Le train était déjà là, attendant l'heure du départ. La gare était comme à son habitude bruyante et grouillante de monde. Les voix résonnaient, les valises étaient tirées, les pas rapides. Un lundi matin comme les autres en soi. Sauf pour moi.

Je regardais le moyen de transport qui m'emmènerait vers ma nouvelle destination. Un nouveau départ. Une nouvelle vie. J'étais jeune, j'appréhendais la vie loin de chez moi mais je savais que c'était ce que je souhaitais. Je devais partir pour réussir ma vie. Pour faire ce que je souhaitais.

Quelqu'un courrait parmi la foule. Je l'entendais distinctement. Parce que c'était lui. Je savais que c'était lui. Ce ne pouvait être que lui. Je savais qu'il me cherchait.

Je me retournai et lorsque mon regard croisa le sien, je sentis mes convictions s'effondraient. J'étais prête à tout laisser tomber pour lui. J'étais prête à tout abandonner. Oui, s'il me demandait de rester, je le ferais. Parce que je l'aimais.

Il s'arrêta face à moi, voulut sourire puis se ravisa. Moi aussi. Ses cheveux noirs et son regard vert si intense allait me manquait. Il faisait environ ma taille et j'aimais le charrier à propos de cela. Les filles se plaignaient qu'il était trop petit pour un garçon. Moi, je m'en fichais. Il était là pour moi, il me soutenait, il était gentil. C'était tout ce qui comptait. L'apparence était secondaire. Et puis de toute façon, malgré sa taille, il était mignon.

-C'est bientôt l'heure.

Sa voix me procura des frissons. Parce que je savais que je ne l'entendrais plus pendant longtemps. Parce qu'il avait ce truc que je ne retrouvais chez personne d'autre. Ce truc inexplicable qui me faisait me sentir quelqu'un d'autre. Ce truc qui s'appelait l'amour.

-Oui. Mon avenir m'attend.

Le temps défila dans un silence où nos regards étaient rivés l'un dans l'autre. Je savais qu'il cherchait ses mots et qu'il ne trouvait rien à dire. C'était mieux ainsi. Les larmes pouvaient apparaitre à tout moment et je ne souhaitais pas faire de ce départ un mauvais souvenir. Je voulais qu'il garde de moi l'image d'une fille rayonnante et souriante, ne perdant que peu espoir. Une battante qui n'a peur de rien, même d'aller vivre à des lieux de chez elle. De son pays qui l'avait vu naitre.

Alors que l'échange se prolongeait, je regrettais subitement de ne jamais lui avoir dit clairement les choses. Savait-il à quel point je l'aimais ? En avait-il un aperçu ? S'en doutait-il ? Pourtant, je n'en dis rien à ce moment.

-Je vais y aller, sinon je vais le rater.

Je parvins à un sourire bien que je ne le pensais pas mais je ne parvins pas à bouger de suite. Je le fixai encore. Une dernière fois. Je gravais chaque trait de son visage dans ma mémoire. Puis, je croisais une nouvelle fois son regard et compris mon erreur. Compris que mon désir secret ne serait jamais satisfait. Il ne me demanderait jamais de rester. Il ne le ferait jamais. Car il savait que c'était important pour moi. Il le savait et le respectait. Il le souhaitait. Il le souhaitait autant que je l'espérais. Mais il ne pouvait pas me demander cela. Il ne pouvait pas parce que mon rêve était ailleurs. Il le savait. Il voulait tant mon bonheur qu'il me laissait partir. Alors que sans doute, sans hésitation, lorsque je lui fis signe par la vitre du train, je me dis qu'il m'aimait. Il m'aimait d'un amour aussi pur que le mien.

Mais l'amour perdurerait-il malgré la distance et le temps ? On change, on grandit, on se forge. On aime, on déteste. On rit, on pleure. Nous allions vivre chacun de notre côté. Vivre ce que nous devions vivre à des kilomètres de différences. Alors, pouvais-je avoir de l'espoir ? Serions-nous des exceptions ? L'amour subsisterait-il envers et contre tout ?

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C'est très court et très frustrant aussi mais je n'irais sans doute jamais plus loin dans cet écrit ! Il n'y a ni nom ni âge par choix. Je souhaitais un écrit où il est assez aisé de s'imaginer à sa place. Est-ce réussi malgré la brièveté de la situation ? Peut-être une réponse à la dernière question ? Qu'imaginez-vous comme vraie fin ?