12- En route


    Le dromadaire semblait lui sourire. Egel détestait les dromadaires. « Viens, monte-moi, que je te rappelles d'horribles souvenirs et que je te donne des courbatures ! » voilà ce que l'animal aurait dit s'il avait pu parler. En tous cas, c'était sûr qu'il le pensait. Le prince lui jeta le regard le plus méchant qu'il put.

    Près de lui, il entendit Mélanie éclater de rire.

    — Allons, à quoi joues-tu ?

    Il haussa les épaules et sentit sa nuque se réchauffer. Il esquiva la question en changeant de sujet.

    — Comment faut-il faire pour qu'il se couche ?

    — Près du sol !

    La bête s'exécuta avec une lenteur exaspérante.

    — Merci.

    — Ce n'est pas moi qu'il faut remercier, dit Mel, c'est lui qui s'est abaissé et qui te portera durant tout le trajet.

    Le prince contempla le dromadaire d'un œil suspicieux et ne prononça un maigre merci que parce que la gouvernante attendait qu'il le fasse.

    Une fois sur l'animal, il attendit que les Amhuriens se préparent tous. Il vit Alyn embrasser chaleureusement Mel et curieusement, sentit un petit pincement au cœur. Son franc-parlé et sa gaîté de vivre lui manqueraient à coup sûr.

    Enfin, la petite troupe se mit lentement en branle. Le soleil pointait le bout de son nez. Ils partaient à l'aurore, comme prévu.

    Il ne fallut beaucoup de temps à Egel pour comprendre pourquoi ils montaient déjà, ne respectant pas leur habitude de marcher la première heure « parce qu'on était alors encore frais ». Dans les ville, les gens s'agglutinaient autour d'eux, tendaient les bras pour toucher leur reine, lui dire au revoir. Sans les dromadaires, ils se seraient faits écraser par la foule, ils n'auraient pu avancer.

     Plus tard dans la journée, la reine fit route à ses côtés.

    — Regarde, dit-elle avec un sourire de fierté. Nous passons près du petit marché.

    Sur leur droite de nombreux étalages vendaient des articles en cuir : chaussures, sacs, coussins, décorations, ceintures... Étaient aussi présentés des bijoux, des armes, des animaux en bois, des instruments de musique, des balais, des pagnes de tissus et bien d'autres choses encore auxquelles Egel n'aurait même pas été capable de donner un nom ou une utilité.

    Tous ces objets étaient disposés en avant plan et c'était parce qu'il y en avait tant qu'il eut du mal à réaliser ce qui se tramait à l'arrière : On pouvait entrer dans ce genre de boutiques ouvertes et alors on voyait les artisans à l'œuvre !

    — Ils travaillent là ! Pourquoi ? demanda-t-il.

    — Eh bien ! Ou voudrais-tu qu'ils le fassent ? Ainsi le temps n'est pas perdu, s'il y a des clients ils s'en occupent et s'il n'y en a pas ils avancent dans leur production.

    Egel était émerveillé. Ce que disait Alyn était vrai en un sens, il ne comprenait d'ailleurs pas qu'il n'en fut pas la même chose en Mirùn. Chez lui, produire et vendre n'était pas le même travail, en conséquence on ne les mélangeait pas et on ne le faisait pas au même endroit. D'un autre côté, songea-t-il, en Mirùn le temps ne laissait pas toujours la possibilité de permettre un marché ouvert.

    Certains artisans travaillaient pour le moment sur des semelles de chaussures et Egel les vit assembler les couches de cuir, piquer avec une aiguille et tirer le fil à l'aide de leurs dents. Ils le regardaient fixement en faisant cela et s'il devait avouer que c'était perturbant, il comprenait aussi que lui-même faisait partie des choses qu'on ne voyait pas tous les jours.

    Un peu plus loin, il aperçut des gens travailler le métal, ils avaient des enclumes minuscules et un marteau aux dimensions assorties avec lequel ils frappaient le métal pour le mettre en forme. Leurs instruments avaient l'air d'outils de poupées mais le prince comprenait qu'ils apportaient une grande précision aux travaux.

    C'était fascinant, se dit-il. Sous ses yeux se créaient des objets du quotidien, qu'il utilisait tous les jours sans vraiment savoir jusqu'alors comment ils avaient été fabriqués.

     Les yeux brillants, il se tourna vers la reine.

    — Et vous dîtes qu'il s'agit du petit marché ? Je n'ose pas imaginer le grand !

