⇝ Chapitre 59
Quelques jours se sont écoulés depuis l'incident, jours durant lesquels Freddie et moi nous sommes à peu près évités. Nous ne nous sommes vus qu'aux repas, avec les autres, et n'avons guère échangé plus de quelques mots. Juste assez pour que personne ne se doute de rien. Je n'ai pas trouvé le courage de lui parler, malgré les regards insistants que me jette Alice.
— Ça commence à paraître suspect, m'informe-t-elle, tandis que je rince une assiette.
— Je ne sais pas quoi lui dire ! protesté-je, un peu trop vivement, puisque Kit, assis sur le canapé lève le nez vers moi.
— La vérité me semble être un bon point de départ, chuchote-t-elle en ouvrant le lave-vaisselle.
Je soupire et l'aide à disposer toute la vaisselle dedans. Que pourrais-je lui dire à part « Je me souviens de tout » ? Il m'a probablement déjà confié tout ce qu'il y avait à raconter ce soir-là, et je ne suis pas sûre de pouvoir encaisser un deuxième rejet.
Heureusement, Alice n'ajoute rien de plus et se dirige dans la salle de musique. Au même moment, Mathieu entre dans la maison, accompagné par Ludovic, dont le regard s'éclaire à ma vue et Freddie dont je m'efforce d'éviter les prunelles.
— Tu tombes à pic ! m'exclamé-je à l'attention de Ludovic. Luke voulait ton avis sur notre dernière idée.
Et il faut qu'on termine la chanson qu'on a commencée à écrire tous les deux, qui, sans grande surprise, parle de Solange. On la gardera sûrement pour plus tard, comme Immortelle, mais quand l'inspiration pointe le bout de son nez, on ne peut pas lui résister !
— Avec grand plaisir ! se réjouit Ludovic. J'ai aussi eu une autre idée de chanson ! Et je crois qu'elle sera parfaite pour toi.
Je lui rends son sourire contagieux et lui emboîte le pas, avant d'être arrêtée par Mathieu :
— Attends, Émilie ! Cette après-midi, j'ai besoin de toi.
Je me tourne vers lui, interloquée.
— Pourquoi ?
— J'ai besoin que tu viennes avec nous, car il faut que tu montres à Freddie quelques unes de tes techniques. Et puis, ça sera plus facile pour lui si il a ta voix comme repère.
J'acquiesce, le corps brûlant à l'idée de passer l'après-midi avec le chanteur, et jette un regard désolé à Ludovic, lequel pose sa main sur mon épaule d'un air solennel.
— Le devoir t'appelle, je comprends.
Un large sourire étire mes traits.
— Ce n'est pas tous les jours que je peux aider un chanteur de cette envergure !
Derrière moi, Freddie éclate de rire.
Quelques minutes plus tard, Mathieu, lui et moi sommes dans le studio d'enregistrement, bien à l'écart des autres. Mon ancien professeur branche une clé usb sur son ordinateur, l'air bien trop satisfait pour que ça soit anodin.
— Tu te souviens de la fois où tu as chanté Titanium avec Nicolas au piano ?
— Euh...
— Monsieur Ginsique, précise-t-il, face à mon air perdu.
— Ah ! Oui ! m'exclamé-je en me souvenant de ce jour-là.
— Eh bien, on t'avait enregistrée au cas où tu aies besoin de repères différents, mais au final, tu t'es débrouillée sans. J'ai bien fait de le garder, je savais qu'il me servirait un jour ! jubile Mathieu.
— Luke venait de me quitter, songé-je, tout haut, avant de réaliser avec terreur ce que je viens de dire et de plaquer la main sur ma bouche.
Mathieu écarquille tellement les yeux qu'ils paraissent être sur le point de sauter de leurs orbites.
— Tu as monté un groupe avec ton ex-petit-ami ?!
