Où Lionel s'assure que la vrai nature de Neymar soit reconnaissable

«Alors? s'enquit Lionel dès qu'Ángel eut franchi la porte.

- Rien.

- Comment? Il n'a pas parlé?

- Non, je te l'avais dit qu'il gardera le silence même sous la torture et j'ai vu son alliance à son doigt, ils sont bel et bien mariés».

Lionel frappa la table avec son poing.

«Je le craignais, je faisais tout pour la retrouver avant! vociféra-t-il. Si seulement j'avais su la vrai raison de ses promenades nocturnes, quel idiot j'étais! Comment ne pas avoir douté de son subit changement de comportement? Je pensais qu'elle avait fini par l'oublier mais non! Voilà qu'il ressuscite de la mort pour l'enlever»!

Ángel le regarda tourner en rond dans la pièce tel un animal blessé. Lui aussi haïssait Neymar même si c'était pour d'autres raisons et comprenait parfaitement sa rage.

«N'a-t-il absolument rien dit? redemanda Lionel en s'arrêtant devant lui.

- Rien, même pas des injures ou des dénégations.

- Mais c'est le démon en personne! A-t-il senti quelque chose au moins ou son corps est devenu insensible?

- Oh, pour cela tu peux ne pas t'inquiéter, je pensais que mes tympans céderaient avant la fin de l'interrogation.

- Je te remplacerai demain et avec moi se ne seront pas mes oreilles qui céderont en premier, prononça Lionel avec haine.

- Je l'espère bien car j'ai finit par perdre patience avec lui».

Lionel fronça les sourcils comme il avait l'habitude de le faire lorsque l'irritation le gagnait et se tourna vers la fenêtre. S'il aurait pu, il aurait dévasté l'entièreté du bosquet qui entourait sa demeure pour se calmer. Pendant un instant, il se tint debout devant la vitre à regarder dehors sans proférer une parole.

«Ángel, y-a-t-il un moyen de marquer un vampire? De faire en sorte que même si Neymar s'échappe, les gens sauront sa véritable nature un peu comme on le faisait avec les criminels.

- Nous n'avons qu'à brûler son épaule d'une croix de Saint-Pierre puis frotter la marque avec de l'eau bénite pour garder la cicatrice, proposa l'Argentin, c'était le symbole du diable qu'utilisait le peuple sur les vampires et loups-garous du temps des grandes chasses.

- Parfait, agréa Lionel, et moi qui considérais ces êtres sortis du fantastique, voilà que je reprends les bonnes moeurs du Moyen-Âge. Pour être honnête, j'ai commencé à te croire seulement après avoir vu Neymar vivant de mes propres yeux. Je n'aurais jamais pensé que ce que tu me disais pouvait être vrai.

- Je m'étais beaucoup intéressé des vampires quand j'étais jeune. Je vois que cela sert à quelque chose, sourit Ángel.

- Je le ferai cet après-midi avant que le soleil se couche. Je ne veux pas risquer», conclut Lionel avec un regard haineux.

Il se retourna vers son ami et soupira d'exaspération. Il n'en pouvait plus. Qu'avait-il fait pour avoir autant d'ennuis? Il voulait que Soledad soit de nouveau auprès de lui en sécurité, loin de ce buveur de sang effréné, oublier cette histoire, reprendre sa vie normalement.

Ángel quant à lui, songeait à sa belle Olivia, à sa réaction en apprenant qu'elle allait enfin être débarrassée de la cause de ses tourments, que c'était grâce à lui puisque c'était lui qui avait retrouvé la trace du vampire. De la compassion pour son compagnon remplissait aussi son coeur de marbre ; il s'inquiétait tellement pour sa soeur.

«Bon, j'ai encore des affaires à régler malgré tout cela, rompit le silence Lionel. Merci de m'aider à travers tout cela.

- Tu aurais fait la même chose pour moi, Lionel, bien-sûr que je t'aide».

Ils s'étreignirent fraternellement et sortirent de la pièce.

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Neymar rejeta sa tête contre le mur et plissa ses yeux. La douleur était atroce. Elle enlaçait son corps tel un python qui serre sa victime l'étranglant peu à peu. Ses plaies couvrant son visage, sa poitrine, ses bras continuaient de le brûler même des heures après le supplice et son dos qu'il essayait de garder le plus éloigné possible du mur contre lequel il était enchaîné, le faisait souffrir lorsqu'il effleurait la pierre. Il arrêta de s'acharner sur ses chaînes, ses poignets enflés par les meurtrissures. Cela n'en valait pas la peine, le soleil brillait encore à l'extérieur et de toute façon la croix pendue à son cou le privait de ses pouvoirs, mieux fallait conserver son énergie.

«Ángel, tu me le payeras cher toi aussi, toi et ton satané ami Lionel», murmura le jeune vampire exténué.

Il repensa à Soledad qu'il ne livrerait jamais sous aucune torture. Que faisait-elle en ce moment? Allait-elle bien? Si seulement il pouvait se libérer, elle devait s'inquiéter, il lui avait promis de revenir.

Il rouvrit lentement les yeux.

Qu'allait-on lui faire à présent? Le torturaient-ils encore une fois ou le tueraient-ils? Pour l'instant il aurait préféré qu'on le laisse dans sa cellule, qu'on l'oublie idéalement, il aurait alors la possibilité de trouver un plan d'évasion et la douleur le lâcherait peut-être.

Son dos frôla de nouveau le mur et il gémit. Non, en tout cas pas pour maintenant.