    — Allons, comment les habitants pourraient-ils se nourrir avec ce seul marché ? Il n'y a rien à manger, aucune matière première, aucune épice !

    Elle avait dit juste, encore une fois et il eut un peu honte de poser de telles questions. Heureusement, Alyn ne semblait pas s'en formaliser. Elle était simplement contente que son pays, son peuple et sa ville l'impressionnent.

    Ils arrivèrent aux murailles de la ville au zénith du soleil. Encore une fois, le prince fut frappé par leur grandeur.

    — Vous craignez une attaque ?

    Il aurait pu tourner sa question d'une autre manière, pour que ça paraisse moins comme s'il s'intéressait aux ennemis d'Amhura et donc par extension aux potentiels alliés de Mirùn... Mais bon. Ce qui était fait était fait. Telmar l'aurait sans doute fait plus subtilement mais au moins Egel faisait-il quelque chose, même mal, il ne restait pas muré dans un silence de plomb, lui.

    — Non ! Enfin si tu veux, dit-elle. Pas dans le sens où tu l'entends en tous cas. Il y a longtemps que nos ennemis ont abandonné l'idée d'attaquer notre capitale, le désert est notre meilleure arme tu sais. En même temps que notre ennemi à nous aussi. Les murailles nous protègent du sable.

    Il hocha la tête. Il avait cherché leur utilité avec un point de vue d'Homme, il n'avait pas pensé que la nature aurait pu être à l'origine de tels édifices.

    Une fois qu'il eut franchit les portes, il se retourna en poussant un soupir. Cette cité pleine de vie lui manquerait un peu. Surtout en comparaison au désert qui s'ouvrait devant-lui.

***

    Plusieurs semaines plus tard, ils étaient définitivement sortis de cet enfer et Egel remerciait Lys pour cela. Il n'aurait pu le supporter plus. Son corps avait sué la moindre goutte d'eau qui se trouvait en lui, il avait les lèvres craquelées, la peau rouge, agressée par le soleil ou la chaleur des vêtements qui couvraient son corps. Mais enfin ils en étaient sortis, et ils n'y retourneraient probablement pas avant un bon bout de temps, hourra !

    C'était la pause de midi. Alyn s'approcha de lui. Ses yeux brillaient.

    — Alors, es-tu prêt à trouver ce trésor ?

    — Je ne sais pas... Imagine s'il n'existait pas. Je préfère ne pas me bercer de fausses illusions. Je serai moins déçu s'il devait s'avérer qu'on ne le trouve pas.

    — Quel pessimisme, tu me sidères !

    Il haussa les épaules, il avait tendance à ne croire que ce qu'il voyait, qu'y pouvait-il ?

    — Ce n'est qu'une légende, tu sais. Rien ne nous prouve qu'elle est fondée.

    — Toutes les légendes sont en partie fondées, voyons !

    — Peut-être. Toute la nuance est dans ce « en partie ».

    Le prince avait passé de très nombreuses heures dans la bibliothèques. La mythologie, les superstitions et les légendes étaient ce qu'il préférait. Sa tête était pleine de ces histoires. Et si seulement la moitié du quart de ce qu'il avait lu devait être réel, il y avait de quoi s'inquiéter.

    — Bon, reprit-il. Vous ne m'avez pas mis au courant de grand-chose en fait, toi et père. Selon les estimations, combien de temps nous restera-t-il pour trouver l'emplacement exact du trésor une fois que nous serons à Ytto ?

    Elle prit tout son temps pour répondre, c'en était exaspérant.

    — Une nuit.

    — Je vois. Et une heure précise est-elle nécessaire ?

    — Oui, au premier rayons du soleil.

    — Nous passerons donc la nuit de notre arrivée à nous rendre sur place.

    Elle hocha la tête.

    — Au moins Telmar a accepté de révéler qu'il est caché dans les environs du château. 

    Il soupira. Quand auraient-ils enfin le droit de se reposer et de passer une bonne nuit, couchés sur des matelas confortables ? Parce que son petit doigt lui disait que toute l'aventure n'allait pas s'arrêter dès l'instant où ils poseraient les doigts sur le trésor. C'était trop facile, et son expérience lui avait appris que Lys n'accordait pas que des vies faciles.

    — Tu émets des ondes négatives, je vais voir ailleurs, dit la reine avec un sourire.

