1. Quand l'été ne fait que commencé et qu'il est déjà gâché

Ma mère avait tenté de me rassurer que travailler au parc aquatique l'année prochaine n'était pas non plus la fin du monde et que le simple fait de m'inviter à revenir l'an prochain était un bon signe. Sauf que je ne pouvais lui expliquer pourquoi j'étais déprimée. Bien sûre, je me sentais en partie humiliée de ce premier entretien et je me répétais que les prochains seraient probablement plus catastrophiques, mais aussi je sentais que c'était un message que l'univers m'envoyait pour me rappeler que mon rôle dans la vie ne constituait pas à sortir avec des gars comme Étienne ou à vivre une vraie vie d'adolescence, mais bien de rester chez moi dans mon divan à regarder des téléséries américaines, à idolâtrer Emma Stone et manger du beurre d'arachide à même le pot. Ce n'était pas tellement tragique non plus, je veux dire que j'étais déjà habituée à faire tout cela, mais on dirait que depuis que je sentais la fin de mon secondaire se rapprocher plus j'avais l'impression d'avoir manqué mon adolescence à jouer la petite fille respectable et rester confortable. J'avais probablement trop espéré de cette entrevue. Chloé avait raison, je donnais trop de valeur à toute sorte de trucs, même ceux qui ne sont pas si importants que cela.

– Tu ne vas tout de même pas déprimer à cause de ton entrevue de tout à l'heure, me dit ma mère alors que je regardais mon assiette sans y toucher.

– Ça s'est mal passé ? demanda Camille ma demi-sœur en se retournant vers moi.

Camille était la fille du nouveau mari de ma mère. Elle était vraiment chouette, mais justement elle l'était un peu trop. Elle avait beau avoir un an de moins que moi elle mesurait quatre pouces de plus, avait une peau lisse et souriait toujours comme si chaque journée était la plus belle de toute sa vie. Elle était gentille avec tout le monde, et ce, sans demander quelque chose en échange ni cacher une personnalité machiavélique derrière son visage d'ange. Elle réussissait autant en mathématique qu'en français ou en cross-country et elle avait des tas d'amis. Elle réussissait à être équilibrée entre être d'un côté extravertie et fêtarde et d'un autre soignée et gentille, ce qui n'était pas toujours le cas chez les autres. En plus de tout, elle était vraiment belle. Le genre de beauté délicate, comme Emma Watson. Bref, je l'adorais autant que je la jalousais. Surtout parce qu'elle ne semblait même pas comprendre qu'elle était la définition de la presque-perfection, parce que ne soyons pas fou, personne n'est parfait, même pas Camille (même si ça peut me prendre trois heures pour lui trouver un seul défaut).

–Non, pas vraiment, répondis-je seulement avant de commencer à manger me disant que si je remplissais au moins un peu mon estomac, on me laisserait tranquille.

– Je suis sûre que tu trouveras autre chose. De toute façon, ce poste ne t'aurait pas vraiment donné d'avantages plus tard. Ce qu'il te faut c'est un travail au service à la clientèle. Comme vendeuse ou caissière. Ça se met toujours bien dans un CV plus tard que ça soit après ton diplôme universitaire ou pendant tes études, tenta de me rassurer Luc mon beau-père.

– Mouais, mais je n'ai pas vraiment le goût de m'occuper de clients. Surtout si c'est au centre commercial. Tu as déjà vu les gens là-bas ? Ils sont odieux ! Ils peuvent rester une heure dans une boutique à déplacer des tas d'objets et les laisser n'importe où, et après ils partent sans rien acheter. C'est sans parler des fois où il y a des spéciaux! , répondis-je en me servant de la salade.

Ma mère devait bien voir que je n'étais pas d'assez bonne humeur pour voir le bon côté de ce sujet alors elle offrit cette expression où elle se met à sourire exagérément et soupira d'un grand coup avant de lancer :

–Assez parler de cela, maintenant changeons de sujet ! Comment a été votre dernière journée ?

–C'était super ! J'étais tellement contente d'enfin finir !, s'exclama Camille.

– Et toi Noémie ? Demanda Luc en se retournant vers moi voyant que je restais silencieuse.

– C'était super long, tout le monde nous sortait des discours super longs ou encore nous stressait en nous demandant de remplir des tas de documents de révision en nous répétant que l'on devait étudier plus que d'habitude si on voulait être certains de ne pas couler nos examens, répondis-je avant de me resservir de la salade.

