Chapitre 5
Le gardien du centre correctionnel m'ouvre la porte. Je me retrouve à l'intérieur de la petite salle d'interrogatoire du centre correctionnel. Une salle grisâtre, qui enlève tout goût de parler.
Le jeune garçon noir de 17 ans que je dois défendre est assis sur l'une des deux chaises, la tête baissée.
- hm, hm, je me racle la gorge pour qu'il puisse s'apercevoir de ma présence.
- Qui êtes-vous? Il me demande.
- Lisa Roy, votre avocate commis d'office.
Il rit diaboliquement. Je n'ose pas m'avancer pour m'asseoir.
- Je n'ai pas besoin de vous, il me fait savoir. Vous êtes comme eux, vous travaillez pour eux. Vous voulez la même chose qu'eux : envoyer un autre petit nègre derrière les barreaux.
Je suis profondément troublée par les paroles qui sortent de la bouche de ce petit jeune.
- Est-ce que tu peux me dire c'est qui les « eux » dont tu parles? Je le demande.
- Le gouvernement! Vous travaillez pour le gouvernement, vous ferez sans aucun doute ce qu'il vous dira de faire.
Je souris.
- Pourquoi souriez-vous? Il me demande.
- J'étais en train de m'imaginer combien d'argent que le gouvernement devrait me donner si j'étais leur pantin! Je serais probablement riche!
- Vous ne l'êtes pas? Il me questionne en arquant un sourcil.
- J'ai une fuite d'eau dans ma cuisine depuis maintenant trois semaines. Ma voiture, qui ne devrait pas être considérée comme telle, agresse les oreilles des piétons et automobilistes. J'ai une dette d'études qui se situe dans les 25 000 dollars. Et je pourrais continuer longtemps. Si je dois faire ce que le gouvernement me demande de faire, j'ose espérer qu'il va acquitter toutes mes dettes, me payer un appartement au bord du fleuve et me payer une belle Cadillac, je l'informe.
Il rit. Enfin, j'ai brisé la glace!
- C'est cela votre voiture de rêve? Il m'interroge.
- Non, je réponds en plissant légèrement le nez. Ma voiture de rêve est une Lamborghini centenaire, grise et jaune, j'ajoute dans la lune. La Cadillac, c'est juste pour paraître normale.
Il rit.
- Vous avez l'air de vous y connaître en voitures.
- Mon père était mécanicien. Les voitures étaient plus importantes que le hockey dans ma famille.
Il sourit.
- Et vous, quelle est votre voiture de rêve? Je le demande.
- Une Mustang2015 GT500.
Je fais la moue.
- Elle court cette petite bête, je dis.
- Elle rafle tout sur son passage, il ajoute et nous rions.
Je regarde ma montre, 20 bonnes minutes se sont écoulées dans les 60 que j'ai.
- Il faut parler de votre dossier, je dis à l'adolescent plus sérieusement.
Il passe sa main dans sa tête.
- Je n'ai rien fait, il m'avoue.
Malheureusement, je ne peux pas le croire sur parole, le juge et les jurys non plus.
- Les preuves disent le contraire, Sébastien! Je peux vous appeler Sébastien? Je le demande.
- Oui. Et, de quelle preuve parlez-vous?
- Il n'y a pas eu d'infraction, ça signifie que quelqu'un a délibérément laissé la porte ouverte ou, a donné un double des clefs aux personnes qui ont fait le vol. il n'y a que vous et monsieur Huong qui travaille dans ce dépanneur. Et, je ne pense pas que monsieur Huong donnerait volontairement la clef de son magasin pour un cambriolage, compte tenu du fait que les assurances ne couvrent pas les vols.
- Vous ne me croyez pas, non plus.
- Il ne s'agit pas si je vous crois ou non, il s'agit plutôt des preuves qui sont accablantes. D'autres en plus que les cambrioleurs n'ont pas été retrouvés. Ils ont besoin d'un coupable, malheureusement, il n'y a que vous sur la route.
Il baisse la tête.
- Je n'étais même pas en service le jour du cambriolage. J'étais malade ce jour-là.
- L'avocat de la défense aura juste à dire que c'est une ruse que vous avez employée pour ne pas être sur les lieux le jour du vol. Écoutez-moi Sébastien, plus de 7 000 dollars de marchandise ont disparu. C'est un vol inhabituel pour un petit dépanneur. On parle du trois quarts du dépanneur qui s'est envolé dans l'espace. Ils ont vraiment besoin d'un coupable. Et vu l'ampleur de ce vol, si le jury vous condamne, vous pourrez prendre jusqu'à six années d'emprisonnement, ce qui signifie que vous serez transféré dans une vraie prison quand vous aurez 18 ans.
Il passe nerveusement les mains dans ses cheveux.
- Je ne vois pas ce que je peux vous dire. On dirait bien que la vérité ne compte pas dans ce cas-ci.
- Si vous dîtes vraiment la vérité, il y a sûrement un moyen de le prouver.
- Comment? Il m'interroge.
Je regarde ma montre, il me reste moins qu'une dizaine de minutes, je dois conclure cette visite.
