Chapitre 14


- Oh mon Dieu, et l'entrevue que vous avez donné tout suite après que Davis et vous aviez gagné l'avant-procès contre le service de police de Montréal était époustouflant.

Je souris avant de murmurer un timide merci à Alice King. Depuis la seconde qu'elle m'a rencontrée, après sa visite chez le médecin, l'avocate de renommée n'a pas arrêté de me chanter des louanges. Son fiancé, Matias Romney n'arrête pas de sourire devant le comportement de sa bien-aimée.

C'est pourtant moi qui devrait montrer à cette femme si confiante, mais si menue à quel point elle est inspirante. Seulement quatre ans après avoir intégré une firme privée d'avocat, cette dernière était considérée comme étant une figure clé de ce cabinet. Elle était impliquée dans plusieurs affaires qui concernait le gouvernement et des ONG. Elle a souvent fait la une des journaux. Malgré cette réussite et cette brillante carrière qui était à portée de ses mains, elle n'a pas hésité une seconde à tout abandonner pour ouvrir ce cabinet avec Matias et Davis. Il a fallu du courage pour faire ce choix. Il n'y a pas à dire, c'est moi qui devrait chanter des louanges à Alice King

Pourtant, c'est pour moi qu'elle est en train de rougir. C'est moi qu'elle a serré très fort dans ses bras, en me disant que je suis un bon élément pour ce cabinet. Le monde à l'envers, j'aurais pensé si je n'avais pas un égo démesuré qui adore être flatté ainsi.

- Ok, Alice, tu vas la gêner, Romney commence en regardant avec douceur la future mère de son enfant.

- Ok, ok, cette dernière lâche avant de se concentrer sur l'homme qui partage sa vie.

Je les regarde un bon moment. Ils ont tellement l'air heureux ensemble.

Inconsciemment, King porte sa main sur son ventre arrondi et le masse doucement. Un geste pourtant si simple, qui arrive quand même à me mettre dans tous mes états.

« Ça aurait pu être moi...Ça aurait dû être moi...Nous aurions été si heureux! » Je pense avec peine.

- Alors, comment ça s'est passé pour vous? Davis demande au couple, une fois installée autour de la grande table.

Je sors de ma nostalgie et je suis Romney et King qui sont partis s'installer autour de la table.

« Focus! »

- Nous avons géré, le grand homme noir répond à son associé. Malheureusement, tes vacances prolongés nous ont fait mettre en attente des clients, ce dernier conclut.

- Je sais, Davis répond dans un long soupire. Mais, je vais vite rattraper mes retards maintenant que nous avons Lisa avec nous. D'ailleurs, elle et moi allons-nous occuper du dossier du sénateur Stradford dès aujourd'hui.

Sénateur Stradford? Mais je le connais. C'est un sénateur assez controversé du parti de l'opposition officielle de la chambre du sénat. C'est donc un dossier lui concernant que j'avais entre les mains quelques heures plus tôt?

Il n'y a aucun doute, je suis bien loin des cas d'ivresse au volant ou de vol qualifié. Maintenant, je joue dans la cour des grands et il me tarde de mettre ma main à la pâte!

- Il est où Khalid? Davis demande soudainement.

- Monsieur a décidé de travailler à la maison, Alice répond en riant.

- Va falloir que l'on se fasse à l'un de ses caprices encore, Matias dit en souriant.

- Lisa, Khalid c'est notre ingénieur en informatique, un jeune homme assez spécial. J'espère que vous aurez la chance de le rencontrer si un jour il arrête ses caprices, Alice me dit en souriant, me permettant d'avoir l'air moins perdue dans leur conversation.

Encore une fois, Davis soupire longuement. Cela fait un peu moins d'un mois que je le connais et pourtant, ce sont les premières fois que je l'entends soupirer. Ce qui est bizarre compte tenu des relations intimes que nous avons eu pleinement le temps d'avoir.

- Bon, Lisa et moi nous nous occupons du dossier Stradford. Vous, vous concluez le dossier de la STRAAQ TV et on se rencontre la semaine prochaine? Davis demande.

Tout le monde secoue leur tête. Matias aide Alice à se lever. Et, rapidement ils sortent du bureau. Il ne reste que moi et Davis. L'un assise en face de l'autre à l'autre bout de la table.

- Je me trompe peut-être, mais tu sembles être le patron, je dis simplement.

- En effet, tu te trompes. Il n'y a pas de patron dans cette compagnie.

- Bien-sûre! Alors, si je comprends bien, nous allons traiter un dossier qui implique un sénateur provincial? Je demande ahurie.

- Pas tout à fait, il répond en me fixant droit dans les yeux. Tu es celle qui vas traiter un dossier qui implique un sénateur provincial, il conclut.

- Je ne comprends pas.

- C'est simple, ce sera ton dossier. Moi, je serai seulement un ombre qui te suivra partout. Vois ceci comme étant un test que tu dois réussir. Pas de pression! Le dossier t'attend déjà sur ton bureau. C'est la dernière porte à gauche. Je t'attendrai dans mon bureau pour que tu me dises comment on procédera.

Quelques secondes après avoir fini son discours, il se lève et il quitte la pièce me laissant seul.