– Mais au moins, c'était la dernière journée de cours, ajouta Camille en me souriant.

C'était dans ces moments là que je trouvais facilement un défaut à Camille : être trop joyeuse quand la seule chose que je souhaitais c'était que tout le monde me laisse déprimer.

– Ouais, au moins...

– Noémie s'il te plaît, si tu n'es pas capable de faire un effort pour être agréable, sors de table, me réprimanda ma mère en pinçant les lèvres.

Comme j'avais trop faim pour sortir de table plus tôt, je me redressai et forçai un sourire.

– J'aime mieux ça, dit-elle en souriant à son tour, en passant, la coiffeuse a appelé en me demandant si c'était possible de devancer ton rendez-vous d'une heure, elle s'est trompée dans les heures et c'est la seule façon pour elle que tous ses rendez-vous coordonnent. Tu comprends avec le bal tout le monde court après les disponibilités des coiffeuses. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de problèmes. Il va seulement falloir que tu te lèves plus tôt.

Je me retins pour ne pas grogner en pensant au bal. J'avais complètement oublié que ça avait lieu dans un peu plus d'une semaine. J'avais en quelque sorte hâte à l'événement, mais en même temps l'idée de devoir me faire tirer les cheveux dans un chignon serré et devoir faire attention pour ne pas marcher sur ma robe en plus d'avoir à danser sur une piste de danse entourée avec des dizaines de gens que je n'ai vus qu'en cours d'histoire ou dans les corridors m'empêchait un peu d'être à l'extrême de mon enthousiasme.

– Tu ne pourrais pas plutôt me coiffer ? Je veux dire, est-ce que ça vaut vraiment la peine de payer pour une coiffure de bal ?

– Tu es folle ! J'ai payé pour l'essai et sérieusement c'était exagérément cher, me réprimanda ma mère.

– Justement, tu devras payer encore plus cher si tu dois payer pour la vraie coiffure en plus, répondis-je en essayant le plus possible de reproduire l'expression que Chloé faisait lorsqu'elle voulait nous faire croire qu'elle avait totalement raison.

– Je peux bien essayer de te faire quelque chose, mais je dois t'avouer que ça devra être simple, parce que je ne suis pas experte non plus. En plus s'il fait humide tu sais très bien de quoi tes cheveux auront l'air, me répondit-elle de son ton qui dit « je n'ai pas envie de m'épuiser à me battre pour quelque chose d'aussi peu d'importance ».

– Super ! Et s'il fait humide, eh bien je mettrai beaucoup de la crème que la coiffeuse nous a vendue trois fois trop cher la dernière fois ! lui dis-je en souriant.

– Ou je pourrais m'occuper de te les lisser ! Ma mère m'a donné un super bon fer à plaquer à ma fête, ça me ferait plaisir de t'aider, chantonna Camille.

Qu'est-ce que j'ai dit, toujours prête à aider. Je ne pus m'empêcher de sourire pour la première fois de la soirée.

–Tant qu'il me reste des cheveux à la fin de la soirée, je ne vois pas d'inconvénient, lui dis-je en lui rendant un sourire.

– Parfait ! On s'entend sur quelque chose ! s'exclama ma mère en applaudissant.

Elle avait cette manie d'applaudir à tout bout de champ lorsqu'on était en famille et qu'on «soudait des liens solides» comme elle le disait. Ma mère n'était pas psychologue de formation, mais il est certain qu'elle aurait pu l'être avec toutes les revues psychologiques, les livres de développement de soi et les essais sur comment élever ses enfants qu'elle lisait.

– Quand tu auras fini de manger Noémie tu iras chez les voisins, Greg est venu tout à l'heure et voulait te parler de quelque chose. Je lui ai dit que tu étais avec ta mère, mais il a insisté pour que tu aies le voir ce soir, me dit Luc en ramassant son assiette vide.

Greg était mon voisin depuis la quatrième année du primaire, après que j'aie aménagé dans cette maison à la suite du divorce (pas aussi terrible que ça peut avoir l'air) de mes parents. Ses parents et ma mère ont tout de suite commencé à s'entendre super bien et ont fait des barbecues presque une fois par semaine pendant tout l'été et ses parents nous ont invités trois fois à leur chalet durant l'hiver. Vite Greg et moi on est devenu de bons amis et même s'il allait à une école privée au secondaire, je suis restée proche de lui. Même si avec l'adolescence, les changements d'intérêts, les allusions que nos parents faisaient en croyant qu'on finirait probablement par se marier et nos engagements scolaires différents notre amitié avait changé, je la chérissais toujours autant.