— On était adolescents, c'est de l'histoire ancienne, expliqué-je, et puis quand on a démarré le groupe, il ne s'était rien passé ! Et rien non plus quand on l'a reconstruit l'été dernier !
Bon, ce n'est pas tout à fait vrai, mais l'essentiel est d'être au clair maintenant.
Mathieu soupire et se frotte le coin des yeux.
— Il n'y a pas pire qu'une relation amoureuse au sein d'un groupe. Aucun groupe n'y survit.
J'hausse les épaules.
— Eh bien, nous serons les premiers !
— J'espère, bougonne mon ancien professeur. Mettons ça sur le compte de l'adolescence et espérons que vous regardez tous les deux cette histoire avec bienveillance ! Sinon, je ne donne pas cher de votre peau.
— C'est enterré depuis longtemps, le raisonné-je. Tu peux en parler à Luke, il est ouvert à la discussion, tu sais !
Je n'aurais sans doute pas dû révéler cette information. Embarrassée, je jette un coup d'œil à Freddie, qui nous écoute en silence, son visage neutre concentré sur Mathieu, lequel lance l'enregistrement.
Des années se sont écoulées depuis, mais je n'oublierai jamais la douleur que je ressentais ce jour-là, ni l'effroyable chagrin dans lequel j'étais plongée. A partir de ça, tout n'avait fait qu'empirer, surtout avec la mort de Solange. Je frissonne de soulagement : tout ceci est désormais loin derrière moi !
— Tu veux que je chante comme ça ?! se récrie Freddie, après qu'une note aiguë, longue et puissante ait retenti. Mes cordes vocales ne vont jamais coopérer !
— Et pourtant, objecte Mathieu, je pense que tu en es tout à fait capable. Il faudra sûrement modifier le ton mais je suis persuadé que tu peux t'accaparer la chanson. Tu entends bien qu'Emmy ne sonne pas comme la chanteuse originale, mais ça ne l'empêche pas d'atteindre chaque note à la perfection.
— Je n'y arrivais pas non plus, au début, lui expliqué-je, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. J'ai dû apprendre une nouvelle technique.
Le chanteur hoche la tête, m'accordant enfin un regard. Il se détourne cependant très rapidement et un pic de morosité me transperce.
— Si je t'avais eu en élève, je t'aurais poussé encore plus loin que ça, lance gaiement Mathieu, mes vieilles histoires de cœur oubliées.
J'avale péniblement ma salive, songeant que je ne serai pas assez forte pour supporter une demi-journée comme ça. Qu'est-ce qui m'a pris ? Je n'aurais jamais dû parler à Freddie comme je l'ai fait ! J'aurais pu continuer à l'observer de loin, à garder ce secret inavouable près de mon cœur. Maintenant, notre relation est ruinée.
Mes ruminations et mon embarras sont encore au premier plan lorsque nous commençons l'entraînement. Heureusement, le travail prend rapidement le pas sur le reste, ce qui ne se serait pas produit aussi vite si Freddie n'était pas si professionnel. J'oublie trop facilement que cette affaire le touche moins que moi, n'en déplaise à Alice.
Il m'écoute attentivement, les yeux brillants d'une lueur farouche de détermination et de concentration. Pendant un instant, plus rien d'autre que la musique et les notes qu'il peut atteindre ne semble compter, tant et si bien que le fil argenté qui nous relie s'illumine à nouveau. Mon cœur se gonfle d'espoir : peut-être que tout n'est pas perdu et que je pourrai retrouver ce que nous avions avant.
Sous les conseils et encouragements de Mathieu (qui, contre toute attente, sait se montrer bienveillant et motivant, à l'opposé du professeur cassant et désagréable que j'ai eu), Freddie s'investit de tout son cœur et de toute son âme, oubliant ses réticences du début et sa peur de mal chanter. L'étendue de la confiance qu'il place en moi et Mathieu me heurte de plein fouet : il ne craint pas de montrer ses erreurs, alors qu'il y a tout juste cinq mois, il avait placé une distance froide entre lui et moi.