Jamais il ne s'était imaginé que quelque chose pouvait infliger autant de souffrance. Dieu l'avait prévenu pour l'eau bénite mais jusqu'à là? Elle lui avait rongé la peau jusqu'aux os et il remerciait le ciel d'avoir créer des vampires dont les lésions se refermaient aussitôt.

Combien de temps il passa ainsi, il ne le savait pas mais les nuages commencèrent à rosir lorsque la porte de son cachot s'ouvrit avec fracas. Il baissa ses yeux et vit Lionel s'approcher de lui à grands pas. L'Argentin s'arrêta à un mètre de lui et le dévisagea.

«Joli», commenta-t-il en observant ses brûlures écarlates sur son torse.

Il fit un autre pas et passa ses doigts sur une plaie sur sa joue. Le jeune vampire étouffa un cri et détourna brusquement son visage.

«Ángel ne m'a pas menti pour l'eau bénite, prononça Lionel, ni pour ton alliance au doigt.

- C'est bien que tu le remarques, répondit Neymar d'une voix acerbe.

- Pas vraiment en fait, ou en tout cas pas pour toi.

- Trop tard, sourit dédaigneusement le vampire, tu ne peux pas rompre le mariage.

- Non, mais je peux faire pire si tu refuses de me dire où se trouve Soledad».

Comme Neymar garda le silence, Lionel fit signe à trois hommes d'entrer. Deux d'entre eux l'empoignèrent par les bras alors que le troisième les détacha. Un cri s'échappa de ses lèvres au contact de leurs mains rugueuses sur sa peau blessée et il fit un mouvement pour se dégager.

«Mettez le à genoux», commanda Lionel.

Malgré la douleur qui déchirait son corps, Neymar se débattit. Jamais il ne s'agenouillerait devant qui que ce soit! Son orgueil giflé, il oublia ses plaies mais les deux hommes qui le tenaient appuyèrent avec une telle force sur ses épaules, qu'il tomba les deux genoux sur la dalle.

«Tes pouvoirs de vampire sont très grands et si ce n'était pas pour le crucifix pendu à ton cou, tu pourrais rompre ces barreaux à ta fenêtre d'un simple geste de la main et t'enfuir. Tu es rusé et tu as appris à te fondre parmi la population sans que quelqu'un ne doute de ta vrai nature redoutable. Les grandes chasses aux sorcières, vampires et loups-garous n'ont pas eu lieu depuis déjà plus de trois cents ans mais le peuple est resté superstitieux et je veux qu'il puisse te reconnaitre et te lyncher comme il le faisait avant si tu venais à t'échapper».

À ces mots, un quatrième homme entra dans la cellule avec un fer rouge dans les mains qu'il passa à Lionel. Il sortit pour revenir avec un seau d'eau bénite et un linge qu'il posa à côté du vampire avant de se ranger avec le troisième resté à l'écart.

«Lâche! Tu vas me marquer»! s'écria Neymar en se débattant.

Lionel ignora cette exclamation et s'approcha du prisonnier. Il retourna le fer afin que le signe de la croix soit renversé et regarda le vampire avec haine. Les deux hommes qui le gardaient au sol dégagèrent son épaule droit et l'immobilisèrent.

Un tressaillement parcourut le corps du vampire au contact du fer contre sa peau. Il sentit sa chair brûler, la marque du diable s'incruster sur son épaule. Le linge d'eau bénite fut aussitôt pressé contre sa brûlure et Neymar poussa un hurlement.

Il baissa la tête et ferma ses yeux de douleur, de colère et de honte. Il ressentait l'infamante flétrissure sur son épaule, flétrissure qu'on avait utilisé sur les tueurs en série que les gens avaient confondus pour des vampires, sur des folles prises pour des sorcières.

«Voilà, comme cela ta nature démoniaque sera connue par tous, prononça Lionel en reculant.

- Infâme! Et tu te considères encore un gentilhomme après cela»!

Sa voix résonna tel un écho dans la cellule. Lionel s'arrêta comme frappé par la foudre.

«Répète ce que tu viens de dire, murmura-t-il lentement.

- Te considères-tu encore un gentilhomme après avoir rabaissé un homme désarmé et à ta merci? lança Neymar avec mépris.

- Comment... oses-tu»? s'écria Lionel en devenant rouge de rage.

Les hommes relevèrent le vampire et l'enchaînèrent de nouveau contre le mur alors qu'il se tordait et gémissait de douleur. Lorsqu'ils le lâchèrent finalement, il leva un regard brouillé sur l'Argentin et le toisa avec hargne.

«Je vais mettre une autre chose au clair avec toi, dit-il sa voix tremblant de douleur, je n'ai jamais enlevé ou kidnappé Soledad de force. Je l'ai amené avec moi parce qu'elle me l'a demandé et seulement de son propre gré. Elle ne voulait plus rester avec toi ce qui veut dire que jamais, et comprends le bien, jamais je ne te la livrerai. Tu peux me torturer combien tu le souhaites et aussi longtemps que tu le désires mais tu n'auras aucune information de ma part, rien qui pourra divulguer même un indice sur l'endroit où elle se trouve».

Sur ceux, il se tut et détourna son regard de son ennemi comme s'il ne voyait plus aucune utilité dans sa présence.

«Tu! Tu! l'Argentin ne sut quoi répondre. C'est ce qu'on va voir si tu ne parleras pas»!

Il lança un dernier regard cruel sur les brûlures de son captif et sortit du cachot.

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