La petite maison grise

D'autres mois ont passé, l'eau a coulé sous les ponts comme on dit. Après le mien, nous avons fêté les anniversaires d'Ouran, qui a maintenant vingt-deux ans, de Nell, quatorze ans, de Noah, treize ans, et de Héka, dix-huit ans.

Au cours des dernières semaines, j'ai beaucoup appris au sujet de mes coéquipiers. Enfin, de mes amis. J'ai appris que Vaas avait perdu son père et ses sœurs, et que Noah était battu par sa mère jusqu'à ce qu'il s'enfuie  (j'ai vu des cicatrices énormes sur son dos l'autre jour, normalement il se baigne toujours en tee-shirt mais je l'ai surpris...Je n'ai pas pu m'empêcher de poser des questions).

Ouran sert le cartel parce que selon lui  "c'est un travail comme un autre, mais mieux payé". Cela dit, je pense qu'il a une autre motivation :  il reçoit régulièrement des boîtes hermétiques par la poste, et j'ai remarqué de nombreuses piqûres d'aiguille à la saignée de son coude. Enfin, ça le regarde, il refuserait certainement de m'en parler...Et puis, tant que ça ne l'empêche pas de faire son travail, je n'ai rien à dire la dessus. Enfin, tout de même, ça m'a fait un petit choc : je le voyais comme le protecteur de notre groupe, mature, adulte, capable de nous donner des bons conseils chaque fois qu'on en aurait besoin. Mais bon, ça ne devrait pas m'étonner, il y a longtemps que je sais que même les adultes sont faibles.

Sinon, je réussis maintenant à communiquer avec la voix.  Du coup, en tant que nouvel interlocuteur, je devais lui trouver un nom. Je lui ai demandé comment il voulait que je l'appelle, et il m'a répondu que c'était à moi de voir, que ça n'avait aucune importance pour lui. Alors je l'ai appelé Kafka. C'est un auteur très ancien, il date d'avant la coalition mondiale à la suite du big hit, mais je l'aime beaucoup.

Du coup, tout heureux que j'étais d'avoir réussi à parler avec Kafka (bien que parler avec lui ne soit pas vraiment un exercice agréable, sa voix étant toujours aussi stridente et agressive, me donnant l'impression que mon crâne allait imploser), je me suis mis à lui poser toutes les questions qui m'empêchaient de dormir depuis des mois, mais j'ai l'impression qu'il ne répond que quand ça l'arrange.

Flash-back : une semaine plus tôt  

- Du coup, j'ai décidé de t'appeler Kafka. Tu connais Kafka ?

-...

- Bon, j'ai compris, passons aux vraies questions. Pourquoi tu t'es mis à gueuler dans ma tête l'autre jour ? T'aurais pu me tuer, et tous les autres avec !

- Je me fiche complètement de tes coéquipiers.

- Et  moi ? Tu me veux du mal ?

-...

- Tu es humain ? Ou alors une sorte d'esprit ?

-...

- Qu'est ce qui t'intéresse en moi ?

-...

- Est ce que tu as des liens avec le cartel ? Ou avec la congrégation de la Vérité ?

- Non.

- Alors, pourquoi Asphodèle était au courant pour toi ?

- Ton père aurait pu t'éclairer là dessus, si tu ne l'avais pas supprimé. D'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de te remercier.

- Me remercier ? Pourquoi, tu lui en voulais aussi ? Il te faisait du mal ?

- Comme si il avait été assez puissant pour ça. Tu surestimes ton père, petit Fall. 

- Ou alors...C'est toi qui lui faisait du mal ?

-...

- J'exige une réponse ! Tu ne peux pas savoir à quel point c'est important pour moi ! Tu as tellement hurlé dans ma tête que j'ai eu l'impression de devenir fou ! Tu as mis la mission et nos vies en péril, alors que nous étions dans une situation critique ! Je te hais ! Réponds !

-...

- S'il te plaît...

-...

- Tu me snobes ? Tu sais que tu es le premier à faire ça ? C'est moi qui snobe les gens, normalement.

-...

- Bon, une dernière question. Pourquoi tu acceptes de communiquer avec moi, soudainement ? Et puis, j'ai remarqué que ça fait longtemps que tu n'as pas essayé de me tuer.

- Parce que ça ne vaut plus la peine, maintenant...Je n'ai plus besoin de faire des efforts.

- Je suppose que ça ne sert à rien que je te demande d'être plus précis ?

-...

- Ok, je vois. Bon, je te laisse.

