Où le jour de départ se voit être une nouvelle fois décalé

Neymar étudia distraitement la tasse posée sur la table. Elle était à moitié remplie de café, blanche, sans aucune décoration.

«Je t'avais dit qu'il neigerait encore aujourd'hui! s'écria triomphalement Thiago en pointant la fenêtre.

- Je ne vois pas dans le futur. Je suis un vampire et non une sorcière, lui répondit Neymar en haussant nonchalamment les épaules.

- C'est dommage, cela doit être divertissant.

- Si tu le dis. Veux-tu déjà savoir qui sera la femme qui réussira à te supporter?

- Parce ce que, Monsieur, a eu la chance de se marier en premier, c'est cela»?

Le jeuna vampire rit et rejeta son dos contre le dossier du fauteuil sur lequel il s'était installé. Oui, il avait été le premier et en était très fier mais Soledad avait été tout ce qu'il avait voulu depuis ce fameux soir du bal et cela ne pouvait être que légitime qu'il l'eût épousé.

«Pendant que nous parlons de mariage, Soledad dort-elle encore? demanda Thiago en jetant un regard sceptique sur la porte close de la chambre.

- Oui, et je veux la laisser se reposer au maximum après les nuits difficiles qu'elle a eues. Cela doit faire au moins une semaine qu'elle n'a pas eu un sommeil tranquille.

- Pauvre elle», soupira le jeune Brésilien avec compassion.

Neymar hocha la tête mais ses yeux revinrent de nouveau sur l'horloge accrochée au mur. Cela faisait déjà plus de quinze heures qu'elle n'était pas sortie de sa chambre. Quinze heures...

«Je vais la voir, prononça-t-il brusquement en se levant.

- Mais tu viens de dire que tu voulais qu'elle dorme! protesta Thiago. Tu vas la réveiller!

- Je vais juste m'assurer qu'elle va bien, cela ne sera pas long. Marcelo pourra te divertir en attendant».

Un grognement mécontent retentit du sofa sur lequel l'interpellé s'était confortablement disposé avec son livre. Sûrement que la proposition ne lui parut pas attirante mais le jeune vampire ne fit que sourire railleusement à cela en se dirigeant vers la chambre. Il tourna silencieusement la poignée et entra.

Soledad était allongée comme il l'avait laissée la veille recouverte par la couverture qu'il lui avait sortie mais s'était tournée sur le dos. Ses mains étaient repliées autour de sa tête et son visage regardait la fenêtre.

Neymar fit quelques pas et s'arrêta à la tête de son lit en la dévisageant soucieusement. Elle était étrangement pâle, ses joues étaient rosies pour ne pas dire rouges alors que le restant de son visage était blême. Son front et sa lèvre inférieure étaient humides et elle grelottait malgré la température chaude de la pièce.

«Soledad»? demanda-t-il en se penchant au-dessus d'elle.

Ses paupières firent un petit mouvement mais ses yeux restèrent clos. Elle semblait ne pas pouvoir l'entendre.

Neymar glissa sa main sur son front et se figea. Il était brûlant.

«Marcelo! appela-t-il en gardant son regard rivé sur la jeune fille. Peux-tu venir?

- Qu'est-ce qu'il y a? retentit la voix de son ami derrière lui.

- C'est Soledad. Elle a de la fièvre et ne répond pas».

Le jeune homme lui fit signe de se pousser et s'approcha du lit de la malade. Il toucha son front puis prit sa main dans la sienne en prononçant son nom.

«Elle est inconsciente, dit-il, la fièvre est montée trop haut et trop rapidement. Apporte-moi de l'eau tiède, il ne faut surtout pas qu'elle se déshydrate.

- Est-ce grave ce qu'elle a? demanda Neymar en mordant sa lèvre.

- Je ne sais pas encore», répondit Marcelo en prenant le pouls de la jeune fille.

Neymar alla chercher l'eau mais faillit renverser Thiago sur son chemin.

«Que s'est-il passé? s'enquit-il en remarquant l'expression alarmée de son ami.

- Soledad est malade», lui lança le vampire en entrant dans la cuisine.

Il prit une cruche d'eau et un verre et revint rapidement dans la chambre. Marcelo était déjà installé avec sa trousse de médecin qui ne le quittait jamais et prenait la température de la jeune fille à l'aide d'un thermomètre. Son visage était neutre et impassible comme cela le devenait souvent avec les praticiens s'occupant d'un cas délicat.

