Rennes-Brest

Une femme blonde, les cheveux coupés au carré, attend à la gare de Rennes. Elle regarde sans fléchir le panneau lumineux indiquant les arrivées des trains en gare. Elle vient de fêter son anniversaire avec ses amis et là, elle attend le train qui la ramène chez elle. Elle vient de fêter son vingt-neuvième anniversaires et plus que jamais, elle commence à se sentir vieille. Cette femme s'appelle Judith et elle est une habituée du train qu'elle prend très régulièrement pour aller d'un point A un point B. Certes elle a son permis et une voiture, mais elle préfère de loin prendre le train car elle aime beaucoup le contact humain et n'aime pas trop la solitude d'un trajet en voiture.

Ce jour-là , il y a foule dans la gare bretonne, et Judith est bousculée à plusieurs reprises, cependant, cela n'entache pas sa bonne humeur. Elle a avec elle un grand sac de voyage qui contient ses vêtements de rechange, mais aussi ses cadeaux d'anniversaire et les souvenirs de ce formidable week-end. La fête a battu son plein vers vingt-trois heures quand un de ses amis a commencé à vouloir faire un karaoké et puis quand ce même ami a décidé d'aller en boite de nuit, parce qu'il était encore jeune. Judith sourit en y repensant. Elle vérifie rapidement ces notifications snapchat et regarde à nouveau la story faite spécialement pour son anniversaire. Elle sourit encore plus. En relevant la tête vers le panneau lumineux, elle voit que son train vient d'arriver en gare. Elle range son téléphone dans la poche de son imper et prend le tunnel souterrain pour rejoindre la voie attribuée à son train.

Une fois sur le quai, elle ne peut s'empêcher de regarder qui va prendre le même train qu'elle. Ce sont surtout des jeunes avec de grosses valises et les écouteurs visser sur les oreilles, la musique à fond dans leurs tympans. Des petits groupes sont formés, séparément pour les au-revoir. Il y a même un homme avec une tenue civile et un sac militaire qui est accompagné d'une femme de petite taille. Il lui tient les mains alors que sa supposée copine essaie de retenir ses larmes.

«Le train numéro 87566 en direction de Brest arrive en gare, veuillez vous reculez de la bordure du quai.»

En tournant la tête à gauche, Judith peut voir le train au couleur de sa région arrivé au ralenti. Dans un bruit strident, celui-ci freine pour s'arrêter complètement pour faire entrer les voyageurs. Les jeunes se bousculent pour avoir les meilleures places sur les strapontins ou sur les carrés wifi de quatre places. Le militaire monte dans le train non sans avoir langoureusement embrassé la blonde qui pleure maintenant à chaudes larmes, lui faisant la promesse de revenir le plus tôt possible.

Judith monte à son tour et se dirige vers la seconde classe. Dans le premier compartiment, il y a deux places de libres. Elle pose son gros sac de voyage au-dessus de sa tête et s'installe côté fenêtre en contre-sens. Elle enlève son imper qui rejoint son sac. Seul son téléphone est posé sur la petite tablette qu'elle avait dépliée.

A Naomi : Je suis dans le train 😉

De Naomi : Nickel, dis-moi quand tu es arrivée chez toi 😘

La voix féminine de la gare énonce les gares desservies par le train. Au loin, on peut entendre le sifflement de la fermeture automatique des portes indiquant le départ imminent du train. Les portes du compartiment s'ouvrent. Des pas lents et timides claquent contre le sol du train. Une respiration sifflante et bruyante fait relever la tête de Judith de son smartphone. Un jeune homme cherche une place, sauf qu'elles sont toutes prises à cause des valises encombrantes des jeunes gens associable qui veulent rester dans leur bulle de musique trop forte pour leurs fragiles oreilles.

Le jeune homme s'assoit à regret aux côtés de Judith qui lui sourit avant de lui dire «bonjour». L'homme brun la regarde bizarrement avant de grommeler un «ouais c'est ça». Pendant que ce dernier essaie de caler sa sacoche d'ordinateur et sa mallette entre ses jambes pour ne pas qu'elles tombent, Judith détail son compagnon de voyage pour peut-être les deux heures à venir.

Le jeune homme est roux et possède une tignasse assez longue et bouclé. Sa barbe qui est aussi rousse que ses cheveux est légèrement épaisse, comme la mode d'aujourd'hui le veut. Des tâches de rousseurs couvrent entièrement son visage et ses mains. Il est habillé simplement d'un pantalon de lin beige et d'une chemise blanche, dont il est en train de retrousser les manches jusqu'au coude. Judith lui donnerai pas plus de vingt-ans ans. Se sentant observer, le jeune homme se tourne vers elle en la détaillant froidement de la tête aux pieds.

