⇝ Chapitre 43

— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? me demande Alice, dès que nous sommes rentrés à la maison.

Je me tourne vers ma meilleure amie, qui, adossée au chambranle de ma porte, m'a suivie jusque dans ma chambre pour me poser la question qui lui a sans doute brûlé les lèvres tout le trajet. Elle jette un coup d'œil par-dessus son épaule avant de fermer la porte.

— Alors ?

— Rien de spécial...

J'ouvre ma commode, à la recherche d'un pull plus chaud que celui que je porte. Pourquoi aurais-je besoin de vêtements chauds ? Qu'a-t-il en tête ?

— Menteuse, lance Alice sur un ton badin.

Elle s'assoit sur mon lit, l'air un peu trop ravie à mon goût.

— D'accord, capitulé-je, il m'a dit de l'attendre ce soir devant chez nous et de prendre des vêtements chauds.

Je soupire et m'assois à côté d'elle tandis qu'elle reste pensive.

— Pourquoi, à ton avis ? lui demandé-je. Tu crois que je peux emmener ma guitare ?

Alice hausse les épaules, toujours soucieuse.

— Pourquoi ne pourrais-tu pas l'emmener ? Peut-être qu'il veut tout simplement que tu lui donnes ton avis sur le morceau qu'il est en train d'imaginer pour nous.

— Dans ce cas, pourquoi ne pas me l'avoir demandé clairement ?

Un sourire hésitant apparaît sur le visage d'Alice.

— D'après Kit, il n'est pas très doué avec les gens et a toujours tendance à se montrer plus mystérieux que nécessaire.

— Et à manquer de tact, ajouté-je en partageant un sourire de connivence avec elle.

Le sourire d'Alice est encore plus large que le mien quand elle se lève et déclare solennellement :

— Je ne dirai rien aux autres. Et je te couvre !

Je retiens un gloussement avant de me lever à mon tour.

— Merci, j'imagine ?

Ma meilleure amie se contente de rire plus fort.

— Ça me rappelle l'internat, quand on faisait des trucs qu'on n'avait pas le droit de faire !

— Techniquement j'ai le droit de sortir quand je veux, maintenant, rappelé-je.

Elle hausse les épaules, l'air beaucoup trop amusée.

— Je te laisse préparer tes affaires, conclut-elle, une moue conspirationniste sur le visage.

Je lève les yeux au ciel, souriant tout de même et entreprends de sortir un épais sweat à capuche bordeaux – aux couleurs de Sainte-Cécile – et des collants que je mettrai sous mon pantalon. Comme ça, je n'aurai pas froid, peu importe ce qu'il a prévu.

Je redescends ensuite dans le salon rejoindre les autres pour que nous décidions du repas. La curiosité et l'excitation prennent rapidement le pas sur la soirée : il m'est difficile de me concentrer sur la conversation. Les autres ne semblent cependant pas le remarquer : ils sont épuisés, et Alice s'arrange pour que rien ne transparaisse. Il faut croire que les américains sont plus sujets à la fatigue que nous.

Une fois le repas terminé et le lave-vaisselle mis en route, chacun remonte dans sa chambre, et après une douche rapide, je me retrouve à patienter dans ma chambre, les yeux rivés sur l'heure. La maison plonge doucement dans l'endormissement, si bien que le moindre bruit en devient suspect. Il va me falloir être discrète, mais si Mike est endormi alors il n'entendra rien. La seule difficulté sera de descendre discrètement de l'étage. Ma maladresse devra donc disparaître durant quelques minutes !

Ma guitare sagement rangée dans mon dos, un carnet et un stylo glissés dans un sac en tissu que je porte sur l'épaule, j'ouvre doucement ma porte, que j'ai pris soin de seulement pousser, pour ne pas avoir à utiliser la poignée. Le couloir est nimbé de pénombre, silencieux, vide. Ma porte émet un grincement lorsque je la ferme, mais ce n'est rien comparé aux lattes du parquet, qui décident de montrer leur mécontentement en poussant des gémissements plaintifs. La poisse !

Heureusement pour moi, les escaliers sont plus cléments, et ma lenteur permet de transformer ma maladresse naturelle en agilité. Bref, quand je suis au rez-de-chaussée, je soupire de soulagement. Les chambres sont désormais trop loin pour qu'un faible bruit réveille qui que ce soit.

