Chapitre 15
La presse à scandale, selon moi, est une perte de temps. Cela m'enrage de voir comment ces futiles articles sont populaires. Des articles savants, ceux qui exposent de vrais problèmes, ceux qui sont écrits intelligemment, ont, quant à eux, des problèmes à survivre. Oui, ce monde peut être injuste.
Je regarde une énième fois l'article devant moi. Je me demande si cela vaut la peine de perdre un peu d'estime de moi-même en consultant un des articles de la presse à scandale. La tentation est grande, quasi inévitable.
Quand j'ai su que Davis était le troisième fils, j'ai eu un peu de misère à me contrôler et à ne pas lui poser des questions, compte tenu du fait que ce dernier ne voulait visiblement pas parler de cela et que je me devais de rester professionnelle –surtout le premier jour de travail-.
J'avais vu un article nommé « Encore une nuit de cauchemar pour le troisième fils! » quand je faisais des recherches sur la compagnie Lait Pur. Je n'avais pas compris le rapport entre mes recherches et cet article. Pourtant, tout fait du sens maintenant. Mais, quelque chose m'échappe encore, pourquoi aucun de ses articles ne sont apparus lors de mes recherches sur le cabinet GRD, Inc.? Mystère!
Je me lève de ma table pour aller prendre mon souper dans le micro-onde. J'y reviens quelques secondes plus tard, mon plat dans les mains et les yeux fixés à l'écran de l'ordinateur. Je me sens vraiment mal pour Davis en ce moment. Cela devrait être terrible d'avoir ses faits et gestes surveillés par des vautours qui n'ont aucune pitié à écrire des mauvaises choses sur les gens.
Je ferme brutalement mon ordinateur. Je ne vais pas vérifier ses articles. Que je le veuille ou non, lire le contenu de ses chroniques ferait de moi une hypocrite qui n'aime pas que les gens rentrent dans son intimité, mais qui rentre dans l'intimité des autres. Je refuse!
Malgré tout ceci, je ne peux m'empêcher de rouvrir mon ordinateur, pas pour lire ces articles, mais pour regarder quelque chose : l'ex-femme de Davis.
Je tape frénétiquement le troisième fils et sa femme sur Google, avant de cliquer sur l'option images.
En voyant les premières photos, je ne vais pas le nier, j'ai eu un petit saut dans l'estomac. Je me doutais bien qu'elle ressemblait à cela.
Sur une des milliers de photos de l'ancien couple, l'ex-femme de Davis, une jeune femme blonde, souriante, douce et maginifique –puisqu'utiliser l'adjectif belle ne serait pas suffisant-, lui tient timidement la main en posant pour la caméra, dans ce qui ressemble à une soirée gala. Davis, quant à lui, était moins soigné que son ex-femme. Il portait une chemise toute simple bleue avec un jeans assez délavé. Ses cheveux, plus long que maintenant, étaient relâchés nonchalamment sur son crâne. Il avait l'air d'avoir 25 ou moins sur la photo.
La sonnette de mon appartement retentit et me sort carrément de ma bulle. Je remarque que je n'ai pas touché à mon souper avant de commencer à paniquer à cause de la sonnette. Qui ça peut bien être? À moins que ça soit Davis, je ne connais absolument personne à Toronto.
Je ferme rapidement mon ordinateur, coupable d'avoir fait des recherches sur mon collègue et son ex-femme. Je marche d'un pas incertain vers l'interphone accroché à quelques centimètres de ma porte d'entrée.
- C'est qui?
- C'est Davis.
Je m'en doutais bien. Je passe rapidement une main dans mes cheveux pour les arranger un peu et j'ouvre la porte.
Quelques secondes plus tard, l'avocat pénètre dans mon appartement.
- Qu'est-ce que tu fais là? Je le demande directement.
- Je te l'ai dit, ce quartier est dangereux. Je suis venu voir si tout va bien.
- Tout va bien, je lâche en serrant mes mains en dessous de mes aisselles. Tu peux partir maintenant.
- Qu'est-ce que tu as ? Il demande en fonçant les sourcils et en s'approchant de moi.
Je m'éloigne et il s'arrête net.
