Le trésor (page 3)


Détrompez-vous si vous le pensiez, mais ces vampires-là étaient loin d'être élégants : ils avaient une robe noire et déchirée, presque semblable à celle de la faucheuse sous leurs immenses capes noires parsemées de reflets rouges sang, et couraient pieds nus, avec leurs larges pieds tant ridés qu'on croyait voir des plis par dizaines à l'arrière de chaque orteil, avec de longs ongles verdâtres, sales et mal entretenus, coupés inégalement par endroits. La plante était alors salie de toute la crasse qu'elle pouvait ramasser sur le sol de la rue. Leurs immenses mains, au moins autant ridées que leurs pieds, si ce n'était sensiblement plus, se terminaient en quatre énormes griffes, d'ivoire vert et dur, au bout teinté de rouge sanguin. Leurs cheveux noirs, gras et sales partaient dans tous les sens. Souvent, de grandes mèches dégoûtantes venaient masquer le milieu de leur visage, et leur touffe crasseuse leur tombait parfois jusque sur les épaules. Leurs cous à chacun étaient marqués de plis, ainsi que d'une ancienne marque de morsure – la morsure qui les avaient à leur tour transformés en vampires –, qui n'avait jamais cicatrisé. Ils sentaient le sang et la mort à plein nez, une odeur réellement comparable à celle d'un cadavre en pleine décomposition. Le pire était sans doute leurs visages : tous, avaient un menton pointu comme une dent de requin (c'était à se demander si on ne pouvait pas se percer la main en la passant dessus) et une face plus blanche encore que le reste de leur corps – quant à lui d'un gris mâtiné de reflets verdâtres. Leurs bouches étaient si grandes et si monstrueuses que l'on pouvait plutôt appeler ça des gueules, leurs canines acérées étaient toujours mélangées entre le grisâtre et le rouge du sang, et toujours prêtes à mordre dans quelque-chose ; puis leurs nez étaient comparables à celui de Voldemort ; leurs yeux enfin étaient entourés eux aussi de rides, et n'étaient qu'un globuleux blanc d'œil plutôt verdâtre vidé de toute expression. Deux fins brins noirs abaissés par les plis au dessus de ces derniers leur faisaient office de sourcils. Leurs fronts et leurs joues étaient tout autant abîmés que le reste.

Les jambes de Vicky bougeaient tellement vite qu'elle prenait parfois peur en les regardant, car lui donnant l'impression de faire du surplace. Cette impression s'amplifia d'autant plus lorsqu'elle leva brusquement la tête vers le ciel et laissa un nouveau beuglement strident ébranler ses cordes vocales : les immense ptérodactyles marrons aux yeux rouges démoniaques s'étaient joints à la partie. L'adolescente espérait toujours pouvoir aller plus vite qu'eux, ce qui restait toujours difficile puisqu'une créature est logiquement plus rapide au vol qu'à la marche, et même qu'à la course à pied.

Au bout de plusieurs nouvelles minutes de course pour sa propre survie, notre héroïne fut prise d'une idée. Pourquoi n'avait-elle pas pensé plus tôt à essayer de semer ces monstres ? Elle accéléra sa course une ultime et dernière fois, touchant à ses limites de vitesse, et dérapa dans un virage qui la conduit sous le préau d'un immense bâtiment. Elle eut intensément mal au coccyx lorsqu'elle chuta contre le sol, mais au moins elle réussit à voir les créatures continuer leur course tout droit. Elle souffla un grand coup, et resta un moment assise-là, trop occupée à se remettre de ses émotions. Elle pouvait bien prendre un peu plus de temps, ici elle n'était plus très loin du point de rendez-vous. Elle ne remarqua même pas une ombre humaine se dresser derrière elle.

Vicky accompagna son sursaut d'un cri d'une amplitude inattendue lorsqu'elle sentit deux mains se plaquer sur ses épaules. Un rire qu'elle reconnut immédiatement accompagna une parole qui la soulagea :

« Hé, calme-toi, ce n'est que moi ! »

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