Quelques minutes plus tard, je glisse mes clés dans la serrure et le cliquètement m'indique que la porte est ouverte. L'air froid brûle mon visage et je m'empresse de refermer la porte avant de me défiler. Peut-être que c'est une très mauvaise idée. Le cœur battant, je verrouille la serrure et m'avance jusqu'au portail, devant lequel deux vigiles surveillent la maison. En m'entendant sortir, ils se sont tournés vers moi.

— J'attends quelqu'un, précisé-je, alors qu'aucun d'eux ne m'a posé de questions, ou même ne me fixe avec interrogation.

Ils hochent la tête, reprenant leur surveillance. Ce doit horrible que de devoir passer autant de temps dehors, par ce froid ! Même s'ils se relèvent, il est clair qu'ils vont finir glacés jusqu'aux os... J'espère que cette précaution deviendra bientôt inutile.

Un coup d'œil au ciel me permet de voir qu'il est clair, mais les lampadaires de la rue enveloppent les étoiles. L'odeur particulière de la fin d'hiver, du froid, de l'interdit est omniprésente, laissant un goût de nostalgie contre mon palais. La nostalgie d'un moment que je n'ai même pas encore vécu.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone avant d'apercevoir les phares d'un voiture au début de ma rue. Si c'est Freddie, il est pile à l'heure. La voiture s'arrête à quelques pas de moi. Bingo ! Je m'approche au moment où la portière du conducteur s'ouvre et qu'une longue silhouette en sort.

— Pas trop froid ? demande-t-il, en guise de salutations.

— Pas trop.

Il ouvre la portière arrière, je glisse mes affaires dedans et m'assois côté passager, très perturbée du fait d'être installée à gauche. Je devrais avoir l'habitude, mais impossible de m'y faire !

Freddie me jette un coup d'œil.

— Qu'est-ce qui te dérange ?

— Vous avez le volant à droite, dis-je un peu bêtement.

— Ah, s'esclaffe-t-il. J'avais oublié que c'était différent pour vous.

— Je n'ai même pas mon permis, avoué-je en observant la route.

— J'ai entendu dire que passer le code était infernal.

Je grimace, me souvenant de l'été où Simon s'était mis en tête de le passer. Il en parlait tellement que même moi avait fini par retenir les voyants des feux de route, croisement et brouillard avant lui et par savoir quand les utiliser. Bref, je n'ai pas eu l'occasion de le passer depuis. Ou même de m'inscrire.

— Mon frère s'est un peu cassé les dents dessus, j'admets, avant de réaliser que je ne sais pas grand chose de Freddie.

Et que je pars avec lui au milieu de la nuit dans je-ne-sais-quel-endroit pour y faire je-ne-sais-quoi.

— Je n'ai pas de frère, ou même de sœur, confie le chanteur, en mettant son clignotant, comme s'il avait lu dans mes pensées.

— Rien que toi.

— Rien que moi, répète-t-il les yeux rivés à la route. Hé ! proteste-t-il avant de jurer en gallois. J'avais la priorité !

— Encore un qui a eu son permis dans une pochette surprise, commenté-je, un léger sourire aux lèvres pour contrer la boule d'angoisse qui naissait et grandissait un peu trop vite dans mon ventre.

N'y tenant plus, je finis par lui poser la question :

— On va où ? Et qu'est-ce qu'on va faire ?

Un sourire amusé apparaît sur le visage du parolier.

— A l'extérieur de la ville, et on va faire quelque chose qui va t'aider à trouver l'inspiration.

Cette fois, ma curiosité est piquée. Néanmoins, je ne peux pas empêcher mes lèvres de formuler une question bête :

— Rassure-moi, tu ne vas pas me tuer dans les bois et m'enterrer sous un arbre ?

Enfin, bête mais pas dénuée de sens. Je suis sûre que c'est arrivé à des gens plus malins que moi.

— Pour que mon groupe reste éternellement premier des ventes et des chartes, je n'ai malheureusement pas le choix. C'est d'ailleurs pour ça que les vigiles ont distinctement vu mon visage. Impossible qu'ils se doutent de quoi que ce soit me concernant.

Je m'esclaffe et il me jette une note de musique observatrice.

— Rassurée ? questionne-t-il, tandis que j'hoche la tête.

Un silence s'installe et le chanteur finit par allumer la radio, laquelle diffuse une chanson que je ne connais que trop bien, puisque c'est la nôtre : Aux rêveurs.

— Décidément, je l'entends tout le temps, commente Freddie, tandis que le panneau avec London barré en rouge apparaît.

— Terrible, ce nouveau groupe. Ils ne diffusent que leurs chansons.

— Et ça reste dans la tête.