    Egel secoua la tête. Quel drôle de numéro celle-là. Quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois, il l'avait prise pour une personne forte, froide, manipulatrice et hautaine. Plus le temps passait et plus il la découvrait d'un autre œil. Elle n'était pas comme les autres femmes de la cour. Elle disait ce qu'elle pensait et agissait comme elle le voulait, sans être retenue par la barrière de la courtoisie et de ce qui ne se faisait pas.

    Tandis qu'il la regardait, en train de parler en Amhurien avec Aymeric, il remarqua qu'elle faisait de grand gestes pour appuyer ses propos, qu'elle se laissait aller à quelques grimaces et surtout qu'un sourire resplendissant fendait son visage. Il enviait cette liberté d'être qu'elle possédait.

    Un soldat fit résonner le cor et la troupe s'agita. On se levait, tendait la main à son prochain pour l'aider à en faire de même, sellait les animaux, empaquetait ce qui avait été sorti : on repartait.

    Pendant qu'ils avançaient, des nuages commencèrent à se profiler à l'horizon. Le prince se prit à espérer qu'ils apporteraient la pluie. Jamais il ne l'avait autant souhaitée ! En temps normal il se plaignait de ces jours pluvieux où il ne pouvait pas sortir du château sans rentrer couvert de boue et où le tir à l'arc était difficilement praticable. Il n'avait alors pas saisi la chance qu'ils avaient en Mirùn d'avoir des pluies régulières. Elles lui avaient tellement manqué ! Il sourit, jamais il n'aurait cru penser cela un jour.

    Après plusieurs heures encore, ils finirent par traverser des zones plus peuplées. Dans les champs, les paysans s'activaient. Le printemps était là, ils pouvaient enfin semer autre chose que des choux, des fèves et autres légumes dont ils commençaient probablement à avoir marre.

    Pour Egel, c'était curieux de les voir ainsi. Il ne savait pas à quoi il s'était attendu exactement mais pas à ce qu'il voyait. Il était persuadé que s'il s'était rendu au même endroit un an auparavant il aurait assisté à la même scène. Pourtant, les choses n'étaient pas telles qu'une année en arrière. Ces gens avaient perdu leur roi et la famille royale. Ils ne semblaient pas s'en soucier.

    — Ça doit te faire bizarre, non ?

    C'était Alyn.

    Il haussa les épaules, peu sûr de s'il valait mieux se taire ou parler. « Se taire ! » lui ordonna la voix de Telmar en esprit. Cependant son père n'avait rien dit, il ne s'agissait que du cerveau d'Egel qui imaginait. Il prit une inspiration.

    — Un peu oui, admit-il. C'est comme si nous étions déjà oubliés.

    — Je ne pense pas qu'ils vous aient oubliés. Trop difficile, à mon avis. Tu sais, il y a des bons et des mauvais rois. Puis ceux entre les deux. Ce sont ces derniers qui sont effacés des mémoires. Les bons, le peuple s'en souvient et les regrette. Les mauvais... Les bonnes gens préféraient oublier mais ne peuvent pas.

    — Je ne suis pas certain que père ait été un si bon roi. Je veux dire, il n'a jamais rien fait de tellement exceptionnel.

    — Je n'ai jamais dit qu'il se trouvait du côté des bons.

    Le prince serra les dents. Il aurait dû s'en douter. Évidemment qu'elle pensait ainsi.

    — Je ne te permets pas ! Qui es-tu pour te permettre de dire cela ? Tu n'as jamais vécu ici, tu ne sais pas. Je ne suis pas aveugle, j'ai vécu des années à la cour, je sais qu'on nous aimait.

    — La cour n'est pas représentative du peuple. Je ne prétends pas que tu étais aveugle, seulement tu as grandi avec des œillères sur les yeux. Et même si tu penses que là bas on t'aimait ce n'était pas le cas. Ce n'était qu'un masque d'obséquiosité pour s'attirer vos faveurs. Ou de la crainte, à voir. Le peuple vous haïssait. Il croulait sur les taxes pour payer à Telmar un rêve plus grand que ce qu'il ne pouvait se permettre.

    Egel détourna les yeux, il était dégoûté, pas tant parce que la reine disait mais par lui-même, qui ne trouvait pas de contre-argument.

    — Tu sais, dit-elle d'une voix plus douce. Il n'a pas été difficile de vous détrôner. Si nous ne l'avions pas fait le peuple s'en serait chargé. Cela aurait créé une anarchie totale. Dans un sens nous avons sauvé le royaume.