Honteuse la blonde se tourne vers la fenêtre pour observer les paysages qui filent à toutes allures. Rien de bien orignal à part des arbres et des maisons. Le temps passe lentement, et elle a peur d'engager la conversation avec le roux depuis le regard qu'il a posé sur elle au début du trajet. Du coin de l'œil, elle peut voir qu'il pianote sur l'écran de son téléphone sans jamais s'interrompre. Un, deux, trois.

-Rassurez-moi, vous n'allez pas tuer votre correspondant, rigole timidement Judith.

-En quoi ça vous regarde, dit-il froidement sans la regarder.

-Et bien ça me regarde car si vous le faite, je serrais obligé de vous dénoncer aux forces de l'ordre à mon arrivée à Brest.

-Donc vous allez à Brest, génial, se plaint-il.

Il soupire fortement, pensant à se jeter sous le train et se promettant la prochaine fois qu'il aura son train à l'heure et toute la place qu'il voudra, l'empêchant de s'asseoir à côté d'une personne. Le silence revient, enfin pas vraiment puisque toutes sortes de musiques se fait entre autour de la femme.

-Mais si vous voulez, je peux vous aider à cacher le corps, vous ne me connaissez pas, donc je pourrais être utile.

Cette phrase fait réagir l'homme à sa droite qui la regarde interloquer avant de sourire.

-Ne vous inquiéter pas, je ne compte pas commettre un meurtre, je suis juste en train de communiquer avec ma mère et je ne compte pas la tuer.

-Ah ouf, vous me rassurer ! Mais que vous a-t-elle fait pour que vous soyez comme ça sur votre téléphone ?

-J'ai encore essuyé un refus pour un premier emploi si vous voulez tout savoir.

-Oh, je suis désolée, dans quoi cherchez-vous ?

-Un poste de professeur d'anglais dans un lycée privé car le public ne me plait pas du tout, en tout cas j'y ai passé de très mauvaises années alors j'aimerai être dans le privé, voilà tout, dit-il piteusement.

Ss yeux reflète sa tristesse et Judith a envie de poser une main réconfortante sur l'épaule de l'inconnu, mais se retient car comme je le dis, c'est un inconnu.

-Je vois... Je ne sais pas quoi vous dire... Voulez-vous que je vous remonte le moral ?

-Cela ne servirait à rien, dit-il les yeux rivés sur le énième message qu'il venait de recevoir.

-Pourquoi allez-vous sur Brest ?

-J'y ai fait mes études et désormais j'y habite, même si j'aimerai retourner sur Rennes où vis toute ma famille, et vous pourquoi allez-vous sur Brest ?

-Je rentre chez moi après avoir fêter mon anniversaire avec mes amis, s'exclame Judith.

Instinctivement, elle déverrouille son téléphone et montre les photos de ses amis et de la soirée qu'ils lui ont préparée. Elle lui explique qu'elle est originaire de Nantes et que qu'elle a fait ses études à Rennes, là où elle s'est fait toute sa bande d'amis et qu'ensuite elle a trouvé un travail à Brest et que maintenant elle y habite avec pour seuls connaissances ses voisins de palier et ses collègues de travail. Il lui dit alors qu'ils sont exactement dans la même situation avec quelques années de différence.

-Cela ne se fait pas de parler de l'âge d'une femme, réplique-t-elle.

-C'est bon vous n'avez pas trente ans !

-L'année prochaine...

-Ah bon ? Je vous pensais plus jeune !

-Vous pensiez que j'avais quel âge ?

-Oh, je ne sais pas trop vingt-cinq, vingt-six ans... Dans mes âges quoi !

-Parce que vous avez combien ?

-Vingt-cinq, enfin je vais les avoir le mois prochain.

Il pose alors des questions sur son travail, sur sa vie et la trentenaire en fait de même. Les stations passent tout comme le temps, et Brest se rapproche tranquillement.

-Et est ce qu'un jeune homme de votre âge est comblé en amour ? Demande Judith trop curieuse.

-Et bien pour être franc avec vous, non, ma copine, enfin mon ex a décidé de faire une croix sur sept ans de relation.

-La fameuse barre des sept ans... Et pourquoi, sans indiscrétion, ce n'est pas comme si on allait se revoir.

-Selon elle être professeur d'anglais n'est pas assez ambitieux comme travail. Et vous ?

