⇝ Chapitre 38
— Tu as intérêt à avoir une bonne explication ! me sermonne Alice, furibonde.
— Euh... j'étais affamée ? tenté-je, un sourire angélique sur les lèvres.
— Bah voyons ! Et c'est une excuse valable pour terminer tous les cookies ?
— Je t'en cuisinerai, intervient Mike, mais par pitié, il reste encore des muffins, ne les dévore pas tous, Emmy, je t'en supplie ! Pense à nos pauvres estomacs en détresse...
— D'accord, je vous en laisserai... quelques miettes ! m'écrié-je en me jetant dans la cuisine à la recherche des gâteaux.
Essoufflée, j'attrape la boîte qui les retient prisonniers et me rue vers le salon. Mes amis n'ont apparemment pas apprécié que je me réveille tout aussi affamée qu'eux.
— Mais... qu'est qu'il se passe ? demande Caitlin, abasourdie, alors qu'elle vient tout juste de descendre de sa chambre.
— Alice et Mike m'empêchent de me nourrir !
— Vite, Cait', sauve les muffins ! hurle Mike.
— Vous êtes toujours aussi bruyants ? questionne Freddie, d'une voix traînante, parce que je vous entendais depuis ma chambre.
Cachée derrière le canapé, la boîte entre mes bras et un muffin à moitié englouti, je ne peux m'empêcher de glousser. Le visage d'Alice apparaît tout d'un coup :
— Trouvée ! Prise sur le fait !
Ma meilleure amie plonge ses mains vers moi et finit, après une bataille difficile, par m'arracher la boîte des mains.
— Sauvée ! s'exclame-t-elle tandis que je m'extirpe de ma cachette, le reste de mon muffin dans la bouche.
Elle et Mike se font un high-five sous ma mine déconfite.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demande encore Freddie, perplexe.
— Oh, ça ?! C'est juste notre guerre quotidienne pour avoir juste un tout petit peu de nourriture, explique Luke, en descendant l'escalier.
— Ils m'empêchent de me nourrir ! répété-je, un air boudeur sur le visage.
Caitlin attrape la boîte des mains d'Alice.
— Sérieusement ? s'exclame-t-elle en inspectant l'intérieur. Il en reste une dizaine ! Vous pourriez les partager avec nous, quand même !
— Hors de question, insiste Alice en tentant de récupérer la boîte.
Mais Caitlin se dirige déjà vers la table pour y déposer la boîte. Ouf ! Le petit-déjeuner est sauvé.
— Emmy a mangé tous les cookies ! se plaint Mike en s'asseyant à sa place.
— Pour une fois ! me défends-je.
— Cookies que vous aviez achetés pour elle, si je me souviens bien, intervient Freddie en s'asseyant au bout de la table, comme un président.
— Et toc ! m'écrié-je en m'asseyant à côté de Mike, sous l'œil vigilant d'Alice, assise au deuxième bout de table.
Caitlin lève les yeux au ciel tandis qu'elle s'installe de l'autre côté de Freddie, laissant Luke s'asseoir en face de moi. La discussion que nous avons eue la veille me revient à l'esprit quand je croise ses yeux azur. Enfin, enfin je peux aller de l'avant !
— Pour une fois qu'elle n'avale pas seulement de la nourriture spirituelle, commente Luke, les yeux fixés sur sa tasse de thé, un sourire moqueur aux lèvres.
— Ma pile de livres fait ma taille, grimacé-je, comprenant sa référence à mon passe-temps favori.
— Ah. C'est qu'elle ne doit pas être très grande, lance Freddie, à l'autre bout de la table.
— Tu m'as arraché les mots de la bouche ! se plaint Luke, en faisant la moue.
— A ton service, mon frère ! réplique le chanteur de Dark Fate en lui offrant un salut militaire de son index et de son annulaire.
— En plus tu m'as déjà fait cette blague, bougonné-je à l'attention de Luke, qui se contente de m'offrir un sourire narquois.
Pendant quelques minutes, on n'entend plus que les bruits du petit-déjeuner : cuillère dans la tasse, café que l'on verse, confiture que l'on tartine.
