Le Temps d'un souvenir
Je me réveille et je sens ton souffle caresser ma joue droite, tes cils danser avec les miens et ton air si serein me trouble. Ta paume est collée contre la mienne, tes doigts s'entrelacent avec mes doigts et ton étreinte si forte me laisse présager que tu as peur de mon départ mais tes lèvres fines et retroussées ne me laissent pas indifférente et tu me sembles merveilleux, pourquoi voudrais-je partir ? Je tombe amoureuse de ces tâches de rousseur qui parsèment ton visage et éclaboussent tes épaules. Enfin tes yeux s'ouvrent et tu sembles moins surpris que moi à l'idée d'être ainsi, corps contre corps, peau contre peau. Tes lèvres troublantes s'esquissent dans un sourire maladroit et charmant et ton corps se presse encore plus contre le mien.
L'odeur sucrée et fruitée du thé embaume la petite pièce recouverte de photos. Tu es là, jeune et beau avec une femme qui m'est méconnue. Vous êtes si beaux, si souriant et glorieux. Tu suis mon regard et rit avec peine comme étranglée par une mélancolie singulière. Enfin tu me racontes l'histoire de ses photos et alors ta voix prend des tonalités inconnues, tes yeux tachetés et livides s'illuminent d'un éclat angélique. Tu me parles d'elle comme si tu parlais d'une œuvre d'art et je me surprend à être jalouse : de sa beauté, de sa jeunesse, d'elle tout entier. Toi tu en ris: d'un rire encore plus fort pour cacher cette amertume dans tes yeux qui se posent sur moi. Ton visage fané s'approche et tu me demandes pourquoi je ne bois pas mon thé, pourtant mon préféré depuis bien des années. J'hoche la tête et à nouveau tu me parles de ton étoile.
Je pleurais et je ne voulais pas que tu me vois ainsi, j'avais honte. Mes larmes glissaient sur mes joues creusées pour s'écraser sur le parquet. J'avais si froid mais je n'arrivais pas à m'habiller correctement alors j'ai pleuré et j'ai hurlé jusqu'à me brûler la gorge. J'avais si honte mais tes bras ont entourés mon corps et je me suis abandonné à toi, essuyant mes larmes d'un revers de bras. Tes mains agiles ont su comment faire, trouvant le chemin que mes mains ridées et tremblantes n'ont pas su déceler. Lorsque tes yeux plongent sur moi, je détaille ton visage. Ces rides dû à ton grand sourire, ces cheveux gris qui tombent en bataille sur ton visage, ce front vaste et drapé. Alors je comprends pourquoi j'étais si jalouse, doucement je tombe amoureuse de toi.
Tu m'as promis le ciel et tu désignais du doigt chaque tâche d'or sur la grande toile bleu. Tu savais chaque nom, chaque ensemble. Tu semblais si heureux à ainsi me les montrer, agitant ton corps fin et grand d'un bout à l'autre du vaste balcon, riant aux éclats quand tes pensées s'entremêlaient dans un nœud. Moi je n'avais de yeux que pour toi, toi qui me charmais tant. Je ris avec toi et tes sourires sont les miens, les étoiles me jalousent quand ta main se pose sur mon épaule. Tu me dis que c'est toujours comme ça que je tombe amoureuse de toi mais je ne comprends pas et à nouveau tu me parles de la plus belle des étoiles celle qui marque ton rire d'amertume. Alors je me surprends à la haïr de t'avoir ainsi laisser.
Nous nous glissons sous les draps et à nouveau tes doigts viennent entrelacer les miens tandis que tes lèvres posent un doux baiser sur mon front. Je te regarde avec tant de passion, dans l'espoir que demain nous vivrons ce nouvel amour dans la gloire de l'aube, j'espère que chaque jour sera différent et que notre nouvelle vie soit marqué par le bonheur. Seulement tu as le regard ailleurs, les yeux humides, un sourire morose dessiné sur ton doux visage. Je te regarde et alors tu me sembles disparaître, les nœuds de ma mémoire se délient et un creux s'installe dans mon coeur. Je me raccroche à ton souvenir mais il s'échappe entre mes doigts. Les étoiles filent, tes mains délicates se désagrègent et la délicate odeur de thé s'est évaporée.
Tu vois mes yeux troublés devant ton visage inconnu et tu me murmure délicatement:
"J'espère que demain aussi tu tomberas autant amoureuse de moi, mon unique étoile."
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