Chapitre 8

*** NOTE D'AUTEURE IMPORTANT***

Ce chapitre est dédié aux victimes de toutes les brutalités policières.

Aucun être humain (je ne parlerai pas de race puisqu'il en existe qu'une seule : la race humaine) ne devrait être traité différemment à cause de sa couleur de peau, de son origine ou de sa religion.

Nous sommes tous l'enfant d'une mère et d'un père. Et ma vie ne compte pas plus que la vôtre.

Prions pour la paix dans le monde. #PeaceInTheEntireWorld

***BONNE LECTURE***

On m'a souvent demandé pourquoi j'ai choisi d'être avocate. Pour répondre à cette question, j'avançais toujours l'argument que tout avocat a surement utilisé. Il s'agit du fameux « pour apporter un peu de justice dans ce monde ». Même si l'on a toujours réfuté cet argument en me disant que les avocats participent aussi à corrompre le monde en défendant des criminelles, je reste toujours sur la position qu'un avocat est là pour apporter la justice.

C'est ce que je fais à chaque fois que je m'occupe d'une affaire. J'essaie de rendre un peu de justice à ceux qui le méritent vraiment. En ce moment, c'est ce que j'essaie de faire. Un jeune garçon, qui a toute la vie devant lui, est selon moi accusé à tort. Et maintenant, ce jeune garçon est couché à l'infirmerie parce que je n'ai pas bien pu faire mon travail.

J'aurais dû pousser encore plus fort pour sortir Sébastien des chambres communes. C'était ma responsabilité d'empêcher qu'il se fasse battre pour son homosexualité. J'aurais dû amener des arguments beaucoup plus solides pour défendre la sécurité de mon client. C'est ce que j'aurais dû faire, mais j'ai échoué.

Madame Lejeune est en colère contre moi et je la comprends. Je lui ai caché les risques encourus par son enfant. Même si je sais qu'elle n'aurait rien pu y faire, j'aurais dû être honnête avec elle.

Toute cette situation me met terriblement en colère. Je suis en colère contre moi-même pour avoir laissé cette mésaventure arriver. Je suis en colère contre le service de police pour avoir fait enfermer un jeune sur des preuves circonstancielles et je suis en colère contre le juge qui a validé ce mandat d'arrêt.

Je frappe la porte d'un des représentants du service de police de la ville avec toute la vigueur que je possède.

Un bref moment après, il ouvre sa porte.

- Putain, Lili, il est sept heures du matin ! On ne frappe pas chez les gens à une heure pareille !

- J'ai besoin de te parler ! J'ai besoin de te dire ce qu'ont fait tes collègues. Tu dois être au courant de ce que les personnes qui sont censées protéger et servir ont fait ! Je crache en colère.

- Merde ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Il me demande inquiet. Tu veux rentrer ?

- Je ne veux pas rentrer. Je veux te parler !

- On va se parler, il dit avant de fermer sa porte et d'avancer vers moi. Alors, qu'est-ce que la police a encore fait ?

La façon qu'il me pose cette question me rend encore plus en colère. Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? Il ose me poser la question comme s'il ne s'agit qu'un autre petit poisson dans la marée qui n'est même pas important ?

- Le service qui est censé protéger et servir a fait enfermer un jeune homme sans une vraie enquête. Et maintenant, on m'appelle à cinq heures du matin pour me prévenir qu'il est en infirmerie parce qu'on l'a battu ! Tout cela parce que des cons n'ont pas bien fait leur putain de boulot !

- Lisa, calme-toi !

- Tu ne me dis pas de calmer ! Tu ne me dis pas de me calmer, bordel !

Il respire un grand coup et passe sa main dans sa barbe d'un jour.

- Je ne comprends pas pourquoi tu es aussi en colère. Il ne s'agit pas d'un membre de ta famille, c'est juste un jeune délinquant qui se serait fait incarcérer de toute manière ! Cet imbécile me fait savoir.

Je ne sais pas ce qui me blesse le plus : qu'il ait osé penser cela ou qu'il a osé le dire à haute de voix.

