Le repas de Noël

Enfin prêt, les cadeaux et le flan dans un sac, il sort de l'appartement.

Dehors, la neige a cessé de dégringoler.

Il marche jusqu'à sa voiture ensevelie sous une couche blanche et gelée, aussi fine qu'un drap.

Il ouvre la portière de sa voiture, et ose y entrer. De sa bouche ne sort aucune vapeur, bien que l'intérieur du véhicule soit d'une température plus que glaciale.

La clé sur le contact, Aaron démarre.

1h25 plus tard, il arrive chez sa sœur.

Sorti de sa voiture, il se dirige vers la maison et y entre sans sonner ni frapper. Tout le monde est déjà là. Sa mère, son père, sa sœur et le mari, ainsi que leurs enfants. Ils sont tous souriants, fidèles à la photo. A la différence des joues d'Aaron, les leurs sont roses. Sa famille a chaud au coin du feu. Quant au jeune homme, il ne discerne pas la chaleur de l'intérieur du froid de l'extérieur. Pourtant son visage est aussi blanc qu'un flocon de neige.

Le début de soirée se passa sous une bonne étoile... jusqu'à l'arrivée des cadeaux.

Tout le monde paraît se précipiter sur le sapin, cependant ils y vont à une vitesse moindre, comme si ce moment voulait être retardé.

Puis, la rapidité ne tarde pas à reprendre sa place.

Chacun prend un cadeau et déchirent le papier à toute allure...et brusquement tout doucement. Leurs gestes deviennent une fois de plus, lents.

Après quelques secondes, les gestes redeviennent normaux.

Aaron, de son côté, vient d'ouvrir une enveloppe. Il a reçu un chèque de 20€. Loin d'être content de n'avoir reçu qu'aussi peu d'argent, ce dernier baisse la tête avec une lourdeur jamais vue et fait les gros yeux noirs. Sa famille voit alors son visage déçu. Le jeune homme ne dit rien, mais les autres insistent. Aaron, toujours en regardant le sol, leur explique d'un ton féroce mais considérablement lent que les 20€ qu'on lui a offert ne sont pas suffisant pour se payer des pinceaux, toiles et peintures nécessaires pour son métier.

Sa grande sœur, l'auteure de ce chèque, lui répond que sa réflexion est impolie.

Aaron commence à s'énerver. Sa sœur le suit. Des éclairs semblent ébranler le salon à une vitesse réduite, pourtant les protagonistes s'engueulent énergiquement.

La sœur arrache le chèque des mains de son frère. Le déchire avec force et jette les morceaux de papiers sur le sol.

Le souffle du jeune homme se coupe un instant.

Sa grande sœur finie par exploser : « Dégage ! », éclate-t-elle d'un ton sec et glacial.

Ce mot fait freiner le temps. Comme toutes les horloges de la maison, les aiguilles de la montre d'Aaron sont sur le point de s'arrêter. Le temps défile de moins en moins rapidement. Les secondes deviennent lourdes. C'est alors que deux grands yeux noirs émergent dans la pièce.

Aaron est le seul à les voir. 

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