19- Un trop bon accueil...
~~~NDA~~~
Attention, si vous êtes très sensible au sang, vous préférerez peut-être sauter le dernier passage. Pour le signaler j'ai mis 5 étoiles au lieu de 3.
Bonne lecture
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Alyn ouvrit grand les yeux et prit une grande inspiration. Elle pouvait respirer. Tout allait bien. Ou du moins, tout n'était pas pour le pire, songea-t-elle. Les mains liées dans le dos, elle était couchée sur un tas de paille. Ses ennemis avaient eu un peu de reconnaissance, songea-t-elle non sans ironie.
Il n'y avait pas grand-chose dans son champ de vision, seulement un filet de lumière qui filtrait sous la porte.
Celle-ci s'ouvrit brusquement, et une femme en culottes collantes apparut dans l'entrebâillement. Elle s'avança et pointa Alyn de sa lance tout en prononçant quelques mots d'une langue gutturale que la reine ne comprenait pas. Deux guerrières entrèrent après elle et mirent debout la jeune femme sans hésiter. Leur poigne était ferme et Alyn n'eut d'autre choix que de rester sur ses pieds quand bien même ses jambes étaient cotonneuses. Sans plus s'éterniser elles sortirent toutes les quatre de la petite pièce. Encore dans les vapes, la jeune fille eut juste le temps d'apercevoir Missor, Lisa et quelques autres compagnons de voyage qui la regardaient avec des yeux ébahis.
Elle était trop faible et se laissa donc porter là où les Salvyries – il ne pouvait s'agir que d'elles – l'emmenaient. Son esprit était embrumé et elle était incapable de réfléchir avec clarté : elle ne songeait même pas à se débattre.
Elles se baladèrent un moment dans la forêt, sous les yeux d'autres femmes armées et en pantalon, jusqu'à arriver à un bassin. Des volutes de fumées en montaient et Alyn devina que l'eau était chaude, sans arriver à deviner comment un tel phénomène pouvait avoir lieu naturellement.
Les Salvyries la libérèrent de ses liens et entreprirent passer la tunique qu'elle portait par dessus sa tête. Cela enclencha une sonnette d'alarme sans son esprit et elle tenta de résister. Cependant ses gestes étaient lents et gourds si bien que ses gardiennes n'eurent aucun mal à terminer leur mission. Toujours de leur main de fer, elles la firent asseoir avant de lui retirer aussi son pantalon.
Une fois entièrement dévêtue, elles la poussèrent gentiment jusqu'au bord du bassin. Elles la firent à nouveau asseoir, cette fois-ci avec les jambes barbotant dans l'eau. Pendant ce temps, elles se déshabillèrent aussi et sautèrent dans l'eau avec des cris de joie. La garde d'Alyn baissa encore – si tant était que cela fut possible – et elle se retrouva à lâcher un petit rire quand elle recevait des éclaboussures. L'eau chaude l'ayant complètement apaisée, elle rejoignit les autres femmes dès que l'une d'elles lui tendit sa main. Elles se sourirent toutes les deux puis s'enfoncèrent plus profondément pour que leur corps fut immergé jusqu'au cou. La Salvyrie pointa sa poitrine et dit :
— Helinda.
Alyn hocha la tête et se présenta aussi, ce qui remplit Helinda de joie : elle battit des mains avec enthousiasme. À leurs côtés, une autre guerrière, plus âgée, donna une petite tape sur la tête de sa congénère. Elle siffla quelques mots et il n'y avait pas besoin de comprendre la langue pour deviner qu'elle invectivait la jeune Salvyrie.
Celle-ci haussa les épaules avec insolence. Après qu'elles se furent confrontées du regard, elle se plaça finalement derrière Alyn pour lui frotter le dos. Elle commença par la récurer avec ses mains puis elle ajouta un substance qui glissait sur la peau et qui embaumait l'air d'un parfum floral. La reine se retourna pour voir de quoi il s'agissait mais Helinda cacha l'onguent de sa vue en riant. Elle continua de frotter sous le la surveillance sévère de l'autre Salvyrie.
Elles sortirent et se séchèrent dans une matière douce qu'Alyn ne reconnaissait pas. On l'enveloppa ensuite dans un drapé blanc qui ne descendait que jusqu'à ses genoux. Elle ne sentait pas le froid qui lui avait jusqu'ici tant déplu.
Se baigner l'avait calmée pour le moment, mais se retrouver à nouveau au centre du village, sous les yeux de tous l'agita. Elle commença à se souvenir de sa mission, de ses visions, de ses amis qui l'attendaient et qu'elle ne voyait pas ici... Elle jeta des coups d'œil anxieux autour d'elle, et, si la vue d'Helinda, toujours souriante, la tranquillisait, ce n'était pas le cas de la vieille qui les accompagnait. Ni même des autres du villages. Alyn était déboussolée, mais elle comprenait quand même qu'il se passait quelque chose de louche. Les habitants la contemplaient d'un air cupide et obséquieux, comme s'ils lui réservaient un sort horrible et que rien que le fait d'y penser leur donnait le sourire. Elle frissonna et un mal de tête l'assaillit.
