Chapitre 18


- Merci d'être venu en urgence, j'entends Davis dire à l'inspecteur.

Je continue de nettoyer le désordre que j'ai créé. L'inspecteur murmure un ''c'est normal'' avant que la porte ne se referme.

Je sens soudainement le regard pesant de Davis dans mon dos.

- L'alcool fait toujours de l'effet? Il me demande. Parce qu'on doit sérieusement parler.

Je me lève avec une pile de dossiers dans la main et je me dirige vers le petit coin bureau, complètement à l'opposé de Davis.

- De quoi veux-tu que l'on parle? Je le demande distraitement en rangeant soigneusement les dossiers.

- Tu dois quitter ce quartier! Il m'ordonne. Il est dangereux.

Je prends une pause et je recommence à ranger quelques secondes plus tard.

- Merci d'être venu jusque chez moi pour t'assurer que je vais bien. Merci aussi de m'avoir réconfortée, mais là, tu peux t'en aller, je réponds sans le regarder.

- Pourquoi es-tu aussi têtue? Tu ne vois pas que ce quartier est dangereux? Quelle preuve il te faut de plus? Si c'est l'argent...

- Ce n'est pas l'argent, Davis! Je réponds énervée en me retournant pour lui faire face. Vous, les hommes riches, pensez toujours que l'argent est toujours au centre de tout. L'argent n'est pas un problème. Et des quartiers comme ceux-là, j'ai vécu dedans toute ma vie.

- Tu t'étais déjà fait attaquée dans l'un d'eux? Il me demande visiblement énervé lui aussi. Tu ne vois pas que je te dis ça pour ton bien? C'est pour ton bien, Lisa.

Je commence à rire à gorge déployée.

- Tu sais, quelqu'un m'a dit exactement la même chose, il y a deux ans. C'est pour mon bien. Mais tu veux savoir? Je pense que c'est surtout pour que je fasse ce que vous me dites de faire, pour vous faire plaisir, je crache. Après quand moi je suis malheureuse, vous savez ce qui arrive? Vous, vous continuez à vivre votre vie.

Je passe ma main rageusement sur mon visage pour essuyer des larmes qui ont commencé à couler.

- Par amour, pour lui, je me suis faite avortée. Parce qu'il m'a convaincu qu'un enfant ne serait pas une bénédiction, qu'au contraire, il ralentirait ma carrière, sa carrière et notre vie à deux. Je voulais cet enfant plus que tout au monde, mais je l'aimais encore plus. J'ai mis de côté ce que je ressentais pour ce petit être qui n'était pas encore né et j'ai sauvé mon couple. Je me disais que l'on serait nous deux pour toujours, qu'on pourrait avoir tous les enfants que l'on voudrait dans quelques années. Mais la culpabilité d'avoir tué cet enfant me hantais à chaque jour de ma vie. Ça me hante encore, j'avoue en secouant la tête avant d'essuyer les larmes qui rendent ma vue trouble. Tu sais ce qu'il m'a dit quand je lui ai fait part de ce que je ressentais par rapport à cet avortement?

Je secoue vigoureusement la tête en espérant que ce que je m'apprête à avouer s'en ira une fois dit.

- Il m'a regardé droit dans les yeux et il m'a dit que ce n'était pas si grave. Il m'a aussi dit que je devrais m'habituer parce qu'on n'aura pas d'enfants ensemble, en sous-entendant que si par malheur je tombais encore enceinte, j'aurais à avorter.

J'éclate en sanglots. Ça fait tellement mal d'y repenser...tellement mal.

Davis commence à s'approcher.

- Arrête! Ne t'approche pas s'il te plaît.

Je me tais pendant un bout de temps.

- Tu sais, je pense à toi à chaque seconde, je l'avoue beaucoup plus calme. Au travail, je dois fournir un effort surhumain pour ne pas t'embrasser, te toucher, te baiser. Je ressens ce que je ne dois pas ressentir pour toi. Tu as beau être un homme charmant, mais ça finit toujours de la même façon : moi, amoureuse, aveugle et prêt à tout faire. Je ne veux pas être cette personne là encore. Je ne veux pas être celle qui s'oublie par amour. Celle qui doit être ramassée à petite cuillère parce qu'elle a donné son corps et son âme à quelqu'un.

Je le regarde droit dans les yeux.

- Je ne peux pas laisser un homme me dicter mes actions. Je ne peux pas. Je ne peux plus faire ça. Aussi dangereux que ce quartier puisse être, je le quitterai quand moi je déciderai de le faire.

Avant de m'en rendre compte, il est devant moi et me prend dans ses bras.

- Je suis désolé, il chuchote.

Je me laisse aller dans ses bras. Je laisse couler mes larmes.

- Il va avoir une petite fille, Davis. Il va être papa, je dis en pleurant dans ses bras.

