Chapitre 3: 2 ans.

Je les fixais pendant longtemps. Les petites planches en bois qu'on m'avait offert. Mes parents appelaient ça des Batiblocs. Ça m'amusait énormément, je construisais des immenses tours avec avant que mon chien vienne tout détruire. Oui, j'avais un chien maintenant, une espèce de boule de poil étrange et affectueuse. Ma soeur Louise avait supplié mes parents de nous prendre un animal, à la base Louise voulait un cheval. Je me souviens qu'on on avait vu un à la ferme, mais mes parents ont préféré quelque chose de plus petit. On est allé dans une maison, j'entendais des drôles de bruits à l'intérieur, une vieille femme nous ouvra la porte, ma soeur sautilla sur place. Moi, aidée par ma mère et mon père je me dirigea vers les bruits, des couinements semblables aux miens. Dans un berceau plus petit, quatre étranges petites choses gigotaient dedans, c'étaient eux le vacarme. J'en attrapa un dans ma main, il me donna une énorme bise gluante mais au lieu de trouver ça horrible je rigola. Cette si petite chose me faisait rire sans raison, était ce un pouvoir ? Je me rappelais de My Little Pony, un dessin animé que me montrait ma mère, dedans il y avait Pinkie Pie, une étrange ponette rose qui avait le don de faire rire tout le monde. Mais moi, je me reconnaissais plus dans Twilight Sparkle: la soif d'apprendre....la curiosité....l'entêtement....la gentillesse...l'amitié....le mot amitié restait dans ma tête. Qu'est ce que cela voulait dire ? En voyant que j'aimais beaucoup ce petit chien ma mère me demanda:
-Alors....tu veux celui ci Emma ?
Je le regarda à nouveau, ses yeux étaient d'un noir profond, sa peau était douce, plus douce que celle de mes peluches et il gigotait dans tous les sens dans mes mains, je regarda ma mère et répondit d'un air enjoué:
-Voui !
« Parfait ! Louise ! Propose un nom qui commence par P ! »
Ma soeur réfléchit. Pourquoi par P ? J'aurais préféré par A....car c'est la lettre de mon prénom: Aima. Comme Aimer. Comme Amour....comme Amitié...
-Pégase!
Mon père rigola.
-Et pourquoi pas licorne tant qu'on y est ?
« Chéri, arrête ! D'accord ma puce ! »
Elle me prit aussitôt le chien des mains:
-Pégase...bienvenu dans notre famille !
Pégase ? C'était quoi un pégase ? C'était quoi une licorne d'ailleurs ? J'apprenais de plus en plus les secrets de ce monde. Et cet étrange animal m'appartenait ! Pourquoi elle me l'avait pris ? Je la détestais.

Un mois s'était écoulé depuis tout ça, Pégase avait un peu grandi et faisait déjà pleins de bêtises, il me faisait rire, sauf quand il arrivait d'un coup et détruisait mes Batiblocs. J'étais folle de rage dans ces cas là mais je n'arrivais pas à le punir, il était encore plus mignon que moi ! Un jour il faisait beau, mon père en profita pour sortir Pégase, ma soeur et moi on l'accompagna. Mon père resta sur un banc à regarder une étrange boîte noire où s'affichait des images, il avait les yeux rivés dessus. Ma soeur jouait au toboggan, moi je préférais jouer dans le bac à sable avec un autre petit garçon. Tout à coup je vis Louise discutait avec un homme, je ne le connaissais pas mais je compris quelques mots:
-Chez moi....des chiots...
Louise commença alors à le suivre excitée, je me dis que ce devait encore être des affaires de grands et je n'y prêta pas attention. Mais mon père arriva inquiet et me demanda:
-Où est ta soeur ?
« Là bas...ya le mosieur bizarre... »
« Quoi ?! »
Mon père se rua vers ma soeur et l'attrapa du bras pour l'éloigner de l'homme. Ma soeur pleura et mon père et l'autre homme se crièrent dessus, il y avait des insultes que je ne comprenais pas. Mon père tapa sur sa boîte et parla d'un truc en particulier: le noeufsansonze. C'était quoi le noeufsansonze ? C'était un œuf...mais sans quoi ? Tout cela me faisait peur, je n'avais jamais vu mon père comme ça et je me cacha derrière Pégase qui grognait en restant attaché au banc. Puis l'homme s'en alla en courant, effrayé. Il était effrayé par un œuf ? Bizarre...mon père revint avec ma soeur toujours en larmes, il avait le regard perdu dans le vide et m'attrapa avec Pégase:
-On rentre. Emma doit faire sa sieste.