On l'assit au centre du village, dans un cercle que les Salvyries virent combler petit à petit. Helinda devait avoir perçu la fébrilité de sa prisonnière car elle s'assit très proche d'elle, comme si elle voulait pouvoir la neutraliser en cas de besoin. Elle servit à Alyn une rasade de soupe dont les vapeurs appétissantes lui donnèrent faim. Cependant personne autour d'elle ne mangeait, ils attendaient tous là, à la regarder. Cela la perturba mais son ventre l'emporta et elle commença à boire. Elle vit des sourires fleurir sur les lèvres ou bien des hochement de tête se former dans la foule. Elle se demanda ce qui lui avait échappé ; tout cela ne devait rien présager de bon...
Quand elle s'aperçut que les autochtones ne mangeaient pas la même chose qu'elle, elle eut une illumination et comprit qu'on l'avait droguée. Ce fut sa dernière pensée claire avant de retomber dans le flou.
***
Elle se réveilla une nouvelle fois, cette fois-ci complètement seule et dans un lit. Son premier réflexe fut de palper ses poignets pour s'assurer que ses liens n'avaient pas été remis. Elle détestait cela. Elle détestait être prisonnière.
Elle sortit de ses couvertures et se dirigea vers la fenêtre qu'elle voyait pour en retirer le rideau. Le soleil du matin illumina la pièce.
Elle parcourut sa chambre des yeux. Dans le coin d'où elle venait, il y avait bien évidemment son lit mais aussi une table de chevet sur laquelle un plateau de nourriture avait été posé. Se rappelant de son expérience de la veille, elle choisit de ne pas manger. Aux murs étaient pendues de belles tapisseries aux motifs étrangers. Des dessins de femmes guerrière y étaient souvent représentés. Ce n'était pas de l'art abstrait mais c'était très différent de tout ce qu'elle avait vu sur le continent. Ce n'était pas représentatif de la réalité, les formes étaient grossières et géométriques plutôt que douces, cela ressemblait plus à l'œuvre d'un enfant plutôt qu'à celle d'un artiste.
Le mal de tête qui l'avait assaillie la veille reprit de plus belle et elle posa ses mains sur ses tempes dans un vain réflexe de se soulager. Elle fut surprise de toucher quelque chose de gluant sur au dessus de son oreille droite. Elle l'enleva pour découvrir qu'il s'agissait d'une feuille verte, et comprit à la douleur que ce geste lui avait causé que la plante couvrait une blessure. Était-elle là pour la soigner ?
Helinda entra et lui sourit. Elle regarda vers le plateau et pinça des lèvres en voyant qu'il était toujours rempli. Alyn, grâce à sa lucidité retrouvée, put capter ce mouvement et en conclure qu'elle avait raison à propos de la drogue. Un problème persistait cependant : son mal de tête. Lorsqu'elle était droguée au moins elle ne le ressentait pas. Alors que là la douleur était tellement lancinante qu'elle ne serait bientôt plus capable de réfléchir normalement et cela ne lui servirait à rien.
Après ce qui lui semblait être un énième coup de marteau frappé contre son crane, elle se précipita sur le pain en espérant que son effet serait rapide. Elle vit Helinda avoir un petit sourire de satisfaction puis perdit encore une fois toute notion du temps et des choses. Elle eut juste la sensation d'être heureuse parce qu'elle ne souffrait plus.
*****
Elle montait les marches unes à unes, la main d'Helinda posée dans son dos. Les Salvyries avaient construit cette estrade spécialement pour elle, elle le savait. Elles avaient d'ailleurs été d'une efficacité foudroyante, peut-être étaient-elles habituées à ce genre de tâches.
On l'assit sur un trône et elle se laissa faire. Elle avait retrouvé sa vigueur et son mal de tête était calmé mais elle se doutait qu'une rébellion ne servirait à rien, elle était trop bien gardée. Les Salvyries se réunirent encore une fois autour d'elle, sauf que cette fois elles s'agenouillèrent en plus. Alyn eut soudain peur d'une intervention divine. Et si tout ce spectacle était destiné à l'immoler ? Elle avait bien deviné que les guerrières étaient des sanguinaires, mais l'étaient-elles assez pour faire des sacrifices humains ? La reine eut un sursaut de peur en voyant un poignard apparaître dans la main de l'une des femmes.