Je me dépêchais de finir mon repas parce que Greg ne s'empressait jamais de me voir. Il n'aimait pas déranger les autres alors insister pour me voir ce soir absolument devait signifier qu'une chose extrêmement importante était arrivée. Et j'étais aussi contente de le voir parce que je voulais enfin raconter ma piètre entrevue à quelqu'un qui savait écouter et qui me laissait me défouler. Chialer c'était une chose que Greg et moi adorions faire. Je crois que c'est d'ailleurs le secret de notre relation.

Sa maison était un peu plus grande que la mienne, mais c'était sa cour qui était un vrai chef-d'œuvre. Sa mère lisait des tas de livre et de magazine d'horticulture et commandait des fleurs dans des magasins spécialisés et de qualités et passait son été dans sa plate-bande. Elle était professeure d'université en économie et elle disait que si elle voulait penser à autre chose qu'aux graphiques et à la bourse, elle était mieux de se concentrer sur ses fleurs sinon elle deviendrait folle. J'adorais l'aider à enlever les mauvaises herbes, les genoux enfoncés dans la terre humide.

Une fois devant sa porte je cognai trois fois, parce que je ne frappais jamais assez fort et que personne ne m'entendait jamais. C'est son frère qui est venu m'ouvrir. Greg était peut-être un peu attirant, avec ses fossettes et ses yeux gris, mais son frère était la définition d'un Apollon. Même Chloé avait de la difficulté à se contenir devant lui. Pourtant il ne m'intéressait pas pour un sou, il ne faisait jamais attention à personne toujours dans sa bulle à passer du temps dans sa chambre à jouer à des jeux vidéos ou à boire au terrain de base-ball le soir avec ses amis. Bref, il n'était pas le même garçon jovial et extraverti qu'était son frère.

– Salut Noé, Greg est dans sa chambre, me dit Cédric de sa voix nonchalante.

– Merci, Ced. Tu vas quelque part ? demandai-je en voyant qu'il avait son sac avec lui.

– Oui, répondit-il simplement parce qu'évidemment je ne méritais pas d'explication.

- Super alors bonne soirée ! lui dis-je en le laissant passer avant moi.

– Ouaistoiaussi, marmonna-t-il en se dirigeant vers sa voiture.

- Toujours aussi charmant ! criai-je pour être certaine qu'il m'entende.

Je dois avouer qu'agacer Cédric avec ma gentillesse était devenue un de mes jeux favoris. Il semblait toujours de plus en plus ennuyé, mais je dois avouer que jouer dans la tête des autres étaient devenu de plus en plus attirant pour moi depuis que je voyais Chloé maîtriser la technique comme une vraie pro. Cédric était devenu un cobaye assez facile, comme il semblait dépourvu d'émotion forte et qu'il n'était pas non plus trop naïf pour prendre tout ce que je disais comme la vérité.

– Bonjour ! C'est Noémie, dis-je en entrant.

– Salut ma belle ! Greg est dans sa chambre ! me dit sa mère qui se trouvait dans le salon.

– Merci Jacinthe.

Je montais les quelques marches qui menaient au premier étage où se trouvait la chambre de Greg, juste en face de la mienne, de l'autre côté de la clôture.

– Greg ! Arrête tout ce que tu fais parce que je rentre, dis-je avant de pousser sur la porte.

Il était assis sur son lit, un livre de chimie devant lui et des feuilles de cartables gribouillis éparpillées autour de lui.

– Vraiment ? Tu étudies alors qu'on est vendredi ? lui dis-je toujours dans le cadre de porte.

Greg était toujours soit à la dernière minute, soit vraiment très en avance, il n'y avait pas vraiment d'entre-deux.

– Eh bien, je veux vraiment réussir cet examen. Je DOIS avoir la meilleure notre possible en vérité.

–Je croyais que ta moyenne était tellement bonne qu'il te suffisait d'avoir 10 % à l'examen de fin d'année pour être encore éligible à ton programme au Cégep, lui dis-je en me moquant un peu de lui et de sa nervosité toujours exagérée.

Il sembla réfléchir un peu, comme s'il me cachait quelque chose. Rectification, parce qu'il me cache quelque chose.