Il caresse doucement mes cheveux.

- Toi aussi, tu peux être maman.

- Et si je ne peux pas justement? Et si je suis maudite parce que j'ai tué mon bébé? Et si Dieu...

- Dieu ne va pas priver une merveilleuse future mère comme toi de tes milliers d'enfants! Ça serait un crime! Il lâche avant de m'embrasser les cheveux.

Je souris, malgré mes larmes.

***

- Oh mon Dieu, Lisa, Davis m'a raconté ce qui t'es arrivée. Je suis tellement désolée, l'avocate me dit en venant me prendre dans ses bras. Tu ne devrais pas être ici. Tu devrais rester te reposer, elle dit en finissant par me lâcher.

Matias reste en arrière, une expression compassionnelle attachée à son visage.

- Je me sens mieux maintenant, je réponds à Alice en essayant de la sourire. En plus, j'ai pris beaucoup de retard sur le dossier Dedes.

- Le dossier n'est pas aussi important que ton bien-être. Prends tout ton temps, on comprend.

Je ne fais que sourire pour éviter de répondre. Je ne voudrais pas paraître prétentieuse ou quoi que ce soit, mais je devais finir avec ce dossier depuis des jours. J'ai déjà pris deux jours de congés, c'en est suffisant! Je veux juste me remettre au travail et faire ce que je fais de mieux : gagner dans les conflits.

Alice me prend une dernière fois dans ses bras, avant de me laisser passer pour aller dans mon bureau. Matias me donne une tape amicale au passage et je disparais.

Retrouver mon bureau me fait un bien fou. Je contourne le grand bureau pour aller m'asseoir sur ma chaise. Un dossier assez énorme est placé au beau milieu du bureau avec un post-it attaché par-dessus.

« Voici toutes les informations que j'ai pu trouver sur l'administration du journal et le sénateur Stradford. J'espère que tu pourras trouver quelque chose d'important! »

Le génie en informatique a fait ses devoirs pendant mon absence. Ces informations ne pourraient pas mieux tomber. Il me fallait une nouvelle piste pour continuer, puisque je m'étais retrouvée face à un mur, après avoir consultés les articles de journaux de monsieur Dedes.

J'ai passé l'après-midi, enfermée dans mon bureau, à éplucher le dossier. La plupart des recherches faites me sont inutiles, voir une perte de temps. D'autres informations, quant à elles, me sont cruciales.

Je finis par sortir de mon bureau pour aller dans celui de Davis.

- Je sais ce qui s'est passé! je lâche en pénétrant dans son bureau.

Il était assis sur sa chaise, les sourcils foncés, le pouce et l'index attachés à son menton. Il relève la tête au ralentit pour me regarder.

- Parfait, assis-toi!

Je m'exécute.

- Alors, tu peux redonner son travail à Simmons? Comment? Il me demande en joignant ses deux mains ensemble, les sourcils toujours foncés.

Il semble énervé ou juste inquiet. Je meurs d'envie de lui demander ce qui ne va pas. Mais, c'est un moment patron et employé et non, un moment intime.

- Le journal avait un problème d'argent en 2012. Pendant cette période, le directeur a commencé à fréquenter le même club de golf que le sénateur Stradford. Quelques mois après, le sénateur et son avocat avaient un dîner dans un restaurant assez chic avec le directeur. Peu de temps après, le problème d'argent était reglé. Je suis sûr que Stradford possède une part de ce journal. Il ne me reste qu'à demander à Khalid de me trouver les traces de ce virement d'argent et...

- Pas besoin, il me coupe. Nous l'avions déjà! Bravo Lisa, tu as réussi. Allons rendre son travail à un vieux monsieur, il commence. Ça va me changer les idées, il ajoute plus pour lui-même qu'autre chose.

Une fois dit, une fois fait. On s'est dirigé vers ce qui me semble être l'une des plus belles maisons de cette ville. Je suis étonnée de voir la faciliter à laquelle Davis nous a emmené à cet endroit.

- Tu es prête? Il me demande en se garant.

Je secoue vigoureusement la tête. Je suis née prête!

Nous descendons de la voiture et nous nous dirigeons vers la magnifique propriété. Une femme blonde vient se mettre dans l'encadre de la porte.

J'arrête de marcher, surprise. Elle est devant moi. L'ex-femme de Davis est devant nous, encore plus magnifique que dans les photos.

Davis se retourne pour me faire face.

- Ça va? Il me demande inquiet.

- C'est ton ex-femme, je dis étonnée.

- Oui, c'est Carrie, il me répond comme si c'est normal qu'elle soit celle qui ouvre. On est venu parler à son père, tu te souviens?

Attends, quoi?

- Carrie est la fille du sénateur, Lisa. 

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