- Qui es-tu ? Où est passé Ryan ? Je lui demande. Où est passé l'homme avec qui je planifiais de sauver le monde ? Celui qui était juste et emphatique, où est-il passé ?

- Il y a des choses que tu vois qui te changent Lisa. Je traite avec les vrais criminels. Tu ne sais pas la moitié des choses qui se passent dans la rue. Ton boulot est simple. Moi, je risque chaque jour ma peau. Des gens comme lui n'ont qu'une envie : nous tuer. Il vaut mieux qu'on les arrête avant qu'il ne passe à l'action !

Un éclat de rire sort intentionnellement de mes lèvres. Un rire rempli de surprise, de honte et de mépris.

- Les gens comme lui, n'est-ce pas ? Parce que tous les hommes de couleurs sont violents. Ils font tous partie des gangs de rue. Ils prennent tous de la drogue, n'est-ce pas ? Alors pour éviter qu'ils mènent cette vie, vous attendez qu'un crime soit commis pour envoyer une bonne quantité derrière les barreaux. Ça a du sens ! Je conclus sarcastiquement. Franchement, j'ai l'impression de parler à un ignorant ! Savais-tu que Sébastien Lejeune a une moyenne de 82 % à l'école ? Savais-tu qu'il n'a jamais été renvoyé de l'école ou même être réprimandés ? Savais-tu qu'il prévoyait d'étudier en génie mécanique ? Savais-tu que 90 % du salaire qu'il gagnait dans le dépanneur était versé sur un compte en banque appelé fond pour l'université ? Bien évidemment, tu ne savais pas tout cela. Aucun de vous n'est au courant de cela. Je ne pense pas que vous ayez même pris le temps de faire une enquête. Tu pensais que je n'allais pas remarquer que le rapport que tu m'as donné est faux ? Ne plus jamais me sous-estimer Ryan. Tu devrais mieux me connaître.- Qu'est-ce que tu vas faire avec cela ?- Je vais poursuivre en justice le service de police de la ville. Et je veillerai personnellement à ce que toutes les personnes qui ont participé à cette enquête soient suspendues sans salaire. J'espère, pour le bien de ton bébé, que tu n'as aucun lien avec cette affaire ! Je lâche avant de commencer à marcher pour quitter sa propriété.

- Tu essaies toujours de décrocher la lune à ce que je vois, il lâche sarcastiquement. Dis-moi, quel juge te prendra au sérieux ? Tu n'es qu'une petite avocate commise d'office qui n'a, de toute évidence, rien à faire de ses journées ! Vas-y, essaie donc de poursuivre les personnes qui te nourrissent ! Il conclut avec un rire sarcastique.

Je me retourne pour le regarder.

- On verra bien si cette fois je n'y arriverai pas, je réponds simplement. Oh, et j'espère sincèrement que tu n'es pas impliqué d'une quelconque manière dans cette affaire, je lâche avant de quitter sa propriété pour de bon.

Même si c'est dur de l'avouer, Ryan a raison sur un point : aucun juge ne me prendra au sérieux. Mais, j'ai plusieurs tours dans ma manche. Je mettrai mon ego démesuré de côté et je vais aller demander l'aide à Davis. C'est seulement de cette façon que je réussirai à faire payer ce service de police discriminatoire !

***

- Pouvez-vous prévenir à monsieur Davis de la chambre 509 que Lisa Roy veut le rencontrer ? Je demande au réceptionniste de l'hôtel de luxe.

- Bien sûr, madame, donnez-moi quelques secondes.

Il prend son combiné et téléphone dans la suite de Davis. Après avoir raccroché, il me sourit et me dit que je peux monter.

- C'est au cinquième...

- Je peux m'y rendre, merci.

Sans plus attendre, je me lance vers l'ascenseur. Je suis vraiment nerveuse. Je n'aime pas particulièrement présenter des excuses à qui que ce soit. La tête de mule que je suis estime avoir toujours raison. Je trouve que j'avais particulièrement raison d'éloigner Davis. C'était pour mon propre bien, pour le bien de ma carrière.