- Je n'ai rien. Je veux juste pouvoir profiter de ma soirée seule après une journée de travail. J'ai le droit, non ?
- Probablement, il répond la même expression sur le visage. S'il y a quelque...
- Qu'est-ce que t'aimes chez moi? Je le demande subitement, regrettant tout de suite d'avoir posée la question.
Il paraît décontenancé.
- Je m'excuse...tu n'es vraiment pas obligé de m'écouter.
Il reste silencieux un bon moment.
- Je me doutais que tu allais lire les articles me concernant, il lâche en haussant les épaules.
- Je n'en ai pas lu.
Il est surpris.
- Et pourquoi pas? Il demande.
- Parce qu'il s'agit de ta vie privée. Je ne veux pas fouiller dans ta vie privée sous prétexte qu'elle est accessible partout sur le net.
- Alors pourquoi cette question?
- Je t'ai dit de ne pas prêter attention à...
- Il y a sûrement une raison qui t'a poussé à me demander ça. Je veux savoir la raison tout de suite Lisa, il affirme en s'avançant vers moi.
Je n'essaie même pas de m'éloigner. À quoi bon ? Mon appartement est de la taille d'une main, je ne pourrai pas toujours le fuir. Et puis, peut-être que je veux qu'il se retrouve proche de moi...tout près.
- J'ai vu des photos de ton ex-femme, je l'avoue pendant qu'il se retrouve à quelques centimètres de moi.
Je ne peux pas expliquer l'expression de son visage. Je ne peux pas dire à quoi il pense. Il fait juste rester en silence avant de me forcer à le regarder.
- Et...
J'enlève mon visage de sa main et je le contourne pour finalement m'éloigner de lui. Il ne me laisse pas faire. Il retient mon poignet fermement et me tire vers lui.
- J'attends, il lâche aussi fermement qu'il tient mon poignet.
- On ne fait que coucher ensemble occasionnellement. Je n'ai aucune légitimité pour te poser ces questions, alors laisse tomber.
- Moi je pense que tu as toute la légitimité, alors je t'écoute.
Je dirige mon regard vers mon horloge accroché au mur. Comment pourrais-je avouer à voix haute que je me sens inférieure par rapport à son ex-femme? Comment suis-je censée l'avouer et m'avouer que je ne me sens pas aussi belle que son ex-femme ?
- Es-tu jalouse de Carrie? Il me demande doucement en ramenant mon visage vers lui pour me forcer encore une fois à le regarder.
- Pourquoi veux-tu savoir cela? Pour nourrir ton égo d'homme? Je le questionne sarcastiquement.
- Non, pour te rassurer, il me répond doucement en caressant avec douceur mon visage.
Je le regarde droit dans les yeux à la recherche d'un signe de moquerie ou de n'importe quoi de négatif. Mais, il n'y a que de la douceur dans ses yeux brun.
- Alors, dis-moi ce que t'aimes chez moi.
Il quitte mes yeux pour fixer mes lèvres. Il revient vers mes yeux avant d'y retourner vers mes lèvres.
- Je vais passer toute la soirée à te dire ce que j'aime chez toi, il me fait savoir avant de m'embrasser doucement comme s'il avait peur que je me brise.
« J'aime tes lèvres. J'aime tes yeux. J'aime ton sourire. J'aime ton corps. J'aime ta façon de penser. J'aime te regarder. J'aime te toucher. J'aime discuter avec toi. J'aime te surprendre à me regarder. J'aime te rassurer... »
Je le regarde endormi sur mon lit avant de porter ma tasse de café à mes lèvres. Comme promis, il avait passé toute la nuit à me dire ce qu'il aimait chez moi. Nos relations intimes de la nuit n'avaient rien avoir avec tous ceux que nous avons eu depuis notre rencontre. Hier soir, il était doux. Il était attentionné, comme s'il voulait me montrer qu'il tenait à moi.
Après tout, quand il aime bien quelqu'un, il essaie de créer une relation sérieuse avec ce quelqu'un, non? C'est ce qu'il m'avait avoué. Est-ce que c'est ce qui va se passer maintenant?
Parce que je ne suis pas certaine que je sois prête pour cela. Je sais bien comment ça va finir. Ils finissent tous par se lasser de moi. Toujours!
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