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Après avoir cherché la tenue idéale, j'opte pour un jean et un chemisier fleuri, pour cette rencontre atypique. Je suis enfin prête et présentable, avec mes cheveux légèrement ondulés et la légère touche de maquillage que j'ai appliqué sur mes yeux pour les mettre encore plus en valeur.

En route pour le point de rendez-vous. Il est onze heures, quand je passe les deux grandes portes en bois de cette magnifique librairie. Cet endroit est ma source d'énergie ; j'y trouve toujours des nouveautés pour alimenter ma bibliothèque. Beaucoup de monde se promène dans les allées. Au centre, j'aperçois un attroupement, principalement des femmes. En m'approchant, je découvre une affiche indiquant que Martin Arché, auteur nouvellement connu dans la new romance est en dédicace toute la journée. Avec sa dernière sortie : « Quand tu me tiens » il va faire chavirer des cœurs, voilà ce qu'indiquent les panneaux publicitaires autour de lui.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire un de ses ouvrages. Alors, pourquoi ne pas profiter de sa présence pour avoir une dédicace. Je prends un des exemplaires disponibles et me faufile au milieu de toutes ces « groupies » qui ont l'air de bien le connaître. En attendant, je lis le résumé, intriguée. J'ai hâte de commencer cette lecture.

– C'est bientôt à nous, j'ai hâte de le voir enfin de près, il est si beau ! J'adore ses livres !

Ces mots, me sortent de ma lecture car je n'ai pas pu m'empêcher de commencer les premières lignes. La femme derrière moi trépigne d'impatience, je le ressens depuis déjà un moment.

– Vous ne trouvez pas ? me dit-elle en posant sa main sur mon épaule.

Ce contact me surprend ; je ne suis pas très tactile et encore moins avec des inconnus. Pourtant, lorsque je me retourne, cette « fan » qui a le sourire jusqu'aux oreilles et un air avenant me donne envie de discuter avec elle.

– Bonjour, je dois vous avouer que je ne l'ai même pas encore regardé. J'ai été attirée par la couverture du livre et l'attroupement qu'il provoque. Ma curiosité a pris le dessus. Ce qui m'intéresse ce sont plutôt ses écrits, pas son physique.

– Vous avez tort car en plus de son talent, il est incroyablement beau... allez-y, regardez-le !

Je me retourne et me décale légèrement de la file pour essayer d'apercevoir son visage. Comme s'il m'attendait, il relève ses yeux noirs au même moment. Nos regards se croisent, s'aimantent l'espace de quelques secondes. Un large sourire illumine son visage. Surprise, mes joues se teintent en rouge. Une chaleur intense monte en moi. C'est lui ! Plume du désir. Je reconnais ses cheveux et surtout j'aperçois le tatouage sur son bras, le même que sur sa photo de profil... Alors là, je ne m'attendais pas à un écrivain, quand je « l'espionnais » sur le site de rencontres. Je penchais plus pour un globe-trotteur.

– Tu vois, je te l'avais dit, il est canon, tu es rouge pivoine, déstresse. Il ne va pas te bouffer.

Elle explose de rire en voyant ma réaction disproportionnée. Elle ne peut pas comprendre. Pour elle, ce n'est qu'un homme magnifique qui est sur le chemin de la célébrité, pour moi, il est quelqu'un d'autre. Cette nana est joviale et très sympa et je me surprends à me laisser aller à argumenter avec elle comme si nous étions bonnes copines.

– Oui, tu as raison, il est canon mais sûrement fiancé à une mannequin. Tu as vu sa carrure et son regard ?

– Ça, je m'en fous. Tant que j'ai une photo avec lui pour narguer les copines et sa dédicace je serais déjà hyper heureuse.

Je me retourne pour suivre le mouvement et profite pour regarder de nouveau dans la direction de Martin, tout en essayant de rester discrète. Il est avec une femme d'une quarantaine d'années qui n'arrête pas de le toucher, de se pencher vulgairement devant lui, pour mettre en valeur son décolleté pigeonnant. Elle se colle à lui et en profite pour prendre un selfie, vraiment du n'importe quoi cette nana ! Pourquoi ça m'énerve d'ailleurs, je ne le connais même pas !

