Chapitre 1
Étendu sur un bain de soleil, je passe une main sur mon front pour essayer la sueur qui coule dessus. J'essuie ensuite le dos de ma main sur la serviette sur laquelle je me trouve, puis saisit le cocktail posé sur la table basse à côté de moi.
Tout en relevant la tête, je porte la paille à mes lèvres et observe ma sœur qui joue dans la large piscine devant moi.
— Ne va pas te noyer, lui-dis-je.
Sans me répondre, elle plonge sous l'eau et fait un piqué. Je fixe le paysage au loin. Il est grisâtre, sûrement à cause des travaux que mon père entreprend. Les immeubles qui sont en train d'être construits serviront surement à la population, mais pour l'instant il me gâche ma vue. Je soupire, et au moment où je repose mon verre, une de nos domestiques s'approche de moi.
— Excusez-moi de vous déranger mademoiselle Kora, mais votre père vous réclame dans la chambre des stratèges.
Je baisse mes lunettes de soleil d'un doigt en tournant la tête vers elle. Je plonge mon regard plein de dédain dans le sien, et elle tressaille.
— Je ne vais pas te tuer, je m'offusque, va donc me préparer une tenue le temps que je te rejoigne dans ma chambre. Quoique, je ne veux pas te voir quand je me changerai
Elle incline légèrement la tête avant de s'empresser de partir.
Je remets correctement mon bikini avant de me lever complètement. Je tape des mains pour appeler une autre domestique, qui se précipite.
— Surveille ma sœur, j'ordonne.
Elle acquiesce et ma soeur geint :
— Pourquoi je n'ai pas le droit d'assister aux réunions moi !
Mon regard s'adoucit quand il se pose sur elle :
— Tu es beaucoup trop jeune pour connaître les horreurs de ce monde. Tout vient au bon moment.
Elle a une moue blasée, avant de replonger dans l'eau.
Je prends ma serviette que j'enroule autour de ma taille et, après un dernier regard pour les pieds en dehors de l'eau de ma sœur, je rentre dans la maison pour monter dans ma chambre.
Chez-nous tout est blanc. Enfin, toutes les chambres appartenant à ma sœur et moi sont colorées. La mienne est très sombre, les murs sont : ou noirs, ou rouge sang très foncé.
Une fois que j'ai pénétré dans ma chambre, je trouve des vêtements proprement pliés sur mon lit. Je m'en empare et file dans ma salle de bain.
J'allume l'eau et m'assure qu'elle est à la parfaite température avant de me déshabiller pour me laver.
J'expédie cette douche. Je me lave les cheveux si vite que je sais que j'aurais besoin de le refaire après le conseil.
Une fois sorti et séchée, j'enfile le pantalon en soie et le tee shirt noir que la domestique m'avait préparé. J'ajoute le collier de rubis que j'adore, me chausse de mes sandales et m'en vais pour la chambre des stratèges. Là bas, porter un pantalon est une obligation, autant pour les femmes que pour les hommes.
La chambre des stratèges se trouve quatre étages en dessous de ma chambre, et les escaliers qui y mènent sont raides.
Le troisième étage passé, je me retrouve face à la porte blindée qui mène au dernier étage.
J'entre le code qui permet de l'ouvrir et me faufile à l'intérieur. On m'a toujours appris à être discrète et de ne pas ouvrir cette porte en grand, au cas où des espions auraient décidés de s'inviter. A chaque fois, je me sens observé, sûrement à cause des caméras, et aujourd'hui n'y fait pas exception.
J'avance dans l'escalier en terre en frissonnant. Une fois arrivé en bas, je verrouille à nouveau une porte et entre enfin dans la chambre des stratèges.
Je m'incline légèrement pour saluer mes aînés présents dans la pièce et me redresse. Quand je vois le roi assis au bout de la table, je me jette presque sur mes genoux pour me prosterner devant lui.
Il rit alors, avant de me demander de me relever :
— Voyons Kora, nous nous connaissons un minimum. C'est quoi ? La troisième fois que je rencontre ? Redresse-toi et viens t'asseoir, j'ai beaucoup entendu parler de tes talents de stratèges.