– Tu as quelque chose à me dire, dis-je lentement pour l'inviter à faire le premier pas.

–Oui, mais comme je te connais et que tu risques de me bouder un bon moment est-ce que tu ne veux pas plutôt me dire quelque chose avant, parce qu'après tu ne voudras peut-être plus me parler, répondit-il précipitamment avec un ton de culpabilité.

Un autre secret à notre relation à moi et Greg c'est qu'on se connaissait tellement qu'on avait nos petites habitudes, comme de ne pas dévoiler quelque chose qui pourrait froisser l'autre (surtout moi parce que Greg prend rarement mal les choses) tant que l'on n'est pas tout dit que ce qui avait d'important à dire parce qu'on sait qu'il y a le risque que l'on passe quelque temps avant de se parler. Il y a aussi la règle que je ne dois pas manger d'olives devant lui, ou même de mentionner le mot olive, parce qu'il est tellement dégoûté par cet aliment qu'il en a le haut-le-cœur simplement à y penser. Personne n'est parfait.

– Je redoutais que ce soit important à ce point, soupirai-je en m'assoyant sur son lit.

- Alors, tu as quelque chose à me dire ? insista-t-il.

– Oui, mais je ne sais pas si tu mérites de le savoir, dis-je en tentant de cacher mon sourire.

Il me sourit, sachant très bien que je me moque de lui.

– Bon d'accord. Je t'avais dit que j'avais une entrevue cette après-midi ?

– Oui, pour le parc aquatique, répondit-il en poussant ses documents de chimie plus loin pour pouvoir me faire face et m'écouter plus attentivement.

Je me lançai donc sur un long résumé sur ce qui s'était passé plus tôt. Il me laissa chialé autant que je le voulais, même s'il ne savait pas pourquoi je tenais tant à ce travail contrairement à Chloé, et ne dit pas des trucs comme « La prochaine fois au moins tu n'oublieras pas de vérifié que tes certificats soient signés » ou encore de « tu te rattraperas l'année prochaine ce n'est pas la fin du monde ». Lorsque j'eus fini, il me regarda dans les yeux et me dit avec la même voix qu'il aurait eue s'il avait eu la solution au voyage dans le temps :

– J'ai une idée ! Pourquoi n'irais-tu pas travailler à l'épicerie de mon père ? Je ne pourrai pas travailler là à cause de mon stage et il cherche quelqu'un pour me remplacer à la caisse. Je suis sûre qu'il voudra !

Je dois avouer que l'idée ne m'enchantait pas vraiment, puisque je n'avais aucunement envie de travail au service à la clientèle, mais je savais bien que me trouver un travail à ce temps-ci de l'année serait presque impossible et le fait que Greg ait pensé à m'offrir son travail me fit du bien.

– Je pourrais y réfléchir, cédai-je.

– Cool ! Attends je vais lui dire.

Évidemment, la définition de Greg pour « je vais lui dire » n'était pas de se rendre dans le salon où se trouvait son père et lui demander ce qu'il en pensait. Non, c'était plutôt de crier depuis sa chambre.

– PAPA ! NOÉMIE PEUT PRENDRE MON POSTE DE CAISSIER À L'ÉPICERIE ? ELLE SERAIT SUPER J'EN SUIS SÛRE !

– Pas besoin de crier comme ça, lui dis-je en bouchant mes oreilles.

– OUI PARFAIT ! JE PEUX LA PRENDRE EN ESSAI DÈS QUE VOUS AUREZ FINI L'ÉCOLE ! JE SERAIS CONTENT DE TE COMPTER PARMI MON ÉQUIPE NOÉMIE ! JE DEMANDERAI À CÉDRIC DE FAIRE TA FORMATION ! cria en retour le père de Greg.

– Ça doit être de famille alors, murmurai-je pour moi-même, MERCI BEAUCOUP, CARL ! JE SUIS VRAIMENT CONTENTE ! J'AVAIS DIT À GREG QUE JE NE FAISAIS QU'Y PENSER, MAIS POUR UN ESSAI JE PEUX BIEN.

– SUPER! DONNE-MOI UNE RÉPONSE RAPIDEMENT QUAND MÊME ! JE TE CONTACTERAI DANS LA SEMAINE !

La discussion se termina ainsi. Je me retournai vers Greg qui se tordait les mains, comme lorsqu'il est nerveux.

– Bon, comme j'ai fini par dire ce que je voulais dire, je crois qu'il est temps que tu me dises enfin ce que tu voulais me dire.

