Les remords de Soledad
Neymar ouvrit les yeux et sentit son coeur se figer. Soledad n'était plus là. Il se redressa dans une position assise mais regretta aussitôt son geste lorsqu'une douleur aigüe traversa son corps.
«Elle est dans ma chambre. Je l'ai trouvée endormie sur une chaise et j'ai pensé qu'elle serait mieux dans un lit», retentit la voix de Marcelo.
Le vampire poussa un soupir de soulagement et attendit que le pire des élancements passe avant de se retourner lentement vers son ami.
«Comment te sens-tu? demanda le jeune Brésilien en s'approchant de lui. Tes brûlures commencent déjà à disparaitre.
- Mieux», répondit le vampire en descendant de la table sur laquelle il était couché.
Il baissa son regard sur ses bras et constata que des terribles lésions de la veille, il ne restait plus que des marques rouges plus ou moins longues et larges. Il fit doucement glisser ses doigts sur ses plaies avant d'ôter rapidement sa main en grimaçant. Non, elles étaient encore sensibles.
«Merci, Marcelo, de m'avoir donné ton sang hier. Je ne sais pas comment je pourrai te le repayer un jour», prononça Neymar en se plaçant devant son ami.
Marcelo secoua la tête et sourit.
«Thiago et moi l'avons fait instinctivement. Tu aurais agi de la même façon si c'était l'un de nous deux qui auraient été danger.
- Je le sais mais cela me fait quand même une dette envers vous deux sauf j'ai une seule requête, ne me demandez pas de vous transformer en vampire.
- Tu peux ne pas t'inquiéter pour cela, rit Marcelo, cela ne me dérange aucunement de rester un mortel».
Neymar sourit mais son regard fut vite détourné vers le miroir accroché dans le salon. Il s'y trouvait déjà lorsque Marcelo s'installa et décida de le garder.
Le vampire sortit de la cuisine et alla se poser devant la glace. Ses yeux s'assombrirent et il serra ses dents. L'entièreté de sa peau était striée de mince sillons écarlates. Il se tourna lentement avant de regarder une nouvelle fois le miroir. La croix de Saint-Pierre se distinguait nettement des autres brûlures. Ses contours étaient encore ensanglantés et la chair autour paraissait enflée. Il continuait à ressentir la douleur de la plaie alors que les autres l'avaient lâché. Le souvenir du marquage revint à Neymar tel un chien refusant de quitter son maître et il se revit à genoux devant Lionel dans l'incapacité de se débattre, de faire même un seul geste, avant de sentir le fer brûlant sa peau graver son infâme signature. Il détourna son visage et s'éloigna du miroir. Lionel ne l'avait pas fait par précaution au cas où il s'échapperait, il aurait choisi un endroit plus visible et moins couvert par les vêtements. Un frisson de rage parcourut son dos. Il l'avait fait par pur plaisir.
«Y-a-t'il une chance que la marque disparaisse comme les autres brûlures? demanda Neymar sans une touche de conviction.
- Ont-ils utilisé de l'eau bénite?
- Oui.
- Alors non, Neymar, la cicatrice restera».
Le vampire baissa la tête et fixa sa poitrine qui semblait redevenir un peu plus lisse et propre à chaque instant.
Marcelo crut l'entendre prononcer quelque chose, son regard étincelant d'une éclair ravageur.
«Je me suis juré pendant que j'attendais que les gardes viennent me ramener dans la salle de torture que lorsque je me libérerais de mes chaines, lorsque je me serais assuré que Soledad allait bien et se trouvait en sécurité, je reviendrais pour me venger».
Un sourire glissa sur les lèvres de Neymar, un sourire menaçant et cruel où il découvrit ses longs crocs blancs.
«Ce fut une heure avant de me faire marquer.
- Ce qui veut dire que plus rien ne t'arrêtera de ton devoir.
- Exactement».
Neymar se tenait à présent tout prêt de Marcelo. Le jeune Brésilien sentait la force battre dans le corps de son ami quoique blessé mais toujours plus puissant et fort que celui d'un mortel. Il hocha la tête.
«Est-ce qu'il reste encore un peu de sang? demanda soudainement Neymar en rentrant dans la cuisine.
- Désolé, tu as tout but hier, répondit Marcelo avec un rire. J'aurais dû y penser que tu en aurais besoin le lendemain.
- Ce n'est pas grave, j'irai chasser ce soir».
Il se retourna vers son ami et haussa les épaules.
«Bon, je pense que je vais aller voir Soledad, elle va sûrement se réveiller d'un instant à l'autre».
Il marcha vers la chambre de sa douce épouse mais s'arrêta. Il avait oublié qu'il était torse nu mais ne pouvait pas encore mettre une chemise. Néanmoins il ouvrit la porte et entra.
