Le malheur de Soledad
Soledad galopa à toute allure jusqu'au village où vivait Thiago et Marcelo et n'arrêta son cheval que devant la maison de ce dernier. Elle glissa de sa selle et fit quelques pas mais ses jambes fléchirent et elle s'écroula en face du perron avec un long sanglot.
La porte s'ouvrit brusquement et apparut Marcelo. Il avait entendu des bruits de sabots et un gémissement déchirant et était sorti pour voir qu'est-ce qui se passait. Affaissée à ses pieds, il découvrit Soledad, les cheveux emmêlés et au bord de l'hystérie.
«Soledad? Qu'as-tu? s'écria-t-il en s'abaissant pour la relever. Qu'est-ce qui s'est passé? il jeta un regard autour de lui. Où est Neymar»?
La malheureuse enfuit son visage dans ses mains et pleura, son corps tremblant comme une feuille.
«Ils l'ont pris, bafouilla-t-elle entre deux sanglots.
- Qui?
- Les hommes de Lionel, ils ont tué mon cheval et Neymar m'a donné le sien. Oh, je n'ai jamais dû choisir d'aller dans la forêt! Ils étaient trop nombreux, ils l'ont pris. Pourquoi? tout allait si bien, la journée était tellement belle...
- Soledad, attends. Entrons chez moi d'abord», dit Marcelo en l'aidant à marcher.
Elle se cramponna à son bras et poussa une longue plainte. Le jeune homme la regarda avec inquiétude. Il comprit aussitôt qu'est-ce qui s'était arrivé, sut que son ami fut capturé mais garda son sang-froid. Il fit asseoir la pauvre jeune fille dans un fauteuil et recouvrit ses épaules d'une couverture d'une tendresse presque paternelle. Elle sanglotait convulsivement, son visage ruisselant de larmes. S'asseyant devant elle, Marcelo prit ses mains dans les siennes et attendit qu'elle se calme.
Il ne parla pas, ne posa pas de question, ne la brusqua pas. Il la laissa pleurer son malheur. La nouvelle l'avait alarmée, il avait longtemps craint que son ami se retrouve dans cette situation mais il resta calme et l'Argentine finit par se calmer. Elle sécha ses larmes et releva son visage.
«Veux-tu de l'eau»? demanda Marcelo.
Il se leva et alla chercher un verre qu'il remplit dans la cuisine avant de l'apporter à la jeune fille.
«Merci, murmura-t-elle en prenant une timide gorgée. Je vais mieux maintenant. Je vais raconter».
Elle posa le verre d'eau sur la table placée à côté d'elle et prit une profonde inspiration mais les larmes lui remontèrent aux yeux.
«Tout est de ma faute, souffla-t-elle.
- Non, Soledad, ne dis pas cela. Vous êtes-vous faits attaquer?
- Oui. Ce matin après nous être réveillés, nous avons décidé de faire une ballade à cheval et j'ai choisi d'aller dans la forêt. Je n'ai jamais dû mais comment pouvais-je m'attendre à ce qui allait s'arriver? Je voulais voir une dernière fois les belles couleurs de l'automne avant qu'elles ne disparaissent pour l'hiver, sentir la douce odeur de l'écorce des arbres. Nous nous somme mis en route, la journée était agréable. Le soleil brillait haut dans le ciel azur et il faisait un peu froid, l'herbe craquait sous les pas de nos cheveux qui marchaient côte à côte. Neymar me tenait la main et de temps à autres s'arrêtait pour m'embrasser tendrement. Tout allait si bien, je rêvais que ce moment dure à jamais mais ni lui, ni moi ne remarquâmes que nous étions suivis par une horde d'une vingtaine de cavaliers. Quand Neymar les vit, ils nous attaquèrent. Mon cheval fut instantanément abattu, fuir était impossible, mais Neymar me donna le sien me disant de galoper chez toi, de l'attendre car il les ralentirait. Ils étaient trop nombreux! Je ne voulais pas l'abandonner...».
La jeune fille éclata en sanglot et cacha son visage dans ses mains. Marcelo serra ses dents et entoura ses épaules. Neymar fut capturé et se trouvait à présent entre les mains de Lionel.
«Ne te blâmes pas, Soledad, la consola-t-il, tu n'y es pour rien. Tu sais bien que Neymar t'aurait donné sa vie.
- Penses-tu qu'il est vivant?
