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Tout tourne dans ma tête. Pourquoi m'avoir dit tant de choses, pour finalement ne pas me proposer de se revoir ? Sur le site « MonMecAMoi.fr », pas même un message, pourtant, je sais qu' il s'est connecté, je l'ai vu...
Il est déjà dix-sept heures, je perds tout espoir. Martin a bien dû prendre une pause depuis que je suis partie ? Il a dû être déçu par mon physique, j'en ai pris mon parti et dois me changer un peu les idées, surtout me vider la tête de toute cette mascarade. J'ai cru un instant que j'aurais pu lui plaire. Me relaxer dans un bon bain, rempli de mousse est ma seule chose à faire. Mes yeux tombent sur le livre de Martin posé sur la console de l'entrée, je me rappelle que je n'ai toujours pas regardé sa dédicace. Je l'embarque pour la lire et continuer son histoire parce que j'ai été embarquée dès les premières lignes. La chaleur de l'eau détend mes muscles, crispés, depuis trop longtemps. Je décide de reprendre la lecture du roman là où je m'étais arrêtée à la librairie. La première page attendra un peu. Je n'ai plus envie de penser à mon écrivain d'un soir.
Un frisson traverse mon corps. Malgré l'intensité érotique de ses écrits, la fraîcheur de l'eau a gagné mon corps. Je sors toute fripée de la baignoire, me sèche rapidement et enfile mon pyjama tout doux, une grosse paire de chaussettes en pilou pour agrémenter mon accoutrement décontracté, un vrai tue-l'amour, mais je m'en fiche royalement ce soir.
Pour me réchauffer, un bon thé à la menthe, mon préféré. En attendant à côté de la bouilloire que l'eau soit à bonne température, je me décide enfin à jeter un œil sur ce qu'il m'a écrit.
« Ana, je ne regrette pas de t'avoir vue, tu es encore plus belle que ce que je pouvais imaginer. Retrouve-moi ce soir à vingt heures au restaurant « Trivano » je t'attendrai. Smack +++ »
Alors là, je n'aurai jamais espéré autant. Pourquoi je n'ai pas lu ces lignes avant ? Il est déjà vingt heures trente. Mon cœur palpite, le stresse monte, je dois me dépêcher. Je me débarrasse de ma tenue en quatrième vitesse, opte pour un jean et un haut fluide, pas le meilleur mais je n'ai pas le temps pour les essayages. Le point de rendez-vous n'est pas tout proche de chez moi, n'ayant pas de voiture, il me faudra une bonne trentaine de minutes pour m'y rendre. J'hésite à lui envoyer un message pour le prévenir que j'arrive. Pourtant, je ne le fais pas, juste pour voir si vraiment il m'attend comme il dit.
Vingt et une heures quinze, je ne vais pas faire demi-tour maintenant.
« Allez Ana, soit forte ! Tu es belle toi aussi, redresse les épaules et en avant. »
Je me répète cette phrase dans ma tête comme un mantra pour me remplir de courage.
En entrant, le restaurant est à moitié vide. L'intérieur est tout en noir et blanc, chic et épuré. À l'opposé de ma tenue de ce soir, je ne me sens pas à l'aise dans mon jean. En le cherchant, je remarque quelques regards inquisiteurs sur moi. Je fais un peu tâche dans le décor. Tant pis pour eux, ils n'ont qu'à regarder ailleurs. Pas eu le temps de me renseigner sur ce restaurant « bon chic bon genre ». Un serveur s'approche gentiment, lorsque, je l'aperçois enfin.
– Bonsoir mademoiselle puis-je vous aider ?
– Non merci, je rejoins un ami.
Là, sur la droite, un air triste, la tête penchée sur trois verres vides posés devant lui dont un qui contient encore un liquide ambré, sûrement du whisky. De profil, je devine sa déception, épaules rentrées... j'ai énormément de retard. Il devrait comprendre, non ? Je l'espère vraiment. Il ne m'a pas encore vue. Je m'approche doucement, pose ma main délicatement sur son épaule. Quand il se tourne, son regard sombre m'attriste mais, une étincelle se ranime doucement. Ses pupilles brillent de nouveau, un sourire se dessine au coin de ses lèvres. Se redressant, il me surprend en me prenant dans ses bras dans un geste si naturel que je me laisse faire et lui rend son étreinte.
– Bonsoir Ana, je pensais que tu ne viendrais plus... me dit-il.
Cette voix rauque, je ne l'avais pas remarquée cet après-midi. Est-ce l'effet de l'alcool ou le charmeur qui fait irruption ?
– Désolée, je suis là maintenant. Je vais t'expliquer. Profitons du moment présent.
– Tu as raison, que veux-tu boire?
En me posant la question, il fait signe au même serveur qui m'a accueilli toujours aussi agréable.
– Un daïquiri, s'il vous plaît.
J'aime l'alcool fort. Je n'en bois pas souvent mais la sensation du liquide qui brûle la gorge est grisante. Je vois ses sourcils se lever, il ne s'attendait pas à cela je pense, mais ce soir, j'en ai vraiment besoin pour me libérer de cette tension que mon corps a subie.