Soledad était déjà assise sur son lit, ses genoux repliés sous son menton, ses yeux fixant sa couverture. En entendant le bruit de pas, elle tourna sa tête du côté du vampire et Neymar vit ses joues humides de larmes.
«Soledad? demanda-t-il en s'asseyant à ses côtés. Qu'est-ce qu'il y a»?
La jeune fille essuya rapidement ses larmes et déplia ses genoux.
«Tes brûlures, Neymar, elles commencent déjà à partir, dit-elle d'une voix qu'elle essaya de garder détendue et joyeuse mais le jeune vampire sentit la tristesse dans ses paroles. Te font-elles encore mal?
- Seulement quand je les touche mais la douleur disparait rapidement. Je pense qu'elles seront guéries avant demain matin».
Un sourire vint éclaircir le visage de l'Argentine.
«Et la marque»? demanda-t-elle avec espoir.
Assise à sa gauche, elle ne pouvait pas voir son épaule droit.
«Non, secoua-t-il la tête, celle-ci restera.
- Pour toujours?
- Oui, mais ce n'est pas trop grave, prononça-t-il en prenant sa main, personne ne la verra de toute façon».
Le jeune vampire caressa doucement sa joue mais Soledad baissa son regard. De nouveau elle fixa la couverture, ses doigts jouant dans un des plis. Ses beaux yeux ambre étaient rougis et ses cils brumeux. Rapidement elle releva sa tête mais évita de regarder son époux. Une douleur traversa le coeur du vampire mais cette foi-ci elle n'était pas dû à cause de ses plaies.
«Soledad, tu n'as pas répondu à ma question, dit-il. Je vois bien que tu as pleuré et que quelque chose ronge ton coeur. Que s'est-il passé? il fit une pause. Est-ce moi qui t'afflige comme cela?
- Bien-sûr que non, Neymar! Comment peux-tu penser cela! Je suis tellement heureuse d'être de nouveau auprès de toi!
- Mais tu te blâmes pour ce qui m'est arrivé», prononça-t-il en lâchant sa main.
Soledad ouvrit la bouche mais aucune parole ne sortirent de ses lèvres. Elle dévisagea son époux et vit qu'il la considérait avec ce qu'il lui parut être un début de colère. Son regard habituellement si aimant et attentionné s'était durci et elle remarqua qu'il était tendu.
«Soledad...
- C'est vrai, lâcha-t-elle, mais comment veux-tu que je ne le fasse pas? Les hommes de Lionel t'ont capturé parce que tu es resté pour me donner du temps pour fuir. Tu as été blessé pour savoir où je me trouvais. Tout cela est à cause ou en rapport avec moi. Quand je me suis réveillée ce matin, j'ai souhaité que tout cela n'ait été qu'un cauchemar mais tes brûlures et cette horrible croix en témoigne le contraire. Je ressens chacune de tes plaies sur mon corps comme si cela a été moi qui a été brûlée à l'eau bénite.
- Soledad, tu sais bien que tu as tort».
Neymar parla lentement en insistant sur chaque parole.
«Tu n'y es pour rien pour ce qui est arrivé. Comment peux-tu l'être? Tu t'accuses de ma capture et tu t'en veut que j'ai été torturé mais je l'ai fait pour nous protéger tous les deux. Lionel m'aurait tué dès qu'il t'aurait retrouvé et nous nous serions séparés à tout jamais alors qu'en gardant le silence je, me gardais en vie et toi en sécurité.
- Mais tu souffrais, murmura tristement Soledad.
- Ce qui était bien mieux que d'être enseveli sous terre.
- Mais la croix, finit-elle par lâcher dans un sanglot, la croix. Ton honneur est tellement important pour toi et tu as été humilié
- Mon honneur? Soledad, que peut-il me valoir quand ton entité est menacée? Tu penses sincèrement que je te sacrifierai pour garder mon honneur? Tu es ce qui m'est le plus cher dans ce monde, je t'aime et je ne voulais pas te quitter. La douleur est une chose qui passe alors que la mort reste éternellement. Je suis revenu une fois mais je ne pourrai pas le refaire. Je veux que tu arrête de te fustiger et d'être triste pour moi car je vais bien, mon ange, je n'ai plus mal».
À ces mots, Neymar serra sa bien-aimée contre lui ignorant la douleur qui criait dans son corps et bascula sur son dos la faisant tomber sur lui. Il glissa sa main autour de sa fine taille et l'autre dans ses doux cheveux encore emmêlés après la nuit et effleura son front de ses lèvres avant de les presser contre sa bouche. Soledad ferma les yeux et entoura ses bras autour de son cou en rendant son baiser et caressant sa nuque donnant un frisson à ses épaules.
«D'accord, je ne le ferai plus», murmura-t-elle en se relevant.
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