Raiponce

Il était une fois un mari et sa femme qui habitaient dans les profondeurs d'une forêt. Ils avaient décidé de loger dans une petite maison en pierres, à l'abri des regards. Il s'agissait de voleurs, et ils étaient très recherchés dans les royaumes voisins.

Un jour, alors qu'ils cherchaient des promeneurs à détrousser, ils trouvèrent un magnifique jardin. Au centre était gardée une couronne plus brillante que le soleil, entourée de centaines de raiponces violettes

Une fois leurs yeux posés sur le diadème, il leur était impossible de penser à autre chose que de le subtiliser.

Malheureusement, le jardin était entouré de grilles si hautes et si serrées que les deux brigands étaient dans l'impossibilité de s'introduire à l'intérieur.

La femme, qui était connue pour être égoïste et sans-cœur, proposa à son mari d'avoir un enfant. Elle ne voyait en lui qu'un outil et expliqua qu'un si petit être pourrait facilement passer entre les barreaux pour leur ramener cette magnifique tiare.Le mari trouva l'idée fort alléchante, et accepta.

Neuf mois plus tard, une petite fille naquit. Les deux voleurs décidèrent de l'appeler Raiponce, en l'honneur de sa mission.

Pendant cinq années, ils l'éduquèrent et lui enseignèrent l'art d'être un bon brigand.Elle était extrêmement douée. Ses yeux bruns hypnotisaient ses victimes et ses longs cheveux dorés lui permettaient de cacher les biens qu'elle subtilisait.

Raiponce aimait ce qu'elle faisait. Malgré son jeune âge, elle avait compris que la richesse faisait son bonheur.Ainsi, lorsque ses parents lui annoncèrent qu'il était temps d'accomplir la mission qui justifiait sa présence sur Terre, elle accepta avec joie.

La fillette n'avait pas peur. La seule chose qui pouvait l'effrayer était les récits que sa mère lui racontait. Elle la menaçait de la vendre, en guise de repas, à la sorcière qui vivait dans le bois si la petite ne travaillait pas assez.

Alors, un matin ensoleillé, elle cacha ses outils dans ses longues mèches, puis partit au jardin des raiponces.

Lorsqu'elle y arriva, elle passa sans peine entre les barreaux du grillage. Ses petits pieds glissèrent délicatement sur l'herbe. Il ne fallait pas laisser de trace...

Les raiponces lui chatouillaient les chevilles, mais elle ne fit aucun bruit. Le pollen montait à son nez, mais elle n'éternua pas. Des larmes couvraient ses yeux, mais elle ne pleura pas.

Enfin, elle finit par atteindre la magnifique couronne.

Ses parents ne lui avaient pas menti, c'était le plus beau bijou qui existe. Jamais elle n'avait vu un objet aussi scintillant – cela lui rappelait un ciel étoilé.

La jeune enfant précipita ses doigts sur le précieux diadème, mais les raiponces autour d'elle l'ensevelirent.

 Elle ne pouvait plus ni voir, ni bouger !

Soudain, une voix se fit entendre. Elle était rauque et menaçante : « Quelle audace de t'introduire dans mon jardin et de venir voler ma couronne ! Tu vas voir ce qu'il va t'en coûter !

— Oh ! supplia la petite Raiponce, ayez pitié de moi... Si je l'ai fait, c'est que j'étais forcée : mes parents ont vu votre trésor, et m'ont fait naître pour leur apporter. »

La sorcière – car c'était elle – fit taire sa fureur et lui dit : « Si c'est comme tu le prétends, je veux bien t'épargner et laisser ce futile accessoire à ta famille, mais à une condition : que tu viennes vivre avec moi. Tout ira bien et je prendrai soin de toi comme une mère. »

La petite fille savait que si elle ne ramenait pas la couronne à ses parents, ils la tueraient – en espérant que la vieille magicienne ne le fasse pas avant.Elle tenait à sa vie, alors malgré sa peur, elle accepta le compromis.

La sorcière l'emmena avec elle pendant sept années. Elle lui faisait découvrir le monde et les plantes. Raiponce appréciait cette nouvelle vie mais s'ennuyait beaucoup. Un jour, pour s'amuser, elle subtilisa la bourse d'un vendeur de prunes. Lorsque sa tutrice s'en rendit compte – presque immédiatement –, elle lui dit que c'était inadmissible et l'enferma dans une tour sans escaliers, ni porte. Son seul moyen pour voir le monde était de se pencher par la minuscule fenêtre tout en haut.

