Chapitre 12
- Si vous transportez un bagage aussi lourd, je ne sais pas si c'est une bonne chose de venir travailler à Toronto!
- Est-ce que vous regrettez votre choix? Est-ce que vous regrettez de m'avoir offert ce travail? Répondez-moi honnêtement.
Il me regarde pendant longtemps. Son souffle chaud s'écrase sur mon visage. Ses yeux ne quittent pas les miens une seconde.
- Je ne sais pas, il avoue dans un souffle.
- Vous devriez savoir. Arrêtez de penser avec votre pénis, pensez avec votre cerveau. Ne me voyez pas comme étant l'associée que vous pourrez baiser. Si vous jugez que je ne suis pas qualifiée pour votre entreprise, annulez mon contrat. Ne laissez en rien ma vie personnelle ou ma personne interférer avec votre décision. Maintenant, je vais vous demander gentiment de vous éloigner de mon auto. Rentrez chez vous et évitez de me suivre!
Comme demander, il s'éloigne de mon auto et me laisse le champ libre. Je ne me fais pas prier pour rentrer dans la voiture et pour démarrer.
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- Je t'avais dit de ne pas aller trop vite quand tu descends la pente, ma mère réprimande Lana qui est tombée de son skateboard tout en nettoyant le sang qui coule de son genou.
Ma petite sœur ne pleure pas. Elle me fait même des grimaces à travers le miroir de la salle de bain. Grimaces que j'essaie tant bien que mal de surpasser. Brusquement, ma mère lève sa tête et nous lance un regard menaçant à nous deux, ce qui nous fait arrêter nos grimaces.
- Toi, ton skateboard est confisqué, ma génitrice fait savoir à sa petite dernière.
- Mais pourquoi maman? Lana demande avec une pointe de déception dans la voix.
- Parce que tu ne m'écoutes pas! Il faut écouter les conseils donnés par maman ou papa pour pouvoir garder le skateboard, ma mère l'explique. Maintenant, file dire à papa qu'on va bientôt souper.
- Ce n'est pas juste! Ma petite sœur lâche avant de sortir de la salle de bain.
Je regarde longuement ma mère une fois que Lana quitte la salle de bain.
- Quoi?
- Papa? Sérieusement? Je la demande.
C'est la première fois que j'entends ma mère désigner explicitement Ben comme étant le papa de Lana et je ne pense pas que je peux le supporter.
- Écoute Lili, je comprends que ça te dérange. Crois-moi, je le comprends. Mais, Lana mérite d'avoir un père qui l'aime tout comme toi tu as eu un père qui t'aimait profondément.
- Mais papa l'aimait aussi même si elle n'était pas née. Et peu, importe il reste son père.
- Je sais qu'il l'aimait et qu'il est son vrai père, mais il n'est plus là Lili. Il ne peut pas l'élever, lui donner de l'amour. Ben, oui!
Je suis peut-être égoïste de ne pas vouloir que Lana voie Ben comme un père. En fait, plus je réfléchis à propos de cela, plus je me trouve égoïste. Mais, je ne peux m'empêcher de penser que Lana devrait savoir que son père ce n'est pas Ben, mais bien Marc Roy, et ce, même s'il est six pieds sous terre.
Je ne tiens pas à me disputer à ce sujet avec ma mère. Pas aujourd'hui, du moins. Ma semaine était assez pénible sans que j'aie à ajouter une dispute avec ma mère dans la liste. Alors, je me contente de hocher la tête et de sortir de la salle de bain.
- Comment ça avance tes préparatifs pour ton départ? Ma mère me demande en me suivant.
- Lentement, je lui fais savoir.
- Je t'avais dit que j'allais venir t'aider, mais comme toujours il faut que tu fasses tout toute seule!
- Bien-sûr, je murmure.
- Lili...
- Maman, s'il te plait, pouvons-nous juste mettre la table et souper?
Ma génitrice secoue vigoureusement la tête, soupire longuement et me dépasse pour aller dans la cuisine. Je remercie Dieu dans mon cœur pour avoir fait en sorte que ma mère arrête. La connaissant, elle allait me pointer une énième de mes défauts. Chose dont je n'ai aucunement besoin compte tenu que l'on a fait que cela cette semaine.
Je suis ma mère dans la cuisine pour aller l'aider. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de souper avec eux encore une fois avant de me rendre à Toronto, c'est pour cela que je ne compte rien laisser gâcher notre soirée ensemble. Rien du tout.
Lana est descendue quelques secondes après pour nous aider. Quand une musique douce émane du salon, je comprends que Ben n'est pas loin. Il est sûrement en train d'allumer la cheminée en ce moment même.
Rapidement, la table a été installé et nous nous sommes installés nous aussi. Comme je l'avais prédit, la cheminée est allumée. Ben prend très au sérieux les souper en famille.
Ben est un professeur comme ma mère. Ils travaillent ensemble depuis que j'ai 12 ans. C'est un homme calme, gentil et affectueux. Tout comme ma maternelle, il est dans la quarantaine. Si au début je m'étais catégoriquement imposée à leur relation, au fil du temps j'ai appris à apprécier Ben et à être contente pour ma mère qui a connu le bonheur après le décès de mon père.
- Je suis sûre que tu vas être prête quand il le faudra, Ben, qui a d'une manière ou d'une autre entendu notre conversation, m'encourage en me souriant.
Comment ne pas apprécier cet homme.
- Il ne faut pas que tu l'encourages Benny! Ma mère lâche à l'autre bout de la table. Faire ses affaires à la dernière minute ce n'est pas l'idéal. Déjà que demain elle doit se rendre là-bas pour visiter l'appartement. Il ne lui restera que 24 heures pour tout emballer et s'en aller. Comment va-t-elle y arriver?
