-Bonjour mademoiselle. Alors, commençons par lecommencement. Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?

-Oui.

-Que vous a-ton dit ?

-Que vous vouliez m'entendre à propos de monhistoire. Vous interviewez des gens comme moi, c'est ça ?

-Exactement. Je m'intéresse à la vie des personnesayant subit des mauvais traitements dans leur enfance. Vous êtes lapremière jeune fille que j'interviewe. J'ai jusque là interrogébeaucoup d'adultes, afin de savoir leur vie actuelle est encorealtérée ces événements. Je voudrais désormais votre point de vueafin de comprendre ce que vous vivez.

-Et qu'est-ce que vous attendez de moi ?

-Je voudrais juste que vous répondiez le plusclairement et honnêtement possible à mes questions. Êtes-vousd'accord ? Puis-je vous tutoyer ?

-Je vais essayer. Oui.

-Très bien, commençons alors.

Il met son dictaphone en marche.

-Comment t'appelles-tu ?

-Maïline.

-Quel âge as-tu ?

-J'ai 17 ans.

-Très bien. Alors, avec lequel de tes parentsrencontres-tu des difficultés ?

-Eh bien, c'est assez compliqué, mais je diraisavec les deux.

-Peux-tu nous préciser un peu tes soucis ?

-Peu de temps après ma naissance, mes parents nes'entendaient plus. Ils ont alors décidé de se séparer. Je penseque ma mère à mal vécu cette rupture car elle à commencé àavoir des accès de colère qu'elle n'avait pas avant.

-Et que fait elle durant ces ''accès de colère''comme tu le dis ?

-Elle devient violente. Parfois elle casse deschoses, parfois elle jette des choses à travers la pièce. Elle mefaisait peur.

-Lui arrive t-il de s'en prendre à toi ?

-Oui.

-Souvent ?

-Assez oui.

-Et ... que te fait-elle ? Il semble gêné deme poser cette question. En ce qui me concerne, ça ne me dérangepas d'y répondre. On dira que j'ai l'habitude.

-Parfois elle me tire simplement les cheveux,parfois elle me crie simplement dessus en faisant brûler ma joue desa main ferme. Cela dépend. Je me souviens par exemple d'un jour quim'a beaucoup marqué. Ma demi-soeur n'était alors qu'un bébé.Maman préparait à manger, elle avait fait cuire une escalope dedinde et préparait désormais de la crème pour l'accompagner. Jen'avais alors que neuf ans. Ma demi-soeur était en train de pleurer.Ma mère m'a demandé de remuer la sauce pendant qu'elle était surle feu. Je savais dès lors que ça allait mal finir. Lorsqu'elle estrevenue, elle a éteint le feu, et s'est aperçue que la crème avaitaccroché au fond de la poêle. A partir de ce moment je ne l'ai plusreconnue. Ce n'était plus ma mère qui se tenait devant moi. Ellem'a fixé d'un regard noir, puis elle m'a foncé littéralementdessus. Sa main à agrippé violemment mes cheveux. Elle m'a secouéela tête dans tous les sens, me l'a tapée contre le mur, puis, sesaisissant d'une cuillère en bois, me l'a tapée violemment sur latête.

-Est-elle venue s'excuser après vous avoir faitsubir tout ceci ?

-Oui. Elle le faisait, au début, mais maintenantc'est comme si elle n'éprouvait plus aucun remord.

-Ces épisodes de violence se sont-ils reproduitsdevant l'une de vos sœurs ?

-Oui.

-Souvent ?

-Une fois.

-Qu'ont elles dit ou fait ?

-Elles se sont contentées de crier et de pleurer.

-D'accord. Tout à l'heure vous avez dit que votremère vous faisais peur, pourquoi as-tu utilisé le passé ?

-Elle ne me fait plus peur désormais. Je suis assezgrande pour me défendre.

-Très bien. Et qu'en est-il aujourd'hui de vos deuxsœurs ?

-Ma sœur et moi vivons chez mon père. Mademi-soeur quant elle ne peut que rester chez ma mère.

-Et son père ... ?

-Je ne le connais pas. Lorsqu'il a appris lagrossesse de ma mère, il l'a laissée seule.

-C'est bien triste pour elle. Et ton père, tut'entends bien avec lui ?

-On peut dire ça.

-Pourquoi cette réponse aussi peu sûre ?

-On a eu une période assez tendue. Ca n'allait pasdu tout entre nous.

-Pour qu'elle raison ? Il semble de nouveaugêné.

-Savez vous ce qu'est un inceste ?

-Bien sûr.

-C'est ce que j'ai subis, en quelques sortes.Souvent le soir, alors que tout le monde dormait, il entrait dans machambre, discrètement, s'approchait de mon lit, et glissait une mainsous la couverture, qui descendait jusqu'à ma culotte.

-Comment un père peut il se comporter de la sorteavec sa petite fille ? C'est horrible !

-C'est horrible mais vrai. Et malheureusement je nesuis sans doute pas la seule à vivre ça.

-Et tout cela vous affecte t-il dans votre vieactuelle ?

-Jusqu'alors, non, mais désormais tout à changé !

-Pour qu'elle raison ? Parce que tu esenceinte ?

-Oui, et que mon père est aussi le père de monenfant.