Quelques minutes plus tard, Freddie se gare sur un parking complètement vide. Je récupère mes affaires et constate qu'il a aussi emmené son instrument (et un sac à dos).

— Ça ne va pas monter très longtemps, promet-il en fermant sa voiture.

« D'où les vêtements chauds » songé-je en lui emboîtant le pas dans la forêt à quelques pas de nous. Les branches et les feuilles craquent sous les tambourinements de mon cœur, bien trop excité à l'idée de faire le mur. La lune nimbe le chemin d'une clarté laiteuse, si bien que lorsque mes yeux sont habitués à l'obscurité, je distingue les contours de chaque arbre autour de moi, chaque racine, champignon, roche ou brindille. A présent que les lumières de la ville sont hors de portée, les étoiles scintillent comme des milliers de taches de rousseur sur le visage du ciel.

La chaleur afflue dans mon corps, signe que ma thermogenèse a considérablement augmenté. D'ailleurs de la sueur apparaît déjà à divers endroits de mon corps. Il faut dire que je suis obligée de marcher très vite pour suivre Freddie, qui, bien plus grand que moi, fait un pas quand j'en fais deux.

— Attends, soufflé-je entre deux respirations haletantes. J'ai des petites jambes, moi !

A ma grande surprise, il ne se moque pas de moi et se contente de ralentir, aussi essoufflé que moi. Mes muscles ont cessé de crier de protestation : l'inclinaison de la pente ne les fait plus souffrir. Plus nous montons, plus nous apercevons le ciel. A côté de nous, des bruits variés retentissent : craquements de branches, hululements de chouettes, jappements de renards. Moi qui n'ai jamais eu le goût de l'aventure, me voilà excitée à l'idée de faire quelque chose de nouveau !

Puis, les arbres se dégagent et je devine que nous sommes arrivés. Freddie se tourne vers moi, tandis que je m'avance au milieu de la végétation. Il m'a guidée vers un promontoire, où nous pouvons apercevoir la lointaine ville de Londres s'enfoncer dans la nuit, avec ses lumières, ses immeubles et ses beaux bâtiments. Et surtout, perchée sur les pierres au-dessus du vide, je n'ai qu'à tendre la main pour cueillir les myriades d'étoiles qui recouvrent le ciel. Quelques branches d'arbres, noires, offrent un contraste saisissant avec le bleu du ciel.

— C'est magnifique, soufflé-je, les yeux noyés dans la voûte céleste.

— Peut-être qu'on verra des étoiles filantes, répond le jeune homme.

Je m'arrache à la contemplation de la coupole cosmique et me tourne vers lui. Il a déjà étalé une épaisse couverture sur le sol et posé ses affaires dessus. En face, un cercle de pierre avec des cendres et des branches ne semble demander qu'à être allumé.

— Je vais chercher du bois, attends-moi, m'indique le chanteur, avant de disparaître dans les abois sans me laisser le temps d'acquiescer.

Je pose mes affaires sur la couverture et remarque qu'il a amené deux plaids. Je m'assois au bord et patiente, les yeux rivés sur le ciel, la respiration brûlante à cause du froid. Il ne tarde pas à revenir, les mains et le sac pleins de morceaux de bois. Il les organise en un tas à côté de ce qui sera le feu et prend un paquet d'allumettes.

— Tu as prévu le coup, observé-je.

— Évidemment, affirme-t-il en frottant l'allumette. De quoi j'aurais l'air, sinon ?

Il se penche et ajoute rapidement des brindilles tandis que les flammes grandissent.

— Tu viens souvent ici ?

— De temps en temps. Tu peux t'approcher, tu sais. C'est pour éviter que tu ne te congèles sur place.

Je me rapproche du cercle de pierre, et effectivement, une douce chaleur m'englobe doucement. Je tends les mains devant moi, trop heureuse de pouvoir réchauffer mes doigts engourdis sous les crépitements du feu.

— Je t'ai pris une couverture.

Joignant le geste à la parole, il me tend un des plaids noirs qu'il a ramenés.

— Merci, dis-je en le dépliant sur mes épaules.

Et je reporte à nouveau mes yeux sur les flammes, fascinée. Si je m'allonge, elles auront l'air de se rapprocher des étoiles, comme si elles cherchaient à les atteindre. À les brûler.

— Je parie que tu n'es jamais sortie en douce, lance Freddie, en s'allongeant sur la couverture, les yeux fixés sur le ciel.

