Chapitre 20

Alors, petit cachotier, tu es parti au Québec? Je pensais que tu étais restée terrer dans ta baie vitrée! Elle reproche à Davis.

- Gilles, nous sommes à un rendez-vous en ce moment, tu gâches tout.

- Quoi? Tu as honte de ta famille? Je suis sa mère de substitution, elle m'avoue tristement.

Davis cache son front avec sa main et secoue doucement la tête de gauche à droite.

- Vous ne gâchez rien, du tout! Je dis rapidement.

- Chérie, pas de vous entre nous. Je vous laisse à votre rendez-vous. Votre commande s'en vient bientôt. C'est la maison qui offre chérie, elle me dit. Toi par contre, fils ingrat, tu paies ton plat, elle dit à Davis avant de s'en aller.

- Je m'excuse de t'avoir emmené là, il me dit une fois la vieille dame hors de notre champ de vision.

- Je suis contente que tu m'aies emmené ici, je réponds avant de l'embrasser longuement.

Je suis vraiment heureuse qu'il me laisse rentrer dans sa vie intime, de voir les gens qu'ils aiment, parce que oui, Davis aime cette bonne vieille serveuse. Ça ne fait qu'accélérer le processus que j'évite depuis la seconde que je l'ai rencontré : tomber amoureuse de lui.

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- J'ai passé une merveilleuse soirée, je lui fais savoir après l'avoir embrassé tendrement.

C'est la vérité. La soirée était parfaite. Il n'y avait rien d'extravagant, juste lui et moi dans un restaurant plus proche d'un deux étoiles qu'un trois étoiles. Évidemment, l'homme doux et charmant était au rendez-vous, mais un homme simple, rieur et aussi joueur était là. De nouvelles facettes de lui, que je n'avais jamais encore vu, soit parce que nous agissions de façon professionnelle ou parce que nous étions occupés à nous nous dévorer.

Aujourd'hui, il n'était ni mon collègue ni mon amant. Il était un homme qui me fascinait...et qui me fascine jusqu'à maintenant. Un homme dont je passerais toute la soirée à écouter parler.

- Tant mieux, il me dit en serrant ma main dans la sienne. Est-ce que je peux monter prendre un dernier verre? Il me demande avec son parfait sourire en coin.

Je ris doucement en secouant la tête de droite à gauche et je m'éloigne de lui.

- Mr D, je ne couche jamais avec quelqu'un dès le premier rendez-vous, j'affirme faussement offusquée.

- Mr D, hein?

- Longue histoire...en fait, non! Histoire gênante.

- J'adore ce genre d'histoire.

Je mets mes deux mains sur mon visage pour le cacher. Il retire doucement mes mains.

- Ça ne doit pas être si pire, il me dit.

- Je ne me souvenais pas de ton nom...tu sais...après qu'on est couché ensemble pour la première fois. Je me souvenais juste que ton nom commençait par un D. Alors, je t'ai nommé Mr D.

Il sourit et embrasse ma main.

- J'aime bien!

- Tant mieux parce que je déteste « Dave »!

- Pourquoi? Il me demande surpris.

- Tu vois, le principe derrière le surnom c'est de trouver un nom complètement improbable, voire même drôle qui dérive du nom principal. Toutefois, Dave n'est pas un nom improbable ni drôle, c'est même un vrai nom.

- C'est absurde!

- Pas du tout! La preuve, mon surnom c'est Lili!

- Leyley?

Je souris.

- Un jour, tu seras capable de le dire.

Il m'embrasse encore une fois la main.

- Certainement, il m'affirme. En attendant, tu resteras « amour »!

Je souris.

Amour est le surnom qu'il me donne dans de rares occasions, comme dans les moments de consolation, de réconfort, de tendresse ou quand il me fait l'amour. Un surnom qui a tendance à me faire perdre la tête et que j'aime extrêmement.

- Ça me convient parfaitement, je réponds avant de me mordre la lèvre inférieure.

- Ne fais pas ça! Il me supplie presque.

- Ne fais pas quoi? Je demande perdue.

- Ne te mords pas la lèvre comme tu le fais. Je ne pourrais pas m'empêcher de te dévorer. Je tiens à respecter ta volonté de ne pas coucher avec toi dès le premier rendez-vous!

Je souris de plus belle. Le Davis joueur est la personne la plus excitante que je connais. L'entendre m'avouer qu'il veut me dévorer fait en sorte que je veux absolument qu'il le fasse. Mais, j'essaie d'éviter cela. C'est ma façon de me reprendre pour avoir couché avec lui dès la première fois que je l'ai rencontré, même si cela ne fait aucun sens.