«Pose la cruche sur la table, commanda Marcelo en levant ses yeux sur lui.

- Qu'est-ce que je peux faire d'autre?

- Apporter des serviettes et encore de l'eau, froide cette fois-ci».

Il tendit son bras et prit le verre qu'il remplit au trois quart avant de le porter aux lèvres de la malade. Son petit corps grelottait et des gouttelettes de sueur brillaient sur son front tendu. Le Brésilien regarda le thermomètre et se mordit les lèvres. La fièvre était élevée, trop même et son pouls était rapide. Il enleva la lourde couverture qui la recouvrait et constata que le fin tissu de sa robe de nuit lui collait à la peau.

«J'ai apporté ce que tu m'as demandé», retentit la voix préoccupée de son ami.

Marcelo hocha la tête et trempa la serviette tendue par le jeune vampire dans le bassin d'eau froide avant de l'appliquer sur le front de l'Argentine.

«As-tu découvert ce qu'elle a? s'enquit Neymar en s'abaissant à ses côtés.

- Elle a une très forte fièvre qu'elle n'arrive pas à supporter causée sûrement par le coup de froid qu'elle a eu hier.

- Est-ce grave?

- Je ne sais pas pour être honnête. Elle n'a pas dû perdre connaissance à cause de la fièvre mais comme elle n'a pas dormi pendant plusieurs nuits, son corps a sûrement manqué de forces étant déjà affaibli».

Marcelo entoura deux autres serviettes mouillées autour des chevilles de la jeune fille et lui redonna à boire.

«Dis-moi comment je peux aider et je le ferai, dit Neymar.

- Attendons d'abord pour voir si la fièvre baissera, après je verrai ce que nous pourrons faire».

Neymar s'agenouilla à la tête du lit et prit la petite main de sa bien-aimée dans la sienne en la pressant contre ses lèvres. Il n'aurait jamais dû l'amener si loin la veille ni détacher le col de sa cape exposant ainsi sa gorge au froid. À quoi avait-il pensé? Pas tout le monde était des vampires capable de supporter n'importe quelle température extrême comme lui et maintenant Soledad était malade par sa faute.

Je suis damné, je suis bel et bien damné, hurla-t-il ultérieurement, au lieu de lui apporter le bonheur, je lui emmène que douleurs et tourments.

Il se rappela de son subit désir de sang qu'il avait ressenti en l'embrassant et plissa ses yeux. Qu'est-ce qui s'était passé avec lui? Jamais cette pensée ne lui avait traversé l'esprit auparavant. Était-ce à cause de la morsure de cet Antoine de la Gignac qu'il agissait ainsi?

Il releva la tête et fixa Soledad. Sa poitrine se soulevait rapidement sous sa robe humide et elle commençait à s'agiter. Elle tourna sa tête de côté et entrouvrit ses lèvres.

«Neymar, gémit-elle d'une voix implorante, Neymar...

- Je suis là, Soledad», lui répondit-il en touchant sa joue brûlante.

La malade sembla chercher quelque chose avant de retomber de nouveau dans son apathie.

«Elle délire, prononça Marcelo.

- Est-ce un bon signe?

- Cela se pourrait s'il n'allait pas dans les deux sens.

- Que veux-tu dire?

- Le délire précède deux états : une brusque baisse de fièvre ou au contraire une brutale hausse».

Neymar regarda son ami avec horreur.

«Sa fièvre peut encore augmenter? s'écria-t-il en lançant un regard angoissé sur son épouse.

- Je ferai tout mon possible pour que cela ne s'arrive pas mais je ne peux rien jurer, je ne sais pas ce qu'elle a».

Le jeune vampire enleva la serviette du front de Soledad et la retrempa une nouvelle fois dans l'eau avant de la reposer sur son visage. Marcelo le regarda tristement faire, il avait l'air désespéré comme si toute vie l'avait quitté en apprenant le mal être de son épouse.

Une heure s'écoula sans changement, Soledad continua de rester inconsciente.

«Alors? demanda Thiago debout à l'entrée de la chambre lorsque Marcelo reprit le thermomètre dans ses mains.

- Neymar, j'aurai besoin de ton aide, prononça-t-il rapidement, sa température a encore monté.

- Que faut-il que je fasse»?

Le jeune vampire qui jusqu'à là était resté agenouillé devant le lit de sa bien-aimée sauta sur ses jambes prêt à recevoir des instructions.

