Chapitre 16
Je le regarde endormi sur mon lit avant de porter ma tasse de café à mes lèvres. Comme promis, il avait passé toute la nuit à me dire ce qu'il aimait chez moi. Nos relations intimes de la nuit n'avaient rien avoir avec tous ceux que nous avons eu depuis notre rencontre. Hier soir, il était doux. Il était attentionné, comme s'il voulait me montrer qu'il tenait à moi.
Après tout, quand il aime bien quelqu'un, il essaie de créer une relation sérieuse avec ce quelqu'un, non? C'est ce qu'il m'avait avoué. Est-ce que c'est ce qui va se passer maintenant?
Parce que je ne suis pas certaine que je sois prête pour cela. Je sais bien comment ça va finir. Ils finissent tous par se lasser de moi. Toujours!
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- Vas-tu agir comme si tu n'essaies pas de m'éviter depuis quelques jours? Il me demande en fermant la porte de mon bureau derrière lui.
- Je n'essaie pas de t'éviter, je réponds les yeux scotchés sur les articles du journaliste Dedes, à la recherche de toute disparité qui peut exister entre ses récents articles et ses anciens.
- Regarde-moi! Il ordonne.
- Davis, je n'ai vraiment pas le temps pour...
Il vient vers moi d'un geste rapide et me prend le menton pour me forcer à le regarder. Je commence à être tannée de ce réflexe qu'il a de me forcer la main. Sérieusement!
J'ouvre ma bouche pour lui faire savoir le fond de ma pensée, mais il me devance.
- Lisa, il commence avec le parfait accent.
L'entendre prononcer mon nom en français me radoucit un petit peu, mais je ne compte pas le laisser venir dans mon bureau, me déranger dans mes affaires, dire de manière sensuelle mon nom et ensuite déblatérer contre moi. Non! Il est hors de question que je laisse tout cela se passer.
- Tu n'agis pas de manière professionnelle en ce moment, je lui fais savoir en dégageant mon visage de ses doigts et en me levant de mon siège par la même occasion.
Je m'éloigne et je vais m'accoster au bord de la fenêtre.
- Je m'en fous pas mal de comment j'agis en ce moment, il lâche. Je veux juste que tu m'expliques pourquoi tu m'évites!
- Encore une fois, je ne t'évite pas! Tu peux comprendre que le dossier Dedes me prend tout mon temps!
- Qu'est-ce qui se passe? Il demande simplement, ses yeux bruns me transperçant l'iris.
- Davis! je lâche désespérée.
- Lisa! Il réplique.
Il place ses mains dans ses poches. Il affiche désormais une expression sérieuse.
- Parle-moi, il lâche dans une dernière tentative.
- Tu ne comprendras pas.
- Essaie...
Je ferme lentement mes yeux. Je respire un grand coup et je rouvre mes yeux.
- Je dois vraiment trouver ce qui cloche dans ce dossier, je finis par lui dire.
Il secoue sa tête et marche vers la sortie.
- Tu sais où me trouver, il dit avant de disparaître de mon champ de vision.
Je me rassois sur mon bureau et encore une fois, je plonge dans les dossiers du vieux journaliste. Il me faut trouver ce qui cloche dans ce dossier, mais pour le moment, je trouve que l'agence de presse avait toute leur légitimité pour virer Dedes. Il y a certainement quelque chose qui ne vas pas dans ce dossier.
- Bonjour, puis-je rentrer? Un jeune homme de mon âge qui se tient sous l'encadre de ma porte me demande.
- Oui, bien-sûr! Je réponds en me levant rapidement de mon siège pour serrer la main qu'il me tend une fois qu'il arrive à ma hauteur. Vous devez être monsieur Boukra, je suis enchantée.
- Moi de même, Mlle Roy! Mais, s'il vous plaît, appelez-moi Khalid.
- D'accord Khalid. Vous pouvez m'appeler Lisa.
- Lisa?
- Je peux m'y faire, je dis en souriant le voyant incapable de dire mon nom de la manière francophone. Vous pouvez-vous installer.
Il sourit à son tour et s'assoit. Je le suis.
- Comment puis-je vous aider Lisa? Il me demande.
- Eh bien, avant de commencer, je voudrais vous dire que je m'excuse de vous avoir fait venir au bureau. Je suis sincèrement désolée pour ça.
Il rit à gorge déployé.
- Ne vous inquiétez pas pour ça! Je suppose que l'on vous a mis au courant pour mes petites caprices.
Il rit encore une fois.
- C'est seulement un moyen pour m'amuser. À chaque semaine, je sors une excuse. Vous devriez voir la tête de Davis et de Matias.
Et il rit de plus belle. Cette fois, je pars dans son délire avec lui. C'est un jeune homme plein de vie. Je l'aime bien.
- Alors, si l'on oublie les excuses, pourquoi avez-vous besoin de moi? Il me demande sérieusement.
- Tout le monde dans ce cabinet m'a expliqué que vous êtes le meilleur informaticien de l'immeuble.