- Je ne le ferai plus, je dis docilement.

- Parfait! Il répond en embrassant une énième fois ma main.

Je me retourne vers la fenêtre pour regarder les premiers flocons de neige tombés. Le décor que j'ai devant moi est idyllique. Une image qui incite à embrasser la personne que l'on...que l'on apprécie beaucoup.

Je me retourne vers lui, pour le regarder. Ses yeux sont clos, ses sourcils froncés et son nez dilaté.

- Eh, ça va?

Il ouvre doucement ses yeux et me regarde.

- Oui, il répond en français.

Je me retourne sur le siège pour lui faire complètement face.

- Cet après-midi, tu étais fâché, je commence doucement, puis-je savoir pourquoi?

Il passe nerveusement sa main dans ses cheveux noirs et les décoiffe au passage. Je le regarde faire nerveusement. Sa nervosité me rend nerveuse. Il ne répond rien.

- Si c'est au sujet du travail, j'exige de savoir puisqu'on est associé, mais si c'est personnel et tu ne souhaites pas en parler, ne te forces pas!

Cela m'étonnerait beaucoup que ça soit personnel. Ce soir, Davis m'a parlé ouvertement de sa vie personnelle. Il m'a avoué que sa famille l'a déshérité, d'où son absence de nom de famille. Il m'a avoué n'avoir aucun contact avec ses frères, ses cousins et d'autres membres de sa famille depuis plusieurs années. Seule sa mère l'appelle pour lui souhaiter soit un bon anniversaire ou une bonne année. Bref, il m'a tout avoué. Alors, il n'y a aucune chance que son énervement d'aujourd'hui soit dû à quelque chose de personnelle.

- Matias et Alice ont fouillé dans ton passé. Ils ont tout sur toi.

- Ok, je lâche abasourdie.

- Ils voulaient s'assurer qu'il n'y a rien d'utilisable contre toi et contre le cabinet si un individu mettait à fouiller dans ton passé.

- Vous avez tout trouvé sur moi? Je demande indignée.

- Je présume! C'est Khalid qui a fait les recherches.

J'enlève ma main de sa main et je fonce les sourcils. J'essaie de réfléchir, mais tout ce qui se passe dans ma tête c'est une répétition de ses dernières phrases.

- Je ne comprends pas, je finis par dire à moi-même. Vous auriez pu me demander directement, je le reproche. Je n'ai rien à cacher. Je ne compte rien cacher ni à toi ni à eux.

- Amour, je...

- Arrête ça! Je le coupe.

Il se tait et respire bruyamment. Mon cerveau recommence à fonctionner normalement.

- 26 mai 2008, tu sais ce qui est arrivé, n'est-ce pas?

Je ne le laisse pas le temps de répondre et j'enchaîne.

- Mon père est décédé après qu'un homme ivre-mort lui est rentré dedans avec son Pick-up. Situation ironique compte tenu du fait que lui aussi était un alcoolique. Mais, ce jour-là et plusieurs jours avant cet accident, il avait arrêté de toucher à l'alcool pour se préparer à l'arrivée de ma petite sœur.

Je ravale un sanglot qui menaçait de monter à la surface. En ce moment, je suis très fâchée contre les membres du cabinet, mais encore plus contre l'homme à qui je m'adresse présentement. S'il y a quelque chose que j'évite toujours, c'est de paraître faible quand tout ce que je veux que mon interlocuteur voie est ma rage!

- Il était parti prendre une marche parce que lui et moi avions eu une grosse dispute concernant mes fréquentations et comment j'agissais mal depuis quelques temps. Alors, oui je suis responsable de la mort de mon père. Je suis celle qui a fait en sorte qu'une merveilleuse petite fille grandisse sans un père qui l'aimait énormément avant même qu'elle soit née. Je présume que tu sais tout ça puisque je suis sûre que vous avez mis la main sur mon dossier psychologique. Je présume aussi que tu es au courant de toutes les mauvaises personnes que j'ai fréquentées, du nombre de fois que j'ai été ivre-morte, du nombre de fois que j'ai fumé de l'herbe dans mon adolescence et j'en passe!

Je respire profondément.

- Le 26 mai 2016, j'allais noyer ma culpabilité dans l'alcool comme je le faisais à chaque année quand tu es rentré dans ma vie. Tu aurais pu juste me demander de vider mon linge sale. Je l'aurais fait parce que je tiens énormément à toi et parce que j'ai besoin que tu voies le vrai moi, je conclu en le regardant droit dans les yeux.