Tous les matins, pendant des années, elle se penchait par cette ouverture et pensait à sa vie d'avant. Elle se remémorait souvent le visage de ses parents quand elle leur avait annoncé qu'elle devait partir. Ils avaient souri, heureux de se débarrasser si facilement d'elle une fois sa mission terminée.

Le soir, la sorcière rentrait avec des provisions pour dîner avec la jeune fille. Elle appelait et criait sous la fenêtre :

« Raiponce, Raiponce,Descends-moi tes cheveux. »

Raiponce avait gardé ses longs cheveux blonds, en souvenir de son passé de voleuse. Quand elle entendait la voix de son geôlier, elle les faisait passer par la fenêtre pour qu'ils tombent une vingtaine de mètres plus bas. La sorcière pouvait ainsi s'y attacher et la jeune fille la hissait grâce au crochet fixé au mur. Avec l'habitude, elle n'avait plus mal au crâne.

Un soir, un homme qui se promenait dans le bois vit Raiponce accoudé à sa fenêtre. Il attendit que la nuit tombe et pu entendre la sorcière appeler :

« Raiponce, Raiponce,Descends-moi tes cheveux. »

Alors Raiponce déroula ses cheveux et laissa monter la vieille femme. « Si c'est là l'escalier par lequel on monte, je vais tenter rencontrer cette demoiselle », se dit l'homme

Le lendemain, il se tint donc sous la tour et cria en essayant de rendre sa voix plus aiguë :

« Raiponce, Raiponce,Descends-moi tes cheveux. »

Les longues mèches dorées chutèrent jusqu'à ses pieds. « Quelle chevelure ! pensa-t-il. Cela m'apporterait une grande fortune... » Il s'y agrippa et monta jusqu'à Raiponce qui poussa un cri en voyant l'inconnu apparaître.

Celui-ci tenta tout de suite de l'attraper pour récupérer ses magnifiques cheveux, mais la jeune fille savait se battre. Cela faisait parti de sa formation de voleuse. D'un coup sec, elle abattit son poing contre la nuque de l'homme qui s'écroula.

« Quel monstre ! M'attaquer ainsi et vouloir m'arracher mes précieux cheveux... », se dit la jeune fille.

Brusquement, la réalité fit jour dans son esprit. Était-ce ce qu'avait ressenti les personnes qu'elle avait volées ? Elle comprenait mieux pourquoi la sorcière la traitait avec autant de dégoût quand elle lui parlait de ses anciens « exploits ». Elle ne voulait faire de mal à personne ! C'était juste une façon de s'amuser...

Raiponce ne voulait plus rester ici. Il fallait qu'elle parte loin, qu'elle refasse sa vie. Elle voulait devenir une personne honnête.

Elle fouilla les affaires de l'homme et trouva un ciseau. La jeune fille coupa alors ses longues nattes. Elle n'était plus une voleuse...

Elle tira ses cheveux blonds jusqu'à la fenêtre et les noua au crochet. Raiponce poussa alors ses mèches par la petite ouverture.

Il ne lui restait plus qu'à descendre, et elle serait libre.

La jeune fille s'accroche et se lance. Son pied touche l'herbe rafraîchie par la rosée du matin. Elle n'aurait jamais pensé pouvoir toucher le sol à nouveau.

Raiponce se rendit à pied au royaume le plus proche. Immédiatement, elle alla rencontrer le roi pour lui dire où habitaient ses parents. Si elle voulait devenir une bonne personne, c'était la première chose à faire. Malheureusement, les deux voleurs avaient déménagé et on trouva une maison vide. Voyant sa déception, le roi et la reine comprirent que Raiponce était sincère et pardonnèrent ses actes passés. Ils lui proposèrent même de les aider à capturer les autres brigands qui sévissaient dans le royaume. La jeune fille accepta et le couple royal fut très satisfait de son travail.

Finalement, elle retrouva la sorcière qui fut très fière de voir ce qu'était devenue celle qu'elle considérait comme sa fille. Raiponce lui pardonna de l'avoir enfermée dans la tour, car après tout, c'était grâce à cela qu'elle avait changé. Toutes les deux, elles réussirent à retrouver les parents de la jeune fille, et ils finirent pendus.

Ensembles, elles vécurent heureuses pendant de longues, longues années.

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