- En menant ma propre enquête. Je peux vous assurer que si vous êtes innocente, je ne vous laisserai pas enfermer, je conclus avant de lui tendre la main pour serrer la sienne.
- À la prochaine fois, monsieur Sébastien. Essayez d'éviter toute sorte de problèmes. Ça peut vous êtes très bénéfique.
- D'accord madame.
Je fais signe au gardien de m'ouvrir la porte.
Je sors du centre correctionnel et j'envoie un message texte à mon ami Ryan pour qu'il me rejoigne chez ma mère.
***
Je descends de ma vieille voiture et je me dirige vers la maison de mon enfance. Je ne sais pas pourquoi, mais, aujourd'hui, je tenais particulièrement à voir ma mère et ma petite sœur. Peut-être, c'est parce que je suis sérieusement en train de penser à quitter la ville.
Ma décision n'est pas encore prise. J'ose espérer en voyant ma mère et ma sœur, je pourrai enfin me décider.
- Allo? Je crie en entrant dans la maison laissée ouverte.
Personne ne me répond.
- Il y a quelqu'un? Je demande.
Toujours aucune réponse. Je fais le tour de la maison, en espérant mettre la main sur la femme qui m'a mise au monde, mais elle n'est nulle part.
Je sors dans le jardin. Ma mère est allongée sur une chaise longue, des lunettes de soleil dans les yeux, un magazine Hollywood dans les mains et une... Margarita?
J'explose de rire.
Ma génitrice glisse doucement les lunettes de soleil sur son nez fin et pointu.
- En voilà une surprise! Elle dit en me voyant.
- Bonjour, maman, je la salue toujours en riant.
- Est-ce que c'est ma tronche qui te fait rire comme cela? Elle me demande.
- Non, je réponds en arrêtant de rire. C'est tout cela, je l'informe en pointant ses vêtements, son magazine, ses lunettes de soleil et son cocktail. On dirait que tu te penses sur une plage à Malibu.
- Je pense, en effet, que je suis sur une plage à Malibu, elle me répond un grand sourire aux lèvres.
Je m'avance et je m'assois à ses côtés après l'avoir embrassée tendrement.
- Dure journée? Je l'interroge.
- Dure semaine, elle spécifie. Que me vaut l'honneur de cette visite? Elle me demande.
- Je voulais vous voir Lana et toi, je réponds sincèrement.
Elle me regarde longtemps.
- D'habitude, tu nous appelles!
- Oui, mais là, mère, j'ai vraiment besoin de voir ma famille. Où est Lana?
Elle me regarde longuement avant de répondre.
- Ben l'a emmenée s'acheter un skateboard. C'est la nouvelle mode à l'école, elle m'explique.
- Elle va bien?
- Elle va parfaitement bien, Lili. Je vais te préparer un petit cocktail et quand je reviendrai, tu me diras ce qui ne va pas!
- Mère tout va bien.
Elle ne fait pas attention à ma réponse et rentre dans la maison. Je sais d'avance que je ne pourrais pas ne pas parler de l'offre d'emploi. Ma mère est très perspicace et d'une manière ou d'une autre, elle va me faire cracher le morceau.
Je décide, de ce fait, de la suivre à l'intérieur. Le soleil est ardent et je veux vraiment me mettre à l'ombre.
- Maman, tu n'as vraiment pas besoin de me faire un cocktail, je vais te parler.
Elle lâche tout ce qu'elle prenait et elle s'avance vers moi en souriant.
- Bonne fille!
Je souris.
- Je... j'ai reçu une offre d'emploi incroyable.
Je vois son visage s'illuminer.
- Mais, c'est génial! Elle dit en me prenant dans ses bras.
Elle me relâche et me demande de détailler l'offre.
- On m'a demandé d'être associé dans un gros cabinet.
Son visage se décompose carrément.
- Oh, mon Dieu, elle répète près d'un million de fois. Associé, déjà?
Je secoue ma tête en souriant.
- C'est merveilleux Lili! Elle s'exclame. Les associés se font beaucoup d'argent, n'est-ce pas?
- Beaucoup plus que le salaire de misère que j'ai en ce moment, je spécifie.
Elle prend mon visage dans ses mains.
- Ton père serait tellement fier de toi, mon bébé! Tu n'as pas idée à quel point, moi, je suis fière!
Elle embrasse ma joue.
- Je ne sais pas...
Elle lâche mon visage et recule doucement. Son visage passe de contente à je ne comprends plus rien.
- C'est à Toronto, maman.
Elle reste en silence un moment.
- Et alors? Elle finit par me dire. Qu'est-ce que ça change le fait que ça soit à Toronto? Il y a quoi qui te retient ici?
- Vous, ma famille, je lâche sans réfléchir.
Elle sourit.
- Tu as quitté la maison depuis tes 18 ans Lisa, tu ne viens que pour les anniversaires et les autres fêtes. Je pense que tu pourras encore venir pour ces occasions. Toronto n'est qu'à...
- Six heures de route, je la coupe. Comment ferai-je, quand je vais vouloir passer à l'improviste pour voir Lana?
- Tu ne passes pas à l'improviste pour la voir. Je l'amène à l'improviste chez toi, elle spécifie.