J'obéis, tout en gardant la tête baissée pour signifier mon respect.
Ici, ça sent le vieux. C'est dans cette pièce que sont gardés tous les romans interdis. Seules les familles n'ayant jamais trahi le roi y ont accès. Soit, ma famille, celle de ma meilleure amie Gara, celle de mon fiancée Olian, et deux autres.
Aujourd'hui sont présents au conseil, mon père, Olian et le sien, Gara, moi un scribes et un de nos canaux, soit l'une des rares personnes à maîtriser un élément. Le roi aussi est là, mais ça je le savais déjà.
Je vais m'installer entre Gara et Olain,prête à mettre mes connaissances à l'œuvre.
Malgré ma concentration infaillible, je ne peux enlever mon regard du roi. Il a l'air mal en point. Ses yeux constamment plissés et sa bouche inexistante. Il est difficile de distinguer quoi que ce soit d'autre à cause des ses rides.
— Bien, entame mon père, Maintenant que nous sommes réunis ; il coule un regard dans ma direction puis reprend ; Nous allons pouvoir commencer. Pour résumer la situation actuelle en quelques mots, le pays d'angtalie empiète de plus en plus sur nos terres, tuant au passage des civiles mais surtout en volant nos récoltes.
Nous hochons la tête en cœur.
— Le réel problème, coupe le roi, Et vous m'excuserez mon cher Arlot, c'est bien les plaintes des familles vis-à-vis de la disparition de leurs proches. En effet, chaque mois lors de la pleine lune, je choisis les habitants les plus malheureux pour les envoyer dans des villes construites à cet effet. Mais aujourd'hui, les familles veulent garder leurs proches. Or, nous ne pouvons nous le permettre.
— Pourquoi, si je puis oser vous interroger ? demande Gara.
Le roi pose ses yeux, du moins ce qui paraît être ses yeux sur elle.
— Vous avez une langue bien pendue pour poser des questions si stupides. Ma très chère, pour être sûre de garder le contrôle de la population, il faut leur donner de l'espoir. Si le peuple ne croit plus en l'avenir, il ne voudra plus rien écouter, plus rien n'aura d'importance. Je leur laisse juste assez d'espoir pour qu'ils aient peur de le perdre.
Gara baisse les yeux, et j'ai un petit rire méprisant. Nous sommes censés le savoir après trois ans au conseil.
Le roi laisse un silence, puis reprend :
— Nous devons convaincre ces familles du bel endroit où sont leurs proches. Vous avez visités les villes. Vous trois, dit-il en nous désignant moi, Olain et Gara, Vous irez voir nos habitants pour les rassurer.
Nous nous regardons, confus. Nous n'y allons jamais seuls. Jamais sans nos parents.
— Qu'attendez-vous ? réitère-t-il.
— Maintenant, j'interviens, mais nous n'avons pas encore parlé politique ou militaire ?
Ses lèvres se courbent en un espèce de sourire plus effrayant qu'autre chose.
— Ma chère Kora, j'ai conscience de votre savoir et de vos désirs. Mais pour aujourd'hui, vous vous contenterez d'exécuter ce que je vous ordonne. Vous avez toute votre vie pour entendre les horreurs que nous font subir nos rivaux. Allez donc voir le peuple, ils ont aussi besoin de vous en ces temps difficiles.
Nous nous levons, en tâchant de camoufler notre déception.
— N'oubliez pas de récupérer les lettres de chaque quartier.
Tels des robots, nous hochons la tête et quittons le conseil.
Le silence règne entre nous jusqu'à ce que l'escalier et la porte qui mène à l'allée. Seulement quand ces deux obstacles sont derrière nous, Olain s'autorise à soupirer profondément.
Face à ce geste, Gara et moi l'imitons.
— Rendre visite au peuple ? Un dimanche ? Il n'y a pas pire.
Je regarde mon fiancé avec un regard compatissant, effectivement nous n'avons pas écopés de la tâche la plus sympathique.
Nos vêtements vont finir trempés et sales. Avec un peu de chance se sera de la boue et pas du sang.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top