Chapitre 4
- Puis-je vous inviter à souper? Il me demande.
Je suis surprise.
- Pourquoi? Vous avez eu...je me tais et me contente de continuer à ramasser mes affaires.
- Ce n'est qu'un souper d'affaires.
Je le regarde encore une fois. Je ne comprends pas ce qu'il dit.
- En fait, je veux vous proposer un travail. Vous êtes commis d'office en ce moment et vous risquez de le rester pendant un bon moment. Je vous offre la chance d'être un vrai avocat dès maintenant.
Il sort une carte de sa poche. Je peux supposer que c'est sa carte de visite. Il prend un stylo et écrit quelque chose dedans.
- Soyez à l'heure. Je n'aime pas attendre, il lâche avant de prendre sa valise et de s'en aller.
Je regarde la carte.
« Madison, 19h »
***
Je regarde ma robe classique noire dans le miroir. Je m'assure que l'étiquette est bien cachée puisqu'il me faut remettre cette robe demain matin, mine de rien.
J'arrange mon chignon serré et mets une autre petite touche de brillant à lèvres nude sur mes lèvres.
Je regarde ma montre. Il est déjà 19h15.
Je souris. Personne ne me donne de pression dans la vie. Je suis une gagnante. Je suis celle qui donne les pressions, pas le contraire.
Malheureusement, maître Davis ne l'a pas compris.
J'ai peut-être perdu une partie de ma dignité en ayant couché avec lui, sans savoir qui il était, mais je n'ai pas l'intention de complètement perdre tout restant de dignité.
Je sors de la toilette du Madison et je me dirige vers la réception.
- Rebonjour, je salue le réceptionniste à qui j'ai demandé la direction de la toilette tantôt. Maintenant, je suis prête pour aller voir M. Davis, je l'informe avec mon plus beau sourire.
- Parfait! Vous pouvez me suivre.
Il me conduit effectivement vers mon adversaire. Ce dernier n'a pas l'air très content de me voir arriver une vingtaine de minutes plus tard.
- Je vous avais prévenu que je n'aime pas les retardataires !! Il me signale.
- Écoutez M., j'ai peut-être eu l'air faible quand je vous ai rencontré dans les bureaux de vos clients, mais sachez que je ne le suis pas! Je ne me fais pas dire, même pas par un avocat beau et riche, ce que je dois faire. Je décide si oui ou non je veux être à l'heure lors d'un rendez-vous! Et maintenant, je sais que vous n'avez plus l'intention de me faire une offre d'emploi, car vous me trouvez insolente. Ce n'est pas grave. Je suis même ravie puisque ça coupe court à ce rendez-vous. En d'autres mots, je peux m'en aller chez moi m'enlever cette robe avant que du vin rouge lui tombe dessus. Ce qui signifierait que je ne pourrais plus le rapporter au magasin. Ce fut un bon préprocès. Je suis contente que nous ayons pu trouver une entente avant d'aller dans un procès officiel. Bon souper! je conclus en me levant et en le tendant la main pour m'en aller.
Il regarde longuement la main que je lui tends. Ensuite, il me regarde droit dans les yeux et souris.
Je fronce les sourcils ne comprenant aucunement pourquoi il rit.
- Je suis désolé de vous dire cela, mais l'offre tient toujours. J'en suis vraiment désolée, mais votre robe risque encore d'avoir du vin rouge sur elle. Je ne voudrais pas vous dire quoi faire, mais je voudrais vous faire l'offre d'emploi et je pense que vous seriez mieux assise pour que nous en parlions. Bien sûr, c'est à vous de voir.
Il boit une gorgée de vin. Je le regarde toujours les sourcils froncés. Je me rassois.
- Je ne comprends pas pourquoi vous tenez toujours à me faire cette offre d'emploi. Est-ce un moyen de coucher encore avec moi?
Il avale de travers son vin. Il passe une main sur son costume pour enlever les éclaboussures de vin qui s'est rependu.
- Vous, les femmes québécoises, êtes aussi directe dans toutes vos paroles ou il n'y a que vous qui êtes de cette manière?
- Je ne pourrais vous répondre, je lui dis en soulevant les épaules.
Un serveur avance vers nous et nous demande si nous sommes prêts à commander.
- Revenez dans une quinzaine de minutes, Davis déclare.
Je ne compte rien commander dans ce restaurant. J'ai mené ma petite enquête avant de venir ici. Même une petite salade peut payer un plombier pour arrêter la fuite d'eau dans ma cuisine.
Le serveur me verse un peu de vin rouge dans mon verre avant de s'éclipser.
- Et il a fallu que ça soit du vin rouge, je murmure dans ma barbe avant de prendre une gorgée.
Il faut profiter de tout ce qui est gratuit dans la vie malgré les risques encourus!
- Qu'est-ce que vous voulez manger? Davis me demande.
- Ne sommes-nous pas supposés de parler affaire? Je le demande à mon tour pour détourner la conversation sur le fait que je ne veux pas et que je ne peux pas commander dans ce restaurant.
- Oui, mais je vous ai aussi invité à souper. Je voulais avoir une petite tête à tête avec vous, depuis que vous vous êtes éclipsée au petit matin de ma chambre d'hôtel. Je voulais vous préparer un petit déjeuner ce jour-là.
- Pour me remercier d'avoir couché avec vous? Je le questionne.
Il recule un peu sur sa chaise.
- Vous êtes une femme très compliquée maître Lisa Roy, il m'informe.
