L'interrogatoire

Le soleil commença à se pointer discrètement par la minuscule brèche du cachot. Neymar releva son visage vers la faible lumière et tira machinalement sur ses chaînes. Ses poignets devaient être en sang à présent mais il continuait de forcer sur ses liens malgré tout. Sa chemise lui collait à la peau et la croix pendue à son cou lui brûlait légèrement sa poitrine couverte de sueur.

«Je te tuerai, Lionel, tu me le payeras cher», murmura-t-il en serrant ses poings.

La cellule était étroite et sombre, les murs couverts de moisissure. L'orifice situé en face du jeune vampire laissait passer un glacial courant d'air et l'air était humide et froid. Un frisson de dégoût parcourait son dos chaque fois qu'il levait son regard du sol. Comment Lionel avait-il pu? La rage bouillonnait encore dans ses veines et il se mordit furieusement les lèvres.

Soudain la lourde porte s'ouvrit brusquement et deux hommes entrèrent dans la cellule.

«Parlez tout de suite ou nous avons l'ordre de vous amener, prononça l'un d'eux. Où se trouve Soledad Messi»?

Neymar ne releva même pas les yeux à cette question et poussa une exclamation méprisante. Les gardes avancèrent alors vers lui et libérèrent ses bras qu'ils immobilisèrent aussitôt derrière lui. Avec force, ils l'entraînèrent hors du cachot et l'emmenèrent dans une chambre voisine où il le poussèrent à l'intérieur.

Neymar était courageux et brave, il avait fait face à Dieu, avait défié la mort et le danger à d'innombrables reprises mais lorsqu'il vit une longue table métallique avec quatre anneaux aux extrémités et plusieurs seaux remplis jusqu'au bord, son corps se raidit et une sueur froide apparut sur son front. Il allait être questionné. Il s'en doutait, comprenait que cela était inévitable mais l'effroi le cloua sur place.

Profitant de cet instant, les deux hommes arrachèrent son pourpoint déchiré après sa lutte de la veille et sa chemise et le traînèrent torse nu vers la table. Le froid réveilla le vampire et il se débattit en essayant de se dégager mais deux autres hommes, tous vêtus de noir avec d'énormes crucifix sur leur poitrine, l'empoignèrent fermement et le couchèrent sur le métal. Ses bras furent écartés et il sentit des cordes s'enfoncer dans ses poignets et ses chevilles.

«Soyez maudit»! vociféra-t-il en se tortillant sur la longue table.

Il jeta un regard autour de lui et découvrit Ángel, aussi magnifique qu'horrible, le dévisager avec amusement.

«Je te l'avais dit, fallait tout raconter, rit-il en se penchant au-dessus de lui. Te rappelles-tu à présent où as-tu envoyé ta belle mariée»?

Les yeux de Neymar s'enflammèrent et il sourit. Jamais il n'allait livrer sa femme.

«Non, bien-sûr que non. Jamais tu ne la trahiras, fidèle chevalier, et même la torture ne te fera pas céder, pas vrai? Soledad est beaucoup plus importante que son vaillant époux! Lionel ne va pas être content quand je lui confirmerai que vous vous êtes mariés. Il est tellement agité ces derniers temps que c'est moi qui s'est chargé de t'interroger».

Il fit signe aux quatre bourreaux qui se placèrent autour de la table. L'un d'eux s'abaissa, prit un seau et déversa son contenu sur le torse du jeune vampire.

Neymar cabra son dos et enfonça ses crocs dans ses lèvres. La douleur l'étouffa tel un serpent, pendant les premiers instants il ne ressentit qu'une atroce brûlure s'emparer de son corps comme si on l'eut jeté dans le feu. L'eau bénite te causera d'atroces souffrances. Des gouttes glissèrent le long de ses côtes sur la table, d'autres s'attaquèrent à sa peau la fendant couche par couche, le sang coulant de ses lésions. Le visage du vampire se crispa et il hurla.

«Est-ce que cela t'a rafraîchit la mémoire»? demanda Ángel en observant les plaies de son prisonnier se refermer par elles-mêmes laissant de longues marques rouges.

Un cri étouffé fut sa seule réponse.

«Comme tu veux».

L'eau ruissela lentement sur son cou et sa poitrine. Cette fois-ci Neymar n'essayait même pas de contenir son hurlement, la douleur étant trop terrible. L'eau restée sur la table lui supplicia le dos et les omoplates, le sang suintait de ses poignets déchirés par les cordes.

«Allez, vampire, si tu dis tout nous te laisserons tranquille. Nous n'allons pas faire de mal à ta Soledad, tu peux en être rassuré».

Neymar rouvrit ses yeux et lança un regard incendiaire à son tortionnaire. Il serra sa mâchoire et rejeta sa tête en arrière, prêt à recevoir un nouveau seau d'eau bénite sur son corps.

Sa poitrine, son ventre, ses bras, son visage furent brûlés jusqu'à l'os par l'eau rongeant sa peau qui ouverte, se cicatrisait immédiatement laissant des brûlures vives.

«Bon, fit Ángel en ordonnant aux bourreaux d'arrêter la torture, je vois que tu t'abstiens à garder le silence si bien-sûr on peut considérer tes hurlements comme tel. Je comprends à présent pourquoi Soledad t'a choisi, dévoué amant. Elle doit te manquer j'imagine, c'était votre première journée ensemble en tant qu'époux mais en la kidnappant tu n'as pas pensé à la peine que tu ferais à son frère. Lionel l'aime beaucoup tu sais, il serait prêt à tout pour elle. Mets-toi à sa place, n'aurais-tu pas fait la même chose si ta soeur aurait été emmené par un homme ennemi de ta famille? Tu aurais apprécié qu'il te dise où elle est, pas vrai? Et c'est la même chose pour Lionel. Après la mort de Jose et Claudia Messi, il fut la seule personne qui resta à ta Soledad. Il doit lui manquer aussi, son frère, ne penses-tu pas? Dis-moi où elle se trouve et peut-être que Lionel te graciera vu que tu as sauvé sa soeur du viol».

Neymar fixa le plafond. Son regard était affaibli et sa respiration saccadée, son corps tremblait de douleur. Il revit Soledad agrippée à son cou l'implorant de l'amener loin de sa maison, loin avec lui. Une gouttelette perla lentement sur sa joue et il gémit en plissant ses yeux. Non! Mieux le supplice que de revoir son visage affligé!

«Tu refuses encore de parler? s'écria Ángel avec un début d'irritation dans sa voix. Tu es brave mais sot, vampire, car ne penses pas qu'on te laissera comme cela sans rien faire»!

Deux autres seaux d'eau bénite furent doucement renversés sur son torse mais sans aucun résultat : Neymar continua de garder le silence. Sa peau devint entièrement striée de marques écarlates et sa voix commença à s'érailler tant ses hurlements se succédaient. Il arrêta de se débattre et de forcer ses liens, paralysé par la douleur.

«Je vais te demander une dernière fois, où se trouve Soledad? questionna Ángel au bout de patience mais ne reçut rien en réponse.

- Encore? demanda un des bourreaux en jetant un regard dubitatif sur le corps du vampire.

- Non, il ne parlera pas, c'est inutile de continuer».

Il fit deux pas en arrière et dévisagea le captif. Son visage était crispé et il poussait des gémissements alors que la torture avait arrêté. Il n'en pouvait plus de l'interroger, même lui, avait perdu sa patience. Avec un geste agacé, il sortit de la pièce.

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