J'ouvre la bouche pour riposter, mais mon beau-père me devance.
- Lauranne, c'est une grande fille! Elle connaît ses responsabilités. Fais-la un peu confiance.
Voilà, je n'aurais pas mieux dit. Ma génitrice lâche un long soupire avant de murmurer un « c'est cela » dans sa barbe.
Pour ne plus donner la chance à ma mère de me prendre la tête, j'entame une petite discussion avec ma petite sœur, à laquelle Ben participe volontiers.
Il n'est pas question que je laisse ma mère gâcher notre dernier moment tous ensemble. Il n'en est absolument pas question.
Une fois le souper finit, je me propose pour faire la vaisselle, laissant ainsi le champ libre à Lana de faire une dernière partie d'échec avant d'aller se coucher. Doucement, je me dirige vers la cuisine où toute la vaisselle me regarde d'un œil mauvais.
- Je vais t'aider, Ben me fait savoir en tapotant doucement mon épaule.
Je lui souris avant de m'attaquer à la tâche.
- Tu sais, mon beau-père commence, elle est juste super inquiet pour toi ta mère, il me dit quand je lui tends une énième assiette à essuyer.
- Je sais, je lâche en soupirant bien trop fort.
- Elle m'a dit qu'elle est super fière de toi. Elle veut juste s'assurer que tu seras bien toute seule là-bas.
- Mais je vis toute seule depuis longtemps. C'est maintenant qu'elle décide de s'inquiéter? Je demande sarcastiquement.
- Ce n'est pas la même chose.
- En quoi c'est différent?
- Ici, tu n'es qu'à quelques kilomètres d'elle. Elle peut prendre de tes nouvelles quand elle le veut. Je pense que ça va être plus difficile quand tu seras installée à Toronto.
- Ouin, je lâche plus pour moi-même que pour Ben.
- J'ai une idée! Va aider Lana à battre ta mère aux échecs. Va profiter de ta dernière soirée avec elles, mon beau-père me suggère en me faisant un clin d'œil.
Je lâche la vaisselle que je tenais, j'essuie ma main sur mon torchon avant d'aller serrer mon beau-père dans mes bras.
- Tu es le meilleur beau-père au monde Ben, je lui fais savoir avant d'aller profiter d'une fin de soirée paisible avec ma mère et ma petite sœur.
***
Je regarde la pièce une énième fois. C'est un petit studio. Une seule et même chambre, plus petite que l'appartement de deux pièces que j'occupe présentement à Montréal, mais pourtant, plus cher. C'est sûr que la vie, ici à Toronto, est plus chère.
J'essaie de visualiser ce que ça pourrait donner quand je vais décorer...oui ça ne sera pas si pire. Alors, lentement, un sourire s'affiche sur mes lèvres. Je le prends!
- Vous n'êtes pas sérieusement en train de songer à louer cette pièce, si? Davis me demande intrigué.
- Je suis sérieusement en train de penser à signer le bail, je lui réponds le sourire toujours collé aux lèvres.
- Lisa, vous aurez la possibilité de vous payer un bien meilleur appartement, dans un bien meilleur quartier, il me fait savoir.
- Peut-être dans le futur oui. Mais, pour le moment, je vous assure que c'est cela qui me convient.
- Si c'est l'argent le problème, je peux vous...
- Je ne vous ai pas amené ici pour que vous interférez dans mes décisions, je le coupe brutalement.
Il fonce les sourcils et contracte la mâchoire.
- Pourquoi suis-je là alors? Il demande en s'avançant vers moi le regard se voulant flippant.
- Pour que vous puissiez me faire des excuses face à face! Je lui réponds du tac au tac, ne bronchant même pas quand il arrive à ma hauteur toujours avec un regard menaçant. Je ne suis pas du genre à apprécier un bouquet de fleur avec une petite note qui a été écrit à la va vite avant de prendre un avion!
- Vous êtes sûre que c'est pour cela? Il me demande. Vous auriez pu attendre lundi. C'est dans trois jours.
- Dans trois jours, vous serez mon patron, j'aurai moins d'audace à vous demander de vous excuser de peur de ne pas me faire virer.
Il rit d'un rire franc. Un rire qui le fait vibrer. Ensuite, il esquisse un petit sourire en coin, un sourire qui le rend moins jeune qu'il ne l'est vraiment. 33 ans? Non, on dirait carrément 25 ans!
- Je vous l'ai dit Lisa, il n'y a pas de patron dans mon cabinet.
- Peut-être, mais je ne vous demanderai jamais de vous excuser. Mais là, je peux, alors j'attends.
Il sourit.
- Maître Lisa Roy, je vous prie de m'excuser de mettre initier dans votre vie privée et de vous avoir jugé. Notre cabinet se fait une joie de vous accueillir parmi ses membres puisque nous vous trouvons compétente et professionnelle.
- Tu es sincère? Je le demande dans ma langue.
- Je le suis. Vous êtes sans aucun doute l'une des femmes les plus ambitieuses et déterminées que j'ai rencontré dans ma vie. Cette ambition et cette détermination vous emmèneront loin. Je préfère être à vos côtés quand cela arrivera plutôt que du côté opposé.
Et d'un coup, j'ai envie de faire l'amour à cet homme. De l'embrasser sauvagement, de le faire parler ma langue pendant qu'il me fait du bien. D'un seul coup, je voudrais être à sa merci.
En travaillant dans ce cabinet, j'aurai un défi de taille à relever : rester professionnelle.
Un défi qui s'annonce compliqué
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