Sans savoir
Commeà l'accoutumée, avant que je ne passe le portail du lycée, desrires me concernant éclatent partout autour de moi. Les insultentfusent, les critiques m'atteignent violemment, mais sans jamaisblesser mon âme.
J'entredans l'enceinte du lycée. Je ne fais pas attention aux rires desgroupes d'élèves qui ne me veulent que du mal. Je sais que je suisplus forte qu'eux. La sonnerie retentit. Il faut que j'aille enclasse. Je traverse la cour.
-Alorsla clocharde ?
-T'astrouvé des trucs à la poubelle ?
-T'asbien dormi dan,s la rue ?
Nombrede phrases telles que celle-ci s'envolent autour de moi. Je ne portepas attention aux personnes qui les lancent. Je sais au fond de moi,qu'ils ne sont pas comme ça. Ils veulent simplement passer pour desgens forts devant leurs amis, se faire une réputation de kaïd.
Devantla salle de classe, personne ne me porte attention, mais ça ne medérange pas, j'en ai l'habitude. La professeure ouvre la porte etnous demande d'entrer. Je me place, comme à mon habitude, seule, aupremier rang. De toutes façons je ne suis ici que pour travailler,je n'ai pas le temps de bavarder, je dois réussir ma scolarité pouravoir un bon métier.
Aumilieu du cours mon téléphone se met à sonner. Je sors de laclasse et ferme la porte derrière moi. C'est l'école de mon petitfrère, il est malade, il faut que j'aille le chercher. J'entre denouveau dans la salle, m'excuse au près de la professeure d'êtresortie de cette manière, range mes affaires rapidement, lui expliquela situation pour justifier mon absence pour le reste du cours, etm'en vais.
Lesoir venu, nous ne pouvons pas dormir dans la rue. Une veille femmeaccepte gentiment de nous héberger. Elle s'occupe également de monpetit frère qui semble avoir une infection. C'est notre premièrenuit dans un vrai lit depuis près de deux ans. Ça fait vraiment dubien de dormir tranquillement au chaud dans une maison. Le lendemainmatin, en me levant, je me demande comment nous allons faire pour lesoir, et comme si elle avait lu dans mes pensées, la vieille dame,vêtue de sa robe de chambre, me lance :
-Sivous avez besoin, vous pouvez dormir ici une nuit de plus. Vouspouvez rester ici tant que vous le désirez, votre frère et vous.Vous ne me dérangez absolument pas, bien au contraire, c'est biend'avoir de la compagnie, car depuis que mon mari est mort, je n'avaisplus personne avec qui discuter.
-Merci,c'est très aimable de votre part, j'accepte avec plaisir.Pensez-vous que mon frère peut rester ici aujourd'hui, avec vous,j'ai vraiment besoin d'aller en cours et je ne peux pas le mettre àl'école, vu son état...
-Oui,bien sûr, ne vous en faites pas, je vais bien m'en occuper.
-Mercibeaucoup !!
Jeme mets ensuite en route pour le lycée. En arrivant en cours, laprofesseure me fait sortir de la salle et me demande ce qu'il s'estpassé la veille. Je pense qu'elle n'a pas vraiment compris.
-L'écolede mon petit frère m'a appelée pour me signaler qu'il était maladeet qu'il fallait que j'aille le chercher.
-Maistes parents, ils ne pouvaient pas y aller ?
Unelarme se mit à rouler sur ma joue.
-Ilssont morts dans un accident de voiture, il y a deux ans.
-Jesuis sincèrement désolée. Mais ... Comment vous faites pour vivre,ton frère et toi ?
-Jem'occupe de lui du mieux que je peux. Ma tante nous paye nos écoles,pour que nous puissions étudier, mais elle ne peut pas nousrecueillir chez elle, son mari ne serait pas d'accord, il détesteles enfants. Nous vivons donc dans la rue, avec des personnes quis'inquiètent pour nous.
-Ettous les élèves qui se moquent de toi, tu ne leur à pas dit ?Pourquoi ?
-Non,je ne veux pas de leur pitié. Je préfère être traitée comme jele suis plutôt que d'être pleurée par des hypocrites.
-C'esttrès sage de ta part.
Elleouvrit la porte et nous entrâmes à nouveau dans la salle.
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