma ravissante Soledad».

La jeune fille ouvrit légèrement les yeux.

«Neymar»!

Une expression d'effarement troubla son visage ; elle voulut crier mais le jeune homme ayant prévu sa réaction d'avance, ferma sa bouche avec sa main.

«Ne crie pas», lui chuchota-t-il dans l'oreille mais avec un faible gémissement, Soledad renversa sa tête en arrière et s'évanouit.

D'un geste rapide, Neymar attrapa le flacon de sels qui se trouvait dans un des tiroirs de la table de chevet. Il prit sa pauvre bien-aimée dans ses bras et lui présenta le flacon au nez. Au bout de quelques instants, la jeune fille rouvrit faiblement ses yeux.

«Ney-mar? réussit elle à articuler.

- Oui, Soledad, c'est moi.

- Neymar?

- Oui, ma merveilleuse Soledad.

- Non. Cela ne se peut pas. Je dois être en train de continuer de rêver...

- Non, Soledad, c'est la réalité, c'est bel et bien moi».

Convulsivement, l'Argentine tâta les bras qui la tenaient d'une manière si douce, si protectrice, le visage qui lui était tellement familier. Oui, c'était lui. C'était bel et bien lui. C'était ses yeux verts qui la regardaient avec bienveillance, c'était ses mains qui lui caressaient les cheveux.

Des larmes brouillèrent le regard de la jeune fille.

«N'aie pas peur. Qu'est-ce qu'il y a? s'inquiéta Neymar.

- Je... je... ».

Elle enlaça le cou de la personne qu'elle aimait tant et qu'elle avait cru perdue à jamais.

« Je pensais que tu étais mort, pleura-t-elle, mais tu es là, vivant»!

Les deux amants s'enlacèrent et restèrent ainsi, collés l'un à l'autre, pendant un moment, Neymar serrant Soledad contre lui, la couvrant de baisers et elle appuyant sa tête contre sa poitrine, un sourire illuminant son visage.

Soudain un tressaillement secoua le jeune homme et il recula brusquement.

«Neymar»? s'alarma la jeune Argentine.

Elle releva la tête et le vit fixer la croix qui pendait à son cou. Apeurée, elle le dévisagea méticuleusement. C'était bien lui mais quelque chose se présentait étrange, différent. Son teint bronzé semblait plus pâle. La couleur verte de ses yeux avait l'air d'étinceler, presque de luire dans le noir et quelque chose de brut brillait dans son regard. Ses dents, déjà pointus, paraissaient légèrement plus longues, surtout ses canines.

«Neymar?

- Soledad je dois te parler, prononça-t-il gravement ; il prit ses mains dans les siennes et la regarda droit dans les yeux. En premier lieu je veux que tu saches que je ne te ferai jamais et je dis bien jamais du mal. Ne t'effraies pas, ne t'effraies pas surtout, je sens bien que tu commences à trembler. Soledad... je suis un vampire.

- Quoi?!

- Je t'en supplie ne t'effraie pas. Je ne pouvais pas te laisser seule, je ne pouvais pas vivre sans toi. La seule possibilité que j'avais pour te rejoindre c'était de vendre mon âme au diable et devenir vampire».

Il lui raconta tout, depuis son réveil jusqu'à son évanouissement. Pendant tout le long de son récit, Soledad l'observait les larmes aux yeux.

«Tu es devenu vampire pour moi?

- Oui, Soledad, pour toi, je ne pouvais pas te quitter, en aucun cas.

- Tu n'aurais pas dû, imagine s'il m'arrive quelque chose et que je meurs, nous serons séparés à jamais...

- Ne dis pas de bêtises! Tu es encore jeune et tu as une longue vie devant toi!

- Mais, Neymar, tu es contraint à boire du sang humain...

- Pour toi je suis prêt à tout!

- Tu as sombré en Enfer et cela, à cause de moi, gémit-elle en cachant son visage dans ses mains.

- Arrête de parler ainsi! Je t'aime, je t'aime ma belle, ma merveilleuse, ma magnifique Soledad! Je suis prêt à faire tout pour toi, devenir un démon, m'abaisser devant les autres, te donner ma vie»!

Des larmes coulaient le long des joues de la jeune fille. Lentement, elle enleva la croix autour de son cou et la posa sur sa table.

«Neymar, Dieu s'était trompé, je t'aimerai quelque sois ta forme ou ton aspect».