« Pas de pression Lisa, ce n'est qu'un test qu'il faut réussir! »

***

- Toute la procédure est légale, je lâche avec frustration en pénétrant dans le bureau de Davis.

Je m'arrête net en apercevant un invité assis en face de l'avocat.

« Frapper avant d'entrer dans le bureau de quelqu'un fait encore partie des règles de savoir-vivre du 21e siècle, ma chère Lisa! » Je me sermonne.

- Désolée, je dis tout bas, je repasserai plus tard.

- Non! Justement j'allais aller te chercher. Tu tombes bien. S'il te plait, Davis ajoute en pointant l'autre fauteuil vide en face de son bureau.

Je m'avance et je m'installe. L'invité se retourne tout de suite vers moi. Homme, âgé entre 55 à 60ans, visage sympathique, sourire franc. Ce n'est décidément pas un vieillard grincheux.

- Simmons Dedes, l'homme se présente.

Ah d'accord. C'est mon client.

- Me Lisa Roy, je me présente à mon tour en le souriant.

- Alors Me, vous pensez que tout est légal, c'est cela? Il me demande en plissant légèrement son front ridé.

- Euh...à première vue, oui! Mais, je ne pourrai le confirmer que quand vous me direz quand et pourquoi avez-vous signé ce document, je lui fais savoir.

J'ai l'impression que le regard pesant de Davis se pose sur moi. Mais, je me concentre sur mon client. C'est mon client, non? Oui, il l'est. Davis n'est qu'un ombre qui s'assure que je réussisse le test.

« Pas de pression Lisa! Tu es capable, tu te souviens? »

- Bien, je l'ai signé dans les années 80. C'était un document de pré-emploi. Mais, je me suis toujours assuré de remplir mes fonctions. Depuis plus de 30 ans, je fais tout ce que l'on me demande.

- Je vois. Parle-moi de l'article concernant le sénateur Stradford.

- Une source anonyme m'a contacté via email, il y a de cela quatre ou cinq mois. Il m'a affirmé que le sénateur Stradford a des liaisons avec plusieurs jeunes femmes. Alors, depuis ce temps, j'ai mené ma propre enquête. En dehors des heures de travail bien-sûr. Il y a deux mois, j'ai été voir la directrice de l'éditorial pour la faire part de mon prochain article, mais sans même me laisser le temps de parler des découvertes que j'avais fait, elle avait refusé catégoriquement que je publie cet article. Deux jours, plus tard, la direction me rencontrait pour me dire qu'il m'était formellement interdit de publier cet article ni dans l'éditorial, ni dans mon blog. Je n'avais pas compris pourquoi ils prenaient de tel mesure contre moi et mon article. Je n'avais pas arrêté d'écrire ledit article. Pendant ce temps, aucun de mes autres articles n'étaient approuvés. Prétextant, soit l'ennui, ou le non intérêt public ou encore, la redondance. Et, un mois après tout cela, j'étais renvoyé pour avoir failli à mes fonctions pendant un mois.

- Jugez-vous que vos derniers articles étaient conformes à ce que vous faîtes habituellement, je demande au journaliste.

- Bien-sûr, mademoiselle! Je fais ce métier depuis 35 ans. Je sais plus que quiconque c'est quoi un article qui est d'intérêt public. Je suis un spécialiste politique, pour l'amour du ciel. En quoi dire au peuple ce que leurs représentants font pour eux et pour leur ville est ennuyant ou redondant ou Dieu ne sait quoi?

- Monsieur Dedes, j'aurai besoin de tous les articles que vous avez écrit pendant le dernier mois avant votre licenciement. J'aurais aussi besoin de l'article concernant le sénateur Stradford, ainsi que les preuves que vous avez pu récolter concernant ces liaisons. Et si possible, dans les plus brefs délais.

- D'accord, le journal m'avait tout confisqué, mais étant donné que je suis vieux jeu, j'ai une copie de tout cela bien caché, chez moi, le vieux monsieur me dit en souriant.

- C'est parfait, je lui réponds en souriant.

- Pensez-vous que vous pourrez me rendre mon emploi? Il me demande soudainement sérieux.

Je me retourne pour regarder Davis. Ce dernier me regarde lui aussi, les deux mains jointes à son menton. Lui aussi a l'air de vouloir avoir une réponse à cette question.

Je me retourne pour faire face à mon client.

- Il y a une bonne chance, oui, je lâche en souriant au vieux monsieur.

« Cette confiance te mènera à ta perte, Lisa! »

- Parfait! Je ne veux vraiment pas perdre l'argent de ma retraite. Il y a tellement de chose que j'ai hâte de faire avec ma femme, le journaliste lâche songeur.

- Je suis certaine que vous pourrez toutes les faire, je conclus la voix rassurante.

- Tu avais raison Davis, elle a l'air d'être une bonne avocate, le vieux dit en se levant.

Davis et moi, nous nous levons à notre tour. Le vieux monsieur serre la main de Davis avec un grand sourire.

- Je sais, mon collègue répond simplement.

Monsieur Dedes se tourne vers moi, me tend la main et dit avec un grand sourire aux lèvres.

- Oui, Me Roy, je suis moi aussi certain que je pourrai toutes les faire.


Note d'auteure : Un autre chapitre vous attend tout de suite!

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