Il prit alors une grande respiration avant de se retourner vers moi avec un sourire au visage.

– Avant que je commence, je dois te dire que même si je crois que tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire, je suis certain que tu vas également être super contente pour moi, parce que c'est énorme, mais surtout parce que c'est un de mes rêves.

– Ne me dit pas que tu pars à Las Vegas pour gagner au casino, plaisantai-je pour détendre l'atmosphère.

– Non, mais presque, enfin non, pas du tout dans ce sens-là, mais quand même...

– Greg, sérieusement, qu'est-ce que tu dois me dire ? demandai-je soudainement inquiète.

– D'accord, d'accord, je vais te le dire ! Tu te rappelles que Mme Perron, ma professeur de chimie m'avait parlé d'un programme d'études à Standford en Californie. Elle m'avait dit que j'avais assez de talent pour postuler, ce que j'avais fait. Ils ne choisissent qu'une dizaine d'élèves parmi une centaine, alors je ne croyais pas être retenu. Ceux qui sont acceptés sont admissibles dans le programme de leur choix et bref, j'ai cru que j'allais être accepté, commença-t-il.

– Et tu n'as pas été pris, je m'en souviens. C'est vraiment de ça que tu avais peur de me parler ?

– Non, ce n'est pas ça. Je n'ai pas été pris lorsqu'ils ont donné leur réponse. Alors j'ai un peu oublié le dossier. Après tout, ce n'est pas si grave, je peux très bien faire un programme universitaire en ingénierie de ressources énergétiques ici.

– Et finir premier de classe, j'en suis sûre, lui dis-je en souriant

Le plus grand rêve de Greg était de trouver une façon de produire de l'électricité sans faire exploser la Terre et sombrer l'espèce humaine dans un cauchemar apocalyptique tel que l'on peut voir dans les films de science-fiction.

– Je ne crois pas vraiment que c'est possible, tu sais il y a des temps de gens qui vont à l'université, des étudiants qui en sont à leur deuxième doctorat et...

– S'il te plaît Greg, viens en au sujet principal.

– Oui, j'y arrive. Ce matin, le programme spécial a téléphoné mon père alors qu'il était au bureau. Un des participants a été mis en dehors du programme, quelque chose en lien avec la triche, bref ce n'est pas important, où je veux en venir, c'est que j'étais premier sur la liste d'attente et ils m'ont offert cette place, finit-il par me dire.

– Et tu as accepté ?

– Évidemment, une chance comme ça...

– Merde ! Alors tu vas partir à la fin de l'été.

– Un peu avant même, pour m'installer et tout.

– Alors je ne te verrai pas avant...

– Je reviendrai pour Noël probablement, mais si c'est le cas je ne reviendrai pas pour l'été. Ça coûte extrêmement cher et mes parents ne peuvent pas se permettre cela, même si j'ai une bourse et...

– C'est ton dernier été ici ?

– Avant un bon bout de temps, oui probablement.

– Été de marde, soupirai-je en m'écrasant sur son lit.

Il sembla réfléchir un moment à ma réaction avant de se décider à se laisser tomber sur le lit à côté de moi. Il prit une grande respiration avant de me demander :

– Tu n'es pas trop fâchée ?

– Bien sûr que non ! Je suis juste, un peu surprise et aussi triste que tu t'en ailles. Mais la magie d'internet c'est qu'on va garder contact, dis-je en tentant de le rassurer en même temps de me rassurer.

– Oui c'est sûr. Et tu pourras venir faire un tour en Californie, me dit-il tout sourire.

– Je vais commencer par économiser et ensuite on verra.

–Ouais, tu as probablement raison.

On resta allongés comme ça un moment à regarder le plafond.

– Sincèrement je croyais pas que l'été pouvait s'annoncer aussi mal que cela, soupirai-je.

–C'est comme ça tous les ans, on fait des plans et finalement la vie nous en réserve d'autres.

Et il avait raison. Chaque année, il y avait toujours quelque chose qui ne marchait pas comme prévu. Il fallait bien que je m'y fasse.

- Ça ne nous empêche pas de faire en sorte qu'il soit un peu moins pire, surtout si c'est mon dernier été, me dit-il en se tournant vers moi un sourire collé au visage.

- C'est vrai qu'on peut toujours espérer être plus forts que le destin, me moquai-je.

Comme si c'était possible.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top