Je sors de l'ascenseur et je marche doucement vers la suite de Davis. À mesure que je me rapproche du numéro 509, ma nervosité augmente. Je m'arrête un peu pour humer de l'air puisque j'en sens le besoin.

J'entends une porte s'ouvrir. Davis apparaît quelques secondes plus tard en face de moi. Les chemises retroussées et les mains dans les poches.

Pour la troisième fois depuis que je l'ai rencontré, son visage n'a aucune expression. Je ne pourrais dire ce qu'il pense en ce moment.

Je recommence à marcher pour arriver à sa hauteur.

- Je croyais que vous voulez que je reste loin de vous ? Ça ne marche pas, surtout quand c'est vous qui venez vers moi.

- J'ai besoin de votre aide professionnelle, je lâche directement. Dans ce cas-ci, je ne pense pas que vous influencerez ma décision, je spécifie.

Je ne formule aucune expression d'excuse. Je ne suis pas désolée. Je n'ai rien à me faire pardonner. M'excuser serait me rabaisser. Parler pour faire plaisir : chose que je n'y consens pas à faire !

Je le vois réfléchir quelques secondes.

- Rentrer ! Il m'ordonne presque.

Je m'exécute. Nous nous dirigeons vers son grand salon.

- En quoi puis-je apporter mon aide professionnelle ? Il me demande une fois installé l'un en face de l'autre sur un sofa.

- Je veux que vous m'aidiez à poursuivre le service de police de cette ville !

Il me regarde longuement. L'impartialité sur son visage est palpable.

- J'ai fait des recherches sur votre cabinet maître Davis, je lui fais savoir.

Il n'a pas l'air surpris de ce que je dis.

- Je sais ce que vous faites, je continue. Je sais que vous aidez des gens qui ne sont. Vous vous battez contre les grands. C'est en plein pour cela que je vous demande de vous m'aider.

Je le vois foncer les sourcils, mais son visage devient aussi neutre qu'il l'était.

- Pourquoi voudriez-vous poursuivre le service de police ?- Parce qu'il y a des policiers qui ont mal fait leur travail et qu'à cause de cela, le jeune homme que je défends se retrouve à l'infirmerie !

- C'est une chose de vouloir innocenté votre client, mais c'en est une autre de vouloir poursuivre tout le service d'une ville !

- J'en suis pleinement consciente ! Je lui fais savoir.

- D'accord ! Pour quel motif comptez-vous les poursuivre ?

- Pour discrimination et négligence !

- Détaillez, je ne vous suis pas !

- La justice n'est pas impartiale quand il s'agit des minorités ethniques. Dans le cas de mon client, il n'y a pas eu de justice du tout ! Aucun citoyen ne devrait être arrêté à cause de preuves circonstancielles. La police n'avait aucune preuve reliant ce jeune garçon à ce vol. il y a juste eu des suppositions. Des suppositions qui l'ont conduit derrière les barreaux. Si j'interprète bien les propos d'un policier, le seul crime que ce garçon a commis, c'est d'être né noir.

Je m'arrête de parler pour respirer un peu. Davis a l'air de sincèrement réfléchir.

- Ces gens n'ont pas assez d'argent pour vous payer. Je n'ai pas assez d'argent pour payer vos honoraires. Mais, je vous en prie, accepter de m'aider. J'ai besoin de quelqu'un comme vous pour faire entendre la voix de ceux qui ne peuvent pas parler assez fort. Si vous m'aidez, je me consens à accepter sur le champ votre proposition. Je veux seulement que justice soit rendue. Je ne pourrai pas arriver sans vous et cela tue mon orgueil de l'avouer à voix haute, je conclus.

Il secoue légèrement sa tête.

- Je vais vous aider, il lâche à mon plus grand bonheur.

Grâce à lui, j'espère que justice sera rendu à ce jeune homme noir!

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