Le trésor (page 2)


Aujourd'hui encore, Vicky n'était absolument pas amoureuse de Dylan, elle qui était asexuelle et aromantique. Mais c'était une de ses seules amies, une des seules qui pouvait le comprendre et le faire rire avant qu'il ne rentre chez lui et ne finisse par se remettre à pleurer. Aujourd'hui, le jeune homme se mutilait beaucoup moins qu'avant (il ne le faisais presque plus que par simple masochisme passager), tout ça car il avait trouvé autre-chose pour oublier un peu sa vie atroce et s'envoler dans un autre monde. Et ce quelque-chose il avait voulu le partager avec Vicky pour la remercier de tout ce qu'elle avait déjà pu faire pour lui – bien qu'elle n'ait rien fait de grandement exceptionnel.

Ce soir-là, la jeune fille avait besoin de voir son ami. Il pouvait lui apport des choses que personne d'autre ne voulait lui apporter. Cela la soulageait, mais ce n'était pourtant pas lié à la sexualité – le sexe la répugnait au point de la rendre malade. Et bien qu'au début Dylan lui avait proposé de coucher avec lui car il la trouvait vraiment très attirante, il y avait vite renoncé lorsqu'elle lui avait appris qu'elle était asexuelle. Et comme elle était également aromantique, ils ne pouvaient même pas sortir ensemble – les relations amoureuses la dégoûtaient au point de lui donner la nausée. Vicky n'avait jamais fait le moindre baiser ou câlin semblant plus qu'amical à ce garçon qu'elle considérait comme son meilleur ami, mais elle ne savait pas non plus que cela le faisait grandement souffrir, lui qui avait fini par tomber véritablement amoureux d'elle. Et ça malheureusement, aucun des deux ne pourrait jamais rien y faire.

L'adolescente décida de s'évader cette nuit. Elle appela Dylan sur son portable, et ils se donnèrent rendez-vous à leur point habituel, ou l'endroit où ils s'étaient rencontrés, ce coin de rue constamment sale et humide d'urine ou de bière. Lorsqu'elle l'avait appelé et l'avait entendu décrocher, la première chose qu'elle avait put apprendre était qu'il était déjà dehors ; en train de traîner ailleurs dans la rue, il s'était débrouillé par se procurer « le trésor ». Notre héroïne, elle, avait besoin de ce trésor.

En une ultime rapidité, Vicky enfila son sweat noir et rabattit sa capuche sur ses cheveux blonds vénitiens bouclés, et mit rapidement un jean noir avant de s'en aller en escaladant le petit balcon sur lequel donnait son salon, lui qui n'était jamais fermé et relativement utile pour s'évader sans grand danger, dans une discrétion idéale.

Ses yeux gris acier, remplis d'impassibilité et de sérénité qui ne pouvaient pas traduire son inquiétude, son excitation ou encore son impatience, épièrent les alentours. Dès qu'elle fut sûre que personne ne la voyait et ne pourrait la suivre – elle était aussi du style sensiblement paranoïaque –, elle fila, vive et rapide comme une flèche, tandis que ses clés, qu'elle avait fourrées dans la poche de son sweat, cliquetaient sans retenue.

Elle finit par stopper brutalement à un coin de rue pour reprendre son souffle. Certes, Dylan l'attendait, mais elle ne pouvait pas non plus arriver jusqu'au point de rendez-vous en une minute chrono ! Elle décida de continuer en marchant tranquillement.

Soudain, un vif mal de tête la parcourut et fit trembler son âme comme une onde. Son cerveau se mit à bouger dans sa boîte crânienne – il faisait un tour de manège. Ses pupilles se dilatèrent alors lorsqu'elle crut percevoir un bruit, et elle se retourna, prise de peur, emportant dans la foulée ses cheveux bouclés, dans un vif mouvement qui lui brouilla la vue pendant une seconde. Dès que la mèche qui était passée devant ses yeux fut entièrement retombée, elle hurla d'horreur et se remit à courir : elle venait de voir un vampire.

Celui-ci avait bien du mal à la rattraper, il ne parvenait guère à se téléporter aussi aisément que les vampires avaient l'habitude de le faire, ce qui fut une aubaine pour Vicky. Plus elle sentait les rugissements enragés et affamés de la créature sombre se rapprocher d'elle, plus le mouvement de ses jambes était intense et puissant, comme si elle n'avait plus fait que des bonds, de plus en plus larges. Elle osa jeter un bref regard derrière son épaule, mais son sang se glaça et elle se dit qu'elle n'aurait jamais dû faire ça, car désormais elle avait pu se rendre compte que le vampire qui lui courait après n'était plus du seul, et avait ramené toute sa clique. Leurs ventres de morts-vivants sinistres grognaient bruyamment, et l'adolescente pouvait entendre ce bruit bien peu ragoûtant en puissance mille tant les monstres étaient nombreux.

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