- Bien, tu ne pourras plus faire ça!
- Pourquoi ça? Elle me demande.
- Parce que ma maison sera à six heures de route d'ici! Je ne la verrai pas grandir.
- Si tu tiens tellement à la voir grandir, je pourrai volontiers te l'emmener pour les vacances d'été. Elle pourra passer toutes les vacances avec toi.
Je ne réponds rien. Ma mère souffle.
- Chérie, tu as travaillé tellement dur pour en arriver là! Je pense sincèrement qu'être associée à 26 ans est ta récompense. Ne te défile pas, fais le bon choix. Lana ira bien, sa mère est encore jeune et en santé!
Elle sourit.
- Alors, tu ne veux toujours pas que je te prépare un cocktail ? elle m'interroge.
Je me connais. Si je prends un cocktail, je vais vouloir en prendre un autre, et encore, un autre, jusqu'à n'en plus finir.
- Non, merci maman. J'attends Ryan, il doit passer.
Je vois ma mère baisser les yeux quand je parle de Ryan.
- Oh, d'accord ! elle dit sans me regarder dans les yeux.
Je fronce les sourcils et je racle ma gorge pour attirer l'attention de ma mère. Je croise les bras sur ma poitrine et je la regarde dans les yeux.
- Quoi ? elle demande de manière innocente.
- Qu'est-ce qui se passe avec Ryan ? je questionne.
- Il...il...absolument rien. Il n'y a absolument rien !
Je reste dans la même position.
- Je ne veux pas que tu te sentes mal, elle lâche soudainement.
- Pour quelles raisons suis-je censée me sentir mal ? Maman, qu'est-ce que tu me caches ?
Elle soupire longuement.
- Je sais que Ryan et toi, c'est de l'histoire ancienne. Mais, je pense que si je te dis ce qui se passe ça va quand même te blesser.
- Comme tu l'as dit maman, c'est de l'histoire ancienne. Je n'ai plus aucun sentiment pour lui. Alors, tu peux me dire ce qu'il y a.
- D'accord, elle commence avec précaution, sa nouvelle petite amie est enceinte.
- Oh...wow, je lâche déboussolée. Je...je suis contente pour eux, je dis le plus sincère que possible même si ça a sonné faux.
- Tu vois, je t'avais dit que ça allait te blesser ! Ma mère se plaint en venant m'enlacer.
- Je ne suis pas blesser, je suis juste choquée, je spécifie.
- Bébé, je suis ta mère et je sais quand tu es blessée. Il est passé à autre chose, il est heureux, pendant que toi, tu te tues au boulot.
- Je suis heureuse aussi. Tiens, il y a de cela deux semaines, je suis sortie prendre un verre avec un charmant homme. Je pense qu'il pourrait avoir quelque chose entre nous, je mens à ma mère.
- Ah oui ? Elle lâche, pas convaincue du tout. Je peux le rencontrer ? elle me demande.
- Non ! je réponds brusquement.
Ma mère me regarde comme-ci j'étais la plus grande des menteuses. Ce que je pourrais vraiment être.
- Non, je reprends calmement. On avance doucement dans notre...relation. Je ne voudrais pas l'effrayer en le présentant à ma famille aussi rapidement, je continue de la mentir.
Ma mère ouvre la bouche pour répliquer, mais la voix de Ryan l'interrompt.
- Il y a quelqu'un ? ce dernier demande depuis le salon.
- Dans la cuisine, je lui fais savoir.
Il vient vers nous. Il embrasse ma mère et ensuite, il m'embrasse moi.
- Toujours aussi jeune et belle, il complimente ma mère.
Je lève les yeux en l'air. Un vrai charmeur, celui-là.
- Arrête donc, Ryan, la coquine, des fois connue sous le nom de ma mère, répond à Ryan en le touchant.
- Sérieusement ? Je lâche.
Ma mère arrête de sourire et me regarde.
- D'accord, je vous laisse discuter. À bientôt Ryan !
- À bientôt, Laurane.
- Félicitation ! je lui dis une fois ma mère hors de notre champ de vision.
Il me regarde confus.
- Pour le bébé, je spécifie.
- Oh, ça ! Merci ! C'est pour cela que tu m'as demandé de te rejoindre chez ta mère ? il me demande.
- Bien sûr que non ! Je travaille sur un dossier et j'ai besoin de ton aide.
- Quel dossier ?
- Le vol dans le dépanneur.
Il fait une grimace.
- Lili, ce gamin est déjà dans le pétrin, tu ne peux rien y faire.
- J'ai juste besoin que tu me trouves son dossier. Je conclurai moi-même s'il est un cas désespéré.
Il lève les mains en l'air.
- À vos ordres, madame! Je ferai en sorte de t'envoyer le dossier ce soir.
- Merci Ryan.
- Bon, je n'ai pas fini ma journée. Je dois te laisser.
Il se lève et commence à s'en aller.
- Ryan, tu l'aimes cette fille ? je le demande.
Il soulève ses épaules.
- Ça n'a plus d'importance. Elle porte mon enfant, il dit avant de s'en aller.
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