XXIV. Une rencontre familière
- Allô ? dis-je en décrochant au téléphone.
- Coucouu, cria une voix extrêmement aigu. Comment ça va ? Ça fait longtemps que l'on ne s'est pas parlé !
- Bien et toi ? Cava, ça fait qu'une semaine que je suis en France.
- Oh, j'aurais pensé que cela fait deux mois au moins. Bon, et Anthony, ça se passe bien avec lui ?
- Euh, oui, répondis-je en tentant de paraître convaincante, ça se passe plutôt bien.
Je sortis la poubelle dehors en restant au téléphone avec Emma. De gros nuages s'étaient installés dans le ciel, il va bientôt pleuvoir.
- Casse toi de chez moi !
Je chercha du regard qui était en train d'hurler aussi fort et observa avec stupéfaction la scène de ménage en face de moi. Nos voisins d'en face était en pleine dispute, si on peut appeler ça une dispute. Je qualifierais ce que je vois plus comme une pièce comique dans un cirque. Une femme rousse avec des bigoudis sur la tête lançais des vêtements depuis la fenêtre, tandis qu'un homme, son mari je suppose, se tenait en bas de sa maison et regardait ses affaires se faire balancer. Il ne ripostait pas et semblait seulement lassé. L'envie de rire me pris mais je me retiens. Ce serait vraiment grotesque.
-Allô ? Tu m'écoutes toujours Morgane ? demanda Emma au téléphone.
-Euh, non désolée, répondis -je, attends je te rappelle.
L'homme ramassa ses affaires en un tas et resta plantée devant sa demeure. Ses cheveux châtains étaient mouillés et il était encore en peignoir. Mon voisin devait avoir la quarantaine. Il se tourna vers moi et esquissa un sourire légèrement forcé.
- Belle journée, vous ne trouvez pas ? ironisa-t'il.
- Absolument, répondais-je en essayant de masquer ma gêne, vous avez besoin d'aide ?
- Non ne vous en faites pas, c'est devenu une habitude.
Le silence qui suivis était extrêmement gênant. Je resta perplexe quelques instants. Les parisiens sont étranges.
- Ah, je vois.
Il se gratta le menton puis me dévisagea longuement.
-Comment vous appelez-vous ? Je ne me souviens pas de vous avoir déjà vu par ici.
- C'est normal, on viens d'emménager ici avec mon copain. Je m'appelle Morgane et vous ?
- On peux se tutoyer, je ne suis pas si vieux que ça, dit-il sous le ton de la plaisanterie. Oscar, enchanté.
- Moi de même, dis-je en esquissant un sourire, si vous avez besoin d'aide n'hésitez pas.
Il hocha la tête et je rentra chez moi.
Je rassemble mes livres et me prépare. Aujourd'hui je vais reprendre les cours. Je ne vais pas dire que je m'en réjouis et que je suis folle de joie car je mentirais. J'étudie le français seulement afin de pouvoir envisager ensuite une formation d'infirmière. Il faudrait d'ailleurs que je parte plus tôt car j'ai tendance à me perdre lorsque je ne connais pas les lieux.
Je ferme la porte à clés et appelle un taxi afin de m'y rendre plus rapidement. Le bâtiment est grand et plusieurs personnes entrent au même temps que moi. Plusieurs groupes sont formés et d'autres personnes sont seules. J'ai l'impression de retourner dans le passé, et ça ne m'enchante pas du tout. J'ai toujours eu des problèmes de relation avec les autres à l'école, notamment à cause de ma timidité.
''Allez Morgane, tu as déjà affrontés des situations plus difficiles que ça. Et puis tu n'as plus quatorze ans, courage.''
--
Légèrement ronde, queue de cheval et lunettes sur le nez, ma nouvelle enseignante me rappelle drôlement mon ancienne voisine en Amérique. Je suis assise depuis une heure et demie et je commence déjà à m'ennuyer. Je n'ai jamais été très studieuse à vrai dire.
Je m'étais assise à côté d'une fille au hasard au début de l'heure. Elle n'avait pas eu l'air de me prêter une grande attention, vu qu'elle ne m'a pas lancé un seul regard. Mais au bout d'un certain temps, j'entendis des sifflements très bas.
- Ehhhh, entendis-je, t'es vivante ?
Je dévie ma tête et tombe nez à nez avec ma voisine de table. Elle parle la même langue que moi ?
- Tu parles anglais toi aussi ? demandais-je étonné.
- Bah oui, dit-elle en se moquant, sinon je ne serais pas à ce cours. T'es stupide ou tu fais exprès ?
J'haussa les sourcils et me retourna. Je n'aime pas le ton qu'elle prend avec moi.
- Ehhh, retourne toi ! Tu t'es pas vexée quand même ? Lâcha-t'elle d'une voix boudeuse. C'est ce que je pensais, t'a l'air chiante.
- Je te retourne le compliment, dis-je légèrement irritée. Qu'est-ce que tu voulais ?
- Bah rien.
C'est une blague ? Je fais comme si je suivais le cours et l'ignorais.
