Chapitre 1



Je rentre dans mon petit bureau sans fenêtre. Je range le dernier dossier que j'ai eu à traiter. Un nouveau m'attend déjà.

Sur le dossier, l'écriture, quasi illisible, de mon patron m'indique ce qui a à faire.

Quand on est avocate commis d'office, on n'a jamais de répit. J'ai conclu et gagné un dossier hier et me voilà déjà sur un autre.

Je respire un grand coup...

«Tu es obligée de passer par là Lisa. Un jour, tu auras un dossier par mois à traiter, ne t'inquiètes pas» je me fais mon discours de motivation.

Un sourire s'affiche doucement sur mes lèvres. Et un autre dossier qui va être gagné par la future grande et riche avocate Lisa!

Clairement, le discours de motivation a marché.

J'ouvre le dossier.

En résumé, ma cliente, une certaine Marta Landry, veut s'attaquer à...Quoi!

Hm, hm. Non, non et non! Il n'en est pas question! Je me lève du bureau, je prends le dossier et je sors d'un pas décidé pour aller voir mon patron.

- Non! Je lâche en déposant le dossier sur son bureau.

- Non, quoi? Il me demande.

- Ce dossier, je ne veux pas le traiter! Donne-le à n'importe qui.

Le vieillard commence à rire d'un rire mauvais.

- Je vous ai donné ce dossier en sachant pertinemment contre qui vous allez être. Vous êtes bien celle qui se déclare imbattable, n'est-ce pas? Eh bien, vérifions cette hypothèse! Il me défie.

- Parfait! Je conclus en remontant le buste. Je vais gagner ce procès.

- Tant mieux pour vous! Et maintenant, ne rentrez plus jamais dans mon bureau sans frapper et ce, même si la porte est aussi grande ouverte.

Je ne réponds rien et je tourne les talons. Je déteste ce vieillard détestable!

Je retourne lire le dossier dans mon bureau. Inutile de se voiler la face, je ne vais jamais gagner devant les avocats d'un Multi-national. Je suis bien trop vieille pour croire encore aux miracles du père noël, surtout qu'on n'est même pas en décembre! Il n'y aura pas de miracle.

Désespérée, je parcours vite fait le dossier.

«Marta Landry poursuit la compagnie laitier, lait pur, parce que selon elle, cette compagnie nourrit leurs vaches avec des produits chimiques extrêmement dangereux pour le corps humain.

Son enfant de trois ans qui combat un cancer de l'intestin et un cancer de la peau est la preuve de ce qu'elle avance.»

Je referme le dossier. C'est bien triste pour cet enfant, mais je vois déjà un millier de façons que les avocats de l'accusé trouveront pour briser cette pauvre mère.

Je prends l'adresse de la plaignante, pour me rendre chez elle. Nos bureaux restreints ne nous permettent pas de recevoir les clients, alors nous sommes obligés de nous déplacer chez eux.

Je prends mon sac et je quitte, mon dit, bureau.

***

- Marta Landry? Je demande à la jeune femme qui m'ouvre la porte.

Elle secoue la tête en signe d'affirmation.

- Bonjour Mme Landry, je suis Lisa Roy et je suis votre avocate.

- Rentrer! Elle me dit en se tassant sur le côté pour me laisser l'espace pour rentrer.

Elle passe devant moi, elle ramasse tous les jouets qu'il y a sur notre chemin.

- Je m'excuse pour le désordre... Je n'ai pas le temps pour m'occuper de la maison, elle m'avoue.

- Ce n'est pas grave, je connais votre situation. Je ne vous jugerai pas, je lui réponds sincèrement.

- Merci! Asseyez-vous, elle m'invite en pointant un sofa.

Je m'assois.

- Je vais vous poser des questions, ce sera objectif au début et après je vous poserai des questions que les avocats de l'accusé seront susceptibles de vous poser. J'aurai l'air d'être la méchante, mais sachez que je suis de votre côté.

- D'accord.

Je sors mon bloc note et mon stylo de mon sac.

- C'est quand vous voulez, je l'informe.

Elle secoue la tête de haut en bas.

- Le nom de votre enfant?

- Matis... Matis Landry.

- Statut social?

- Mère monoparentale.

- Statut économique?

Elle regarde autour d'elle, je la suis.

- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? J'ai deux jobs, j'ai plein de factures d'hôpitaux à payer et j'ai quinze jours pour payer mon loyer ou ma propriétaire me mettra dehors.

Je compatis avec la jeune mère. J'écris pauvre dans mon bloc de note.

- Depuis quand Matis est malade?

- Depuis bientôt quatre mois.

- Il a quoi comme maladie?

- Cancer de la peau et de l'intestin.

- Je vous remercie. Maintenant, serrez vos dents, fermez les poings parce que ces questions feront mal.

Elle secoue sa tête.

- Selon vous, la maladie de votre fils est due à quoi?

- Quand Matis a eu deux ans, il ne voulait plus le lait du sein. Dans ce temps-là, je ne travaillais que périodiquement. Je n'avais pas assez d'argent pour lui acheter du lait pour nourrisson, alors je l'ai nourri avec le lait que je buvais.

- Comment savez-vous que c'est à cause de ce lait que votre enfant est malade?

- Le docteur m'a dit qu'il y a quelque chose en particulier qui a fait en sorte que mon enfant soit malade. Il n'y a que le lait qui n'était pas de son âge, alors c'est cela.

- Qui me dit que vous ne mentez pas?

- Pourquoi mentirai-je?

- Pour pouvoir soutirer de l'argent à cette compagnie. Vous avez vu combien elle est riche, alors vous vous êtes dit que c'est une bonne occasion de vous faire assez d'argent pour payer toutes vos factures et aussi payez la facture d'hôpital de votre enfant. D'ailleurs, qu'est-ce qui nous prouve que votre enfant est vraiment malade?

Je vois les yeux de Mme Landry sortir de son orbite.

- Comment osez-vous penser que je simule la maladie de Matis? Quel genre de mère serais-je si je mettais le nom de mon enfant et le mot cancer dans la même phrase pour de l'argent. Je m'en fou de leurs putains d'argents! Je veux qu'ils paient tous autant qu'ils sont pour avoir fait souffrir mon bébé! Elle crie avant que sa voix se brise et qu'elle commence à pleurer.

Je me lève de mon siège et je vais la réconforter.

- Je vous avais dit de serrer les poings, je dis doucement. Ils vont trouver pire que cela, ils vont essayer de vous briser pour montrer que vous ne savez pas ce que vous dîtes! Vous devez leur résister.

- Je ne serai pas capable, elle m'avoue toujours en pleurant.

- Il le faut. Il est trop tard pour faire marche arrière. L'audience est déjà fixée, je l'informe.

- Est-ce que nous avons une chance de gagner? Elle me demande.

Je me sens incapable de lui dire la vérité. Moi, avocate commis d'office, face à tous les avocats d'une Multi-nationale. Le sort de Marta est déjà tracé, mais je ne vais pas le mettre dans le désespoir dès maintenant.

- On va tout donner, vous verrez! J'affirme un peu trop confiante.


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