Je glousse et m'allonge à mon tour, laissant une distance plus que respectable entre nous. Les étoiles remplacent totalement les flammes.

— Non, en effet.

Un léger silence s'installe tandis que les bruits de la nuit me bercent. Ici, au fond des bois, il est impossible d'ignorer les cris des étoiles, les flammes qui menacent de les engloutir, les larmes de la Lune.

— Quoique, dis-je au bout d'un instant, j'ai eu une amie... Elle t'aurait plu, je crois.

— Comment ça ?

Le chanteur se tourne vers moi, quittant le ciel du regard. Le souvenir de Solange flotte jusqu'à moi, si bien que les constellations ont à présent les traits de son visage, et les cris des étoiles sont devenus des rires. Les nôtres. Un air insolent par ici, une franchise redoutable par là.

— A l'époque, Mathieu était imbuvable. Il était notre enseignant, à Sainte-Cécile. Et franchement, c'est à la fois un des pires enseignants que j'ai eus et un des meilleurs. Il m'a beaucoup fait progresser.

— J'ai cru comprendre qu'il était exigeant. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne tolérera rien de médiocre, commente Freddie en offrant à nouveau son visage au ciel.

— Un week-end sur deux, les terminales donnent un show, ou du moins c'était comme ça à mon époque. Et lorsque j'y étais, nous n'avions pas le droit de faire deux choses à la fois. Jouer de la guitare ou du piano en chantant était impensable. Seule la performance vocale comptait. Pareil pour la danse. Mathieu Wiener était intransigeant.

— Eh bien ! me coupe le chanteur. Je ne l'imaginais pas aussi borné.

— Mon amie lui tenait tout le temps tête. Leurs joutes verbales étaient... piquantes. Et amusantes. Un jour, nous en avons eu marre et lui avons demandé pourquoi on ne pouvait pas jouer en live. On a appuyé notre argumentation en lui montrant un extrait d'un show de Saint-Matthew. Le plus drôle, c'est que c'était la prestation de Luke, Mike et Cait'.

— Il vous a dit non, j'imagine ?

J'acquiesce.

— Oh oui ! Et il a ajouté que nous étions incapable de produire un spectacle aussi qualitatif. Ni une, ni deux, Solange s'est mis en tête de lui prouver le contraire... On s'est entraîné de notre côté, on s'est organisé avec des amis à elle pour qu'ils nous ramènent nos instruments et nous aident à jouer les morceaux...

— Je crois que j'ai vu ce show. Vous avez joué Bohemian Rhapsody, n'est-ce pas ? C'était un peu avant-...

Il s'interrompt aussi brutalement qu'il m'a coupée.

— Et Always Be Together, confirmé-je, sachant déjà ce qu'il s'était empêché de dire.

Il sait. Tout le monde sait. La tragique mort de Solange Griveaux, une élève prometteuse du prestigieux lycée Sainte-Cécile avait fait la une à l'époque.

— C'était l'un des plus beaux moments que j'ai vécus. Et la tête de Mathieu était mémorable !

— J'imagine...

— Mais, après discussion avec la directrice, nous avons pu obtenir ce que nous voulions. Maintenant, les lycéens organisent et livrent des performances toujours plus audacieuses ! conclus-je, en souriant aux étoiles.

Solange aura accompli cela. Sans elle, jamais nous n'aurions eu le courage d'aller jusqu'au bout. Chaque année, le lycée lui rend hommage, rappelant aux élèves que la vie est parfois trop courte, qu'elle peut se stopper même quand on est un cygne en plein vol, qu'il faut être très prudent avec l'alcool. Personne n'échappe à la prévention. Et encore aujourd'hui, je me demande ce qu'il s'est passé, quel verre a été celui de trop, si elle s'est auto-détruite, si elle a bu autant pour ressentir quelque chose. Je ne le saurai jamais.

Je me mords la lèvre, sentant mes yeux se remplir de larmes. Il m'est impossible d'y réfléchir sans sentir mon cœur se briser à nouveau, sans revoir son corps inanimé gésir sur le sol d'un appartement dont j'ai tout oublié, sans me souvenir du trou béant qu'elle a laissé dans ma vie et ma poitrine, sans me remémorer les mots de Clara, il y a quelques mois.

Alors, pour fuir mes idées sombres, je me tourne vers Freddie pour lui poser la question que j'aurais dû lui poser un peu plus tôt, quand il a évoqué Bohemian Rhapsody.

— Tu as vu nos shows ? demandé-je, les sourcils froncés.

— Tous, confirme le chanteur. Y compris vos spectacles.

