Oussama Ben Lapisse

Proverbe : "plus on est de fou plus on ris"



—Allons! Asseyez-vous et en silence surtout!

L'heure que j'attendais avec impatience était enfin venue. L'heure du cours d'Anglais de Mlle Isanoa.

Mlle Isanoa est une fée que les dieux ont créée et ont envoyé sur la terre pour prouver à tous les sceptiques qu'ils existent.

Elle est métisse avec des émeraudes à la place des yeux; élancée comme une girafe mais avec un corps de guitare.

— Aujourd'hui, nous allons continuer notre étude sur le roman de J.D.Sallinger intitulé "L'attrape-cœurs". Quelqu'un l'a-t-il lu durant le week-end ?

Des mains se sont levées un peu partout dans la salle. Pour ma part, j'étais beaucoup trop obnubilé par ma prof pour penser à autre chose.

— Et toi Marley? Que pourrais tu m'en dire ?

Oh Non ! Pas moi Mlle Isanoa! Je vous aime peut-être, mais je déteste votre matière!

— Euh... Euh..., ai-je dit en me grattant la tête.

— Oui? m'a encouragé la fée Isanoa.

— Je peux dire que... c'est un livre très intéressant.

Éclat de rires général. Même la prof a émis un petit rire, malgré elle.

— Mais encore Marley?

— Alors là désolé Mlle. Je trouve pas d'autres mots pour exprimer le fond de ma pensée.

Des rires ont fusé de plus belle.

Mais merde, qu'est ce qu'ils ont tous à ricaner comme ça ?

Elle a fini par s'éloigner et est allée enquiquiner quelqu'un d'autre. Elle est passée juste à côté de moi et j'en ai profité pour me délecter de son parfum.

J'ai fermé les yeux tellement l'odeur était intense. Je ne sais pas pendant combien de temps je suis resté comme ça, mais je les ai rouverts brusquement quand j'ai entendu des gens crier dans la classe.

— Mais qu'est-ce que...?

Ils regardaient tous quelqu'un qui se tenait devant la porte.

C'était Ben, un des élèves, qui arrivait toujours en retard.

Dans une main, il tenait un stylo et dans l'autre son zizi.

Ben avait un seul rêve dans la vie: être un terroriste. Il m'en avait parlé un jour quand on était dans la cour.

— T'as vu Ben Laden? Il a marqué le monde! J'aimerais bien être comme lui.

— T'es complètement grillé du ciboulot, ma parole! C'était un assassin! Tu comptes aussi tuer de pauvres innocents ?

— Bien sûr que non, du con! Mais je veux laisser ma trace dans ce monde.

— Putain, tu tiens déjà des discours de vieillards! T'as que douze ans j'te rappelle.

— Justement! Je voudrais commencer maintenant! Tu verras, d'ici quelques temps, je te montrerai. Je vous montrerai à tous.

Et il m'avait planté là.

Le voir là, devant la porte, son arme de destruction massive exposée à la vue de tous, m'a fait réaliser qu'il était très sérieux la dernière fois et qu'aujourd'hui il allait enfin passer à l'action.

—Ben! l'a interpellé la fée Isanoa. Qu'as-tu L'intention de faire? Range moi ç-ça tout de suite!

C'était bien Mlle Isanoa tout craché, ça. La douceur et la pureté personnifiée. Incapable même de prononcer des mots comme zizi ou quequette. Une fée, je vous dis!

Ce timbré de Ben lui a fait non de la tête, avec un petit sourire en coin.

—Mon heure de gloire est enfin arrivée, a-t-il déclaré d'un ton shakespearien.

Et là vous devinerez jamais ce qu'il a fait... Il s'est mis à nous pisser dessus! Heureusement, les filles, qui étaient assises aux premiers bancs, ont été ses premières victimes. A dire vrai, c'était quand même marrant, surtout quand elles se mettaient à crier pour échapper à l'arrosoir de Ben.

Là où il a merdé c'est quand il a osé éclabousser la fée Isanoa de sa pisse! Alors là c'était la goutte de pipi qui avait fait déborder le vase!

Tel un super héros digne d'un Marvel de Stan Lee, je me suis jeté sur Ben que j'ai plaqué au sol en lui criant:

—Maintenant, tu arrêtes! Tu peux pisser sur qui ça te chante, mais on ne pisse pas sur une fée, putain!

Le « terroriste » appréhendé, le calme est vite revenu. On ne l'a pas envoyé à Guantanamo mais on lui a passé un savon de première à ce nabot.

Deux jours plus tard, c'était mon anniversaire et Mlle Isanoa m'avait préparé un gâteau. Bon c'est vrai qu'elle le faisait pour tous ses élèves, mais quand même! C'était pas tout l'temps qu'une fée vous donnait un gâteau.

Les festivités avaient déjà commencé quand soudain Ben s'est pointé, en retard encore une fois. Il est resté devant la porte un moment l'air de se demander s'il pouvait entrer. Tout le monde le regardait en silence.

Finalement j'ai dit:

—Mais, ma parole, c'est Oussama Ben Lapisse!

Ç'a déclenché un éclat de rire général. Même Ben il riait, le salaud.

Mlle Isanoa lui a dit d'entrer, signe que tout était oublié. Une fée, j'vous dis!

Les filles sur qui il avait uriné semblaient ne pas trop lui en vouloir non plus, même si elles restaient quand même à une certaine distance de lui, juste au cas où.

Quant à moi... Bah moi, vous savez, ma philosophie c'a toujours été: plus on est de fous, plus on rit! 

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