    Il voyait rouge.

    — Oh mais oui, les Amhuriens, nos grands sauveurs, ces saintes personnes, heureusement qu'ils étaient là pour nous décimer sur le champ de bataille !

    — Toute guerre demande ses sacrifices.

    Elle pinça les lèvres et regarda ailleurs, mettant ainsi fin au débat.

    Il secoua la tête. Est-ce que son père avait entendu la conversation ? Il chevauchait non loin d'eux, pourquoi ne réagissait-il pas ? Mais Telmar restait dans son mutisme, ne parlant que quand on lui posait des questions. Avec un petit sourire, Egel se dit que c'était parce qu'il n'avait plus d'ordre à donner. Malgré son statut recouvré, les Amhuriens n'obéissaient qu'à leur reine. Ou plus probablement était-ce l'idée de trouver le Trésor de Bargor qui le rendait si pensif.

    Au loin, ils aperçurent les murs de la capitale. Egel sourit. Une goutte d'eau lui tomba sur le crâne et il leva la tête au ciel. Il n'était d'ailleurs pas le seul, les Amhuriens semblaient complètement euphoriques ! Ils descendirent tous de leur dromadaires et se mirent à danser et à chanter. L'ambiance était festive et Egel se laissa entraîner par la bonne humeur générale. Il vit même que la cérémonie – ou peu-importait de quoi il s'agissait – avait réussi à tirer un sourire à Telmar.

    Les soldats dansaient presque pliés en deux, sautant d'une jambe à l'autre et tapant dans les mains en rythme. Alyn ne les accompagnait pas mais elle battait la cadence de tout son corps.

    Quand ils eurent fini et qu'ils se remirent en route, Egel la rejoignit.

    — Vous fêtez donc ainsi toutes les pluies ?

    — Non, seulement celle qui annonce la saison des pluies. Elle est sacrée, elle apporte la fertilité et le renouveau. Sans elle nous ne pourrions pas survivre.

    — Quelles sont les autres saisons ?

    — Celle que tu as connue : la saison froide ainsi que la saison chaude. Et vous ?

    — Nous en avons quatre : printemps, été, automne et hiver. Et la pluie nous honore de sa présence pour toutes !

    Ils étaient étonnés tous les deux. Ils vivaient sur le même monde mais d'un autre côté c'était totalement différent.

    Ils avancèrent en silence quelques temps.

    — Au fait, qui règne sur le royaume ?

    — Un oncle éloigné accompagné de quelques membres du Conseil.

    — Et ils arrivent à gérer tout seuls ?

    — Je t'informe que nous n'avons pas tué tous les Mirùniens, loin de là. La plupart ont rejoint notre cause et donc reprennent les mêmes fonctions qu'auparavant mais en nous aidant.

    — Et dire que je les pensais tous fidèles...

    — Ceux qui l'étaient vraiment vous ont suivis, arme au poing, et en sont morts. Les autres... qu'aurais-tu voulu d'eux ? Qu'ils tentent de vous sauver ? Cela aurait été une mission suicide.

    Elle lui sourit puis s'éloigna, geste dont il lui fut reconnaissant. Ainsi il pouvait méditer seul tout ce dont ils avaient parlé. Ce n'était pas spécialement facile à avaler. Cependant il devait reconnaître que les paroles d'Alyn étaient fort justes en tous points. Mais elle n'avait pas la même place que lui au sein de ce conflit. Elle aussi aurait sûrement exigé un peu plus de reconnaissance de son peuple, elle parlait sans savoir ce qu'on pouvait ressentir dans cette situation.

    Il soupira, se concentra sur la sensation de l'eau dégoulinant contre son dos, et sur le fait qu'ils étaient de nouveau chez lui. Dans sa ville.

    Des bruits divers se faisaient entendre : des marchands huant les passants, le cri des enfants qui couraient, le claquement des sabots contre le sol. Enfin voyait-il autre chose qu'une couleur sable ! Les maisons n'étaient plus toutes semblables, il y en avait des en bois, en brique, des petites, des grandes, des repoussantes et des coquettes. Il remercia Lys pour l'avoir ramené à son berceau saint et sauf et pour avoir réussi à lui faire apprécier la valeur de ce qu'il possédait.