Sans ajouter un mot et sans le laisser le faire, je descends de sa voiture et je rentre dans mon appartement avec un sentiment de trahison.

***

- Pas celui-là, putain! Je m'énerve, seule, dans mon bureau.

Mon week-end était affreux. Je n'arrêtais pas de penser à Davis, malgré que je me sois tenue occupé pendant la plupart du temps. Faut aussi avouer que ses appels et ses messages textes ne m'ont pas aidé à rester concentrer sur mes autres tâches.

Par moment, j'ai l'impression de dramatiser la situation. Ils ont fait des recherches sur moi et alors? N'en avais-je pas fait sur eux? Oui. Mais, je me rappelle que moi, je n'ai cherché qu'à avoir des informations concernant leur parcours professionnel et non de fouiller dans leur vie privée, depuis leur naissance jusqu'à ce moment.

Et puis, je suis quelqu'un d'honnête. J'ai une obligation de dire tout ce qui est vrai ou de m'abstenir. Je ne m'abstiens seulement en situation de vie ou de mort, de peine ou de bonheur. Je n'ai pas révélé à ma mère ce qui s'était passé entre Ryan et moi parce que je sais à quel point ça la blesserait, compte tenu du fait qu'elle adore, et ce n'est pas un euphémisme, Ryan. Je ne l'ai jamais menti. Je l'ai toujours avoué que Ryan avait brisé mon cœur. Je ne suis juste pas rentrée dans les détails pour un mieux...son mieux.

La situation est totalement différente ici. Malgré tous les remords que je peux avoir concernant certaines actions de mon passé, je les assume et je fais d'eux des leçons de vie. Aussi pénible que cela aurait été pour moi, j'aurais volontiers parlé de mon passé à mes collègues pour le bien de l'entreprise.

Si je suis fâchée en ce moment, je ne pense même pas que c'est parce que mes collègues ont fait ses recherches. Je suis fâchée parce que Davis a lu ses informations. On a couché ensemble tellement de fois que je ne peux même pas compter. Il me connaît si intimement, qu'est-ce qui l'a empêché de venir me parler de ses informations trouvées avant de les lire? Il y a des milliers d'informations qui circulent sur internet et dans quelques presses écrites qui le concerne, pourtant je n'en ai lu aucun. J'ai attendu qu'il me parle lui-même de sa vie personnelle. Pourquoi n'y a-t-il pas attendu mon tour pour tout lui avouer?

- Et puis merde! Je jure en fermant un nouveau dossier. Pas celui-là!

Si je ne me trouve pas un nouveau dans les prochaines minutes pour déverser ma rage, je ne sais pas comment je vais survivre à cette journée. J'ai énormément besoin de quelque chose pour dépenser mon énergie. Un bon dossier, je ne demande que cela!

J'éloigne rageusement le dossier et j'en prend un autre. Avant de l'ouvrir, quelqu'un frappe à la porte de mon bureau.

Je respire longuement avant d'autoriser la personne à pénétrer dans mon espace.

- Bonjour Lisa. Tu es matinale.

- Bonjour Alice, je réponds simplement.

- Écoute Lisa, elle commence en s'approchant. Matias, Khalid et moi sommes désolés de nous être initiés dans ta vie personnelle. Mais, nous devions...

- Mais, vous auriez dû me demander avant! Je la coupe très calmement mais fermement.

- Je sais, mais cela aurait été gênant de te demander de nous parler de ta vie privée.

- Je pense que c'est pire de partir trouver des informations derrière mon dos. Nous sommes associés. Je sais que nous ne nous connaissons pas depuis longtemps, mais vous auriez dû venir me voir, puisqu'en tant qu'associé le bien du cabinet me concerne aussi!

- Tu as totalement raison. Je m'excuse...sincèrement. Quand Matias et Khalid seront au bureau, ils viendront s'excuser eux aussi, ne t'inquiètes pas.

Je ne réponds rien, alors elle commence à faire le chemin de sa venue en sens inverse.

- Tu peux être fâchée contre nous...elle me dit en s'arrêtant et en se retournant vers moi, mais Davis n'y est pour rien. Il n'a même pas accepté de consulter le dossier que l'on a sur toi. Je sais qu'il y a quelque chose qui se passe entre vous deux, je ne voudrais pas que nos actions ruinent tout entre vous.

Sans me laisser le temps de répondre, elle sort du bureau et ferme la porte derrière elle.

J'ai passé tout le week-end à ignorer Davis...tout le week-end.

Je l'ai aussi accusé de trahison! 

***

(Une suite vous attends tout de suite!)

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