"Trois ans, sept mois et vingt-deux jours depuis "

Je me suis retourné doucement sur le lit pour ne pas la réveiller. J'ouvre mes yeux, mais elle n'est pas là.

Je soupire, m'étire et me relève pour m'asseoir.

Je sais exactement où elle est et ce qu'elle fait. Je sais exactement aussi ce que je dois faire. Mais aujourd'hui, j'ai besoin d'un peu plus de...temps...d'énergie pour me lever et pour aller faire mon travail.

Je passe milles fois mes mains dans mon visage. Je décoiffe mes cheveux presqu'inexistants avant de finalement me lever du lit.

Me rapprochant de la salle de bain, je peux entendre ses cris étouffés. Elle ne veut pas me réveiller, me déranger...encore.

Je frappe doucement à la porte pour ne pas la brusquer ou la faire peur.

Ses cris cessent, mais elle ne dit rien.

Je soupire discrètement.

« Amour, pourquoi? » Je pense.

J'ouvre la porte lentement parce que je ne sais pas où elle est dans la salle de bain et je m'y glisse.

Je la trouve assise à terre, appuyée sur la toilette.

Elle a vomi ce matin aussi.

Ses yeux rouges n'essaient même pas de me regarder. Ses larmes continuent de couler.

Je m'en vais m'asseoir en face de la toilette et je la tire vers moi.

Elle dépose son visage sur mon torse nu. Ses joues rouges me brulent littéralement la peau.

- La nausée a recommencé? Je la demande en caressant ses cheveux courts.

Je sens sa tête bouger sur mon torse. Oui.

- Pourquoi tu pleures encore, amour?

Je connais déjà la réponse, mais j'ai besoin qu'elle, elle s'en rend compte.

Sans laisser la chance à Lisa de parler, Malia rentre dans la toilette, ses yeux aussi gros que la lune et ses cheveux en désordre.

Sans prendre connaissance de la situation, elle se rue sur sa mère en montant sur moi et commence, elle, aussi à pleurer en caressant le visage de Lili.

Je soupire.

- Pourquoi tu pleures toi, bébé? Je demande à la petite fille sur mes genoux.

- Maman pleure! Elle me répond entre deux sanglots.

Et oui, c'est une raison suffisante.

Ces femmes veulent me rendre fou!

La troisième et non la moindre suit sa sœur. Elle rentre dans la salle de bain, mais s'arrête net en voyant la scène devant elle.

Elle regarde en premier sa mère et sa sœur avant de reporter ses magnifiques yeux sur moi.

- Maman pleure, papa. Elle me dit dans un français impeccable. Malia aussi.

- Eh bien...je commence, mais je me fais stopper par une prochaine question.

- Est-ce que...elle s'approche de nous, est-ce que c'est à cause du bébé dans le ventre? Elle me demande.

- Eh bien...encore une fois, je n'ai pas la chance de dire quoi que ce soit.

Ces trois femmes vont me rendre fou.

- Ne pleure pas, maman, Ava dit pour consoler sa mère.

Elle monte elle aussi sur mes genoux et commence à caresser le visage de sa mère. Exactement comme sa sœur.

- Tu n'es pas méchante, maman. Papa m'a dit que tu n'as pas mangé notre sœur.

Je souris. J'entends et je sens Lili rire.

- Une sœur? Je demande. Pourquoi une sœur? Pourquoi pas un frère?

- Parce que... moi et Malia.

- Malia et moi, bébé! Sa mère la corrige d'une voix émotive.

- Malia et moi va donner nos vêtements et nos jouets à notre sœur. Et...et...elle va nous trouver super gentilles...et...et...elle va nous aimer.

Lili se relève, me regarde et regarde ensuite Ava.

- C'est une bonne idée, chérie! Elle la dit en l'embrassant les cheveux.

Elle embrasse les cheveux de Malia aussi, qui a eu le temps de se calmer pendant la conversation.

- Vous savez quoi les filles, allez prendre vos brosses à dents pour venir brosser avec maman et papa, ok? Je propose.

Sans avoir à le proposer une seconde fois, les jumelles se lèvent et cours vers la sortie.

J'attends qu'elles soient suffisamment éloignées pour me retourner vers Lisa. Elle dépose sa tête sur mes épaules.

- Pourquoi tu as pleuré, hm? Je la demande.

- Les hormones...elle répond simplement.

J'embrasse ses cheveux.

- Arrête de paniquer. Tout va bien se passer, je te le promets!

Je passe ma main sur son ventre qui commence à s'arrondir. Notre bébé est vraiment là-dedans.

- Nous n'aurons pas à revivre ce que nous avons vécu à la première grossesse, je continue.

J'embrasse ses cheveux.

- Je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur, D. Je ne peux pas m'empêcher d'être faible.

- Tu n'es pas faible, Lili.

Elle soupire.

- Il faut être forte pour élever nos deux enfants. Tu fais un excellent travail. Tu as élevé une petite fille sensible, attachante, drôle, intelligente et belle. Tu en as élevé une autre toute aussi parfaite, même si elle aura besoin d'un appareil respiratoire toute sa vie. Je suis chanceux de vous avoir tous les trois dans ma vie. Et je serai tout aussi chanceux d'accueillir une quatrième fille dans la famille.

Elle enfonce sa tête dans mon cou. Son souffle vient me chatouiller la peau.

- Je t'aime Davis! Elle déclare avant d'embrasser mon cou. Je t'aime mon amour.

Je continue de caresser son ventre qui est totalement à découvert maintenant.

- Je t'aime encore plus, amour. Je vais toujours être là pour te réconforter, pour te rassurer, te rendre heureuse. Je vais toujours être là pour être le maillon fort, l'homme que tu as de besoin. Je suis tombé amoureux de cette femme forte qui dit ce qu'elle pense et je suis tombé amoureux de cette femme qui a besoin d'être rassurée. J'aime chaque parcelle de toi, amour. Grâce à toi, le troisième fils est un homme important. Un homme qui doit protéger les trois femmes qu'il aime et celle qui verra bientôt le jour. Je vous aime.

Les enfants rentrent comme une furie dans la salle de bain. Deux bouches viennent se coller à ma joue et quatre petits bras entourent mon cou.

- Je t'aime aussi, papa! Malia lâche heureuse.

Elle se détache de moi aussitôt et s'en va enlacer sa mère.

- Moi aussi je t'aime, maman.

Rapidement, elle s'en va enlacer le ventre de Lili.

- Je t'aime aussi petit bébé que maman a avalé!

Lili et moi sourions.

- Non! Maman ne l'a pas avalé! Ava proteste en s'éloignant de moi et en allant enlacer sa mère.

Mon sourire s'élargit de plus en plus.

Il n'y a pas de doute. Moi, le troisième fils, je suis l'homme le plus chanceux de la planète. Je suis béni.

J'embrasse une dernière fois les cheveux de Lili, la femme que j'aime et que j'aimerai toujours!

FIN