— Oh.

Cette fois, je fuis son regard et me force à plonger mes prunelles dans les flammes. Solange aussi, brûlait. Elle brûlait de vivre.

— Tu...

Freddie est interrompu par une quinte de toux.

— Ton amie aurait été excellente, sur scène.

— Nous ne le saurons jamais, soufflé-je, les yeux humides.

— Elle nous aurait probablement volé la vedette à tous.

Une larme coule sur ma joue et j'éclate de rire.

— Sans doute pas à toi. Vous vous seriez battus à coup de chansons, promo, performance et concerts. J'aurais pu composer avec elle. On a même pas eu le temps. Et... m'habituer à son absence a été le plus difficile.

On n'a pas eu assez de temps. Elle n'aurait pas dû mourir si tôt. Elle aurait dû être plus prudente.

— Je suis très maladroit, mais... elle avait l'air d'être une chouette personne. Et de compter pour toi.

Je lui souris à travers mes larmes, que je ne peux pas retenir cette fois.

— Mon père est mort avant ma naissance, poursuit le chanteur.

— Oh, je suis désolée.

Freddie hausse les épaules.

— Il était très malade, déclare-t-il, pensif. Il ne souffre plus.

J'opine de la tête.

— Tout ce que je veux dire, c'est que je comprends ce que tu dis. Ça ne guérit jamais vraiment, conclut Freddie, qui n'a pas l'air de vouloir s'étendre sur le sujet.

Estimant que nous avions tous deux fait suffisamment de confidences larmoyantes, je me redresse et attrape ma guitare.

— Tu as une idée ?

— J'avais une petite piste, toute à l'heure, déclaré-je en m'asseyant en tailleur. Je ne sais pas quoi en faire, et ce n'est pas assez pour en faire une chanson entière.

— J'ai aussi un morceau de quelque chose.

Je jette un coup d'œil au ciel parsemé d'éclats d'astres brûlants. Aux flammes. Et, avant de le regretter, je me mets à jouer.

Ne les laisse pas t'éteindre,
Tu brilles si fort que j'en ai mal aux yeux

Je soupire et laisse retomber mes mains sur mon instrument.

— Je n'ai rien de plus, mais... voir les flammes tendre les bras vers le ciel m'inspire un peu.

En réponse, le parolier fredonne ce que je viens de chanter, et y ajoute une succession de sons, les yeux submergés par les flammes.

— Moi, j'avais ça. Et pas de paroles. Je crois qu'on pourrait essayer de les accoler. Avec quelques transitions, on pourrait obtenir quelque chose.

— Un refrain, suggéré-je, les yeux rivés sur le brasier mangeant les étoiles.

Et, alors, que toute ma vie il m'a paru que le ciel était sur le point de se déverser, submergeant chaque étincelle de litres d'eau, éteignant chaque braise, j'ai appris que, le ciel pouvait brûler aussi. Tout comme moi.

Sous les étoiles, dans le froid hivernal bientôt printanier, l'ardeur de l'inspiration nous a consumés tous les deux, moi et Freddie. Les airs, les mots, les sons ont fusé sous les battements de cœur du brasier, sous les clignotements des comètes et sous les brûlures du froid. Rien ne comptait plus qu'écrire, qu'expulser ce trop-plein de mots à confier, d'histoire à raconter. Plus rien d'autre ne comptait à part écrire à en bouillir de soulagement, une fois les idées évacuées.

Brûler les étoiles est née sous un feu un étage en-dessous du ciel, de deux esprits habités par la Musique, deux âmes aux flammes léchant à présent les comètes de leurs cœurs respectifs. Et, caché derrière cette chanson, un autre brasier commençait à s'intensifier, espérant peut-être à son tour atteindre les étoiles.

🎵🎵🎵🎸🎤🎸🎵🎵🎵

Bonsoir ! Comment allez-vous ?

Merci d'avoir lu ce chapitre ! Alors qu'en pensez-vous ? Certains d'entre vous se doutaient qu'ils allaient écrire une chanson... D'ailleurs à votre avis, comment sera cette fameuse chanson ? Et que pensez-vous de leurs discussions, de l'ambiance de ce chapitre ? Comment envisagez-vous la suite ? :)

Je me souviens que je l'ai écrit en révisant mon code, ça a un peu déteint sur le début xD

J'ai hâte que vous lisiez la suite ! 😏😛

On se retrouve vendredi prochain pour le chapitre suivant !

Prenez bien soin de vous ! 🎄

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