Au terme de l'après-midi, il ne maîtrise pas le refrain de la chanson, mais les notes que j'ai entendues sont si prometteuses que je ne doute pas que c'est seulement une question de jours, voire d'heures.
— Tu t'en es très bien sorti ! le félicite Mathieu. Tu vois qu'il faut m'écouter et ne pas y aller à reculons !
Je souris et hoche la tête pour appuyer ses dires.
— J'avoue que je ne pensais pas être capable de chanter ainsi, admet Freddie en buvant d'une traite son verre d'eau.
— On est capable de tout, pourvu qu'on y mette les moyens. Tu es bien trop jeune pour arrêter de rêver.
Mon sourire s'agrandit à mesure que les mots de mon ancien professeur atteignent mon cœur et résonnent dans mon âme, tant et si bien que je décide de les noter sur mon téléphone, juste au cas où. Peut-être que, quelque part sur cette planète, quelqu'un d'autre a besoin d'entendre ces mots.
Je grimace en remarquant que mon frère m'a envoyé un message, avec un lien vers un article.
Emmy, écrit-il, je sais qu'il ne faut pas croire tout ce qui se dit dans la presse, mais que se passe-t-il ? Est-ce que tu vas bien, au moins ?
Je me mords la lèvre et clique sur le lien, qui me renvoie vers un article dont le titre me fait immédiatement claquer des dents.
MORT DE SOLANGE : SES PARENTS SORTENT ENFIN DU SILENCE ET ACCUSENT SES AMIS DE NÉGLIGENCE.
Ça n'a aucun sens ! J'ai pleuré dans les bras de sa sœur le jour de l'enterrement ! Elle n'a eu de cesse de me répéter que nous n'y étions pour rien.
— Mathieu..., murmuré-je en interrompant sa discussion avec Freddie.
— Oui ?
Sans mot dire, je lui tends mon téléphone.
— C'est mon frère qui me l'a envoyé. Pourquoi font-ils ça ? demandé-je, d'une voix tremblante.
Ma vue se trouble et mon corps tremble de terreur. Je n'ai même pas pu lire une ligne de l'article. Je n'en ai pas besoin. Je sais exactement ce qu'ils disent. Je tente de formuler une explication face à l'air soudainement concerné de Freddie, mais aucun son ne sort de mes lèvres. La panique augmente de façon drastique quand je m'aperçois que je vais m'effondrer, comme cette fois-là sur scène. Alors, je ne réfléchis pas, quand je me précipite vers le chanteur et l'enlace au moment où mes jambes se dérobent sous mon poids.
— Emmy, que se passe-t-il ? questionne-t-il, sans trop comprendre.
Il prend tout de même la peine de m'étreindre en retour, tandis que je m'accroche désespérément à lui, en n'entendant rien d'autre que le son saccadé de l'air que je ne parviens pas à attraper. Est-ce donc comme cela que je vais mourir ? Étouffée par ma propre peur ? Et quel est ce bruit terrible qui résonne si fort dans la pièce, comme un tambour dans un tunnel ?
Le visage enfoui dans la chemise du chanteur, je réalise avec horreur que c'est mon cœur qui cogne, cogne, cogne comme si c'était la dernière fois.
— Tout va bien, Émilie. Tu es en sécurité, ici, murmure doucement Freddie.
Mais ses mots entrent dans ma tête sans y rester. La tempête se poursuit sans que je ne puisse me raccrocher à quoi que ce soit.
— On va respirer ensemble, d'accord ? Tu te sens capable d'inspirer en même temps que moi ?
Je décolle ma tête de son torse pour le regarder de mes yeux effrayés. Contre toute attente, son visage est ouvert, bienveillant et ses traits sont apaisés.
J'hoche la tête, toujours en tressautant entre ses bras.