- On me le dit souvent.
- Non, je ne voulais pas vous remercier d'avoir couché avec moi. Je ne vous ai pas fait de faveurs, vous ne m'en avez pas fait. Je voulais juste avoir la présence d'une belle femme à mes côtés pour déjeuner.
Je souris face à cette remarque.
- C'est gentil, je réponds en français.
- Ce n'est que la vérité. Alors, s'il vous plaît acceptez de souper avec moi.
- Vous êtes un homme très mystérieux.
Il fronce les sourcils.
- Comment ça? Il me demande.
- Je ne sais pas. On dirait que vous avez plusieurs visages. Vous aviez un visage, ce soir-là dans ce bar, mais une autre lors de notre rencontre dans la compagnie lait pur et aussi lors du procès. Et maintenant, on dirait bien que vous avez retrouvé le visage du bar.
Il sourit.
- Je sais être professionnel quand il le faut. Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous désirez manger ce soir.
Je soupire. On dirait bien que je vais choisir de manger une salade à la place d'appeler un plombier pour cette maudite fuite d'eau!
- La salade au chou chinoise m'a l'air délicieuse. C'est ce que je vais prendre.
Car, c'est seulement ce plat qui ne me laissera pas sans abri.
- D'accord. Je prendrai bien la même chose.
Il fait signe à un serveur de venir et commande.
- Pourquoi voulez-vous engager une commis d'office? Je le demande pendant que nous attendons.
- Parce qu'elle a du potentiel. D'ailleurs, je voulais vous féliciter pour votre performance aujourd'hui. Vous aviez bien préparé votre cliente.
- Je ne pense pas que c'est grâce à moi. Ma cliente a laissé sortir ses cris de mère et ça a apporté fruit.
Davis sourit.
- Vous êtes une mère, je suppose.
- Oh non, non, non!
Il fronce les sourcils.
- Les enfants ne sont pas pour vous? Il me demande.
Je le trouve indiscret, mais je veux quand même lui dire ma pensée sur les enfants.
- Je veux des enfants. J'en veux d'ailleurs une douzaine.
Davis rit.
- Sauf que j'attends le bon moment. J'attends d'être stable dans ma vie, avant de pouvoir m'engager et former la famille nombreuse que j'ai toujours désiré.
- Ambitieuse dans sa vie et dans sa carrière, il dit un sourire en coin.
- Et vous, M. l'avocat. Vous en avez combien à ce jour?
Il rit.
- Vous me prenez pour un joueur?
- Oui, je réponds sincèrement, compte tenu du fait que vous m'avez invité dans votre lit seulement après quelques verres. Je peux supposer que vous faites cela tout le temps et dans différents pays.
- Vous étiez ma première, il me fait savoir.
Je ris, mais il est sérieux.
- Eh bien, désolée de vous avoir jugé trop rapidement. Et si ça peut vous rassurer, vous étiez mon premier aussi.
- Je suis rassuré, il dit en souriant.
Le serveur arrive enfin avec le plat qui va me laisser faucher cette semaine. Il nous serre, remplit nos verres de vin et dispose.
- Vous en voulez combien? Je le demande avant de goûter la fameuse salade.
Sincèrement, elle n'a rien de majestueux. Alors, je ne comprends pas pourquoi elle coûte 15 fois plus que celle du super marché.
- Je ne sais pas. Je n'ai pas d'objectif.
Sa réponse me surprend. Il a plutôt l'air calculateur, maniaque.
Nous finissons de manger la salade en silence. Une fois terminée, Davis me tend un dossier.
- Voici mon offre.
- D'accord, je dis hésitante.
Je ne veux pas sortir de mon travail commis d'office pour aller être assistante dans un cabinet. Je préfère rester indépendante et défendre du monde, au lieu d'aller chercher du café et surveiller des clients.
- Je vous offre la chance d'être associée...
Je n'écoute même plus le reste de sa phrase. Il a dit associée. Il a parlé d'être associée. Moi, associée?
- Vous avez dit associée? Je le demande incertaine.
- Oui associée.
Qui qui voudrait engager une avocate commis d'office pour être associée?
- Dans notre cabinet, il n'y a pas de hiérarchie. De plus, nous sommes que trois. Nous avons besoin d'aide et nous voulons donner une chance de succès à un très bon avocat. Je trouve que vous êtes la candidate idéale.
Je commence à rire nerveusement. Il y a surement un piège.
- C'est quoi le piège dans cette offre? Je le demande directement.
Il respire.
- Notre cabinet se situe à Toronto, il lâche. C'est le seul inconvénient. À part cela, notre cabinet est bien. Vous n'aurez pas de patron, vous aurez le même salaire que les autres associés.
- Vous parlez de combien d'argent? Je demande brusquement en le coupant.
- Tout dépend de l'affaire que nous avons à traiter. Le moins cher que nous avons eu à faire était de 8 000$ par associés.
Je me retiens pour ne pas crier de surprise. Je ne réponds rien.
- Comme je disais, vous n'aurez pas de patron, vous aurez des heures flexibles et vous pourrez vous faire un nom, une réputation grâce à notre cabinet. Toutes les conditions d'engagements et le contrat sont dans ce dossier. Vous avez une semaine pour réfléchir. Vous pouvez me contacter quand vous voulez.
Je ne peux pas le nier, il s'agit de l'offre d'une carrière. Mais, est-ce que je suis prête à quitter ma ville natale pour aller vivre à Toronto, où je serai livrée à moi-même?
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