Retour au présent

Je suis allongé sur le divan qui fait face à la télé, mais elle est éteinte. Je ne regarde plus la télé. Je pense que, d'un point de vue extérieur, je ressemble à une allégorie de la paresse : affalé sur le divan, en pyjama, avec un livre dans la main et une canette de soda dans l'autre, le regard éteint. Je me sens incroyablement bien.

Ouran est dans sa chambre, sans doute avec une de ses petites boîtes et Noah, Vaas et Reyke jouent à un jeu de course sur l'autre télé, grâce à l'une de nos innombrables consoles (je peux entendre d'ici les exclamations indignées de Reyke quand elle se fait doubler, ou le rire maléfique de Noah quand quelqu'un tombe sur l'un de ses pièges). Héka regarde un film sur son ordi, sur le canapé à côté du mien, et Nell dort encore...C'est pour ça que, quand on a entendu l'interphone qui grésillait, personne n'a eu très envie de se lever.

Surtout que moi, par une sorte de pressentiment, je sais qui était derrière la porte. Et j'ai encore moins envie de me lever.

- Yeren, t'es le plus proche de la porte, bouge ton cul ! Lance Vaas depuis la pièce adjacente. 

- Peut être mais c'est moi le chef, alors comme j'ai la flemme de me lever, j'y vais pas !

- Hé, mais c'est carrément une dictature, là !

- Vous faites chier, j'entends plus le film...Je vais y aller, si il n'y a que ça pour vous faire taire.

Héka se lève péniblement et se dirige à pas lents vers la porte. Je me sens un peu coupable de laisser une femme enceinte faire ça mais je ne sais pas pourquoi, je suis tétanisé, j'ai une irrépressible envie de fuir la personne derrière la porte. Je sais qu'elle est porteuse de malheur, comme à chaque fois. Mais je ne peux rien faire pour empêcher Héka de lui ouvrir. 

- Bonjour à tous ! Je vois que vous êtes en plein travail, comme d'habitude ? Dit il avec un sourire ironique. Ses yeux bleus balaient la pièce d'un regard amusé.

- Nous fais pas culpabiliser, Tristan, on est en vacances...

- Eh bien, plus maintenant ! J'ai un nouveau travail pour vous. Enfin, sauf pour toi Héka : vu ton état,il vaut mieux que tu nous accompagne pas. Félicitations, au fait. Bref, la mère d'une charmante petite famille a décidé de nous concurrencer. Nous, le cartel Esposito, je veux dire, ajouta t'il en voyant nos regards interrogatifs, elle a décidé de concurrencer le cartel en vendant de la drogue, elle n'a pas décidé de vous concurrencer en créant une équipe d'enfants soldats...C'est clair, ce que je dis ?

- Pas du tout.

- Pour résumer, cette brave dame a commencé il y a quelques années à monter son réseau pour nous piquer notre clientèle. Comme le patron pensait que son affaire allait s'écrouler toute seule, il a laissé couler...Mais il faut bien admettre qu'elle est douée pour le métier, et son gang commence à nous poser de sérieux soucis. Donc, comme cette  nuit, selon nos sources, elle sera en rendez vous avec un producteur pour négocier un contrat, on va rentrer chez elle pour foutre un peu le bordel, s'occuper de son fils...Pour faire un exemple, quoi. Pour que les autres sachent qu'on ne se moque pas de nous impunément.

- Euh...Quand tu dis qu'on doit s'occuper de son fils, ça veut dire qu'on va le tuer ? Demande Noah en haussant un sourcil.

- Effectivement. Je sais bien que ça ne va pas être facile, mais vous avez fait pire, n'est ce pas ? Vous êtes rodés. Toi, Noah, par exemple, je te revois encore torturer ce pauvre mec qui ne nous avait pas remboursés...Tu faisais ça très bien. Et tu aimais ça, je me trompe ?

- Hem, je ne vais pas nier, de toute façon tout le monde m'a vu le faire...Mais là, c'est un gosse, c'est pas pareil...

- C'est vrai, renchérit Reyke, en plus il a rien fait, c'est sa mère qui l'a mis dans le merdier. Il a quel âge ?

- Cinq ans, mais ça n'a pas d'importance. On vous paie pour ne pas vous embarrasser de la morale. Le temps est venu de rentabiliser ces cinq mois passés à rien foutre...Vous vous rendez compte qu'on était fin décembre, la dernière fois que vous avez bossé ? Et maintenant, on est début juin ! Moi j'ai pas eu de congés durant ces cinq mois, j'ai fait des boulots bien plus sales, et je viens pas me plaindre...

