Le matin

Au bout de quelques instants, un profond sommeil enveloppa Soledad, extenuée par l'agression et l'angoisse qu'elle avait subites.

Après s'être assuré qu'elle s'était endormie, Neymar se ragenouilla à la tête du lit et posa sur sa bien-aimée un regard protecteur et bienveillant. Pendant un moment il contempla son joli visage détendu qui semblait redevenir celui d'une jeune enfant, sa poitrine se soulevant doucement ​à chaque respiration. Entendant le rythme régulier de son cœur, il savait que toute crainte avait quitté la belle Argentine, que la sérénité l'avait retrouvée.

Les heures s'écoulèrent les unes après les autres. Vampire, Neymar oublia la mention du temps continuant à admirer la jeune fille. Soledad. Comme elle était innocente et charmante quand elle dormait ! un vrai ange descendu du ciel avec sa magnifique peau pâle et sa longue vague de cheveux noirs.

Un tressaillement la parcourut soudainement. Tout son corps se raidit et elle poussa un petit gémissement en remuant ses mains. Neymar se redressa et s'assit à côté d'elle. Il lui caressa délicatement la tête en veillant à ne pas la réveiller, remonta sa couverture.

« Dors ma belle Soledad, je veille sur toi ».

Ses lèvres effleurèrent son front froid.

Le sommeil de la jeune fille redevint calme et tranquille.

Soledad s'étira et ouvrit lentement ses yeux. Pendant une milliseconde elle fixa la pièce où elle se trouvait ne comprenant pas qu'est-ce qu'elle y faisait et comment était-elle là avant de se souvenir de la veille. Elle était chez Neymar.

Avec bonne humeur, elle s'assit sur son lit.

La chambre était remplie d'une douce lueur matinale ; la pluie avait vidé les gros nuages sombres durant la nuit laissant un ciel argenté, un mélange de gris et de blanc brillant à la lumière cachée du soleil. Soledad se leva. Une agréable odeur de fleurs flottait autour d'elle. Sur le fauteuil, qu'elle n'avait pas remarqué la veille à cause de la fatigue, elle trouva une splendide robe aux manches longues couleur bleu nuit. Sans profond décolleté et cousu dans du coton, elle était idéale pour ce fin automne.

En faisant un pas pour la prendre, Soledad heurta quelque chose de dure avec son pied. Deux petites chaussures également de couleur bleue gisaient sur la plancher. La jeune fille sourit ; Neymar avait pensé à tout. 

Elle fit minutieusement sa toilette, se peigna les cheveux qu'elle décida de garder détachés et essaya la robe. Souple, ajustée à la taille, elle lui allait à merveille. Ravie, Soledad mit les nouvelles chaussures. Elles avaient un petit talon droit comme elle l'aimait avec des boucles dorées.

La porte s'ouvrit lentement et Neymar apparut sur le seuil.

« Tu es déjà réveillée, dit-il en entrant dans sa chambre ; il s'arrêta et contempla l'Argentine avec douceur. La robe te plait ?

- Oui, elle est tellement jolie » !

Soledad tournoya devant le grand miroir accroché devant elle faisant voler sa longue jupe.

« Merci », l'embrassa-t-elle sur la joue.

Neymar sourit et la regarda tendrement.

« Tu es ravissante ».

La jeune fille se retourna de nouveau vers le miroir et dévisagea son reflet. Le jeune vampire s'avança et se plaça derrière elle entourant sa fine taille. Malgré la pleine lune, il n'avait pas changé comme la dernière fois ; sa transformation était à présent complétement achevée et sa folle envie de sang rien qu'en le voyant passa comme le constata hier Soledad lorsqu'il tua Fernandez.

« Veux-tu manger quelque chose ? demanda Neymar.

- Oui et avec plaisir ».

Elle suivit le jeune vampire vers la salle à manger d'où semblait provenir cette plaisante odeur de fleurs qu'elle avait sentie un peu plus tôt. Effectivement c'était de cette pièce que venait le doux parfum, un vase rempli de roses blanches était posé sur la table. Plusieurs plats étaient déposés à côté servis dans des couverts en porcelaine.

« Quand as-tu eu le temps de commander tout cela ? s'étonna Soledad en s'asseyant.

- Juste avant que tu te réveilles, je suis rentré quelques minutes avant que tu te lèves. 

- Tu as aussi eu le temps de prendre un bouquet de roses blanches comme celui que tu m'as apporté la veille du duel.

- Pour la plus charmante et gracieuse de toutes les femmes, sourit Neymar en s'asseyant en face de sa bien-aimée.

- J'ai conservé ta rose, elle se trouve encore dans un de mes tiroirs ».

L'Argentine prit une pause. Elle picora pensivement son assiette avec sa fourchette.

« Je ne pense pas que je reviendrai chez moi, prononça-t-elle gravement, Lionel me croira pour Fernandez mais lui expliquer comment il est mort... Et puis il y a toi. Je veux rester, nous avions déjà planifié de fuir ensemble et si ce n'était pas pour le duel, nous serions déjà partis. La seule chose qui me tracasse est que Lionel se mette à ma recherche.

- Ne t'inquiète pas pour cela, j'y ai déjà pensé. Cela sera vraiment dur pour ton frère de te retrouver puisque personne ne nous a vu et aucun villageois ne connaît mon identité. Au pire nous changerons de ville ou de pays ».

Soledad hocha la tête.

« Il me manquera, il était la seule personne qui me restait après que mes parents moururent. Depuis toujours il a été surprotecteur envers moi, ce n'est pas sa faute, il a été comme cela dès mes plus jeunes années ».

Elle s'arrêta soudainement et rougit légèrement.

« Pardonnes-moi, j'oubliais que tu le hais... le duel...

- Ne t'inquiètes pas Soledad, je comprends ».

Neymar se leva et vint serrer la jeune fille dans ses bras.

« C'est normal que tu penses à lui, c'est ton frère ».

Il l'embrassa tendrement en aspirant sa douce odeur.

« Neymar ?

- Oui ?

- Peux-tu transmettre ton pouvoir de vampire ?

- Jamais ! N'y pense même pas ! s'écria-t-il brusquement en se redressant.

- Pourquoi ?

- Non, Soledad.

- Mais s'il m'arrive quelque chose ? Nous serions séparés mais...

- Non ».

Soledad dévisagea Neymar avec étonnement. Jamais elle ne l'avait vu aussi catégorique et ferme auparavant. Il paraissait ébranlé par sa question.

« D'accord, murmura-t-elle encore un peu incertaine.

- Demandes-moi tout ce que tu veux sauf cela, lui répondit-il en se rasseyant devant elle. Je ne voulais pas te brusquer, c'est juste... Oublions ce sujet».

Soledad regarda de nouveau le jeune vampire mais celui-ci avait retrouvé son visage calme et souriant. Elle aurait voulu l'interroger, connaître la raison de son soudain emportement mais Neymar changea de conversation.

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