⇝ Chapitre 40

— OH, ÉMILIE JE SUIS SI FIÈRE DE TOI ! crie une voix féminine, alors que je viens tout juste de finir de saluer mes parents, venus assister au concert, puisque nous sommes à Paris ce soir.

Je me retourne pour apercevoir Lise courir vers moi, les cheveux au vent. Un vigile s'interpose entre elle et nous, en la jaugeant d'un air menaçant.

— Tout doux, mon gars, j'ai fait mon lycée avec elle ! lance-t-elle en fronçant le nez.

— Vous n'avez pas le droit d'être là. C'est une question de sécurité, assène le vigile.

— Lise ! m'exclamé-je, éberluée. Tu es là ?

La jeune femme lève les yeux au ciel, une moue boudeuse sur le visage.

— Évidemment que je suis là ! Votre premier concert en France, enfin !

— Tout va bien, dis-je à l'adresse du vigile. C'est mon amie.

Il hoche la tête et se recule. Au même moment, une autre voix – masculine, cette fois – retentit.

— Lise ! Je t'avais demandé de m'attendre...

Mes yeux s'écarquillent de surprise quand j'aperçois un jeune homme souriant aux cheveux blonds et aux yeux marrons. Ludovic. Ou devrais-je dire Ludo Taylor, si j'en crois son nom d'artiste.

— Toi aussi, tu es venu ?! laissé-je échapper, abasourdie.

Un sourire éclaire son visage couvert de taches de rousseur.

— Évidemment, Emmy ! Félicitations pour votre concert, c'était grandiose !

Une tornade de cheveux blonds manque de peu de me renverser. Alice.

— Oh, Lise, Ludo !

Ma meilleure amie leur saute littéralement dessus et entreprend de les serrer contre elle en même temps.

— Ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas vus ! s'écrie-t-elle en se reculant légèrement. Que devenez-vous ?

— J'écris deux livres en même temps, et c'est l'angoisse ! répond immédiatement Lise d'un ton enjoué. Et bientôt une L2 physique de validée !

— Félicitations ! J'ai hâte de lire ça, alors. Et toi ? demande Alice en se tournant vers Ludovic, tandis que Mike, Caitlin et Luke nous rejoignent.

— Moi ? J'ai un deuxième album dans les starting-blocks, mais je crois que je vais attendre que le vôtre sorte avant de publier le mien ! Vous allez dévaliser les premières places et je n'aurai plus aucune chance ! lance-t-il avec un large sourire, terminant sa phrase par un clin d'œil dans ma direction.

Mike balaie sa remarque d'un geste de la main.

— Tu parles ! Attends que Dark Fate sorte une nouvelle chanson... Là tu pourras oublier la tête de vente !

— Le pire scénario pour Ludo, ce serait que vous collaboriez avec eux, réfléchit Lise, à haute voix.

Luke hausse les épaules.

— Je ne crois pas que ce sera d'actualité. Ils n'ont pas l'air de vouloir chanter avec qui que ce soit d'autres. Ou même composer.

— Ah bon ? s'étonne Lise.

Caitlin hoche la tête et ajoute :

— Mais ils sont d'excellent conseil.

— Forcément, quand on est constamment numéro 1 des ventes, marmonne Lise.

— Je ne les ai pas encore rencontrés, annonce Ludovic. Mais j'aimerais bien.

Alice me jette un regard malicieux.

— Fais gaffe, ils vont te prendre pour un fan si tu as l'air trop... enfantin. Emmy en sait quelque chose, n'est-ce pas ?

J'ouvre la bouche de stupeur. Ça, c'est bas !

— Comment ça ?

— Disons qu'Emmy n'oubliera jamais sa rencontre avec Freddie, affirme Luke, non sans m'avoir gratifiée d'un sourire moqueur.

Lise fronce les sourcils dans ma direction, perplexe.

— Il m'a prise pour une fan à cause de ma taille et m'a demandé de sortir, avoué-je, de mauvaise grâce.

— Tellement drôle ! commente Mike en riant à ce souvenir.

— Un moment inoubliable, insiste Luke, narquois.

— Exceptionnel, renchérit Caitlin, en haussant exagérément les sourcils dans ma direction.

— Ça va, marmonné-je en croisant les bras, boudeuse.

— C'est sûr que quand on a un gabarit de lutin-... Aïe !