- Peut être, mais tu n'es pas un être humain normal, Tristan. Parfois, je me demande même si tu es un être humain.

- Oh, tiens, notre petit Yeren se réveille ! Alors comme ça monsieur est un être humain ? Dois-je te rappeler que tu as planté ton propre père avec un couteau de cuisine ? Même moi je suis pas assez taré pour faire ça.

- Tu n'es pas taré, au contraire, tu es l'homme le plus logique et sain d'esprit que je connaisse. Tu ne ressens juste aucune compassion pour les autres.

Il a souri puis s'est avancé vers moi, avant de murmurer :

- Si tu ressentais un peu de compassion pour les autres, toi aussi, tu aurais une petite pensée pour ton frère...Quand je suis parti ce matin, il dormait encore. Il doit encore dormir à l'heure qu'il est. Imagine le...Endormi...Sans défense. Mes hommes sont dans la pièce à côté, pour le protéger. Mais ce sont mes hommes, et ils le protègent uniquement parce que je leur ai ordonné de le faire. Il me suffit de passer un coup de fil pour que leurs motivations changent radicalement. Tu imagines bien, là ?

Un frisson me parcourt le dos. Il est vraiment capable de le faire. J'essaye d'empêcher ma voix de trembler en me tournant vers les autre, et en clamant d'une voix forte :

- Assemblée générale ! Reyke, va chercher Nell et Ouran et explique leur l'affaire, puis rejoignez nous dans le deuxième salon ! Quant à toi, dis-je en regardant Tristan, tu peux attendre ici, on sera pas longs.

Il s'assoit tranquillement sur le canapé, et me fait signe qu'il peut attendre.

-

Nous sommes à présent tous installés en tailleur autour de la table basse du deuxième salon. Je lance un regard circulaire pour vérifier que nous sommes au complet, puis je demande :

- Tout d'abord, j'aimerais connaître vos avis sur la question. On va commencer par Vaas qui est à ma droite, puis il passera la parole à Héka, et ainsi de suite. Je vous demanderai de ne pas vous interrompre, et de ne pas reprendre la parole une fois que vous aurez parlé. Vaas, c'est à toi.

- Honnêtement, je vois même pas pourquoi on se prend la tête avec ça. C'est notre boulot, point barre. En plus, c'est pas comme si on avait jamais tué des mineurs...Et puis on est mineurs, enfin la majorité d'entre nous, et ça empêche pas les tueurs des gangs rivaux d'essayer de nous liquider ! On doit pas s'attendrir sur le premier venu si on veut rester au niveau. A toi, Héka.

- Vaas, je trouve ton argumentation légèrement malhonnête. Certes, on a déjà tué des mineurs, mais ils étaient plus grands, souvent même plus grands que nous. Celui là, c'est un bébé. Alors non, c'est pas pareil. Et puis, les tueurs des autres gangs essayent de nous tuer alors qu'on est mineurs, c'est vrai, encore que moi et Ouran sommes majeurs, mais c'est parce qu'on est nous même des tueurs ! On sait se défendre ! Celui là ne sait même pas encore lire...Enfin, comme je ne participe pas à l'opération, je m'en voudrai de vous mettre dans une situation délicate. Donc faites ce que Tristan vous dit, même si c'est dégueulasse. A ton tour, Reyke.

- Alors, même si on s'est légèrement perdus de vue quand Tristan a commencé a avoir des responsabilités au sein du cartel, quand je dis "légèrement" c'est ironique, il reste mon frère. Ça ne veut pas dire que je l'aime, ça veut dire que je le connais. Et il est réellement capable de nous jeter tous les sept dans le fleuve après avoir récupéré nos organes pour les vendre au marché noir, si on fait pas ce qu'il dit. Pas par colère ou par déception, mais juste parce qu'il nous jugera inadaptés à notre boulot...En gros, il faut choisir entre nos sept vies ou celle d'un gosse qui nous aurait de toute façon posé des problèmes, puisque si il grandit il reprendra le gang de sa mère. Pour moi, c'est pas très difficile de choisir son camp...Je te passe la parole, Nell.

- Je serai beaucoup plus brève que vous tous, parce que je n'ai aucun argument. C'est juste que l'idée même de tuer un enfant de cinq ans m'est insupportable. Il faudra que ce soit l'un d'entre vous qui le fasse, et hors de ma vue, sinon je ne m'en remettrai pas. A toi, Ouran. 