- Je pense que oui, ne t'inquiètes pas. N'oublie pas qu'il est un vampire».
Marcelo réconforta la pauvre jeune fille et s'assura qu'elle allait bien puis partit chercher Thiago et revint avec lui.
«Donc voilà, maintenant tu sais que s'est-il passé», prononça le jeune homme en terminant le récit de Soledad.
Thiago le regarda avec horreur. Ils s'étaient assis dans une autre chambre où ils ne troubleraient pas l'Argentine, restée dans le salon voulant être seule.
«Marcelo, c'est horrible! Il faut le délivrer!
- Si seulement je savais comment, soupira le Brésilien.
- Comment si seulement? Ne me dis pas que tu vas le laisser se faire assassiner! s'écria Thiago.
- Ne crie pas, tu vas inquiéter Soledad. Bien-sûr que je veux l'aider mais regarde combien nous sommes : seulement deux et il faut que quelqu'un reste avec Soledad. Nous ne pouvons pas nous jeter tête première sans réfléchir car nous risquons nous-mêmes de nous faire tuer ce qui n'aidera pas vraiment Neymar».
Il ferma ses yeux et prit sa tête dans ses mains.
«Tu réfléchis»? demanda Thiago.
Marcelo hocha la tête.
Il fallait agir et au plus vite mais leur nombre les en empêchait. De plus Neymar était un vampire et quoique Lionel avait sûrement pris des mesures pour le priver de ses pouvoirs, il rester plus puissant que les autres. Il aurait donné beaucoup pour aider son ami mais une arrière-pensée lui disait que c'était exactement ce que celui-ci ne voulait pas. Neymar avait envoyé Soledad chez lui pour qu'il la protège et reste auprès d'elle. Diable! Et envoyer Thiago seul était l'envoyer à une mort imminente.
«J'ai bien peur que nous ne pouvons rien faire pour lui, soupira Marcelo.
- Tu plaisantes j'espère.
- Malheureusement non.
- Marcelo, comprends-tu qu'ils vont essayer de le faire leur livrer Soledad? Ce n'est même pas la mort qu'il risque mais la torture, le supplice! C'est cela que tu veux»?
Un cri retentit. Soledad se tenait devant la porte, chancelante, au bord de l'évanouissement. Elle avait entendu les dernières phrases. Marcelo se leva précipitamment et prit la jeune fille dans ses bras.
«Ils vont lui faire mal! gémit la malheureuse en défaillissant sur le divan sur lequel le Brésilien l'allongea.
- Non, ne t'inquiète pas, Neymar va s'en sortir comme il l'a toujours fait...
- Alors pourquoi baisses-tu les yeux»?
Marcelo hésita. Thiago n'avait pas tort mais il ne voulait pas paniquer la pauvre jeune fille qui déjà était toute pâle et agitée mais elle le fixa avec un regard suppliant.
«Marcelo, Neymar est mon époux et j'ai le droit de savoir la vérité! Je vois bien que ton visage s'est assombri! Penses-tu que ce que Thiago a dit arrivera»?
Le jeune homme la dévisagea. Elle tremblait de peur pour son bien-aimé, la pauvre enfant. La seule pensée de le reperdre encore une fois la faisait blêmir, ses mains tressaillant convulsivement.
«Je ne sais pas, Soledad. Neymar est fort et t'aime beaucoup. Rien ne le fera céder, ni les menaces, ni le danger..., il fit une pause, ni la douleur».
La jeune fille pleura de désespoir. Marcelo la berça doucement, essayant de la calmer, mais la souffrance ne la quitta pas. Elle finit par sombrer dans un profond abattement, s'assit sur le divan, replia ses genoux sous son menton, fixa le vide d'un regard perdu. Marcelo la fit boire, l'obligea à manger un peu mais comprenant que le chagrin continuait de la tourmenter, sortit afin de la laisser seule.
«Pardonne-moi, Marcelo, je ne voulais pas...», commença Thiago mais Marcelo lui fit un geste de se taire.
Il s'assit devant lui et se versa un verre d'alcool qu'il but d'un trait.