Nous sortons du restaurant, encore en plein fou rire, après la blague de Martin. Nos estomacs sont bien remplis, de nourriture et surtout d'alcool. Pour me détendre, j'ai un peu plus forcé qu'à l'habitude. Cela fait un bien fou et Martin est très intéressant, nous avons beaucoup parlé, il a beaucoup ri au sujet de mon retard. Depuis plus d'un an, je n'avais pas ressenti une telle légèreté, je suis bien, de plus en compagnie d'un homme. Je le paierais sûrement demain, en rentrant je prendrais un doliprane, un grand verre d'eau et on avisera. Pour l'heure, j'aurais profité de chaque seconde et j'en suis ravie.
Bon, c'est là que l'on se quitte pour ce soir. Merci pour cette merveilleuse soirée, j'ai aimé passer du temps en ta compagnie. Il y a très longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien et ce grâce à toi.
Tout d'un coup, timide, je m'avance vers lui, pour lui faire la bise. Il m'attrape par les poignets pour me stopper et me glisse à l'oreille :
– Tu plaisantes ? tu ne rentres pas seule dans cet état.
Son souffle chaud vient caresser la peau fine de mon cou, quand il prononce ces mots. Des frissons parcourent le haut de mon corps. Il s'approche encore plus de moi. Nos corps sont tellement proches que je sens les battements de son cœur qui accélèrent autant que les miens. Je fais un pas en arrière, cette proximité me perturbe. J'ai perdu l'habitude, il le ressent, ne s'en formalise pas et me prend par le bras.
– Je te raccompagne c'est non négociable mademoiselle Ana.
Je n'ai pas envie de débattre avec lui pour qu'il me laisse seule. Non, ça c'est certain et mon corps lui, n'en a pas envie non plus. La chaleur de ce corps contre le mien échauffe chaque parcelle de mon intimité. Mon cœur, lui, ne veut pas de nouveau être piétiné par un homme. Un mélange de contradictions, voilà ce que je suis à cet instant même.
Nous marchons tranquillement en continuant de discuter mais mon esprit est complètement ailleurs. Que va-t-il se passer une fois arrivés? Je me laisse guider jusque devant mon immeuble. L'alcool a déserté mes veines, la tension est palpable entre nous. J'ai de nouveau cette sensation d'être une adolescente à la fin de son premier rendez-vous. M'embrassera ? Ne m'embrassera pas ?
– Merci de m'avoir raccompagnée Martin.
– Tu m'invites à monter pour un dernier verre ?
Mon corps se crispe, aucun homme n'est rentré chez moi, depuis bien longtemps. Ce petit cocon que j'ai construit, est réservé à ma fille et moi mais pour ce soir, je laisse tomber toutes mes barrières.
– Je te dois bien ça, pour t'avoir fait attendre et pour m'avoir escorté.
Je saisis le code de l'interphone, pousse la porte pour le faire entrer. Nous nous dirigeons vers l'ascenseur, étant au sixième étage. On oublie les escaliers, je ne suis pas certaine que mes jambes tiennent le coup après une telle soirée chargée d'émotions nouvelles.
Une boule au ventre grandit à l'idée de me retrouver seule avec lui dans mon appartement. Les portes s'ouvrent, nous nous glissons au fond de la cabine, face à la porte, j'appuie sur le chiffre et enclenche la fermeture des portes. À peine la montée enclenchée, Martin se retrouve face à moi et pose sa bouche sur la mienne, un baiser tendre mais plein d'espoir. Je ne veux pas le repousser, j'essaie d'oublier que je risque de souffrir. Ses mains sur mes épaules, il me colle davantage contre la paroi, son corps fort se cale parfaitement à mes courbes. Il a tout le plaisir de sentir mes rondeurs. Sentant son érection sur ma hanche, j'ai la preuve qu'il n'a aucune réticence, aucun dégoût pour le moment. Que c'est bon de se sentir désirée ! La sonnerie de l'ouverture des portes nous surprend, la lueur dans ses yeux ne change pas, il me veut, pas de doute.
Trouver mes clés dans le fond de mon sac, n'est pas évident. Il se serre contre moi, dans mon dos, dégage mes cheveux de mon cou pour déposer ses lèvres humides. Mon corps ressemble à de la lave en fusion, je brûle de l'intérieur. En entrant je n'allume pas les lumières, je vais me donner à lui, par contre il ne verra pas ce corps qui me fait honte.
Je le prends par la main, ôte mes chaussures, nous rions quand il essaie de faire de même et trébuche, je le tire sans ménagement jusqu'à ma chambre. Nous ne sommes que désir et passion. Nos baisers s'intensifient, nos langues sont parfaitement à l'unisson. Nos vêtements volent et disparaissent dans des recoins de la chambre. Nos corps se savourent et se comblent entièrement par ce moment charnel. Il caresse, lèche, mordille chaque parcelle de mon corps, je me laisse complètement aller, cette nuit est la mienne, la notre !
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