Avec toutes les parures dont elle était couverte, Alyn devina qu'elle était reine aussi, ou du moins la chef. Elle eut un sourire doucereux et s'ouvrit le bras gauche avec son arme de cérémonie. Alyn en fut instantanément soulagée, bien que sa curiosité était à son plus haut point. En dessous de la chef, une jeune Salvyrie tenait une coupe. Le sang coula le long du bras puis tomba dans le calix, goutte par goutte. Le poignard et la jeune fille circulèrent ainsi de femmes en femmes. Une fois que toutes celles sur l'estrade se furent entaillées, ce fut le tour de celles qui étaient dans le public. Des enfants bandés se baladaient dans les rangées et s'arrêtaient de temps à autres pour désigner l'heureux élu.
Alyn regardait faire cela avec un curieux mélange d'admiration et d'horreur. Elle admirait toutes ces femmes pour leur courage, pas une ne pipait mot lors de la coupure, mais elle était transie d'horreur en voyant tout ce sang dégouliner sur les bras, car même si elles avaient fini, elles ne se nettoyaient pas.
Quand ce fut finit, la reine s'approcha d'Alyn. Elle s'agenouilla et lui présenta la coupe, remplie du sang de son peuple. Celle-ci ne sut pas ce qu'elle devait faire. Elle lança un appel d'aide à Helinda par regard, mais elle se contenta de hocher la tête avec confiance. Elle prit donc la coupe puisqu'on la lui tendait, mais ce n'était pas tout ce qu'on attendait d'elle.
Toujours sans la quitter des yeux, la chef se mit à fredonner, et très vite le chant se rependit dans les rangs des Salvyries. Alyn devina qu'il s'agissait d'une prière, mais pourquoi ? Que voulaient-elles à la fin ?
Et alors la lumière se fit. Elle se rappela des tapisseries vues dans la chambre ce matin. Sur une d'elles, une scène similaire à celle qu'elle vivait avait lieu. Une femme à la peau halée et aux yeux bruns était assise sur pareille estrade. Elle détonnait par rapport à toutes les blondes, châtain clair ou rousses qu'étaient les Salvyries. On lui tendait aussi une coupe au liquide rouge, qu'elle avait pris pour du vin. Et sur le dessin brodé suivant, elle buvait... Ensuite, des ailes lui poussaient dans le dos et elle s'élevait dans le ciel. Cette créature mi-femme, mi-oiseau était représentée à de nombreux autres endroits également. Elle en avait vu des petites statues sur le pas des maisons de bois, et les colliers comportaient souvent des plumes, sûrement pour cette raison.
Les mains d'Alyn tremblèrent. Les Salvyries la prenaient pour leur déesse. Elles attendaient d'elles qu'elle boive ce sang et qu'elle se métamorphose. D'où les sourires qu'on lui accordait et les bons traitements réservés à elle seule. La drogue devait avoir pour simple but de la soulager de son mal de tête... Mais elle n'était pas déesse, elle s'était juste trouvée au mauvais endroit au mauvais moment.
Les regards se faisaient de plus en plus insistants et Alyn sentit qu'elle n'avait pas le choix. Elle fit mine de tremper ses lèvres dans la coupe et l'odeur métallique du sang lui donna déjà la nausée. Mais ce n'était pas encore assez, les guerrières voulaient qu'elle boive vraiment. Elle avait le pressentiment que si elle ne s'exécutait pas, il lui arriverait quelque chose de plus horrible encore, et en tant que clairvoyante, elle savait aussi qu'elle devait toujours écouter son intuition.
Elle ferma les yeux et tachât de refluer son dégoût. Elle avala une première gorgée. C'était complètement horrible, elle sentait le sang encore chaud et un peu gluant lui couler dans la gorge. Cela lui donna un haut le cœur et elle faillit recracher pour vomir. Les chants gagnaient en intensité au dessus d'elle. Elle plongea pour une autre gorgée qu'elle réussit à avaler aussi. La troisième cependant fut plus compliquée et elle en rendit une partie. Pitié que ça s'arrête, songea-t-elle. Elle n'en pouvait plus, l'idée d'avoir bu du sang humain lui donnait mal au ventre et elle avait toujours en bouche le goût métallique qui lui rappelait ce cauchemar. Elle poussa la coupe plus loin en sentant un reflux arriver.
Il fallait croire que là haut on avait entendu sa prière puisqu'elle s'évanouit sans avoir fini le liquide vermeil.
~~~NDA~~~
Berk, non ? En tout cas c'était un peu berk quand j'ai fait toutes mes recherches sur le fait de boire du sang... Vous avez déjà entendu parler de l'historique des écrivains ? Ça peut faire peur à voir X)
Sinon, que pensez-vous qu'il va se passer pour Alyn maintenant ? Réponse au prochain-prochain chapitre ! (Bah oui sinon c'est pas drôle)
Votre déjantée rêveuse
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