- De la ville, il me corrige sans retenue.
- Encore mieux! Je réponds excitée. Alors, je voudrais que vous me trouviez toutes les informations possibles sur l'agence de presse N9 et sur le sénateur Bradford.
- Ça fera beaucoup d'informations, il me fait savoir en fonçant les sourcils.
- Je me suis mal exprimée. En fait, je veux que vous me trouviez des informations sur tous les liens qui peut exister entre le sénateur et cette agence de presse. Je veux savoir si pendant les derniers mois le rédacteur en chef de ce journal a frappé par accident le sénateur en sortant d'un immeuble. Je veux tout savoir. Aussi insignifiante que l'information puisse vous semblez, je veux que vous me le rapportiez.
- C'est parfait, il me dit en se levant. Si ce n'est que cela, vous allez être servie, il lâche avant de commencer à s'en aller.
- Khalid, je l'appelle avant qu'il disparaisse, je veux tout ça le plus vite que vous pouvez.
Il me fait un clin d'œil et il disparaît pour de bon.
Oui, l'agence avait toute la légitimité de renvoyer monsieur Dedes. Mais, il y a quelque chose qui semble suspicieux. Selon mes connaissances du journalisme, les articles de monsieur Dedes étaient assez banals, et ceux depuis des années. Malgré tout, l'agence continuait à publier ses articles et ses bons vieux lecteurs continuaient à être fidèles en continuant à lire ces vieux articles. Alors, il n'y aucun rapport avec le rendement du journaliste et, l'agence ne semblait pas vouloir le virer.
Alors, qu'est-ce qui a changé? Pourquoi l'implication du sénateur Bradford a condamné le journaliste Dedes? Il ne peut qu'avoir que des raisons personnelles derrière cette situation. Si c'est vraiment le cas, je ferai tout pour que monsieur Dedes récupère son travail. Tout!
***
- Jeune femme, vous avez l'air tendu, venez parler avec un vieil homme, un vieux monsieur me dit pendant que j'attends que la lumière passe au vert pour traverser la rue.
Je me retourne pour regarder le monsieur. Il est assis sous un stand fait à la main. Sur le stand, il y a écrit : « Venez parler à l'ancêtre pour 25cents ».
Sans vraiment y réfléchir à deux fois, je m'approche et je m'assois devant l'ancêtre.
- Bonjour.
- Bonjour mademoiselle. Alors, c'est 25cents pour les conseils d'un vieillard.
- Vous êtes quoi? Une sorte de médium? De psychologue? De voyant? Vous êtes quoi au juste?
- Rien de tout ça, il répond en souriant. Je suis juste un vieil homme qui a vécu beaucoup de chose dans la vie et qui désire partager son expérience avec les plus jeunes.
- Pour 25cents? Je le demande sceptique.
- Oui, il rit doucement, pour seulement 25 cents. Ne vous inquiétez pas, cet argent servira à engager un clown pour les enfants malades.
- D'accord, je réponds simplement. Qu'est-ce que je peux demander à l'ancêtre?
- Tout ce que vous voulez.
- Je n'ai aucune idée de ce que je veux savoir.
- Commençons par la base, comment vous vous appelez-vous?
- Lisa!
- Enchanté Lisa, moi c'est Glenn.
- Enchantée!
- Alors Lisa, est-ce que vous êtes heureuse?
- Le bonheur n'est que philosophique, je le réponds naturellement.
- Oh! Une difficile. Que voulez-vous dire par philosophique?
- Eh bien, l'être humain est amené à interpréter le bonheur selon sa propre définition. Le bonheur n'est qu'une manière de penser. Je décide maintenant si je veux être heureuse ou non. Je n'ai qu'à le penser et agir en tant que tel. Alors, le bonheur est philosophique.
- Vous en êtes sûre?
- J'en suis certaine.
- Expliquez-moi donc pourquoi d'un coup des souvenirs, des pensées ou des situations sont capable de ruiner un moment de bonheur?
- Je ne sais pas, je réponds après un moment d'hésitation. Pourquoi? Je le demande à mon tour.
- Je suis peut-être un vieillard, mais je n'ai pas une réponse à tout ma chère Lisa. Je sais juste que parfois le passé, le présent ou même le futur peut nous empêcher d'être heureux. Il ne faut pas juste passer un trait sur ces moments d'ombres. Il faut les regarder en face, et décider de la manière dont vous allez procéder pour vivre avec eux et pour continuer à être heureuse malgré tout. Comme un sage l'a dit un jour : « Apprend du passé, construis ton présent et améliore ton futur! » Alors Lisa, êtes-vous heureuse?
Je regarde le vieil homme longtemps. Je tente de répondre à ces questions si simple, mais si embêtantes. Suis-je heureuse? Ai-je appris de mon passé? Suis-je en train de construire un présent? Et mon futur, ai-je déjà pensé à l'avenir?
La réponse à ces questions pourrait me faire peur.
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