Chapitre 2 : Mathilde
Mathilde était dans le parc en bas de chez elle. Il faisait beau ce jour-là, le soleil brillait et chauffait le sol de ses rayons étincelants. Elle décida de s'asseoir sur une table, vous savez, ces tables de pique-nique en bois qui font parfaitement l'affaire pour les randonneurs fatigués. Or, Mathilde n'était ni une randonneuse, ni fatiguée. Ses parents l'avaient obligée à sortir pour "profiter de l'extérieur". Heureusement pour elle, ses parents ne vérifiaient pas ses poches avant qu'elle sorte : elle y avait rangé sa DS Light ainsi que son jeu préféré. Elle n'aimait pas vraiment les nouvelles consoles et autres jeux aux graphismes impressionnants. Elle aimait les pixels, les gros pixels bien visibles. Elle leur trouvé un charme innimitable. Elle aimait aussi les belles musiques, simples et efficaces, qui portent des émotions ou qui accentuent l'action. Elle avait trouvé tout ce qu'elle aimait dans un seul jeu : Pokémon version Noir et Blanche.
Alors oui, je sais ce que vous allez dire : Pokémon Black and White, sérieusement? Eh bien, certes, le jeu ne datait pas d'hier, la console n'ont plus d'ailleurs, mais ce jeu, c'était sa vie. Il avait forgé son enfance pas encore achevée. Du haut de ses 11 ans, elle avait déjà tant de souvenirs : les combats endiablés, les échanges surprenants, les histoires poignantes... Et surtout les musiques, qu'elle écoutait parfois juste pour le plaisir. Sa préférée était celle de la Tour des Cieux. Elle pouvait passer des heures là-bas juste pour profiter de l'ambiance qui se dégageait de ce lieu grâce à la fameuse musique.
En effet, ce lieu était important. C'était un cimetière, un endroit de recueil, rempli de spectres et de légendes. En haut de la tour, il y avait un glas gigantesque, qu'on pouvait sonner en hommage aux défunts compagnons gisant ici-bas. Mathilde n'aimait pas spécialement les trucs morbides, gothiques ou peu importe le nom que ça portait, elle aimait les messages dans les choses. Et quel plus beau hommage que le tintement imposant et solennel d'une cloche pour honorer une dernière fois toutes ces sépultures?
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Le jeu était à peine lancer qu'elle s'empressa de guider son personnage vers la tour-cimetière. Pour aller plus vite, elle suggèra au petit avatar pixelisé de courir, rouler et même voler. Elle n'était pas impatiente, mais un léger sentiment de manque la tranversa quand elle se rendit compte qu'elle allait atteindre son objectif. Elle y était arrivé sans encombre. Qu'allait-elle faire à présent? Elle se dit que si elle était obligée de rester dehors, autant profiter des branches protectrices d'un arbre. Elle partit de sa table à pique-nique et en choisit un solide, de taille moyenne, et où le feuillage était abondant pour ne pas être déranger. Elle grimpa et s'assit sur une grosse branche, adossée au tronc de ce chêne colossal. Elle se dit que c'était drôle qu'elle soit sur ce type d'arbre, puisqu'elle jouait à Pokémon, mais elle effaça vite cette pensée en se replongeant dans sa recherche de vide cérébral.
Elle chercha ses écouteurs dans sa poche. Merde! Elle les avait oubliés. Tant pis, elle devrait laisser la musique envahir tout l'arbre. Elle augmenta le son de sa DS au maximum, posa la console sur ses jambes et ferma les yeux. Elle savait qu'elle pourrait rester ainsi pendant environ deux heures, car elle avait pris soin de charger les batteries de son engin entièrement. Deux heures de pure transe, de symbiose avec la douce ode. Cependant, elle entendait quelques bruits parasites dûs à la fréquentation du parc. Comment avait-elle pu oublier si bêtement ses écouteurs?
Dans le parc, tous les gens profitaient du beau temps : des enfants couraient et jouaient à chat, un couple pique-niquais et des joggeurs s'entraînaient. Une seule personne brisait cette harmonie parfaite. Il était assis sur un banc près de la petite forêt du parc, sa capuche sur la tête, blasé : c'était Symphony. Il n'avait pas de but précis, il était juste là. Enfin ça, c'était jusqu'à ce qu'il entende la musique, qui l'inspira. Il se mit à sourire, se leva et se mit à chercher d'où elle venait. Il cherchait sauvagement, comme un prédateur qui guettait sa proie. Son ouïe, fine et habituée, ne le trompait jamais. Il ne mit que quelques minutes à atteindre l'arbre sur lequel Mathilde s'était endormie. Au paroxisme de sa relaxation, elle s'était assoupie lentement, et dormait à poings fermés. À pas de loup, il s'approcha du tronc de l'arbre et se cacha derrière. Il respirait fort : il savait exactement ce qu'il allait faire, et ça l'excitait. Les cheveux coiffés en queue de cheval de cette fille offrait une opportunité incroyable. Il défit ses lacets, et enleva ses bottes. Symphony aimait les risques, alors autant assassiner avec inventivité. Il se mit à grimper à l'arbre, les lacets dans la poches. Il était si discret, Mathilde ne se pouvait se douter de rien. Minutieusement, il lui attacha les poignets et les chevilles au tronc de l'arbre avec les lacets récupérés auparavant. Il pris la console, d'où provenait la musique si agréable pour lui, et s'éloigna un peu, pour observer son piège. Puis il sortit un briquet de sa poche. Il s'approcha une ultime fois, pour allumer les cheveux de la jeune victime. Puis il se mis à bonne distance, environ dix mètres, et observa son chef d'œuvre.
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Mathilde ne mit que quelques secondes à se réveiller. La chaleur grandissante avait sorti son corps de son sommeil. Elle entendit un crépitement, et ne mis pas une seconde à se rendre compte de la situation. Ses cheveux, ils brûlaient! Elle se mit à paniquer, voulut bouger, descendre de l'arbre, courir, mais elle se rendit compte qu'elle était attachée. Les flammes commençaient à lui brûler le crâne et elle était terrorisée, alors elle se mit à crier. De douleur, de peur, de panique, elle criait pour toutes les causes possibles, elle voulait qu'on vienne la sauver, qu'on vienne l'empêcher de mourir. Car pour elle, une chose était évidente, elle allait mourir. Elle couinait, ses hurlements aigus, stridents, déchirants résonnaient dans tout le parc. Près d'elle, Symphony écoutait ses cris se mêlaient au doux son du piano et au crachotements des flammes, qui gagnaient maintenant presque tout l'arbre. La chaleur de l'été couplait à celle du feu faisait des ravages. Il souriait toujours, rapprochant la DS de son tympan pour mieux profiter de la musique, presque couverte par les cris de plus en plus forts maintenant. Puis, soudainement, Mathilde se tut. Elle était morte à présent, carbonnisée. Toujours en train de brûler, mais morte. Symphony se dit que toutes les bonnes choses avaient une fin. Il remis ses bottes avec hâte et il partit vite, entendant des bruits de gens accourant, alertés par les cris d'agonie. Il laissa tomber la console, se brisant lors du choc avec le sol. La musique s'arrêta.
Symphony s'en alla pour l'instant, mais il savait que sa prochaine représentation ne tarderait pas à arriver, car il était impatient de recommencer.
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