— Je vais acheter de quoi faire des cookies, annonce Alice, au bout de quelques minutes. Si quelqu'un a besoin de quoi que ce soit, qu'il me le dise !
— Les ingrédients pour refaire des muffins, grimace Mike, les yeux fixés sur la boîte vide.
— Ils sont succulents, d'ailleurs, le complimente Freddie.
— Merci ! Sache que tu es le seul de cette table, ainsi qu'Alice, ajoute-t-il alors que celle-ci le foudroie du regard, qui avait le droit d'en manger !
— Quoi ? se révolte Luke. Je n'arrive pas à croire qu'après toutes ces années je sois encore obligé de t'en voler pour pouvoir y goûter !
Un sourire carnassier étire les lèvres d'Alice.
— Je croyais que c'était mauvais pour ta ligne, Barbie ?
L'intéressé grommelle des paroles inintelligibles tandis que j'entreprends de débarrasser la table.
— Si ça intéresse quelqu'un, déclaré-je, je vais regarder Les deux tours aujourd'hui.
— OK, Alice, je viens avec toi ! lance alors Mike en se levant d'un bond.
— Moi aussi ! ajoute Luke en se levant à son tour.
Caitlin lève les yeux au ciel.
— Vous exagérez, Emmy n'est pas si pénible !
— Tu plaisantes, elle fangirl toutes les dix secondes ! se récrie Alice. Surtout que dans ce film, il y a la scène !
Si Freddie n'avait pas été là, j'aurais riposté par son fangirling incessant dès que Kit est dans les parages.
— Quelle scène ? demande Freddie, en me suivant dans la cuisine, tasses et couverts dans les mains.
— Celle d'Aragorn entrant au gouffre de Helm, expliqué-je en ouvrant le lave-vaisselle, encore plein.
Je dépose les assiettes dans l'évier et entreprends de le vider. Un silence s'installe tandis que nous sortons verres, assiettes, fourchettes, couteaux et plats. Aucun bruit ne me parvient du salon : les autres ont dû vaquer à leurs occupations.
— C'est ton petit-ami ? demande Freddie en déposant une pile d'assiettes dans le placard.
— Qui ?
— Ben Luke. De qui d'autre veux-tu que je parle ?
Je rougis violemment. Pourquoi tout le monde s'imagine qu'on est encore ensemble, même des inconnus ?
— Non, réfuté-je vivement.
Freddie hausse un sourcil sceptique dans ma direction.
— OK, ça a été compliqué, j'admets. Mais maintenant, c'est de l'histoire ancienne.
— Chouette ! s'exclame-t-il en se frottant les mains. J'adore les histoires compliquées. Attends, je vais me chercher un verre de vin, histoire qu'on partage nos pires anecdotes en matière de relations.
Il fait mine de chercher une bouteille dans la cuisine, et je le retiens par le poignet en riant à moitié.
— Ça fait longtemps que c'est terminé, on a juste été un peu perdus cet été.
— Ça ferait un chouette roman, commente-t-il après que je lui ai raconté brièvement nos retrouvailles mouvementées il y a quelques mois. Retrouver son amour de jeunesse, se prendre la tête avec lui...
J'éclate de rire.
— Si tu le dis ! Personnellement, je ne lirais pas ce roman. Ça ne finirait pas comme il faut !
— Ah bon ?
J'acquiesce en mettant cette fois les assiettes sales dans le lave-vaisselle.
— Oui, dans un livre, on ferait en sorte que l'héroïne réalise qu'au fond il est toujours le même, que tous deux n'ont pas changé et qu'ils peuvent reconstruire une chouette relation et être amoureux comme avant ! Cependant, dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. Chacun évolue différemment de son côté, n'a plus les mêmes attentes et au final on ne se correspond plus. L'autre nous a trop blessé pour qu'on puisse espérer qu'il nous répare.
Je me mords la lèvre. Peut-être que ma confidence est devenue plus personnelle que je ne le voulais.
— Je vois, déclare Freddie. Sache que tout ceci n'est qu'une manœuvre de ma part pour te poser une question indiscrète car je l'ai entendu te rejoindre hier soir. Par conséquent, je me suis demandé quelle était la nature de votre relation.
— Eh bien nous sommes amis ! dis-je avec ravissement.