Je viens de taper l'épaule de Ludovic qui continue de se moquer en se frottant l'épaule. Lise lève les yeux au ciel.

— Vous êtes vraiment des enfants !

— Tu dis ça parce que tu n'as qu'un centimètre de plus qu'elle ! lui rétorque Luke, espiègle.

Lise l'ignore et se tourne vers moi, me prenant les épaules.

— Comment tu vas, Emmy ? Comment tu vas vraiment ?

Un sourire rêveur éclaire mon visage, si grand que je sens presque la lumière apparaître au fond de mes yeux.

— Je vis un rêve éveillé ! Je fais ce que j'ai toujours voulu faire, ce pour quoi je suis modelée ! Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie, confié-je, en scrutant son visage teinté de curiosité.

Elle me détaille avec circonspection.

— Vraiment ? questionne-t-elle après une hésitation. J'ai... j'ai vu ce qu'il s'est passé à Londres, avec la foule.

— Oh.

— Excuse-moi, mais ça avait l'air affreux. Tu t'en es remise ?

Des frissons remontent le long de mon dos quand les souvenirs remontent à la surface. Avec les concerts, cette histoire m'est presque sortie de la tête. Je me mords la lèvre pour la chasser de mon esprit avant de répondre.

— Je crois, oui. Pour le moment, nous ne sortons pas sans escorte.

— Ça craint, lâche Lise en desserrant sa prise sur mes épaules. Ce n'est pas trop pénible à gérer ?

Je secoue la tête.

— A vrai dire, nous faisons cinq dates en cinq jours donc nous n'avons pas vraiment le temps de sortir. J'imagine que nous verrons plus en détails ces implications quand nous rentrerons à Londres.

— Je vois. Fais attention à toi en tout cas, Emmy.

— Je ne m'engagerai plus dans une foule, c'est certain !

Elle plonge son regard dans le mien et ses doigts s'enfoncent dans mon épaule, comme si elle craignait que je ne disparaisse.

— Ma porte t'est ouverte, si ça ne va pas.

Mon cœur se gonfle de gratitude et un sourire réconfortant apparaît sur mon visage. Je m'empresse de l'enlacer et de ressentir les vagues de reconnaissance qui m'assaillent.

— Merci, murmuré-je avec sincérité contre son oreille. Pour tout. Ton soutien de ces dernières années. Tes remarques acerbes quand nous étions en seconde.

Un rire franchit les lèvres de Lise.

— Franchement, si on m'avait dit qu'on deviendrait amies, je n'y aurais pas cru ! Tu me sortais tellement par les yeux que je n'arrivais plus à respirer.

— Et regarde-nous, dis-je en m'écartant.

— Je me suis fait avoir.

Nous éclatons de rire et je reporte mon attention sur les autres, croisant le regard de Luke qui semblait nous avoir entendues. Il n'y a pas grand chose qu'il ignore, de toute façon.

Le regard que Lise me jette est pensif.

— Il y a du nouveau ? questionne-t-elle en désignant Luke du regard.

Il me faut quelques instants pour comprendre qu'elle parle de notre relation.

— Oh ! Oui... Enfin, pas tellement. J'ai enfin pu lui dire au revoir comme il faut. Nous avons eu une discussion sincère à ce sujet. Et depuis, tout est pour le mieux !

L'étonnement scie un court moment ses traits avant de laisser place à de la compréhension.

— C'est une excellente nouvelle alors ! Même si je trouve ça bizarre d'être amie avec son ex.

Je lui coule un regard hilare.

— C'est sûr que quand Thomas est notre ex, on ne risque pas de vouloir rester amie avec lui !

Lise éclate de rire.

— A qui le dis-tu ! Si cette situation te convient, alors je suis heureuse, conclut-elle en me souriant affectueusement.

A ces mots, elle me sourit encore avant de se diriger vers Alice, à qui elle veut sûrement prendre quelques nouvelles. Ludovic en profite pour s'approcher de moi.

— Je t'avoue que je n'ai pas été étonné, quand j'ai su que vous alliez signer chez Dark Dream, lance-t-il avec un petit sourire. Vous leur avez vraiment tapé dans l'œil, à Dark Fate !

Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille, pas certaine de ce que je vais répondre.

— Sûrement...