«Il fait couper sa fièvre et au plus vite et le moyen le plus rapide et efficace est de mettre son corps au contact d'eau froide. Un bain dans de l'eau tiède sera idéal mais il n'y a que toi qui peux le lui faire».

Neymar hocha la tête.

«Je vais le faire tout de suite.

- Mais, Neymar, il y a une chose que je ne comprends pas, l'interrompit soudainement Thiago. Pourquoi ne transformes-tu pas Soledad en vampire pour la guérir?

- Parce que non».

Il avait parlé si rudement et brusquement que le Brésilien se tut aussitôt.

«Nous serons dans le salon si tu auras besoin de nous», dit Marcelo en entraînant son ami avec lui laissant Neymar seul avec Soledad.

Dès qu'ils furent partis, Neymar entra dans la salle de bain reliée à leur chambre et ouvrit le robinet de la baignoire. Ni trop chaud, ni trop froid, il laissa couler une eau tiède avant de revenir dans la pièce. S'étant assuré que la porte était fermée, il remonta les manches de sa chemise au-dessus de ses coudes et s'approcha de Soledad.

Il glissa ses mains derrière son dos mouillé et déboutonna sa robe avant de l'ôter rapidement de son corps. Délicatement il passa un bras en-dessous de ses cuisses et l'autre autour de sa taille et la souleva du lit. Nue, la jeune fille lui parut plus légère et encore plus petite comme s'il eut soulevé qu'une enfant.

Il se dirigea alors dans la salle de bain et déposa très doucement l'Argentine dans l'eau qui avait déjà presque remplie la baignoire. À son contact, elle tressaillit mais ses paupières restèrent closes. Neymar ferma le robinet et s'abaissa à ses côtés.

«Pardonne-moi pour t'avoir mené dans cette tempête hier, murmura-t-il en baissant la tête. La journée était belle et j'avais pensé te faire plaisir en t'amenant à cet étang ; jamais je n'aurais pu m'imaginer que cela se terminerait ainsi. Guéris vite, mon ange, mon amour, je ferai tout pour que tu te sentes mieux».

Ses yeux parcoururent lentement son corps en étudiant chaque détail. Sa magnifique vague de cheveux noirs flottait autour de ses épaules nues telle une auréole, contrastant avec sa forte pâleur et la rougeur de ses joues et lèvres. Il glissa son regard sur sa poitrine, petite quoique bien ronde et jolie, en contemplant sa perfection de forme et de mouvement. Elle se soulevait et s'abaissait à un rythme constant et à chaque respiration il pouvait sentir son désir pour elle s'accroitre de plus en plus. Ses yeux descendirent sa taille d'une finesse délicate, ses hanches qui de même que ses seins étaient exquis sur son petit corps d'ange, ses jambes si fines et belles. Il revit leur nuit de mariage où il avait pu la contempler ainsi pour la première fois et une folle envie de l'embrasser, de presser son corps contre le sien et sentir sa chaleur l'envelopper, son coeur battre contre sa peau, ses mains agripper son dos, s'empara du jeune vampire et il caressa doucement sa gorge du bout de ses doigts. Il ne le pouvait pas, il le savait, et pour mettre fin à sa torture, il détourna son regard sur son visage.

Qu'adviendra-t-il de vous lorsqu'elle vieillira alors que vous garderez votre corps et apparence de vingt ans? Pourquoi ne pas juste transformer Soledad en vampire?

Neymar secoua la tête et soupira. Il ne le pouvait pas. Cela ne se déroulait pas comme dans les contes de fées et contrairement à ce que les mythes et légendes laissaient penser, ce n'était pas une douce transformation sensuelle. Les bons mots pour la décrire étaient plutôt éprouvant, brutal, cruel. N'ayant jamais métamorphosé un mortel en vampire, Neymar savait pourtant comment cela se passait sans même se l'être fait expliqué ou démontré ayant reçu cette connaissance en même temps que ses crocs et ses pouvoirs. D'abord il fallait vider la personne choisie de son sang en laissant la quantité nécessaire pour ne pas la tuer sur le coup, puis avait lieu le partage où le vampire donnait son sang au mortel sélectionné et finalement venait l'attente, ce moment crucial où l'humain se changeait en vampire.

Un gémissement s'échappa des lèvres de la jeune fille et ses yeux s'ouvrirent faiblement.

«Soledad! s'écria le jeune vampire en se relevant et plaçant sa main sur son front. Ta fièvre commence à baisser»!

L'Argentine le regarda à travers ses cils alourdis et tendit sa main hors de l'eau que le vampire prit aussitôt.