La certitude que j'avais éprouvée, en prenant cette décision hier, n'avait fait que de me conforter dans mon choix. Quand nous nous sommes étreints, hier, je n'ai rien ressenti, à part cette même joie que l'on a quand on serre un frère dans ses bras.
— Et si là maintenant il t'avouerait ses sentiments, tu ferais quoi ? continue Freddie en rinçant la boîte pleine de miettes de cookies.
— Pourquoi me les avouerait-il ? m'étonné-je, en cherchant les pastilles. Nous avons eu une discussion hier soir, durant laquelle nous avons parlé à cœur ouvert. Il en est ressorti qu'il ne restait que de l'amitié entre nous.
— Oh, c'est donc pour ça qu'il t'a rejoint. Ça m'apprendra à être une commère, tiens ! conclut Freddie en fermant le lave-vaisselle, tandis que je l'allume et lance le cycle de lavage.
Après avoir enfilé des vêtements confortables et avoir entendu Alice, Mike et Luke détaler comme des lapins avec les gardes du corps engagés par Mathieu, j'entreprends de m'installer devant Les deux tours. Du canapé, j'entends les notes étouffées du piano dans le garage : Caitlin à dû s'isoler pour jouer un peu.
A peine ai-je glisse le dvd dans le lecteur que je suis rejointe par Freddie, lequel semble sur le point de rentrer chez lui, au vu de son sac à dos sur son épaule.
— Tu ne restes pas ? demandé-je, étonnée.
Il secoue la tête.
— Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Et puis, je ne voudrais pas t'empêcher de voir cette fameuse scène.
— Comme tu veux. Je croyais pourtant que tu appréciais Eowyn.
Un rire franchit ses lèvres.
— Certes, mais j'ai du travail en studio qui m'attend. D'ailleurs, vous avez une idée de votre prochain projet ?
— On va sûrement présenter un nouvel EP.
Durant un bref instant, il se contente de m'observer à travers un rideau de cils noirs.
— Est-ce que tu penses que le groupe serait d'accord pour qu'on travaille avec vous pour votre prochain EP ? questionne-t-il en se balançant sur ses pieds.
Je rêve, ou bien Frédérick MacSaturn vient de faire preuve de nervosité ?
— Laisse-moi réfléchir... Le groupe le plus affluant du monde nous propose ses services... Difficile de savoir si l'on va accepter ! ironisé-je.
— Apparemment, le chanteur est une plaie. Insupportable, à ce qu'on raconte ! renchérit Freddie, hilare.
J'éclate de rire avant de poursuivre :
— Bien-sûr que le groupe va accepter. Alice et Mike seront pénibles mais je crois que ça vaudra le coup.
— Très bien ! Alors on en reparlera après votre tournée. Et un dernier conseil, Émilie : les articles de presse que tu as vus hier sont ce qui empoisonne un groupe. Ne regarde pas ce qui se dit sur toi ou tes amis, conseille-t-il. Tu n'as pas besoin de l'avis d'inconnus. Ce sont tes amis, c'est toi qui les connais le mieux.
Il ponctue sa phrase d'un sourire avant de me saluer et de quitter la maison, me laissant une impression de sécurité dans la poitrine. Finalement, plusieurs amitiés démarrent aujourd'hui.
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Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Merci d'avoir lu ce chapitre ! Que pensez-vous de tout ça ? C'est visiblement la guerre pour manger dans cette maison 😅
Et puis, même Freddie se pose des questions au sujet d'Emmy et Luke. A votre avis, pourquoi a-t-il posé la question ?
Et la future collaboration avec Dark Fate, qu'en pensez-vous ? Freddie n'a plus l'air si fermé à l'idée de travailler avec Sad Joy ! A votre avis, que va entraîner cette collaboration ? :)
On se retrouve vendredi prochain pour le chapitre suivant, du point de vue de Caitlin ! Et avant ça, on se retrouve mardi pour un petit interlude !
[ Note : comme dans le tome 2, les interludes seront des chansons qui apparaîtront plus tard dans le roman. Plutôt que de toutes les incorporer dans le texte, j'ai choisi d'en laisser certaines en dehors :) ]
Prenez soin de vous ! 🧡🍁
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