- Comme vous le savez, j'ai vingt-deux ans. Ce qui signifie que j'exerce le métier depuis bien plus longtemps que vous. Je peux donc vous dire que si ça vous choque autant, c'est parce que vous êtes des enfants. Vous  ne voulez pas le tuer parce que vous vous sentez dans le même camp que lui, d'une certaine manière, vous vous identifiez à lui. Je connais ça, ça m'a fait ça aussi la première fois qu'on m'a demandé de liquider un enfant. Donc, si vous voulez, je m'occupe de ça dans une pièce à part, en me débrouillant pour pas faire de bruit, pour que ça vous choque pas trop. La parole est à toi, Noah.

- Je suis sûr que Nell apprécie ta proposition, Ouran, mais pour nous ce ne sera pas nécessaire. Il ne faut pas que tu te sentes obligé de le faire à un certain moment, avec des précautions particulières, parce qu'il ne faut pas que ce soit au détriment du plan. Nous sommes connus pour toujours avoir des plans précis, qui fonctionnent et qui peuvent s'adapter à l'imprévu...Et ce serait le comble du ridicule si on échouait dans une affaire aussi facile que celle là. Alors si il y a un imprévu et qu'on doit le tuer à la hache au milieu du salon, on doit être prêts à le faire sans hésitation. J'ai fini, chef.

- Bon, et bien, je suis heureux de constater que vous êtes tous, ou presque, prêts pour ce qui nous attend...Même moi, j'avais quelques doutes, mais vous les avez faits disparaître. Et puis, de toute façon on a pas le choix, n'est ce pas ? Je voulais juste m'assurer que vous n'aviez pas de problème par rapport à l'objectif. Bon, eh bien je propose qu'on aille retrouver Tristan dans le salon pour qu'il nous donne l'adresse, et la manière dont il faut procéder...

Ils sortent tous un par un, et je m'apprête à les suivre, jusqu'à ce qu'une main m'attrape la manche.

- Nell ? Qu'est ce qu'il y a ?

- J'ai quelque chose de très important à te dire, Yeren. Alors écoute bien.

- Oui.

- Je ne vous laisserai pas faire. Je ne te demande pas de m'aider, je te préviens juste parce que je te fais confiance et que je sais que tu me balanceras pas à Tristan.

- Ah...Vu le début de la conversation, j'ai cru que t'allais me faire une déclaration d'amour ou un truc du genre...

Elle est prise d'un fou rire un peu vexant mais je suis quand même soulagé : si j'arrive à la faire rire comme ça, j'arriverai peut être à la faire changer d'avis. Elle arrive à placer une phrase entre deux hoquets :

- Mais enfin Yeren, tu as douze ans...Je ne m'intéresse pas aux enfants, moi !

- Mais, Reyke sort avec Noah alors qu'il a un an de moins qu'elle...

- Tu as déjà remarqué, je suppose, que Reyke et moi sommes très différentes. Ne serait-ce que ses goûts vestimentaires...

- Tu dis ça parce qu'elle porte autre chose que du noir ?

- Bon, Yeren, redeviens un peu sérieux ! J'essaye de te dire un truc crucial et tu m'aides pas !

- Désolé.

- Pendant que vous saccagerez la maison, j'irai tout de suite dans la chambre du gosse, je le prendrai dans mes bras et je passerai par la fenêtre. Puis j'irai le déposer dans une des maisons voisines, en disant aux gens de le cacher, et de ne le laisser sortir sous aucun prétexte.

- Mais enfin Nell, c'est le plan le plus bancal que j'ai jamais entendu. Tu penses pas que les autres vont trouver ça légèrement suspect si tu te diriges direct dans la chambre du gosse alors que tu disais que tu voulais pas le tuer ? Et puis, même si ça te prend pas longtemps d'aller le déposer chez les voisins, ce sera quand même assez long pour qu'on remarque ton absence ! Et les voisins, tu penses pas qu'ils vont avoir un peu envie de te dénoncer à la police ? Tu trouverai ça normal, toi, de voir une gamine de quatorze ans avec une énorme cicatrice sur le visage et une arme à feu accrochée à la ceinture qui t'apporte le fils des voisins en plein milieu de la nuit pendant que ses potes saccagent la baraque d'à côté ?