«Parle moins fort la prochaine fois, prononça-t-il, et pour répondre à ta question, non je ne veux pas que Neymar se fasse torturer mais rappelles-toi qu'il est un vampire et qu'ils sont beaucoup plus puissant que les mortels. De plus, penses-tu pour autant qu'il veut que nous l'aidions? Tu sais bien qu'il passe la vie de Soledad avant la sienne et que s'il lui arrive quelque chose, il ne nous le pardonnera jamais. Attendons un peu qu'il revienne. Dans le cas contraire, nous ferons un plan.
- J'espère tellement que tu as raison», murmura Thiago.
Il se leva et jeta un coup d'oeil sur la jeune fille.
«Pauvre Soledad, déplora-t-il, elle était tellement joyeuse hier. Juste après le mariage comme si c'était planifié ainsi. Va-t-elle bien?
- Oui, elle est sous le choc mais elle va bien».
Il sortit de la pièce et s'agenouilla devant elle.
«Veux-tu quelque chose»?
Soledad secoua la tête. Ses grands yeux ambre s'abaissèrent et elle se recroquevilla sur le divan.
«Ne t'inquiète pas, il reviendra, il a bien dit qu'il le fera et il tient toujours ses promesses».
La jeune fille ferma les yeux, une larme roula sur sa joue.
Les heures s'écoulèrent lentement sans que Neymar revienne. À chaque bruit de sabots Soledad se levait pour voir si ce n'était pas lui mais chaque fois elle retournait s'asseoir encore plus abattue. L'inquiétude laissa place au désespoir et l'espoir disparut. Neymar pouvais déjà être mort en ce moment ou pire torturer.
Un sanglot secoua le dos de la malheureuse. Non, tout sauf la torture! Elle s'imagina son corps battu, ses mains brûlées et des larmes remplirent de nouveau ses yeux rougis. Elle cacha son visage dans ses genoux et pleura. Oh! comme elle voulait tout oublier, se réveiller et savoir que ce n'était qu'un rêve, qu'un horrible cauchemar.
«Soledad».
Alerté par ses pleurs, Marcelo entra dans le salon.
«Ne pleure pas, tout va bien aller», essaya-t-il de la rassurer.
Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Elle était presque une soeur pour lui et la voir dans cet état lui déchirer le coeur.
«S'il te plait ne pleures pas, Soledad, la berça-t-il, Neymar ne t'abandonnera jamais, tu le sais bien.
- Et s'il est attaché? S'il ne peut pas s'enfuir?
- Il trouvera un moyen pour te rejoindre. Il est revenu de la mort pour te retrouver».
Soledad hocha la tête.
«Tu vois. Donne lui un peu de temps, il ne t'a jamais menti, s'il a dit qu'il reviendrait alors il le ferait».
La pauvre Argentine enfuit de nouveau son visage dans ses mains et sanglota.
«Veux-tu rester seule»?
Soledad hocha.
«D'accord, je vais être dans la chambre juste à côté, si tu as besoin de quelque chose, appelles-moi».
Il sortit la laissant seule. Pendant une heure Soledad pleura jusqu'à ce qu'elle soit trop fatiguée pour continuer. Sa poitrine lui faisait mal et son coeur était au bord d'éclater. Elle n'en pouvait plus.
Elle se leva et entra dans la cuisine. Non, la souffrance était trop forte. Elle s'approcha du garde-manger et l'ouvrit. Oui, elle était là, la bouteille de bourbon. Avec précaution elle a sortit pour ne pas faire de bruit et prit un verre. Cela ne pouvait pas lui faire mal, tous les hommes buvaient y compris son frère, Marcelo et Neymar, elle-même avait déjà pris du vin et du champagne. Elle se versa le liquide brunâtre et le but d'un trait.
Instantanément une chaleur envahit sa gorge puis son ventre pour enfin se propager dans tout son corps. Le goût n'était pas si horrible et un certain calme s'installa dans la tête de la jeune fille. Elle se versa un autre verre. La sérénité la gagna. Elle comprit pourquoi les hommes buvaient! c'était tellement apaisant! Un voile couvrit ses yeux et elle s'assit à la table en se remplissant un troisième verre. Cette fois-ci elle le but lentement laissant son esprit s'échapper. Un bout de quinze minutes, un quatrième suivit.
«Soledad»!
La jeune file leva son visage rosit sur le Brésilien. Ses yeux brillaient stupidement.
«Oh, Marcelo! chantonna-t-elle en se levant et faisant un pas chancelant vers lui. Je me sens tellement bien, tellement...».
Elle tomba dans les bras de Marcelo et sombra dans le néant.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top