Ce jour là, il pleuvait, je m'ennuyais énormément, ma mère était tombée malade et mon père restait à son chevet. Je ne savais pas ce que "malade" voulait vraiment dire, alors je demanda à Louise:
-Malade....ben....c'est quand quelqu'un a une boule au ventre....ou à la tête...mais ça lui fait mal...du coup ils voient tous en noir et blanc et sont tristes ! Et y'a un sirop spécial avec des paillettes de fées dedans ! Et on donne ça aux malades et après ils voient des arcs en ciel partout ! Et ils sont contents pour le reste de leur vie !
Cela me rassura, Maman irait mieux et verrait des arcs en ciel. Comme ceux qu'on voit dans My Little Pony. Mais mon dessin animé préféré c'était un petit film avec des extraterrestres violets, rouges, jaunes et verts. Il y avait un soleil qui avait ma tête collée sur lui. Si ! Je vous jure ! Le bébé c'était moi tout craché ! Il y avait aussi un drôle de chien-aspirateur qui me faisait penser à Pégase ! J'aimais beaucoup l'Alien vert, parce qu'il avait la couleur de mes yeux...

C'était le matin. Louise était à l'école, une sorte de garderie où on garde les enfants qui n'ont pas été sages. C'est ce qu'elle m'a dit. Moi je mangeais, Papa était en train de me préparer ma petite bouillie de brocolis. Maman était toujours malade. Y'avais Pégase qui tournait autour de moi en se léchant la truffe, je lui faisais non de la main. Quel petit voleur ! Mon père me déposa la boîte devant moi. Enfin ! J'étais affamée. J'avais crié toute la nuit ça m'avait donné faim. Mon père s'installa sur une chaise en me regardant et lança:
-Bon appétit !
Ban apaity ? Oh mon dieu un sortilège ! Il avait ensorcelé mes brocolis ! J'attrapa la boite et la balança par terre en hurlant, mon père se leva paniqué:
-Emma ! C'est pas possible !
Espèce de monstre ! T'as voulu m'empoisonner  ! C'est décidé je ne mangerais plus jamais de brocolis ! T'es fier de toi ? Nah ! Méchant géant ! Vilain !

J'étais dans ma voiture ! Oui j'ai une voiture à deux ans, j'étais la reine de ce monde. La voiture avait quatre roues, un siège en tissu confortable et violet. Une poche en dessous pour ranger mes biberons, j'avais appelé ça: Un pousse-pousse. Ma maman conduisait le pousse-pousse car moi j'étais la reine, ce n'est pas à moi de travailler. Enfin non, pas une reine mais une princesse ! Les reines c'est méchants, c'est pas moi c'est Disney qui le dit ! Elle s'arrêta devant un beau bâtiment coloré. Y'avais pleins de clones de moi ! Des noirs, des blancs, des bleus...ah non ça c'est des peluches ! Par contre c'était bruyant. Je comprenais pas ce qu'ils disaient mais je savais ce qu'ils ressentaient. Ils étaient en manque de...maman ? Non...peluche ? Non...BIBERON ! Voilà ! C'est ça ! Je continuais d'observer mon armée de clones tandis que ma mère lisait un papier à voix haute. Quoi ? Tu crois que tu es seule ? Hé oh ! Je suis là !
-Nous acceptons de garder votre enfant les jours de travail, il y a une salle de jeu et nous sommes tous diplômés...
Je comprenais pas le reste. Elle parlait de bac...de couscous ou cursus je sais pas...ohhhh ! J'ai compris ! Ils faisaient du couscous dans un bac en argent tout beau ! De toute façon tout était beau à part les brocolis.

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