- Mais je m'en fous, Yeren. Je sais bien que je ne pourrai pas réintégrer l'équipe après ça, je sais bien que je vais être pourchassée par tout le cartel et que même si la police ne me recherche pas elle aussi, ils seront incapables de me protéger, parce qu'ils ont pas de moyens et qu'il sont tous corrompus jusqu'à la moelle. Je suis venue te faire mes adieux. Au début je comptais aussi faire mes adieux à Reyke, parce que c'est elle qui m'a aidée à m'accrocher à la vie pendant toute mon enfance, mais elle a vraiment changé depuis qu'elle est ici. Ce qu'elle a dit tout à l'heure, ça m'a sidérée...Et les autres, j'ai des bons souvenirs avec eux, ce sont mes amis, mais je sais bien qu'ils me dénonceraient à Tristan. Tu es le seul ici en qui je crois vraiment, Yeren, et je voulais que tu le saches avant que je parte.

- Mais...T'as trouvé un travail, des amis...Je comprends pas pourquoi tu quittes tout ça, juste pour un gamin que tu connais pas.

- Ça sert à rien de m'accrocher davantage et je le sais. Cette vie n'est pas faite pour moi. Je ne peux pas me résoudre à vous laisser tuer cet enfant.

- Arrête, tu mens. Ce sauvetage d'enfant, c'est juste une jolie histoire que tu t'es inventée pour éviter de t'avouer que tu veux pas être heureuse, tu veux pas vivre ! T'en as pas marre de ta putain de phase d'autodestruction, là ? Tu réalises pas qu'il y a d'autres personnes à part toi, qui voudraient que t'aille mieux ?

- C'est à cause de ton père que j'en suis là, et tu le sais très bien. T'as pas été abandonné par ta famille à cause d'une cicatrice à la con, t'as pas passé ton enfance dans un bordel à te faire violer par un tas de clients répugnants. Tu peux rien dire.

- Mais Reyke a vécu la même chose, et elle se porte bien...

- Reyke est beaucoup plus forte que moi mentalement. D'ailleurs, elle s'adapte remarquablement bien à sa nouvelle condition de tueuse à gages.

- Donc...C'est fini ? Il n'y a plus rien que je puisse dire qui te fasse changer d'avis ?

- Non. Mais il faut voir le bon côté des choses, Yeren : au moins, mon "autodestruction", comme tu dis, servira ce soir à sauver quelqu'un. Et puis, peut être que je vais réussir à échapper au cartel, et à vivre tranquillement quelque part...En tout cas, je suis heureuse que cette cinglée d'Asphodèle t'ai amené dans mon bordel, ce jour là. 

Elle me sourit et se dirige tranquillement vers le salon. 

-

La voiture roule doucement dans la banlieue pavillonnaire. Au début, quand nous avons traversé les quartiers pauvres, nous étions tout le temps secoués sur des mauvais chemins troués de nids de poule, et même la climatisation et nos vitres teintées triple épaisseur n'arrivaient pas à empêcher l'air étouffant et nauséabond du dehors d'entrer dans la voiture. Mais maintenant que nous sommes entrés dans les quartiers réservés aux classes moyennes, aucun désagrément ne nous empêche de contempler le paysage...Paysage essentiellement constitué de maisons qui se ressemblent toutes, c'est vrai, mais paysage quand même. 

C'est Noah qui conduit. L'ambiance est assez lourde dans la voiture. Normalement, on chante toujours en partant en mission (des chansons pas toujours distinguées, il est vrai, mais il faut bien que jeunesse se passe), ou Vaas et Reyke nous gratifient d'une de leurs merveilleuses imitations. Pas là. Chacun est concentré sur le plan, sur ce qu'il va devoir faire...Je jette un coup d'œil en coin à Nell, elle semble dormir, appuyée contre la vitre. Je lui prends la main sans rien dire. Elle la garde serrée dans la sienne.

Bonjour bonjour !!!!

Je me rends compte que je viens de casser complètement l'ambiance avec ces deux mots XD

Bon bah voilà, un chapitre plus long que d'habitude pour me faire pardonner de la longue absence, et aussi parce que je me sens trop bien pour écrire en ce moment, donc je suis plutôt content, ça va me permettre de rattraper mon immense retard ^^'

Du coup le prochain chapitre sort demain ou après demain, enfin bientôt quoi.

Pour le coup je vais un peu avoir l'air d'une pute à commentaires, mais ça m'intéresse vraiment et c'est important pour moi, alors lâchez vous :

- Pour l'instant, quel est votre personnage préféré ? Pourquoi ?

- Quelles sont vos prévisions sur la suite de l'histoire ?

- Quelle est votre explication par rapport à Kafka ?

Et ces questions s'adressent à tout le monde, j'insiste sur ce point (ceux qui lisent mais qui commentent jamais, je vous vois 👀)

Allez, bye !

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