— Alors on y va.
Gardant son regard si entêtant plongé dans le mien, il prend une longue inspiration. Je tente de l'imiter mais est coupée par mes dents qui claquent.
— Ce n'est pas grave, on recommence, me rassure le chanteur.
Au bout de quelques longues minutes, mon supplice prend fin et ma respiration retourne à la normale. Épuisée, j'appuie à nouveau ma tête contre le torse de Freddie, dont la chemise est trempée par mes larmes.
— Merci, laissé-je échapper, dans un souffle.
— Je t'en prie.
Mathieu se racle la gorge et je me rappelle avec horreur que nous sommes pas seuls. Je tourne mon visage vers lui, sans prendre la peine de me détacher du parolier, dont les bras sont toujours autour de moi. Les mots d'Alice me reviennent tout d'un coup. « On a tous compris qu'il t'apaisait. »
Le visage de Mathieu est sonné quand il déclare :
— Cet article ne parle pas de toi, Émilie. Tu n'es mentionnée nulle part et Alice non plus. A vrai dire, il ne contient pas grand chose. Il dit seulement que Solange était avec ses amis au moment du drame et que personne n'a rien remarqué. Ses parents ne t'en veulent pas, Émilie, tout comme ils n'en veulent pas aux autres.
— Mais, commencé-je, abasourdie, pourquoi mon frère me l'a envoyé ?
Mathieu hausse les épaules et me rend mon téléphone, tandis que je m'écarte de Freddie.
— Il doit s'inquiéter pour toi, surtout s'il a entendu parler de toutes ces rumeurs. J'espère seulement que personne ne s'en prend à lui.
Le sang quitte brutalement mon visage.
— Pourquoi on s'en prendrait à lui ? C'est mon frère ! m'exclamé-je, avant de prendre conscience que c'est exactement pour cette raison qu'il pourrait être visé par mes détracteurs.
— Ce n'est sans doute pas le cas, me rassure Mathieu. Ton frère est très discret et fais profil bas depuis le début de cette histoire. Les gens ne le connaissent pas encore.
Je soupire et me tourne vers Freddie, qui nous observe d'un air perplexe, étant donné que l'échange entre Mathieu et moi s'est déroulé en français et qu'il n'y comprend rien, et qu'il y a deux minutes je pleurais dans ses bras. Je lui résume la situation et est au même moment frappée par une lassitude extrême, comme si mon corps se transformait en plomb.
— Donc, je me demandais si... on s'en était déjà pris à tes proches ?
Le chanteur secoue la tête.
— Non, pas vraiment. Je fais très attention. Et puis, pour ce qui est de ma famille, je n'ai que ma mère et mes grands-parents de son côté, donc pas de frère ou sœur à protéger.
J'hoche la tête alors que le visage de mon ancien professeur s'éclaire subitement.
— Ce n'est pas toi qui a découvert qu'un de tes oncles était manager d'un groupe et trempait dans des affaires illégales ? s'immisce-t-il, les yeux brillants. A moins que je ne confonde avec un autre artiste ?
Un éclair de colère passe sur le visage du chanteur.
— Je n'ai rien à voir avec ces gens-là ! Ils se sont souvenus de mon existence au moment où je suis devenu célèbre. Ils n'ont jamais eu une seule once de compassion pour ma mère. Ils l'ont laissée seule alors que mon père venait de mourir et que j'étais encore dans son ventre. La famille de mon père lui en voulait de ne pas avoir pu le sauver.
— Pourquoi ? interrogé-je, me souvenant qu'il m'avait confié que son père était gravement malade.
Freddie ouvre la bouche pour répondre mais est interrompu par Mathieu.
— Sa mère est un médecin de renom. Elle est à l'origine de plusieurs découvertes qui ont conduit à de nouveaux traitements pour améliorer l'espérance et la qualité de vie de nombreux malades atteints entre autres, de maladies respiratoires.