    Un seul détail changeait de son habitude, des soldats aux couleurs Amhuriennes se baladaient dans les rues en plus des chevaliers Mirùniens. D'ailleurs en parlant du loup, une troupe de soldats, probablement alertés par le bruit, les rejoignit. Ils échangèrent quelques paroles en Amhuriens, les nouveaux arrivants saluèrent leur reine puis ils éclatèrent de rire tous ensembles et repartirent bras dessus, bras dessous.

    Ils progressèrent encore vers le cœur de la ville. Les rues se firent plus propres, plus calmes et plus belles. Les toilettes des dames se paraient de mille couleurs chatoyantes et leurs parfums devenait raffinés. Les hommes exhibaient fièrement des chaussures cirées et des lames de grande qualité. Quant aux enfants, ils avaient un comportement moins turbulent. Somme toute, ils parvenaient aux quartiers riches.

    Les nobles qu'ils croisaient s'inclinaient sur leur passage mais Egel ne sut pas vraiment dire s'ils le faisaient pour Telmar et lui ou pour la reine d'Amhura. On ne semblait pas les reconnaître en tous cas. Il pouvait comprendre cela de la part des paysans qui ne les avaient probablement jamais vus, sinon de loin mais venant de ces personnes avec qui il se souvenait avoir déjà discuté, c'était moins tolérable. Et plus blessant aussi.

    Il soupira, se dit que c'était parce qu'ils portaient des vêtements Amhuriens et que le peuple les pensait morts. Ils ne voyaient pas ce qu'ils ne s'attendaient pas à voir. Cependant, il n'était pas certain qu'il croyait à son propre argument, il cherchait à se mentir pour réduire la douleur.

    Au moins arrivaient-ils au château. Là-bas il était sûr de trouver des gens qui se souviendraient assurément de son visage ! Et il verrait bien si on avait encore un peu d'estime pour lui ou si vraiment il ne comptait plus...

    Quand ils y parvinrent enfin, il fut bien déçu. Les gens qui les recevaient étaient des Amhuriens, des envahisseurs. Ils étaient là pour leur propre reine. Dans la foule, pas une tête qui lui fut connue, pas une personne ne lui sourit. C'était Alyn dont on fêtait le retour, Alyn qu'on acclamait, Alyn vers qui on tendait les bras pour la toucher, Alyn dont on tentait de capter l'attention. Elle répondait à toutes ces sollicitations avec son grand sourire et des paroles douces.

    Ce fut à ce moment là qu'il se sentit complètement seul, tous les gens autour de lui parlant une langue qu'il ne pouvait comprendre. À l'instant où il venait de poser le pied chez-lui.

    Durant son expédition en Amhura, la langue ne lui avait pas paru être une telle barrière. Tous les échanges qu'il avait connu s'étaient déroulés en Mirùnien. Les occasions où il aurait voulu comprendre la langue ennemie s'étaient faites rares. Et désormais c'était le cas. Dans son château. Quel comble !

    Personne ne l'acclamait lui, au contraire, les Amhuriens lui jetaient des regards méfiants, ils l'avaient probablement identifié à cause de sa couleur de peau. L'un d'eux se pencha à l'oreille de la reine et lui souffla quelques mots, sans jamais lâcher Egel des yeux.

    Son pouls s'accéléra. Par Lys, que disaient-ils ? Ne seraient-ils pas en train de comploter contre lui ? Non... Non. Ils ne pouvaient pas, n'est-ce pas ? S'ils avaient voulu le tuer ils l'auraient déjà fait depuis longtemps. Il n'y avait aucune raison pour qu'ils le fassent à ce moment plutôt qu'à un autre.

    Il prit une grande inspiration, il fallait qu'il se calme. Cela n'arriverait plus. Il n'avait plus le contrôle. Il avait une sœur et elle le protégerait, il le savait. Tout irait bien...

    — Ça va Egel ?

    C'était Alyn qui lui tenait le bras et le regardait avec des yeux inquiets. Il lui sourit.

    — Oui.

    Et pour une fois il en était convaincu.



~~~NDA~~~

Je sais. C'est pas bien de ne pas dire ce que "cela", si ce n'était pas de moi j'aurais râlé... Du coup je change vite de sujet ! Hiiiii, le trésor se rapproche à grands pas !!!

Désolée pour la longue attente entre la publication des chapitres, j'ai des gros problèmes d'internet pour le moment... La bonne nouvelle c'est que du coup une fois que ça sera réglé j'aurai pleiiin de chapitres d'avance ! 

Votre déjantée rêveuse


Publié le 18 avril 2018

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