— Sinon, vous n'auriez pas eu de contrat, appuie Ludovic, les yeux brillants. D'ailleurs, j'ai trouvé votre deuxième EP très inspirant.

— Oh, c'est gentil !

Il plonge ensuite ses yeux teintés d'or dans les miens. Celui de Freddie est plus foncé, comme de l'or liquide.

— J'avais raison, déclare Ludovic sans ciller.

Je lui jette un regard incompréhensif.

— Quand ?

— Tu ne te souviens pas de ce que je t'ai dit, quand tu as appris que tu n'avais ni contrat, ni place dans une école ?

Je me mords la lèvre. Évidemment que je n'ai pas oublié ses paroles.

— C'est reculer pour mieux sauter.

Nous avons parlé en même temps, d'une seule et même voix. Notre complicité n'a pas disparu.

— Et tu as décroché un contrat dans le label du plus gros groupe actuel.

Les visages des trois hommes qui ont changé ma vie me reviennent à l'esprit. Jay. Kit. Freddie.

Je souris et baisse les yeux, avant de les relever, humides.

— C'est fou, hein ?

— Elle serait fière de toi, tu sais. Solange.

J'hoche la tête, tandis que des larmes ruissellent le long de mes joues.

— N'hésite pas à m'écrire, si ça ne va pas. Nous nous sommes promis d'être amis, tu te souviens ?

J'acquiesce. Évidemment que je m'en souviens !

Quelques temps après la mort de Solange, alors que nous étions noyés dans le deuil, lui et moi nous étions rendus compte que nous ne parvenions pas à être ensemble, que cela ne marchait pas. Alors, d'un accord commun, nous avions mis fin à notre relation amoureuse, et gardé l'amicale, ce qui semblait nous avoir réussi à tous les deux.

— Cela vaut également pour toi, Ludo.

Un sourire éclaire ses traits.

— J'espère que nous pourrons écrire une chanson ensemble, un jour.

— Je l'espère aussi.

Cela faisait si longtemps que nous ne nous étions pas vus ! Et pourtant, rien n'avait changé. Lorsque je reverrai Solange, dans les étoiles, j'espère que ce sera pareil.

Puis, l'hésitation apparaît sur son visage, comme si il était sur le point de formuler une requête qu'il ne devrait pas prononcer.

— J'ai... J'avais parlé de vous à mon label, tu sais. Quand vous avez refondé le groupe. Je leur ai montré vos covers. Je leur ai fait écouter votre EP lorsqu'il est sorti, mais...

— Ils ont refusé, deviné-je en haussant les épaules. Ce n'est pas étonnant, beaucoup de maisons de disques sont frileuses en ce moment.

— Ils ont dit sur vous n'étiez pas assez bons, réplique Ludovic en fronçant les sourcils pour marquer son désaccord. Je te laisse imaginer comme ils s'en mordent les doigts, à présent !

Il termine sa phrase d'un air moqueur.

— Nous verrons si ce succès sera l'unique ou pas, rétorqué-je, mon scepticisme ayant fait son retour.

Ludovic haussa les épaules.

— Profite de chaque instant. Ne te tourmente pas avec ça, sinon ils ont gagné.

Il me lance un regard appuyé, comme s'il voulait me dire quelque chose. Mais quoi ? Est-ce qu'il cherche à me confier de ne jamais m'intéresser à ce qu'on écrit sur moi, comme Freddie me l'a conseillé ? Ou ne veut-il pas que je succombe à la pression ? J'imagine que je le saurai plus tard : il s'éloigne déjà de moi pour aller discuter avec Caitlin.

Je reporte mon regard sur ma famille. Mon cousin et Mike sont en pleine discussion, et mon frère m'invite par des grands gestes à me joindre à lui. Je m'empresse de m'approcher, ayant plus que hâte d'entendre ses nouvelles histoires de cœur...

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Bonsoir ! Comment allez-vous ?

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre, les discussions entre Emmy, Lise et Ludo ? Ça vous a fait plaisir de les revoir un peu ? A votre avis, comment va se dérouler la suite ?
Il reste un chapitre et ce sera le début de la partie 6 😏
(je tiens à dire que personne n'a encore trouvé de quel point de vue sont écrites ces parties ainsi que le prologue 😏)

Bref, on se retrouve vendredi prochain pour le chapitre 41 ! (du point de vue de Mike 👀)

Prenez bien soin de vous ! 🧡🍂

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