— Oh. Je vois, murmuré-je, plus touchée que je ne l'aurais dû.
— Comment sais-tu tout ça ? interroge Freddie. Tu as fait des recherches sur moi ?
Mathieu secoue la tête.
— Non, ta mère a juste permis à mon frère d'avoir une meilleure qualité de vie. Je connaissais son nom avant que Dark Fate ne soit créé.
Le chanteur hoche la tête, avant de reprendre son histoire :
— Et donc, à la mort de mon père, ils ont coupé les ponts avec elle. Ils ne sont venus vers moi que lorsque Dark Fate a explosé. Avant, je n'avais jamais entendu parler d'eux. Mon oncle voulait que je l'aide financièrement à régler ses problèmes. J'ai refusé. Il s'est vengé en parlant à la presse et en me taxant d'ingrat, persuadé que le procès lui donnerait raison tant il avait payé le juge. Finalement, il a été condamné et je n'ai plus jamais entendu parler de lui.
— Tant mieux, commenté-je en grimaçant.
Pourquoi a-t-il une vie aussi tragique ? C'est à se demander si la vie ne s'acharne pas sur les bonnes personnes. Je l'observe sous un prisme nouveau : il aurait toutes les raisons du monde d'être en colère, d'en vouloir au monde entier, mais il se contente simplement d'être bienveillant et de prendre soin des autres. Je dois dire que je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi impressionnant.
— C'est quand même à cause de lui que tout le monde a découvert mon vrai nom, objecte Freddie d'un ton dur. J'avais prévu de garder mon nom de scène.
Je cligne des yeux, revenant brutalement à la réalité.
— MacSaturn n'est pas ton vrai nom ?
— Toi, tu n'as jamais lu ma page Wikipedia ! lance-t-il avec un sourire narquois.
— Alice ne me l'a jamais dit ! me justifié-je. J'espère au moins que je t'appelle par le bon prénom...
Se contentant de me détailler avec un air moqueur, il me tend la main, avant de déclarer, sur un ton très solennel :
— Frederick MacWillis, ravi de vous rencontrer à nouveau, Miss Dray. Vous pouvez m'appeler Freddie, sauf si c'est trop intime pour vous.
Les joues en feu, je lui serre la main, me demandant s'il est vraiment persuadé que j'ai oublié la discussion que nous avons eue l'autre nuit. Rien ne transparaît sur son visage, même quand mes doigts s'attardent dans les siens. Je réalise alors qu'il ne m'a rien dit sur ses sentiments à lui.
Mon cœur se fissure à nouveau, comme de la porcelaine. Le chanteur remarque mon changement d'humeur : ses yeux s'assombrissent et il se détourne de moi, comme s'il ne supportait plus de me voir.
Heureusement, Mathieu se racle la gorge et nous sort de ce moment embarrassant :
— Je déclare la session de travail terminée. Vous avez bien mérité une pause !
— C'est vrai ! appuyé-je, pressée de m'enfuir.
Mais avant que je ne puisse esquisser un mouvement vers la porte, Mathieu m'attrape par le bras, une lueur flamboyante dans le regard.
— Je voudrais te parler.
A côté de moi, Freddie hoche la tête et nous sourit le plus normalement du monde, comme si absolument rien ne s'était produit. Les fissures autour de mon cœur s'approfondissent.
— Ça marche. A toute à l'heure ! lance-t-il, avant de s'éclipser, sans me laisser le temps de lui dire que j'aimerais qu'on ait une discussion aussi.
Je fixe la porte se refermer d'un air attristé. La prise de Mathieu se resserre sur mon bras et il plonge ses yeux bruns dans les miens, intransigeant. Mon cœur se serre : que vais-je encore devoir affronter ?