- Mais tu veux pas taper la conversation histoire que ce soit moins chiant ce cours ? reoris-t'elle quelques minutes plus tard.
- Mais pourquoi tu es là si tu ne veux pas étudier ? On est plus à l'école obligatoire.
- Parles pour toi ! me répondit-elle en levant les yeux au ciel. J'ai déménagé avec mes parents ici, et du haut de mes 2o ans je dois quand même apprendre le français pour leur faire plaisir. Mais c'est compliqué, je ne voudrais pas déranger plus que ça madame ''la studieuse.''
- On a tous notre temps, finis-je par dire.
Ce n'est que le premier cours. Je le rattraperais chez moi..
~~
J'ai fini par l'accompagner dans un bar à côté. Elle est plutôt drôle. Elle s'appelle Alexandra, mais elle préfère Alex. Nous avons passé tous le cours a parler de notre vie, puis ensuite elle a décidée de me faire visiter le meilleur endroit du quartier. J'ai d'abord refusé mais j'ai changé d'avis lorsqu'elle a insisté. De toute façon, c'est pas comme si j'avais un emploi du temps chargé.
Il est 21h, Anthony doit déjà être rentré. J'ai une fâcheuse tendance à boire de l'alcool lorsque je suis dehors, et elle ne m'a pas quitté ce soir.
Le problème c'est que c'est toujours accompagné par des actions que je regrette..
- Alex ? hurlais-je au milieu du bar.
Ma nouvelle camarade est allée au toilette, mais elle n'est toujours pas revenu. Je commence à m'inquiéter mais je suis un peu trop dans les nuages pour agir lucidement. Je vais au WC mais elle n'y est pas. Je me mets à tourner en rond en cherchant du regard une frimousse blonde dans toute la salle. Ah , ça y est je la vois. Elle est avec un homme au fond de la salle. Il est assez mignon et ils ont l'air d'avoir une discussion passionnante.
Je l'appelle en criant son nom et lui dit que je vais partir, ce à quoi elle répond par un geste de la main qui signifie '' Va t'en''. Quelques personnes me dévisagèrent. J'ai peut-être crié un peu trop fort.
~~
Je sortis de cet endroit et me mit à marcher rapidement. Il faisait froid et le vent pénétrait dans tous mon corps.
Mes pensées étaient très vagues et futiles. Je marchait sans savoir où aller.
Oh non. Je sentis une, deux, puis trois gouttes. Il pleut. C'est pas possible, comment je peux être aussi peu prévisible ?
Il faut que j'appelle un taxi. Je tapote des mains sur mes poches afin de saisir mon portable mais je ne le trouve pas.
Où est-il passé ? Même si je voudrais revenir sur mes pas, je ne me souviens pas de l'endroit du bar. Ce serait impossible.
Je ne sais pas pourquoi, mais la actuellement, je trouve cette situation drôle et amusante.
La réaction que j'ai est complètement à côté de la plaque. Je me mets à rire fortement et m'assois par terre. Le sol est froid et humide, j'aurais sûrement une tâche sur mon jeans.
Je regarde les allées devant moi depuis maintenant quelques dizaines de minutes. Il n'y a personne. C'est très calme par ici. Il fait sombre et quelques lampadaires éclairent chaque coins de rue. Je regarde les étoiles dans le ciel. On dirait des lucioles. La nuit est tombée depuis longtemps. J'aime tellement la nuit. C'est une période durant laquelle nous pouvons nous reposer, s'évader et rêver. Je l'ai toujours préféré au jour.
Un bruit me tire de mes pensées.
J'entends des pas. Quelqu'un s'approche.
À l'autre bout de la rue, une silhouette masculine mystérieuse et sombre avançait. Elle semblait hors du temps, la brise faisait reculer son manteau et son teint contrastait avec les ténèbres.
Ses cheveux légèrement longs volait autours de lui et ses mains étaient fourrés dans ses poches. Ses pas étaient lents et son ombre s'élançait derrière lui avec la faible luminosité.
- Je me mets à voir des fantômes maintenant, me dis-je à moi-même en rigolant.
La personne sembla m'entendre car elle s'arrêta. Le même silence qu'avant se mit à régner. Il m'observait de loin, à une vingtaine de mètres.
Je devais faire sûrement pitié, j'étais étalée sur le trottoir et claquait des dents à cause du froid.
L'homme en face de moi s'approcha de plus en plus et je croisa finalement son regard gris. Il se tenait à un mètre de moi. Je levais ma tête afin de regarder son visage et des picotements se mirent à se faire sentir dans mon ventre.
Cette silhouette m'est familière, mais je ne me rappelle plus d'où. Qui est-ce ?
~~
Coucou,
Comment ça va ?
j'espère que ce chapitre vous plaît ❤
Qu'est-ce ce que vous pensez qu'il se passera ?
Qui est cette personne qui se promenait à votre avis ?
N'hésitez pas à me dire vos commentaires / suggestions à propos de l'histoire et j'y répondrais avec plaisir ;)
Je poste la suite bientôt , bonne soirée 😘
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