«Tu es là, souffla-t-elle en esquissant un sourire.

- Bien-sûr que je suis là, murmura-t-il en pressant sa petite main contre ses lèvres, où veux-tu que je sois autre qu'à tes côtés? Comment te sens-tu»?

Soledad prit une inspiration comme si le souffle lui manquait mais son visage se crispa et elle poussa un gémissement en serrant la main de Neymar dans la sienne.

«Ma... poitrine, gémit-elle en appuyant son bras sur sa gorge comme si elle pouvait écraser sa douleur.

- Nous allons te soigner, ne t'inquiète pas», essaya de la rassurer Neymar.

La jeune fille tressaillit et rouvrit ses yeux voilés sur son mari. Elle le fixa d'un regard souffrant et fiévreux et, ignorant où ne se rendant pas compte de sa nudité, allongea ses bras pour venir entourer son cou mais ils glissèrent et retombèrent dans l'eau.

«Ne t'agite pas s'il te plait, je te sortirai bientôt de la baignoire, lui dit-il doucement en mouillant son chaud visage. Tu es déjà moins brûlante.

- Sauf reste avec moi après, le supplia la malade, je ne veux pas être seule.

- Je serai à ton lit jusqu'à ce que tu te sentes mieux, lui jura Neymar en lui caressant la joue, mais maintenant détends-toi et pense à quelque chose que tu aimes.

- Comme toi?

- Par exemple», sourit le jeune vampire.

Soledad soupira et ferma les yeux. Au bout de seulement quelques minutes, elle sombra dans un sommeil agité teinté de fièvre. Plusieurs fois Neymar dut la redresser dans une position semi-assise pour que sa tête reste en dehors de l'eau avant de l'en sortir totalement après un certain temps qu'il crut suffisant.

«Où allons-nous? murmura la jeune fille lorsque deux bras l'enveloppèrent dans une serviette et la soulevèrent doucement dans les airs.

- Dans ta chambre, mon ange, où tu pourras te reposer».

Il la déposa sur le lit et essuya son corps avec douceur avant de la rhabiller dans une nouvelle robe de nuit sèche. Ses yeux ne la quittèrent pas pour une seule seconde et dès qu'il l'eut allongée confortablement, sa tête soutenue par deux oreillers, il se ragenouilla à la tête de son lit caressant tendrement sa main pour la rassurer.

La journée s'écoula lentement. Marcelo ausculta la malade encore deux ou trois fois n'aboutissant à rien, revenant à la même conclusion qu'il fallait attendre. La fièvre remonta et s'abaissa selon sa guise plongeant la jeune fille soit dans une profonde torpeur, soit dans un semblant de sommeil duquel elle ressortait confuse et désorientée. Rien ne semblait pouvoir la couper pour un temps plus prolongé d'une heure et quand le soir arriva, la malheureuse Argentine sombra dans le délire.

Ses propos devinrent rapidement incohérents et sans liens les uns des autres. À certains moments, elle appelait à elle ses parents, sa mère surtout, et d'une voix si déchirante que Thiago finit par s'enfermer dans la cuisine incapable d'en entendre plus. À d'autres, elle réclamait Neymar. Elle le suppliait de ne pas la quitter, le priait de revenir, de ne pas l'abandonner dans ce monde hostile et noir et ne se calmait que lorsqu'il la prenait dans ses bras lui murmurant qu'il était avec elle et qu'il faudrait l'arracher de force si quelqu'un voulait qu'il la laisse.

«Nom de Dieu mais fais quelques chose, Marcelo! Ne vois-tu pas que son état s'empire ou bien n'est-ce encore pas assez pour toi? finit par perdre patience Neymar en se levant.

- Je fais tout mon possible mais je ne peux pas commencer un traitement sans savoir de quoi elle souffre, lui répondit calmement le Brésilien.

- Tu as de la chance d'être mon meilleur ami car je t'aurai tué sinon mais je veux que tu saches que même cela ne m'arrêtera pas s'il venait à lui arriver quelque chose», cracha Neymar en le plaquant contre le mur, ses yeux lançant des éclairs.

Marcelo le repoussa froidement et se tourna vers le lit. Un long toussement avait résonné dans la pièce et il s'approcha rapidement de la malade. Ses lèvres entrouvertes tremblaient et elle serrait les draps autour d'elle entre ses doigts

«C'est ce que je craignais», murmura Marcelo en secouant la tête.

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