— J'ignore ce qu'il se passe entre toi et Freddie, et d'ailleurs ce ne sont pas mes affaires, annonce-t-il sans passer par quatre chemins. Cependant, je dois te prévenir : il est le chanteur principal de Dark Fate, l'un des groupes les plus vogues à l'heure actuelle et ça fait des années que son cœur est à prendre. Les gens s'y sont habitués, et il n'est pas sûr que le public t'accepte, quand bien même tu sois une bonne personne.
J'aimerais lui répondre que ce n'est pas aux fans de décider de la vie sentimentale du chanteur, qu'ils ne le connaissent pas aussi bien que moi, qu'ils ne peuvent pas savoir ce qu'il veut, que c'est à lui et lui seul de choisir, mais les mots restent bloqués dans ma gorge, car il m'a éconduite. C'est un problème que je n'aurai jamais à affronter.
— Je sais bien que je sonne rabat-joie, poursuit Mathieu sans paraître s'apercevoir de mon désespoir, mais ce sont des éléments que tu dois prendre en compte. Crois-en mon expérience, ce n'est pas facile d'aimer quelqu'un de connu.
Je me mords la lèvre, songeant aux paroles de Freddie ce soir-là. « Tout ce qui t'arrive actuellement avec Sad Joy, les insultes que tu as pu recevoir, les horribles remarques à ton sujet... Tout ceci sera décuplé. Et je refuse que ce soit à cause de moi. Alors non, Émilie, ça n'ira pas plus loin entre nous. »
— Les gens ne m'aiment déjà pas, finis-je par dire. Je ne suis plus à une remarque près.
— C'est en train de se calmer, m'informe mon ancien professeur, un air tranquille sur le visage. Ça sera bientôt de l'histoire ancienne. Malheureusement, on ne peut pas plaire à tout le monde, donc je crois que quelques personnes continueront à te détester parce que tu existes.
— Tant pis pour eux ! m'exclamé-je dans un élan de courage. S'ils ont de l'énergie à gaspiller pour ça plutôt que dans leurs projets, ce n'est pas mon problème !
Mathieu m'offre un sourire approbateur.
— Exactement. Fais seulement attention à ne jamais y réagir. Pour en revenir au sujet principal, je te demande juste d'en être consciente : tu as abandonné toute vie privée au moment où tu as signé ce contrat.
J'hoche la tête. Il est de toute façon trop tard pour reculer : je me suis déjà trop éprise de Freddie.
— Je sais. Mais ne t'en fais pas, il m'en a déjà parlé, et lui préfère que ça n'aille pas plus loin, l'informé-je d'un ton neutre, malgré la douleur qui m'étreint la poitrine.
Mathieu semble sur le point de répondre quelque chose, puis se ravise et se contente de me sourire tristement.
— C'est sans doute mieux ainsi.
J'hausse les épaules, résignée.
— J'en ferai probablement une chanson un jour. Le malheur a du bon.
A ma grande surprise, Mathieu éclate de rire.
— Tu es officiellement une artiste !
Je ris à mon tour. Peindre les maux en couleurs, voilà comment j'épongerai ma peine ! De la même façon que j'ai fait mon deuil. Pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas ?
🎶🎶🎶🎤🎸🎤🎶🎶🎶
Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Qu'en pensez-vous ? Espérons qu'Emmy ne fasse plus de crises d'angoisse 😅
D'ailleurs, on dirait qu'Emmy fait quand même un peu l'autruche, malgré l'insistance d'Alice... pensez-vous qu'elle finira par mettre les pieds dans le plat ?
Et puis, que le pensez-vous de la mise en garde de Mathieu ?
N'hésitez pas à commenter, c'est toujours un plaisir de vous répondre ! 🤍
Le prochain chapitre est du point de vue d'Alice ! (Indice : Kit est dedans 😏) J'ai hâte que vous le
lisiez aussi !
On se retrouve donc la semaine prochaine pour le chapitre 60 ! (Déjà oh là là)
Prenez bien soin de vous ! ❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top