Elle l'embrassa tendrement et se blottit contre lui mais un regard préoccupé réapparut bientôt sur son visage.

«Tu avais parlé de vengeance».

Le jeune Brésilien hocha un peu la tête.

«Puis-je te demander qu'une seule et unique demande? Ne tue pas Lionel. Je sais qu'il t'a tué et que tu veux te venger de ta mort mais c'est mon frère et malgré ton meurtre que je ne lui pardonnerai jamais et son envie de me marier, je lui resterai toujours attachée. Il est comme un deuxième père pour moi depuis que le mien est mort».

Neymar soupira.

«L'envie de me venger reste encore présente mais je me plierai à ta demande. Je comprends que Lionel est important pour toi.

- Merci».

Neymar l'entoura dans ses bras et sourit.

«Bon maintenant racontes-moi un peu sur toi. Est-ce que Lionel continue de vouloir te marier?

- Non, en tout cas il ne m'en parle plus depuis qu'il est revenu de prison.

- De prison?

- Oui, et oh! Neymar, Marcelo et Thiago furent arrêtés!

- Arrêtés? Et pourquoi? s'écria le jeune homme.

- Après que tu mourus des soldats arrivèrent.

- Tu l'avais prévenue? Mais attends, comment as-tu appris à propos du duel?

- Je surpris mon frère en parlait avec Ángel. Je n'arrivais pas à m'endormir car l'idée de fuir occupait trop mes pensées donc je décidai de descendre en bas mais en entendant des voix dans l'escalier je m'arrêtai. C'était Lionel. Étonnée, je pensai aller lui demander s'il souffrait de l'insomnie tout comme moi mais je discernai ton nom et choisis plutôt d'écouter ce qu'il disait. Je réussis à distinguer: "Aujourd'hui avant le lever du soleil sur la falaise je lui réglerai son compte à cet effréné" et une panique s'épris de moi puisque je me souvins que Lionel avait vu le bouquet que tu m'avais apporté et m'avait trouvé sur mon balcon en train de saluer de la main. Je remontai dans ma chambre et décidai d'aller prévenir les autorités quand mon frère partirait et c'est ce que je fis. En route je rencontrai Thiago sur son cheval et lui racontai tout. Je le suppliai d'aller avertir les autorités à ma place car cela lui prendrait moins de temps. Au début il refusa disant que c'est une affaire d'honneur et qu'il ne pouvait pas s'y interposer mais en voyant mon désespoir il accepta. La suite tu la connais.

- Donc Thiago, Marcelo, Lionel et Ángel furent arrêtés pour meurtre ou pour suspicion de meurtre?

- Seulement les trois derniers et Lionel et Ángel revinrent le lendemain. Thiago arriva avec des soldats et pourquoi il fut arrêté je ne le sais pas.

- Sûrement pour l'empêcher de parler si ton frère et son bras droit furent libérés.

- Tu penses?

- Je ne le pense pas, j'en suis certain. Lionel ne veux pas que le monde découvre la raison ou peut être même la vrai identité de la personne qui m'a tué pour conserver l'honneur de sa famille. Pour cela il n'a qu'un choix, empêcher tout autre être sachant la vérité de parler et rien de mieux que de l'enfermer en prison. Il ne reste plus qu'à les faire sortir de prison.

- Mais comment?

- Je n'y ai pas encore pensé mais demain soir je vais aller leur rendre visite. Il y a quand même des points positifs dans le fait d'être un vampire, je peux passer sans être vu»!

Soledad rit.

«D'accord mais fais quand même attention, murmura-t-elle en posant doucement sa tête sur l'épaule de son bien-aimé.

- Ne t'inquiète pas, et après que je les aurais faits libérer nous pourrions partir comme prévu.

- Mmhm...».

Neymar tourna la tête et vit que Soledad commençait à s'endormir peu à peu, pelotonnée contre lui. Délicatement, sans la réveiller, il l'allongea sur son oreiller et la recouvrit de sa couverture.

«Bonne nuit, Soledad», chuchota-t-il et l'embrassa sur le front.

Il ouvrit le balcon et fis un pas dehors. Il se retourna et regarda tendrement la belle enfant. Son visage était ensoleillé par le bonheur.

La pluie cessa. La Lune apparut de derrière les nuages et éclaira le jeune homme. Il sourit et disparut dans le noir.

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