Son regard balaye souvent la file d'attente qui ne diminue pas vite, son front se plisse. Il doit s'impatienter. Cela fait déjà presque deux heures non-stop qu'il rencontre ses lectrices. Après cette femme un peu encombrante, il fait signe à quelqu'un de la sécurité.

Quelques minutes après, l'homme s'approche de moi et bloque le passage juste derrière moi devant ma nouvelle amie, indiquant que Martin va faire une pause de vingt minutes.

– Oh non ! s'il vous plaît... glousse la demoiselle derrière moi.

Je peux bien l'aider un peu. Elle qui veut tant prendre sa photo.

– Euh excusez- moi monsieur, elle est avec moi, on peut passer ensemble ?

Il me regarde de travers, mais il accepte de la laisser passer. Elle me remercie une bonne centaine de fois de lui avoir évité cette attente. Je lui ai même proposé de prendre ma place, cela me laissera quelques minutes de plus pour savoir comment l'aborder. Malgré tout, mon tour arrive très vite, trop vite. J'ai l'impression d'être une gamine qui va passer un test, j'aurais dû rebrousser chemin tant qu'il en était encore temps. Trop tard :

– Bonjour Ana, ça me fait plaisir que tu sois venue. Ton regard est reconnaissable entre mille. Il m'avait déjà ébloui derrière l'écran mais là... il m'hypnotise.

Ses mots me perturbent, le rouge me monte de nouveau aux joues. Je n'ai pas l'habitude des compliments, de plus si directs.

– Bonjour, je ne pensais pas que tu me reconnaîtrais aussi vite. Ma photo est plutôt vague.

– Dès que j'ai vu tes yeux, j'ai su que c'était toi.

Je lui tends le livre que je viens de prendre, pour qu'il me laisse un petit mot sur la couverture. Je l'observe, quand il couche ces mots sur le papier. Son écriture est belle, bombée, rapide, on sent un caractère généreux derrière ses lignes. Il referme son œuvre, avant que j'aie le temps de regarder ce qu'il a écrit sur la première page, me la tend pour que je le récupère. Nos mains s'effleurent, pourtant il ne bouge pas, bien au contraire, il attrape le bout de mes doigts.

– J'ai vingt minutes devant moi, m'accorderais-tu un petit café pour discuter ? A moins que tu préfères m'éviter comme mes messages hier soir...

En rougissant de plus belle, je lui réponds d'une voix à peine audible.

– Pour moi ce sera un thé mais bien volontiers et excuse-moi pour hier, je t'expliquerai.

Ces quelques minutes défilent à une vitesse folle, il faut déjà qu'il retourne voir ses lecteurs ou plutôt sa horde de lectrices. Nous avons discuté, de son livre principalement et de ses autres œuvres. Nous avons également ri quand je lui ai expliqué ma décision avec ma pièce... Je n'arrivais pas à lui demander des choses plus personnelles. Lui, a quand même réussi à glisser des compliments sur mon physique, pourtant je ne suis pas une bombe. Avec ma grossesse, mon laisser aller depuis ma rupture, les kilos se sont installés confortablement sur tout mon corps. Ils trouvent tout ceci très féminin et charmant.

L'employé est venu le chercher, pas très commode celui-là ! Lui faisant remarquer que ses fans l'attendaient. Il prend quand même le temps de me faire une bise, bien trop proche de la commissure de mes lèvres. Une chaleur intense monte, une nouvelle fois, dans mes entrailles. Il file, sans se retourner. Me laissant, sans un mot.

Je file vite vers la sortie, les jambes fébriles. Dehors, une bouffée d'air chaud m'étouffe, il faut que je me dépêche de rentrer chez moi, le seul endroit où je me sente bien.

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Bonsoir à tous voici la suite de notre nouvelle, donnez nous vos avis et vos ressentis.



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