-C'est à peut près comme vous, enfin à la seule différence que mes ex ne supportent pas que je sois plus diplômée qu'eux et que par conséquent, gagne plus d'argent qu'eux. C'est tellement machiste !

Le roux rigole.

-En fait, je crois que le destin nous a fait nous rencontrer car nous sommes semblables. Est-ce que vos ex vous rappellent car ils pensent avoir fait une erreur ?

-Euh, non, pourquoi, la votre le fait ?

-Oui, d'ailleurs, elle risque de ne pas tarder, elle appelle souvent à la même heure.

Et ni une, ni deux, l'écran de son téléphone s'allume indiquant un appel entrant d'une certaine Charlotte. Instinctivement la blonde prend son téléphone entre les mains.

-Faites-moi confiance, dit Judith. Comment vous appelez-vous ?

-Xavier.

Et hop, elle décroche. De l'autre côté de la ligne une voix féminine s'élève et engage un monologue sur le pardon et la seconde chance. Elle parle aussi des bons moments qu'elle a vécus avec le voisin de Judith. Cette dernière voulant s'amuser, la coupe dans son élan.

-Xavier, fait-elle d'une voix lascive et séduisante. Non... Pas maintenant... Xavier, s'il te plait...

Et là sans que le roux à ses côtés ne s'y attende, elle se met à simuler la jouissance faiblement pour ne pas que le compartiment du train ne l'entende. Charlotte craque et insulte Judith au téléphone avant de raccrocher.

-Et voilà , je crois qu'elle ne te rappellera plus, dit la blonde au jeune homme qui la regarde éberlué par ce qu'elle venait de faire.

-Me... Mer... Merci, balbutie-t-il.

-Sinon, moi c'est Judith, dit-elle entendant la main, mais voyant aucune réaction de la part du roux, elle prend sa main et la secoue de haute en bas avant de la relâcher.

«Mesdames et Messieurs, dans quelques instants nous arriverons à destinations de Brest. Nous espérons que vous avez effectuez un agréable voyage, vous remercie et vous souhaite une bonne fin de journée. »

Xavier sort de ses pensées, et regarde Judith qui est debout et qui attend qu'il se lève pour pouvoir attraper son sac de voyage et son imper. Toujours dans un état second, l'homme se lève en prenant la sacoche de son ordinateur et sa mallette. Judith de son côté enfile son imper et glisse son téléphone dans une de ses poches. Elle agrippe son sac et le fait glisser pour qu'il tombe dans ses bras. Tous deux, remonte le compartiment pour aller vers une porte de sortie.

Le train se stabilise sur un des quais de la gare de Brest. Les portes s'ouvrent automatiquement et un nuage de voyageurs descend. De leur côté, Judith et Xavier ne bouge pas, attendant que l'autre fasse un pas en avant pour sortir du train. Judith aperçoit quelques jeunes qui sont montés à Rennes ainsi que le militaire qui quittait sa copine sur le quai rennais. Xavier sortit le premier, et la blonde décide dans faire de même. Dans le brouhaha des voyageurs et de leurs valises, les jeunes gens ne se parlent pas.

Arrivés dans le hall de la gare, il se regarde, sans savoir quoi faire. Cela fait quand même deux heures qu'ils viennent de passer ensemble. Xavier s'avance pour faire la bise à la blonde alors que cette dernière tend la main au roux. Gêné le jeune homme tend la main à Judith qui elle s'approche pour lui faire la bise. Troublée Judith tend finalement la main et chacun part de son côté. En marchant Judith joue avec l'étiquette de son bagage, et puis une idée lui vient en tête. Elle se tourne pour chercher Xavier, elle ne l'aperçoit pas dans cette foule dense. Et puis une crinière rousse apparait près d'une des sorties de la gare. Elle court tant qu'elle peut, bousculant des passants sans s'excuser. Elle hurle le nom de son voisin de train, se faisant passer pour une folle. L'entendant Xavier, se tourne pour essayer de la voir, mais rien. Il décide donc de continuer son chemin quand une main agrippe son biceps. Devant lui une blonde échevelée qui lui parle de meurtre et qui répond à son ex essaie de reprendre son souffle. Judith défait l'étiquette de son sac de voyage, où son numéro de téléphone est renseigné, pour le donner à Xavier.

-Si des fois tu as envie de me réentendre simuler, ou pas, au téléphone, dit la femme blonde en lui faisant un clin d'œil avant de le laisser planté là .

-Compte sur moi, crut-elle entendre crier à travers la foule.

Un sourire s'échappa des lèvres de Judith.

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